Devoir de Philosophie

Rambam - une rue qui portait le nom, j'étais heureux de le constater, du grand érudit et philosophe juif du XIIe siècle, Maïmonide (dont le nom hébreu, Rabbi Mosheh ben Maymon, est rendu par l'acronyme RMBM).

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

Rambam - une rue qui portait le nom, j'étais heureux de le constater, du grand érudit et philosophe juif du XIIe siècle, Maïmonide (dont le nom hébreu, Rabbi Mosheh ben Maymon, est rendu par l'acronyme RMBM). Rambam était un Juif né en Espagne dont la famille avait fui les persécutions antijuives du dirigeant musulman de l'Espagne pour s'établir finalement en Egypte, où Maïmonide était devenu le conseiller du sultan éclairé du Caire. Il est, avec Rachi, l'érudit le plus largement admiré et étudié de tous les intellectuels juifs. Les conceptions rationnelles qu'il formule dans son chef-d'oeuvre, Le Guide des égarés - et, il est difficile de ne pas y penser, l'immense renommée dont jouissait Rambam -, ont fait enrager certains de ses rabbins rivaux en France, au point qu'ils l'ont dénoncé à l'Inquisition française, alors que sa mort a été pleurée (par contraste) pendant trois jours entiers par les musulmans du Caire. Où vivez-vous et à qui va votre loyauté ? demande parashat Lech Lecha. Et ce n'est pas étonnant. En prenant le chemin du retour dans cette rue israélienne dédiée à cet homme remarquable, nous avons discuté avec enthousiasme de notre longue interview des Reinharz. Elle était donc enceinte, ai-je dit à Shlomo qui scrutait le nom des rues. Hé bien, c'est ce qu'elle dit, a-t-il répliqué. Mais c'est très intéressant, non ? J'ai hoché la tête. Très intéressant. J'étais allé en Australie sans avoir la moindre idée des histoires que nous allions entendre, et à présent j'avais l'impression d'avoir un véritable drame sur les bras. Je me demandais comment réagirait Meg si je décidais de partager ce dernier détail avec elle. Nous avons rapidement atteint la périphérie de la ville et foncé vers Tel-Aviv. Nous devions nous sentir tous les deux épuisés après cette longue journée. Je n'ai pas été gêné par le fait que Shlomo, après quelques minutes d'un silence amical, allume la radio. Une voix de femme chantait et il m'a fallu un moment pour me rendre compte qu'elle ne chantait pas en hébreu mais en anglais. L'air était familier, mais je n'ai pas reconnu tout de suite la chanson parce que les paroles, elles, ne m'étaient pas familières. Je ne connaissais que le refrain, apparemment. La voix de la femme était devenue celle d'une jeune fille, une fille qui racontait l'histoire de sa propre mort. Elle était morte, chantait-elle, par amour pour un garçon qui ne l'aimait pas. Et la voix entonnait le refrain :   Je voudrais, je voudrais encore Je voudrais en vain Je voudrais être Une jeune fille demain Mais jeune fille demain Jamais ne serai Jusqu'à ce que le lierre Se fasse pommier   Je me suis redressé, bredouillant, avant de me tourner vers Shlomo. C'est la chanson ! ai-je fini par crier, c'est la chanson ! Celle dont je parlais ce matin en venant. La chanson que chantait mon grand-père ! Nous avons écouté la voix qui chantait le dernier couplet, qui a capté mon attention, sans doute parce que l'idée de mourir par amour occupait mon esprit au cours de cette chaude soirée :   Oh, faites-moi une tombe Grande, large et profonde De marbre couvrez Ma tête et mes pieds Et au milieu mettez Une tourterelle Afin que le monde m'appelle Celle qui est morte d'aimer.   Comment diable, me suis-je dit en notant les paroles - quelque chose à propos de la tombe, du marbre, de la tourterelle, m'émouvait et faisait que je voulais me souvenir de cette chanson -, mon grand-père était-il tombé sur cette chanson ? Pourquoi l'avait-il apprise ? La chanson était terminée et le speaker de la radio a dit quelque chose en hébreu, très rapidement. Shlomo a dit, C'est une chanson irlandaise. Comment Grandpa l'avait-il apprise ? me suis-je dit encore une fois. Et pourquoi ? Shlomo a souri encore plus largement. Vous voulez savoir autre chose ? a-t-il dit. Une autre coïncidence ? J'ai fait non de la tête. Je ne pouvais pas imaginer quelque chose de plus étrange que ce qui venait de se passer. Shlomo m'a regardé et a dit, Vous savez qui chantait ? C'était Nehama Hendel, la femme de Régnier, le type qui a écrit le livre sur Bolechow. Je suppose que mon visage a pris une expression très lisible. Shlomo a poussé un profond soupir, a fait un grand geste de la main qui englobait la radio de sa voiture et le désert, et il a dit, Vous voyez ? Vous voyez ? Israël est un pays de miracles ! Ne croyant pas aux miracles, je me suis contenté de sourire et de hocher la tête en silence. Puis, lorsque je suis arrivé au Hilton, j'ai fait une recherche sur Internet pour la série de mots suivants :   je voudrais, je voudrais encore, je voudrais en vain. Instantanément, des douzaines de citations sont apparues sur mon écran, raison pour laquelle il a fallu une minute ou deux à peine pour que j'apprenne le titre de la chanson que mon grand-père m'avait toujours chantée pendant mon enfance, une chanson que j'avais toujours imaginé appartenir à sa propre enfance, mais qu'il avait apprise en fait, je m'en apercevais maintenant, à un moment quelconque, après avoir quitté pour toujours Bolechow, et qui avait dû le toucher profondément pour des raisons que je ne pouvais que deviner à présent, ne serait-ce que son titre, que je n'aurais jamais connu si je n'étais pas venu en Israël, et qui était Le Garçon Boucher.     C'était un dimanche. Le mardi, j'avais prévu d'interviewer le cousin de Shlomo, Josef, qui est venu en effet dans ma chambre d'hôtel, ce jour-là, un petit homme de plus de soixante-dix ans, sec et nerveux, en grande forme et à l'allure militaire, avec un beau visage sans sourire, qui m'a parlé d'une voix posée et peu sentimentale pendant quatre-vingt-dix minutes, presque sans interruption, du destin des Juifs de Bolechow. J'ai écouté attentivement, même si c'était une histoire que je connaissais bien à présent, non seulement grâce aux interviews précédentes, mais aussi grâce aux chapitres très informatifs du livre Yizkor de Bolechow sur les années de guerre, qui avait été écrit par le même Josef Adler. Il y avait quelque chose dans son comportement qui me faisait désirer son approbation : c'était peut-être son pantalon beige parfaitement repassé et son impeccable chemise kaki à manches courtes, qui me faisaient l'effet d'être tellement militaires. Lorsque nous nous sommes assis dans les fauteuils étroits de ma chambre d'hôtel que j'avais rapprochés du bureau, Josef Adler a immédiatement admis qu'il n'avait pas bien connu ma famille ; mais il voulait être certain que je susse bien ce qui s'était passé. J'ai hoché la tête et je l'ai laissé parler. L'arrivée des Allemands. La première Aktion. La deuxième Aktion. Le Lager. La Fassfabrik. La liquidation finale en 43. Les détails remarquables sur la façon dont Shlomo et lui, tout jeunes garçons, avaient survécu. Comment il était venu en Israël ; quelle importance avait Israël. Alors qu'il insistait sur ce dernier point, cet homme à la voix douce, mais au ton emphatique et rigoureux, je me suis senti un peu honteux de mon manque d'intérêt prolongé pour l'Israël moderne ; je me suis demandé si chaque Juif américain qui séjournait en Israël ne finissait pas, à un moment donné, par se sentir comme un tire-au-flanc. Lorsque Josef a pris congé, je l'ai remercié chaleureusement d'avoir fait le trajet de Haïfa à Tel-Aviv, ce qui ne lui posait aucun problème, avait-il insisté lorsque nous avions pris rendez-vous quelques jours plus tôt. C'est très important ce que vous faites, m'a-t-il dit quand nous nous sommes serré la main sur le seuil de ma chambre. C'est très important que les gens sachent ce qui s'est passé. Mais cela, comme je l'ai dit, n'aurait pas lieu avant le mardi. Le lundi, nous sommes restés à TelAviv. Froma, qui avait été occupée à rendre visite à des parents depuis que nous étions arrivés en Israël, voulait que je visse le Beth Hatefutsoth, le musée de la Diaspora juive, qui se trouvait sur le campus résolument moderne de l'université de Tel-Aviv. Il y a des tonnes de choses à voir, m'avait-elle dit. Nous devrions y aller de bonne heure. Nous sommes arrivés à la fin d'une radieuse matinée, juste après l'ouverture du musée. Le déploiement des palmiers devant le musée ne parvenait pas à réduire la monumentalité presque agressive du monument. Il faisait frais à l'intérieur de l'entrée caverneuse. Nous avons acheté notre billet et commencé notre périple à travers l'exposition permanente, qui s'ouvre avec la reproduction d'un bas-relief

« Je me suis redressé, bredouillant, avantdeme tourner versShlomo.

C'estlachanson ! ai-jefini par crier, c'estlachanson ! Celledontjeparlais cematin envenant.

Lachanson quechantait mon grand-père ! Nous avons écouté lavoix quichantait ledernier couplet, quiacapté monattention, sansdoute parce quel'idée de mourir paramour occupait monesprit aucours decette chaude soirée:   Oh, faites-moi unetombe Grande, largeetprofonde De marbre couvrez Ma tête etmes pieds Et au milieu mettez Une tourterelle Afin quelemonde m'appelle Celle quiestmorte d'aimer.

  Comment diable,mesuis-je ditennotant lesparoles – quelque choseàpropos delatombe, du marbre, delatourterelle, m'émouvait etfaisait quejevoulais mesouvenir decette chanson –, mon grand-père était-iltombé surcette chanson ?Pourquoi l'avait-ilapprise? La chanson étaitterminée etlespeaker delaradio adit quelque choseenhébreu, très rapidement. Shlomo adit, C'est unechanson irlandaise. Comment Grandpal’avait-ilapprise?me suis-je ditencore unefois.

Etpourquoi ? Shlomo asouri encore pluslargement. Vous voulez savoirautrechose ?a-t-il dit.Une autre coïncidence ? J'ai fait non delatête.

Jene pouvais pasimaginer quelquechosedeplus étrange quecequi venait desepasser. Shlomo m'aregardé etadit, Vous savez quichantait ?C'était Nehama Hendel,lafemme de Régnier, letype quiaécrit lelivre surBolechow. Je suppose quemon visage apris une expression trèslisible.

Shlomo apoussé unprofond soupir, afait ungrand gestedelamain quienglobait laradio desavoiture etledésert, etila dit, Vous voyez ?Vous voyez ? Israël estunpays demiracles ! Ne croyant pasaux miracles, jeme suis contenté desourire etde hocher latête ensilence.

Puis, lorsque jesuis arrivé auHilton, j'aifait une recherche surInternet pourlasérie demots suivants :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles