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PLATON_

Publié le 02/04/2015

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platon

PLATON___________________________________

Né à Athènes vers 427 av. J.-C. d'une famille illustre, il est sans doute le plus célèbre des philosophes : il est le premier à avoir fondé une école importante et à laisser une oeuvre considérable dont l'essentiel a

survécu au cours des siècles. Il fut pendant dix-huit ans l'élève de Socrate; après la condamnation de celui-ci, il voyagea en Grèce, en

Égypte, en Italie, et se familiarisa avec les mathématiques. C'est durant cette période (399-387) qu'il composa les dialogues où son

maître tient la plus grande place (Hippias mineur, Alcibiade, Apologie de Socrate, Euthyphron, Criton, Hippias majeur, Charmide, Cachés, Lysis, Protagoras, Gorgias, Ménon). Sa vie est ensuite occupée par des voyages en Sicile (387, 367, 361), et des séjours à Athènes. Au retour de son premier voyage, il ouvre l'Académie, achève la rédaction de la République (380-375), et écrit de nombreux dialogues

(Phédon, Banquet, Phèdre, Ion, Ménéxène, Euthydème, Cratyle) ; après son second voyage, il compose une autre série (Théétète, Parmé‑

nide, Sophiste, Politique, Philèbe) ; et après son troisième voyage il écrit encore le Timée, puis le Critias et les Lois que sa mort en 347 laissent inachevées (1). A cette oeuvre immense, il faut ajouter treize Lettres.

L'influence de Platon fut grande (l'Académie ne sera fermée qu'en 529) ; Aristote qui a été son élève, bien qu'il fonde une école rivale, en reste à maints égards le continuateur ; les Pères de l'Église, Saint Augustin, construisent leur doctrine à partir du platonisme et du néoplatonisme de Plotin. Si le Moyen Age est essentiellement aristo­télicien, la traduction latine des dialogues au XVe siècle marque un

regain de la doctrine, et au XIXe siècle, Nietzsche s'attache encore à renverser le platonisme.

1 . Les dialogues de la première période reprennent les préoccupations éthiques de Socrate ; ils mettent en scène des personnages qui discutent pour répondre à des questions (« comment former de bons citoyens ? «, « la vertu peut-elle être enseignée ? «), ou cherchent à définir certaines notions :

le courage (Lachès), la sagesse (Charmide), le beau (Hippias majeur), le juste (livre I de la République, le plus ancien), la piété (Euthyphron). Le but même de cette recherche déter­mine l'orientation de la philosophie platonicienne, et il est parfaitement défini dans ces quelques mots que Socrate adresse à Euthyphron : « Je ne t'ai pas demandé de me montrer un ou deux exemples de la multitude des actions pieuses, mais de me faire voir précisément cette forme ou essence en vertu de laquelle toutes les conduites pieuses sont pieuses, afin que tournant mes regards vers elle et la prenant pour paradigme (2), je puisse déclarér pieuse ou non telle action accomplie par toi ou par un autre. « Ce que les prota­gonistes essaient d'atteindre c'est donc l'essence d'une chose, c'est-à-dire à la fois ce qui fait que cette chose est telle ou telle, et qu'on la comprend comme telle ou telle. L'essence de la piété est unique, et on la doit retrouver dans tout ce qui est dit pieux. L'essence est donc un être stable et universel. Par conséquent, quand on possède la science de quelque chose, c'est l'essence de cette chose que l'on possède. L'essence n'a pas le même type d'être que ce qui se rencontre dans la sensation, puisque le sensible est multiple et soumis perpétuellement au devenir ; c'est pour l'avoir remarqué que Platon est le père de l'idéalisme.

En identifiant l'essence à l'idée, il en fait :

1 — une réalité distincte du monde sensible, comme de l'esprit humain ;

2 — une réalité immuable et éternelle ;

3 — une réalité dont seule la connaissance peut être dite connaissance ;

4 — une réalité qui est en quelque façon cause de tout ce qui hors d'elle peut y être rapporté. C'est pourquoi à la question : « Qu'est-ce que l'Etre ? «, le platonisme répond que ce qui véritablement est, c'est le monde des idées, par opposition au monde sensible qui possède seulement l'appa­rence de l'Etre.

2.    La théorie platonicienne des idées

Si elle est un type de réponse à la question du fondement de la connaissance, elle soulève un certain nombre de difficultés auxquelles justement la philosophie platonicienne s'efforce de répondre :

1 — De quoi y a-t-il idée ? C'est dans le Parménide que Platon lui-même pose la question. Ne doit-on pas dire qu'il y a idée de tout ce qui est pensable, de tout ce qui se révèle être stable et susceptible par exemple d'être le sens d'un mot ? Mais y a-t-il des idées pour les matières viles, les objets de fabrication humaine, le genre, l'individu, la relation, le sujet, les prédicats, les qualités négatives ? Deux choses sont à éviter : penser avec les partisans du sensible que tout est et est vérité, penser avec les partisans de l'éléa‑

tisme (2) que seul est ce qui est, et que le Non-Etre n'est pas. Si la théorie des idées exclut par définition la première solution, ce n'est que dans le Sophiste que Platon rompt avec la seconde : il faut reconnaître au Non-Etre un certain être, car quelque chose n'est qu'en n'étant pas autre chose. Les genres suprêmes de l'Etre sont donc le Même et l'Autre, l'identité et l'altérité.

2 — Quel rapport y a-t-il entre le monde sensible et le monde des idees ? Dès les premiers dialogues, ce rapport est pensé comme participation ; sous ce nom, Platon reprend le thème pythagoricien qui fait du sensible une imitation de l'intelligible. Le sensible participe à l'idée, en ce que l'idée lui donne être et détermination. A partir du Théétete et du Sophiste, la participation du sensible aux formes doit elle-même être rendue possible par la participation des formes aux formes (composition des genres). L'originalité de Platon est sans doute de penser cette participation à l'aide de la causalité ; dans le Philèbe, chaque sensible est un mixte, un composé de limité et d'illimité dont l'unité a pour cause l'âme ; dans le Timée, la causalité est encore triple : il y a la matière, cause errante et indéterminée, identifiée à l'espace (4), les idées, modèles et formes, et le Démiurge, ouvrier divin, qui crée le monde sensible en imprimant à la matière les formes qu'il contemple dans le monde des idées. Que l'univers soit conçu sur le modèle du vivant dont l'unité est âme, ou à partir d'une intelligence transcendante, une chose est certaine : le platonisme ne peut s'achever que dans une cosmologie.

3 — Comment pouvons-nous passer du monde sensible au monde des idées ? Pour connaître il faut donc connaître le monde des idées ; cela est possible parce que l'âme humaine est par nature semblable à l'idée, et qu'avant d'être incarnée, elle a contemplé le monde des formes éternelles. On connaît à l'occasion du sensible, mais c'est parce qu'alors se réveille en nous la réminiscence de la forme (cf. le Ménon). Il est donc essentiel d'échapper au sensible : c'est ce qu'au livre VII de la République exprime le célèbre Mythe de la Caverne. Semblables à des prisonniers enchaînés au fond d'une caverne, qui ne saisissent du monde que les ombres que le soleil en projette sur le mur de la caverne, il nous faut briser nos chaînes, fuir les apparences trompeuses pour retrouver dans la lumière la réalité qui les suscite. Notre monde sensible est au monde des idées ce que l'image sur le miroir est à la réalité ; et c'est le même rapport que l'opinion possède avec la science. Il faut donc envisager une hiérarchie des êtres et une hiérarchie de la connaissance. Si l'image est au réel ce que le réel est à l'idée, Platon pense aussi qu'entre le réel et l'idée, il y a le monde des essences mathématiques. La raison mathématique est bien connaissance du réel, mais fondée sur des hypothèses, elle ne saurait rendre raison d'elle-même ; en s'élevant de l'image au réel, du réel aux mathématiques, c'est-à-dire de l'imagination à la sensation, et

 

de la sensation à la raison, l'âme n'atteint pas le monde de l'idée. Il lui faut encore posséder l'intuition intellectuelle du principe dernier, anhypothétique qui, étant la raison de tout, est comme le soleil du monde des idées. La démarche par laquelle on atteint l'idée est ce que Platon nomme dialec­tique ; la dialectique est double, régressive, en remontant d'hypothèse en hypothèse, elle permet d'arriver à l'anhypo-thétique, qui est le Bien ; progressive, elle permet en redescendant de l'anhypothétique, de saisir ensemble l'unité de l'idée et la diversité du sensible.

3.    La politique

C'est une des données essentielles de la philosophie de

Platon ; des raisons historiques en expliquent la place, le contenu et l'évolution (5). On peut résumer ainsi les problèmes essentiels : Que pourrait être une cité juste ?

Quelle est la meilleure forme de gouvernement ? La solution de ces problèmes est inséparable de la réponse à d'autres questions : Comment peut-on être heureux ? Comment acquiert-on la vertu ? Quelle science possède l'homme poli­tique ? L'idéalisme oriente les réponses possibles : le bien est une idée, il s'ensuit que la justice dépend de la connaissance (nul n'est méchant volontairement, le mal c'est l'ignorance),

et que tout adviendra pour le mieux dans la cité si celui qui connaît le Bien, le philosophe, est roi. Dans la République Platon, en décrivant la cité parfaite, montre comment l'équi­libre de l'individu est semblable à celui de la cité ; les trois castes (chefs, gardiens, artisans et commerçants) qui se partagent les diverses activités sont semblables aux trois parties de l'homme (tête, coeur et ventre). La justice pour l'homme comme pour la cité consiste en ce que chacun reste à sa place et remplisse uniquement la fonction qui convient à sa nature. Le Politique prolonge la critique des diverses formes de constitution (gouvernement d'un seul, de plusieurs et de tous), en tentant plus spécialement de déterminer ce que doit savoir un homme politique. Si le bien est transcendant, l'action a lieu dans le sensible, il s'agit de faire ce qui convient quand cela convient ; la science du Politique est celle de la juste mesure, c'est pourquoi le meilleur

gouvernement est celui du sage, qui seul sait ce qu'il faut

faire en chaque cas. Mais comme c'est impossible, il faut établir des lois générales et punir toute infraction. L'analyse de Platon se tourne alors dans son dernier dialogue vers l'étude des lois positives, et par une réglementation où se

lisent les préjugés aristocratiques, s'efforce de préserver la cité de la déchéance.

1. Cette chronologie des oeuvres est purement indicative : sur bien des points les spécialistes ne sont pas d'accord. Il est probable que la République ait été rédigée en plusieurs fois ; il est en outre difficile d'évaluer le rôle d'un enseignement oral abondant.

2. Modèle.

3. Voir présocratiques.

ff    • .1.••••111

4.  C'est la pensée d'un espace indifférent à son contenu qui permet ici de comprendre le rapport du sensible à l'intelligible mais le fait même que Platon conçoit pour le sensible un temps qui n'est pas indifférent à son contenu, car il est devenir du sensible lui-même, ne rend-il pas problématique le rapport du sensible en devenir à l'intelligible éternel ?

 

5.  Contemporain de la fin des cités grecques ruinées par les guerres du Péloponèse, il assiste à la prise d'Athènes par Lysandre, et à l'installation de l'oligarchie ; il voit la démocratie, restaurée après la chute des Trente, condamner Socrate ; en Sicile, lors de son premier voyage, il tente vainement d'amener Denys l'Ancien à ses vues ; lors de son second voyage, il échoue pareillement face à Denys le Jeune, qui durant son dernier voyage, le tient pratiquement prisonnier ; son ami et disciple Dion parvient enfin à s'emparer de Syracuse (357), mais il est assassiné en 354 par le platonicien Callippe.

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