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Vocabulaire: CHAROGNE, substantif féminin.

Publié le 10/11/2015

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Vocabulaire: CHAROGNE, substantif féminin. I.— [À propos d'animaux] Péjoratif. A.— Chair morte en état de décomposition plus ou moins avancée, viande avariée. Donn [er] de la charogne à nos soldats et mett/re/ le cachet rouge des fournitures militaires sur la viande d'animaux crevés (Documents d'Histoire contemporaine (par Odette Voilliard, Guy Cabourdin, François-Georges Dreyfus, Roland Marx) tome 2, 1892, page 55 ). Le gibier faisandé (...) charogne (JULES RENARD, Journal, 1900, page 601 ). Remarque : Carne2 /charogne. Carne2 et charogne désignent tous deux de la viande peu comestible, mais carne2 est moins péjoratif, désignant surtout une viande trop dure, tandis que charogne désigne une viande avariée. — Par analogie. Quartier de charogne (...) part de royauté (AUGUSTE BARBIER, Ïambes et poèmes, La Curée, 1840, page 20 ). B.— Bête morte, cadavre d'animal en état de décomposition plus ou moins avancée : Ø 1. Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux : Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, Une Charogne, Paris, Gallimard, 1964 [1857-61] , pages 29-30. — Par analogie... hommes lâches, serviles; (...), Vous, de la royauté-charogne, vrais corbeaux! (PETRUS BOREL, Rhapsodies, 1831, page 189 ). II.— [À propos d'êtres humains] Très péjoratif. A.— Corps humain. 1. [Après la mort, en état de décomposition ou non] : Ø 2. Il avait ainsi pu mieux souffrir, râler, crever, ainsi qu'un bandit, ainsi qu'un chien, salement, bassement, en allant dans cette déchéance jusqu'au bout, jusqu'à l'ignominie de la pourriture, (...); jamais peintre n'avait brassé de la sorte le charnier divin (...). Grünewald était le plus forcené des réalistes; mais à regarder de près ce Rédempteur de vadrouille, ce Dieu de morgue, cela changeait. De cette tête ulcérée filtraient des lueurs; une expression surhumaine illuminait l'effervescence des chairs, l'éclampsie des traits. Cette charogne éployée était celle d'un Dieu,... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 18. — Par métaphore : Ø 3. Il y a des symbioses de spécialistes (...) L'érudit, qui mange des cadavres, respectera la paix du romancier tant que celui-ci ne lui disputera pas ses charognes, mais combattra le biographe qui vient chasser sur son îlot. ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Mes songes que voici, 1933, page 144. 2. [En tant qu'élément mortel ou en tant que composante la plus vile de l'être humain] : Ø 4. Ah! Prison de chair, je te maudis! Pourquoi es-tu là? Voyons! Que fais-tu, misérable charogne vivante, qui traînes ta pourriture par les rues, qui bois, qui manges, qui dors et qui jouis? Pourquoi suis-je attaché à ce cadavre qui me traîne sur la terre, moi qui veux voler dans les cieux et partir dans l'infini? Qu'avais-tu donc fait, pauvre âme, pour venir là, dans la prison de ce corps, où tu bats en vain des ailes que tu brises aux parois qui t'entourent? GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 116. Remarque : A. Artaud (Le Théâtre et son double, 1939, page 51) a forgé avec charogne un mot composé, qui souligne bien ce sens particulier : L'homme provisoire et matériel, (...) l'homme-charogne. B.— Par extension. Individu qui se rend odieux par sa déchéance physique ou morale, ou par ses mauvais procédés. (Quasi-)synonymes : carne2 (confer carne2 B 2), carogne (confer carogne exemple 1). À cette crapule, à ce saligaud, à cette charogne de Prussien (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Boule de suif, 1880, page 139 ). Le XIXe. siècle (...) siècle des morts (...) siècle des charognes (...) ce mot de « charognes » dont l'élégance est incertaine et la suavité discutable (...) l'unique pour exprimer ma pensée (...) pour qualifier et apanager suffisamment l'abomination que voici (LÉON BLOY, Journal, 1900, page 379 ). — Spécialement, argotique (Individu) caractérisé par l'acerbité de sa critique : Ø 5.... elles me témoignèrent cette obligeance discrète et désintéressée, cette réserve timide et courtoise qui semble avoir sa patrie dans les seules coulisses du music-hallemand (...) elles me donnaient poliment, en guise de bonsoir, le renseignement bref et utile : « Un public en or! » ou bien : « Ce qu'ils sont charognes, aujourd'hui! » GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, page 237. — En exclamation injurieuse. Les carnes! les charognes! (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 68 ). Fumier! charogne! bourrique! (PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 207 ). [S'adressant à un animal] En train d'insulter son chien (...) salaud! charogne! (ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1143 ). Remarque : 1. Le mot s'emploie parfois adjectivement : Si charogne que... (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 141); mille fois plus charognes! râleurs! écumeux! (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 532). 2. Il s'emploie parfois en antéposition expressive avec valeur qualificative. Charogne de + substantif : charogne d'obus (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 79), charogne de vie (MARCEL AYMÉ, La Rue sans nom, 1930, page 38). Forme dérivée du verbe "charogner" CHAROGNER, verbe intransitif. A.— Se transformer en charogne, pourrir. Fermenter à ton aise Et charogner dans ton phénol (MAURICE ROLLINAT, Les Névroses, 1883, page 279 ). Remarque : On rencontre dans la documentation la forme rare du participe passé adjectivé charogné, ée. Transformé en charogne, pourri. Quatre-vingt-dix mille [combattants] (...) bouillie rouge et noire, puante, charognée, infecte (Léon Daudet, SyLa et son destin, 1922, page 87). B.— Se comporter en charogne, user de mauvais procédés. Remarque : Attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. — Spécialement, argotique. Critiquer acerbement : Ø L'auteur du présent ouvrage s'attend à ce que celui-ci (...) soit copieusement charogné. ROGER COINDREAU, L'École navale et ses traditions, L'Argot Baille, 1957, 107. Remarque : Grand Larousse encyclopédique en dix volumes atteste un emploi pronominal se charogner. " Populaire Se critiquer l'un l'autre. "

« Comme afin de la cuire ? point, Et de rendre au centuple ? la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'?panouir. La puanteur ?tait si forte, que sur l'herbe Vous cr?tes vous ?vanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'o? sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un ?pais liquide Le long de ces vivants haillons. CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, Une Charogne, Paris, Gallimard, 1964 [1857-61] , pages 29-30.

? Par analogie...

hommes l?ches, serviles; (...), Vous, de la royaut?-charogne, vrais corbeaux! (PETRUS BOREL, Rhapsodies, 1831, page 189 ).

II.? [? propos d'?tres humains] Tr?s p?joratif.

A.? Corps humain.

1.

[Apr?s la mort, en ?tat de d?composition ou non] : ? 2.

Il avait ainsi pu mieux souffrir, r?ler, crever, ainsi qu'un bandit, ainsi qu'un chien, salement, bassement, en allant dans cette d?ch?ance jusqu'au bout, jusqu'? l'ignominie de la pourriture, (...); jamais peintre n'avait brass? de la sorte le charnier divin (...).

Gr?newald ?tait le plus forcen? des r?alistes; mais ? regarder de pr?s ce R?dempteur de vadrouille, ce Dieu de morgue, cela changeait.

De cette t?te ulc?r?e filtraient des lueurs; une expression surhumaine illuminait l'effervescence des chairs, l'?clampsie des traits.

Cette charogne ?ploy?e ?tait celle d'un Dieu,... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L?-bas, tome 1, 1891, page 18.

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