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Vocabulaire: CHEMIN, substantif masculin.

Publié le 11/11/2015

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Vocabulaire: CHEMIN, substantif masculin. Voie reliant un point de l'espace à un autre : Ø 1. Une civilisation est un héritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siècles, difficiles parfois à justifier par la logique, mais qui se justifient d'elles-mêmes, comme des chemins, s'ils conduisent quelque part, puisqu'elles ouvrent à l'homme son étendue intérieure. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 314. I.— [La voie en tant que moyen de communication] A.— [Voie, en tant que support matériel fixe, tracé et aménagé] 1. Voie de communication terrestre d'intérêt local, le plus souvent à la campagne, d'importance secondaire par rapport à la route*. Les chemins sont mauvais dans un pays où il n'y a pas de chaussées (NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1806, page 122 ). Il m'entraîne vers le bourg, par un chemin herbu, trempé, vaseux, où nous nous enlisons (ROGER MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, page 1388) : Ø 2. — Vous ruinez la commune. On goudronne les routes pour les automobiles, et le chemin de Saint-Timothée, pour nos charrettes n'est pas fait. PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 127. Ø 3. Le langage courant réserve le nom de routes aux chemins de principale importance; officiellement, le mot route désigne des voies construites et entretenues aux frais de l'état et des départements; l'appellation chemin est réservée aux voies qui sont en tout ou en partie aux frais des communes qu'elles traversent ou qui les utilisent. J. BOURDE, Les Travaux publics, tome 2, 1929, page 6. SYNTAXE : Un petit, un étroit, un large, un mauvais chemin; un chemin encaissé, sinueux, tortueux, montueux, abrupt; un chemin poudreux, sablonneux, caillouteux, pierreux, rocailleux; un chemin défoncé, accidenté, verglacé; un chemin facile, rude. Un chemin (peu) fréquenté, passant (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78), (im)praticable, carrossable; un chemin familier. Un chemin muletier; un chemin bordé (de peupliers, de fleurs); un chemin en pente, en lacets; un chemin de côte, de crête, de montagne; la boue, les cahots du chemin; à la croisée, à l'embranchement, au carrefour des chemins; ouvrir, tracer un chemin. Le chemin projeté passera par ici (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). S'engager dans un chemin; suivre, quitter, traverser un chemin. Prendre le chemin sur la gauche. Prenez le chemin à main droite, à main gauche (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). Prendre le même chemin, un autre chemin, le chemin le plus direct, un chemin détourné. Il ne tient, il ne suit point de chemin, il va à travers champs (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). Mettre en état les chemins. Réparer les chemins (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). Les pluies, le dégel, les charrois ont gâté, ont rompu les chemins (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). Chemin qui va à (nom de lieu). Chemin qui tourne, descend, monte, grimpe. Les chemins ne sont pas sûrs (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). — [Avec un complément prépositionnel de désignant le point d'aboutissement d'une voie] Prendre le chemin de l'église, de l'école, de la gare. — Plus rare. [Le complément désigne le lieu de passage] Prendre, pour aller à la ville, le chemin de la forêt (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). 2. Syntagmes et locutions. a) Syntagmes. Chemin de terre. Chemin étroit, non-aménagé, pas même empierré, au travers des champs, des bois (confer sentier, piste). Les chemins de terre toujours humides du sous-bois (LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 50 ). Passez par les chemins de terre, on a le pied moins leste que sur la route, mais c'est plus court (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 114 ). Chemin creux. Chemin encaissé, resserré entre des talus ou des haies. Chemin de traverse. Chemin qui, en coupant à travers champs, abrège le trajet par rapport à la route ordinairement empruntée. La cantinière (...) prit un chemin de traverse au milieu des prairies (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 37 ). Chemin ferré (vieux). Chemin empierré dans lequel les chevaux, en particulier, n'enfoncent pas. Le massif est longé d'un côté par un chemin ferré, permettant de l'aborder en tout temps (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 137 ). Chemin forestier. Chemin frayé dans une forêt pour son exploitation. Chemin d'exploitation (rurale). Chemin servant à l'exploitation des terres. Construction de chemins d'exploitation pour accès aux pâturages communaux (JEAN FONTENEAU, Le Conseil municipal, 1965, page 90 ). Chemin rural. Chemin d'usage public, d'intérêt strictement communal, non classé chemin vicinal (confer infra) et appartenant au domaine privé de la commune. Chemin privé. Chemin desservant une propriété privée, interdit à l'usage de quiconque à moins d'une autorisation du propriétaire ou de la création d'une servitude. Régionalisme (Canada) Chemin de pied. Sentier. — Chemin battu. Confer battu, ue II B. Au figuré. Suivre le chemin battu. S'écarter du chemin battu. Sortir des chemins battus. Fuir, mépriser les chemins battus. · Proverbe. À chemin battu il ne croît point d'herbe. " Il n'y a aucun profit à espérer d'un commerce, d'une industrie dont beaucoup de gens se mêlent " (Nouveau Larousse illustré). — Grand chemin (vieux). Voie interurbaine, route de grande communication. Nos chevaliers s'arrêtèrent dans une maison de paysan, qu'ils trouvèrent sur le grand chemin (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, tome 1, 1795, page 241 ). Remarque : Au courant du XIXe. siècle, on a groupé, sous l'appellation grands chemins, les routes nationales et départementales, par opposition aux chemins vicinaux ou secondaires (confer DICTIONNAIRE UNIVERSEL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS (MARIE-NICOLAS BOUILLET) 1859 et DICTIONNAIRE DE LA GÉOGRAPHIE (PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE PIERRE GEORGE ), 1970). · Voleur de grand chemin (vieux). Voleur s'attaquant aux voyageurs sur les grands chemins, sur les grandes routes (Confer Prosper Mérimée, Carmen, 1847, page 9). Brigandage des grands chemins (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Articles publiés dans le journal L'Avenir, 1831, page 287 ). Par extension, moderne. Voleur, bandit de grand chemin. Voleur, bandit impudent. · Par extension, expression, rare. Au singulier. [Par référence au vagabond des grands chemins, au chemineau (confer chemineau1 )] )] Être sur le grand chemin. Être sans travail et sans domicile. Confer être à la rue : Ø 4. La chaise, un jour, fut brisée par des gens ivres; le cirque vendu et tous ces malheureux sur le grand chemin. MAX JACOB, Le Cornet à dés, 1923, page 87. Au pluriel. [L'accent est mis sur la notion de voyage aventureux] Être sur les grands chemins. Aller à l'aventure, sans aucune idée de l'itinéraire et des événements qui peuvent survenir : Ø 5. — Pourquoi fais-tu cette tête? demanda-t-il. Nous voilà sur les grands chemins, à l'aventure : tu devrais être contente. Elle baissa les yeux : je ne voulais pas partir, Jacques, je me moque des Allemands, je voulais rester chez moi :... JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 158. — Chemin vicinal [ou communal (par opposition à chemin rural, confer supra) ou secondaire (par opposition à grand chemin, confer supra)] Chemin servant, à l'intérieur d'un département, aux communications intercommunales : Ø 6. La France est sillonnée actuellement par à peu près 700 000 kilomètres de routes et de chemins d'importance bien diverse, depuis la grand'route nationale qui relie une ville comme Paris aux villes voisines, jusqu'au chemin vicinal qui relie deux villages perdus de Bretagne ou d'Auvergne. HENRI CHARDON, Les Travaux publics, 1904, page 109. SYNTAXE : Chemin vicinal de grande communication. Chemin vicinal qui dessert plusieurs communes, les relie entre elles ainsi qu'aux routes départementales et nationales souvent. Chemin vicinal d'intérêt commun ou de moyenne vicinalité. Chemin vicinal qui dessert plusieurs communes et les relie entre elles. Chemin vicinal ordinaire ou de petite vicinalité. Chemin vicinal qui relie une commune à une autre située à proximité immédiate. — Chemins départementaux [depuis 1938] . Ensemble résultant du groupement des chemins vicinaux de grande communication (confer supra) et des chemins vicinaux de moyenne vicinalité (ou d'intérêt commun, confer supra) d'un département, avec les routes départementales proprement dites existant déjà, et appartenant au domaine public départemental. · Chemin départemental. Chacune des voies regroupées dans cet ensemble. — Chemin de halage. Étroite bande de terrain ménagée le long d'un cours d'eau navigable pour permettre de haler les bateaux depuis la rive : Ø 7. La plateforme du chemin de halage doit être à une cote un peu supérieure à celle des hautes eaux navigables afin que la navigation y soit toujours possible. Si la circulation sur la rivière est active, on sera amené à construire un chemin empierré et à profil régulier. J. BOURDE, Les Travaux publics, tome 2, 1929, page 329. — FORTIFICATIONS. · Chemin de ronde. [Au Moyen Âge] Étroite plate-forme faisant saillie derrière les créneaux, à la partie supérieure des remparts et sur toute leur longueur, où circulent les gardes chargés de faire la ronde ou les défenseurs de la place. Synonyme : allée des murs. Un chemin de ronde sur les remparts de Thèbes. Hautes murailles. Nuit d'orage. Éclairs de chaleur (JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, page 27 ). [dans un ouvrage fortifié, une tranchée] Tout chemin à ciel ouvert d'où l'on peut tirer à l'abri d'un parapet. Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78 et DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) écrivent également chemin des rondes. · Chemin couvert. Chemin à ciel ouvert tout autour d'une place forte, sur le bord extérieur du fossé, où les défenseurs sont à couvert du feu ennemi. Emporter le chemin couvert. Se loger sur le chemin couvert (Dictionnaire de l'Académie Française). b) Locutions et proverbes. — Locution familière. [En parlant de quelque chose ou de quelqu'un] (Être) vieux comme les chemins. (Être) très vieux (Confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). — Chemin de velours. Chemin dessiné sur une pelouse : Ø 8. Il n'y a pas de pente dans la vie d'un gosse. Avec nos petites joies, nos petites peines, nos petites révoltes, nette et rase comme une pelouse, un chemin de velours. Si le sol manque sous moi, c'est donc que je suis sorti de la pépinière!... GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1372. · Par extension. Chemin facile, aisé, agréable. Synonyme : chemin de fleurs. — [Par référence à la porte étroite, à la voie étroite mentionnées dans la Bible (confer infra remarque)] Chemin du paradis. Chemin étroit, raide, plein de difficultés; couloir, défilé où l'on ne peut passer qu'un par un. Remarque : Texte du verset de référence : Ø 9. Le pasteur avait d'abord lu tout le verset : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la vie, et il en est peu qui les trouvent. » ANDRÉ GIDE, La Porte étroite, 1909, page 505. — [Par référence à la Bible, Acte des Apôtres, IX, 3-19] Chemin de Damas. Chemin sur lequel Saint Paul, qui se rendait à Damas persécuter les Chrétiens, se convertit au christianisme à la suite d'une révélation aux portes de la ville où il entendit la voix de Jésus qui lui demandait : " Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? " · Figuré (Voie de la) conversion. Munificences dont Mme. Key entourait pour l'église son chemin de Damas (JOSEPH PEYRÉ, Matterhorn, 1939, page 157 ). Trouver son chemin de Damas. Se convertir; s'amender; modifier profondément ses convictions, ses idées dans un domaine ou un autre : Ø 10. Ah! Si vous saviez, Louise, quel homme j'étais. Heureusement, j'ai trouvé hier mon chemin de Damas. Désormais, je m'appliquerai à être l'ami des animaux et à les défendre tous, quels qu'ils soient. MARCEL AYMÉ, Clérambard, 1950, page 89. Régionalisme (Canada) Chemin du roi. Route principale qui conduit d'un village à un autre. La rue Saint-Laurent qui était aussi la route nationale et le chemin du roi (JACQUES FERRON, L'Amélanchier, Ottawa, 1970, page 65 ). Remarque : Sous la domination française, les premiers chemins de colonisation s'appelaient chemins du Roi. Depuis le nom s'est conservé pour désigner toute route principale conduisant à un chef-lieu. — Proverbes. Bonne(s) terre(s), méchant(s)/mauvais chemin(s). " Les terres grasses et fertiles font des chemins qui se rompent aisément et qui sont peu praticables " (Nouveau Larousse illustré). En tout pays, il y a une lieue de méchant/mauvais chemin. " (...) il n'y a point d'affaires où l'on ne trouve des difficultés " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Bien dépenser et peu gagner, c'est le chemin de l'hôpital (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — Proverbe. Tous les chemins mènent à Rome. Il y a diverses voies pour se rendre au même endroit : Ø 11. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, et c'est ici même qu'ils aboutissent. Toutes les amorces au Sud jusqu'à la mer, toutes les voies comme une émission de son sol même que par tous les interstices Des couronnantes Alpes à l'horizon, le plissement et l'accumulation de la terre au-dessus de l'Italie, Glisse et pousse et ramifie de tous côtés au travers de l'Europe,... PAUL CLAUDEL, Poèmes de guerre, 1916, page 535. · Figuré. Il y a divers moyens de parvenir au même but : Ø 12. Lettre de Claudel, à qui j'avais demandé s'il n'écrirait pas une préface pour le livre de Unamuno (...). Il y flaire l'hérésie : modernisme, protestantisme... Comment ai-je pu m'y méprendre?... Décidément tous les chemins ne mènent pas à Rome et celui-là seul qui se tait peut être bien sûr de rester dans l'orthodoxie. ANDRÉ GIDE, Journal, 1916, page 549. — RELIGION CHRÉTIENNE. Chemin de (la) croix. · Chemin parcouru par Jésus Christ chargé de sa croix, de Gethsémani où il fut arrêté, au Golgotha où il fut crucifié. · Par extension. Ensemble des arrêts, des moments les plus marquants de la marche du Christ jusqu'au Calvaire (chacun d'eux étant appelé station de la croix). Figuré. [En parlant d'un être humain] Le chemin de croix que devient la vie des impotents menacés (MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, page 1018) : Ø 13. Ceux qui ont eu méfiance de la croix, c'est qu'ils n'étaient pas faits pour l'amour. Ce doit être bon sur son dos de sentir quelque chose de lourd, Quelque chose d'inflexible et de pesant et le chemin devant nos pas tout tracé, Le Chemin de la Croix comme on dit avec les stations bien indiquées. Il y a toute espèce de croix et chaque temps pour les Saints a produit la sienne. PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, Pauline Jaricot, 1952, page 831. Ø 14. De la salle du palais à cette rue qui conduit à la tour, des landes galloises à la prison de Pomfret (...), nous accompagnons Richard tout au long de ce royal chemin de croix, car seul demeure ce cheminement inexorable vers l'accomplissement de la mort. MARIE-THÉRÈSE SERRIÈRE, Le T.N.P. et nous, 1959, page 73. Par métonymie. [Dans une église, un lieu de pèlerinage] Suite de quatorze tableaux ou bas-reliefs figurant les principaux moments de la Passion, les quatorze stations de la croix. Un chemin de croix. Les quatorze stations du chemin de la croix : Ø 15.... il l'emmena devant les images douloureuses du chemin de la croix. — Tiens, dit-il, voici ce que mon Dieu a souffert... Jésus est battu de verges. (...) Jésus est couronné d'épines. (...) Jésus est insulté par les soldats. ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1470. Faire le chemin de (la) croix, faire un chemin de croix, faire son chemin de croix. Se prosterner et prier devant chacune de ces quatorze stations, en commémoration de la Passion. À l'église (...) il (...) rencontra (...) des convers à genoux, les uns faisant leur chemin de croix, les autres égrenant leur chapelet (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 217 ). Figuré. [En parlant d'un être humain] : Ø 16. Il lui avait fait faire son chemin de croix, à sa mère. (...) Un chemin de croix beaucoup plus douloureux que le sien. Car il est beaucoup plus douloureux de voir souffrir son fils. Que de souffrir soi-même. CHARLES PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, 1910, page 116. Par métonymie. Livre contenant les textes des prières à réciter devant chacune de ces quatorze stations. À Mimi, mon chapelet, (...) mon chemin de la croix, mes méditations du père Judde (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime, 1838, page 179 ). 3. Par extension. [Au pluriel ou au singulier à valeur générique, ou à valeur de symbole] Toute voie terrestre pour aller d'un lieu à un autre : Ø 17.... Je n'en persiste pas moins à regarder le chemin des airs comme infiniment plus facile, comme infiniment moins dangereux que le chemin des rues, pour accéder au pôle. LOUIS MARTINET, L'Aéronautique, octobre 1875, page 300 dans LOUIS GUILBERT La formation du vocabulaire de l'aviation 1965. Ø 18.... il y a une rêverie de l'homme qui marche, une rêverie du chemin. Emmenez-moi, chemins!... dit Marceline Desbordes-Valmore, en pensant à la Flandre natale (Un ruisseau de la Scarpe). Et quel objet dynamique qu'un sentier! (...) un poète évoque tout ce dynamisme en un seul vers : ô mes chemins et leur cadence (Jean Caubère, Déserts, édition Debresse, page 38). GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 29. · Par voie(s) et par chemin(s). De tous côtés, en tous sens. Synonyme : par monts et par vaux : Ø 19.... quoiqu'elle eût, (...) battu depuis son enfance tout le pays d'alentour, son industrie étant de quémander et chercher sa misérable vie par voies et par chemins. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 369. SYNTAXE : Marcher au hasard des chemins; errer par les chemins; être (toujours) sur les chemins, par chemin. Aller (toujours) par les chemins, par voie(s) et par chemin(s). Être toujours dehors; aller de tous côtés, selon les chemins qui se présentent; ne cesser de se déplacer, de voyager. Ce pauvre gentilhomme de Touraine allant et couchant par les chemins de la Hongrie (BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 58) : Ø 20.... ce cousin, (...) gagne des millions. Ça ne vit pas, ça se brûle le sang, c'est toujours par voies et par chemins, au milieu de trafics d'enfer. ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 654. — Remettre quelqu'un sur les chemins. L'inciter à se déplacer, à voyager de nouveau; lui faire reprendre la route. Les hasards seuls, à l'entendre, l'auraient remis sur les chemins (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", 1948, page 56 ). — Par les quatre chemins. Partout. Où est-il mon maître? Il vous cherche par les quatre chemins (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 127 ). — [Par opposition à l'eau et à l'air, par opposition aux voies maritimes et aériennes] Le (grand) chemin des vaches. La terre ferme (confer dans la langue des marins et des aviateurs, l'expression le plancher* des vaches). · Figuré, proverbial " L'usage commun et ordinaire " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Plus rare, généralement au pluriel. Toute voie par mer ou par air pour aller d'un lieu à un autre. Le chemin aérien habituel aux migrateurs (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 104) : Ø 21. Ils [nos ports] sont le carrefour des routes terrestres et notamment des voies ferrées vers les chemins de la mer. HENRI CHARDON, Les Travaux publics, 1904, page 201. Ø 22.... une destinée très profonde a fixé une fois pour toutes la capitale britannique au croisement des routes nordiques et de la grande diagonale européenne. C'est à Londres que j'ai acquis ma première expérience des chemins du monde, (...) j'y appris (...) le sens de la terre. Au sein de ses brumes, je fus initié à l'Italie, à la Flandre, aux Tropiques, aux Antipodes. PAUL MORAND, Londres, 1933, page 330. Remarque : Confer aussi le chemin des airs dans l'exemple 17. B.— Par analogie. 1. Ce qui conduit à un lieu; voie, passage pour avancer, se déplacer, se rendre quelque part. L'araignée, (...) ne pouvant trouver de chemin sur terre, s'en fait un en l'air (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 246 ). Le verre qu'on range hors du chemin de peur qu'il ne blesse les enfants (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 193 ). Un chemin avait été creusé dans la neige (JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 232) : Ø 23. La jeune femme pénétra dans le théâtre en empruntant non pas l'étroit couloir des acteurs, mais le grand chemin du public, ainsi qu'eût pu le faire une visiteuse étrangère. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 262. SYNTAXE : Se frayer un chemin vers la sortie, parmi les voitures, à travers la foule; s'ouvrir un chemin dans la foule; couper, barrer le chemin à quelqu'un; se placer, se mettre sur le chemin de quelqu'un; laisser le chemin libre à quelqu'un. — Par métaphore. [En parlant de quelque chose qui se déplace dans une certaine direction, tend vers un certain but (ondes lumineuses, ondes sonores...)] La lumière du couchant se frayait un difficile chemin jusqu'à ce monde enseveli (FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 268 ). N'est-ce pas la voix de M. le Président qui se fraye un chemin dans la broussaille des phrases de son hôte (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 100 ). 2. Emplois techniques. [Par analogie de forme et/ou de fonction; pour désigner des objets sur lesquels quelqu'un ou quelque chose passe, la voie suivie par un outil en mouvement, des installations permettant le déplacement de certains appareils...] — Chemin (de table). Étroite et longue bande de lingerie que l'on dispose sur une table, dans le sens de la longueur. Chemin d'escalier. Longue et étroite bande de tapis que l'on dispose, à l'endroit du passage, sur les marches d'un escalier, le long d'un vestibule, ou dans une pièce, d'une porte à une autre. Un chemin de tapis rouge, (...) menait jusqu'à l'ascenseur (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 108 ). — MARINE. Chemin (-planche). " Planche ou assemblage de planches, établissant la communication entre le navire et le quai " (Petit dictionnaire de marine (ROBERT GRUSS) 1952). Remarque : PETIT DICTIONNAIRE DE MARINE (ROBERT GRUSS) 1952 note que l'" On dit généralement planche " et signale le synonyme passerelle d'embarquement. — TECHNOLOGIE. · Chemin de roulement. " Rail ou profilé sur lequel se déplace un chariot, pont roulant, ou organe mobile, montés sur des roues ou galets " (Petit dictionnaire technique (PIERRE POIGNON) 1967). Chemin de roulement des chariots (J. BOURDE, Les Travaux publics, tome 2, 1929, page 303 ). Remarque : Grand Larousse encyclopédique en dix volumes enregistre un emploi du syntagme chemin de roulement en aéronautique pour désigner la " voie cimentée qui, sur un aérodrome, permet aux avions roulant au sol de se rendre de l'aire de stationnement à la piste d'envol et vice versa ". · [Dans un extracteur de tôles] Chemin roulant La tôle tombe sur un chemin roulant constitué par une grille articulée formant chaîne sans fin (M. GASNIER, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, page 71 ). [Pour effectuer le lancement d'un bateau] Chemin de glissement suifé (AIMÉ PERPILLOU, L'Industrie des constructions navales, 1967, page 11 ). [Dans un métier à tisser] Chemin de glissement de la navette. · Trait dans lequel va et vient la lame d'une scie. II. [La voie en tant qu'espace parcouru et/ou direction suivie ou à suivre vers un but déterminé; le mot peut être précédé d'un adjectif possessif à valeur de complément déterminatif] A. Au singulier. [Le but est un lieu] 1. Itinéraire ou direction vers un lieu déterminé. Il prit d'abord son chemin par la Hollande (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, La Chaumière indienne, 1791, page 67 ). Lou Lugran m'enseigne la piste. L'étoile du berger me montre le chemin (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 124 ). L'espace qui reste à franchir n'est point la mer. Nulle route n'est le chemin qu'il me faut suivre (PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, Vers d'exil, 1952, page 13) : Ø 24. [À Naples] ... si vous demandez à un homme du peuple votre chemin dans la rue, il tend la main après vous avoir fait un signe : car ils sont plus paresseux pour les paroles que pour les gestes;... GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 2, 1807, page 199. Ø 25. Ainsi qu'un âne n'imagine pas qu'on aille du moulin au four autrement que par le plus court, le plus plat, le meilleur chemin : ainsi un touriste n'imagine pas davantage qu'on aille de Servoz à Genève autrement que par le plus long, le plus ardu, le plus détestable chemin. RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 331. SYNTAXE : Chercher son chemin; prendre le chemin indiqué; perdre, retrouver son chemin; s'écarter de son chemin, détourner quelqu'un de son chemin; passer par le même chemin, par un autre chemin; ne pas connaître le chemin; se tromper de chemin. — Suivre le bon chemin. Être, avancer dans la bonne direction. Remettre quelqu'un en bon chemin. Prendre le mauvais chemin. S'engager dans la mauvaise direction. Indiquer le mauvais chemin à quelqu'un. Tenir un chemin. Suivre un certain itinéraire. Tenir le chemin de/vers + (destination). Se diriger vers (destination). Le prince ordonna à son lieutenant général de retourner par le même chemin qu'il avait tenu (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 269 ). Elles essayaient de tenir leur chemin droit vers le couchant; et sans cesse quelque fondis ou quelque fourré les contraignait à un détour (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, page 240 ). Remarque : Confer supra I A 1 ne point tenir de chemin dans la rubrique syntaxe. — [Avec un complément prépositionnel de indiquant le but à atteindre ou, d'une façon plus généralement, la destination] (Prendre) le chemin de + (indication de la destination). (Prendre) la direction de (indication de la destination). (Prendre) le chemin du village. Il prit le chemin du midi par la route la plus sûre (AUGUSTIN THIERRY, Récits des temps mérovingiens, tome 2, 1840, page 129 ). Ce dernier reprit par la voie de terre le chemin de Damas (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 200 ). Ils devraient peu à peu apprendre à aimer la musique, prendre le chemin du concert (L'Enseignement en France. L'Enseignement de la musique et l'éducation musicale, 1, 1950, page 19 ). · Plus rare. [Le complément est un mot abstrait] (Prendre) le chemin du retour, de l'exil. Remarque : Confer supra I A 1, le cas où le complément désigne une voie de communication précise. · Être sur le chemin de — (indication de la destination). Se diriger vers : Ø 26. D'ESTRIGAUD. — ... tu viens de me faire manquer un mariage magnifique. NAVARETTE. — Dame! quand je suis entrée, tu n'étais pas sur le chemin de la mairie, ce me semble. GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, La Contagion, 1866, V, page 436. — Locution. Lire son chemin dans les étoiles. Se diriger d'après la carte du ciel. Tu as franchi des forêts. Tu as lu notre chemin dans les étoiles (JACQUES AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 1er. tableau, page 36 ). — Par extension. [Il y a déplacement de personnes mais en dehors de toutes voies de communication proprement dites] Elle prit le chemin de la porte (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 251) : Ø 27. — C'est l'abbé Châtellier que je viens voir. Le valet (...) dit, l'air indifférent : — Monsieur veut-il que je l'accompagne? — Non. Je connais le chemin. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, page 45. — Par métaphore. [En parlant de quelque chose] Une boîte de cachous qu'il avait eu l'imprudence de montrer avait pris le chemin de la poche de Pol (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 674 ). 2. Espace parcouru ou à parcourir d'un lieu à un autre; distance de l'un de ces points à l'autre. Comme si elle n'en avoit été séparée que par un court espace de chemin (CHARLES NODIER, Jean Sbogar, 1818, page 195 ). « Je vais aux halles. Je peux vous conduire un bout de chemin dans ma bagnole » (EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 166 ). Il demeurait loin, lui, en banlieue, il avait du chemin pour venir (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 167) : Ø 28. Mais les enfants ce qui les intéresse ce n'est que de faire le chemin. D'aller et de venir et de sauter. D'user le chemin avec leurs jambes. De n'en avoir jamais assez. Et de sentir pousser leurs jambes. Ils boivent le chemin. Ils ont soif du chemin. Ils n'en ont jamais assez. CHARLES PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e. vertu, 1911, page 285. Ø 29. Pour revenir de mon village, je traverse presque toute la France. Ce long chemin, je l'appelle, je ne sais pourquoi, le ruban vert, comme si c'était le chemin de l'espérance. C'est neuf cents kilomètres, le long desquels, au volant de ma machine, je me raconte des histoires. JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, 1938, page 208. SYNTAXE : Faire, parcourir le chemin (qui sépare un lieu d'un autre); faire, parcourir une partie du /un bout de/la moitié du/tout le/ chemin à pied; faire le chemin d'une seule traite, par étapes; abattre beaucoup de chemin; il reste un long chemin à parcourir; accompagner quelqu'un un bout de chemin; la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre. — Faire (du) chemin. Franchir un certain espace, accomplir un certain trajet, marcher, voyager (confer faire [de la] route*). Faire chemin avec quelqu'un. N'as-tu pas ton vélo, de bonnes jambes? On fait du chemin dans une nuit! (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 169 ). Cependant, Gaspard faisait chemin. Le pays allait par montées, par descentes (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 77 ). Allonger/abréger le chemin. Prendre l'itinéraire le plus long/le plus court pour parvenir à destination. Se mettre en chemin, sur le chemin; prendre son chemin. Prendre le départ pour franchir un certain espace, accomplir un certain trajet, pour marcher, voyager un certain temps (confer se mettre en route*, prendre la route*). Sans attendre que la nuit tombât, elle prit son chemin (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, page 248 ). Il lui fallait se mettre sur le chemin pour trouver un logis. Tous les printemps, ils déménageaient (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 113 ). Être en chemin (vers). Être en train de franchir l'espace, d'accomplir un trajet, de marcher, de voyager (pour une certaine destination) (confer être en route* pour). À peine étais-je en rapide chemin vers ce nouveau monde (...) le temps, (...) devint plus menaçant et nous rabattit aux Sorlingues (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 37 ). Continuer, poursuivre son chemin. Continuer sa marche, son voyage vers une certaine destination (confer continuer, poursuivre sa route*). Il continua son chemin à travers les sapins dans la direction du « pigeonnier » (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, page 75 ). Passer (droit) son chemin; aller, marcher, continuer, suivre (tout) droit son chemin. Poursuivre sa marche, son voyage sans s'arrêter, sans se préoccuper de ce qui se passe autour de soi. Mêlez-vous, cher monsieur, de ce qui vous regarde et laissez-moi passer mon chemin (JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, page 73 ). Une demi-heure, une journée... de chemin. Une demi-heure, une journée... de marche, de voyage (confer une demi-heure... de route*). Rester (tant de) jours en chemin. Mettre (tant de) jours pour parcourir la distance séparant son point de départ de son lieu de destination; marcher, voyager durant (tant de) jours : Ø 30. Ce n'est pas faute d'envie que je ne suis pas en chemin Si vous saviez, (...) le bonheur que j'ai d'être avec vous, vous me plaindriez au lieu de vous fâcher. EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1847, page 35. Ø 31. Passer droit son malheureux chemin et être pris pour un suiveur, (...). Ah! non! et cela simplement parce que, (...) je marchais peut-être depuis trois ou quatre minutes à la même allure que cette péronnelle. Et voilà, voilà la vie des grandes villes! Il faut avoir son rythme à soi et faire constamment en sorte qu'il ne coïncide avec celui d'aucun autre. Marcher du même pas que quelqu'un, c'est déjà attenter un peu à la liberté,... GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, page 98. — Par métonymie, au singulier. Temps passé à faire le chemin, à marcher, à voyager. Ne pas s'apercevoir du chemin. Sans s'être aperçu du chemin. En causant ainsi, le chemin parut très-court, quoiqu'Isambard eût extrêmement ralenti le pas de son cheval (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, tome 1, 1795, page 261 ). · Tromper le chemin. Faire en sorte de ne pas se rendre compte du temps mis pour effectuer un certain trajet. 3. Par analogie. [En parlant de quelque chose qui franchit l'espace vers une certaine destination] Des lettres qui devaient rester cinq jours en chemin (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, tome 1, 1790, page 408 ). Mettre moins de temps en chemin. Franchir plus rapidement la distance séparant le point de départ du lieu de destination; marcher, voyager plus vite. Il venait à cheval pour mettre moins de temps en chemin (CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Ourika, 1824, page 117 ). [Le sujet désigne un lieu ou un voyageur; pour les situer dans l'espace par rapport à un autre lieu] Être à une heure, une journée... de chemin (de + nom de lieu). Se situer à une heure, une journée... de marche, de voyage (de tel lieu) (confer être à une heure... de route*). Chambéry n'était pas à une heure de chemin (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", 1948, page 119 ). Rebrousser chemin. Faire demi-tour et refaire en sens inverse tout ou partie du trajet déjà effectué. Rebrousser chemin vers le nord. Sur, pendant, durant le chemin (du retour). Au cours de la marche, du voyage, du trajet effectué (pour revenir, rentrer). — (Prendre, suivre) le chemin des écoliers. (Prendre, suivre) le parcours que l'on a délibérément voulu le plus long et le plus agréable. Les sangliers isolés (...) la panse garnie, ceux-ci prennent le chemin des écoliers, vermillant ici, se souillant là, se frottant ailleurs (FRANÇOIS VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, page 103 ). · Par analogie. [En parlant de quelque chose qui se déplace] : Ø 32.... dans les premières installations, au lieu de revenir à l'usine par la voie qu'on lui offrait, le courant prenait le chemin des écoliers, s'échappait des rails et gagnait les conduites d'eau ou de gaz voisines qui lui offraient un chemin plus long mais meilleur, c'est-à-dire plus conducteur. ALFRED SOULIER, Les Grandes applications de l'électricité, 1916, page 146. Figuré. Elle [la jeune peinture française] revenait de la sorte à la tradition de la plus grande peinture par le chemin des écoliers (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1921, page 222 ). — Locution adverbiale. · À mi-chemin, à moitié chemin. Au milieu de l'espace à parcourir, au milieu du trajet. Rester, être à mi-chemin, à moitié chemin; reculer à mi-chemin du but. Les petites maisons qu'ils occupaient se trouvaient (...) à mi-chemin des deux chantiers (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 166 ). Par analogie. [En parlant de quelque chose qui se développe sur un certain trajet que l'on parcourt] Un escalier étroit et raide qui se coudait à mi-chemin pour ménager la percée d'une fenêtre (EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 10 ). · Chemin faisant Tout en parcourant l'espace, tout en effectuant le trajet d'un lieu à un autre; tout en cheminant L'empereur (...) se mit en route pour gagner le canot. Chemin faisant, il saluait (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 51 ). Au figuré. Chemin faisant Tout en faisant telle ou telle chose, par la même occasion, en même temps. Remarque : DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) enregistre également la construction en chemin faisant. · En chemin. Au cours du trajet. Synonyme : en cours de route. S'arrêter, rester en chemin; rencontrer, rejoindre quelqu'un en chemin; se quitter en chemin. Emma et Berthe l'accompagnaient dans sa promenade (...) en chemin, Berthe questionnait Édouard sur ce peuple des oiseaux (JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, page 142 ). Familier. Semer quelqu'un en chemin. Le distancer nettement alors qu'on effectue le même trajet. Au figuré. En chemin. Avant d'aboutir, d'atteindre le terme, le but. L'homme qui se préoccupe des difficultés (...) résiste au mouvement qu'il faudrait suivre et demeure en chemin (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, page 105 ). Je me suis mêlé de paix et de guerre; j'ai signé des traités, des protocoles et publié chemin faisant de nombreux ouvrages (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 2 ). Ma pensée s'arrêta en chemin (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 24 ). Proverbe. Qui trop se hâte, reste en chemin. " Il faut ménager ses forces, si l'on veut arriver à un but " (Nouveau Larousse illustré) (Confer qui veut voyager loin ménage sa monture). 4. Par extension. [En parlant de quelqu'un qui se déplace, mais en dehors de toute voie de communication proprement dite] Bien comprendre (...) la répartition des meubles, leurs distances (...) le chemin à faire d'un point à un autre (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 56 ). · Spécialement. MANÈGE. Entamer le chemin. " Commencer à galoper " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Manger le chemin. " Avancer trop rapidement " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — Par analogie. [En parlant d'un corps en mouvement] Trajet effectué. Tu n'auras pas la surprise désagréable de rencontrer une jambe poilue sur le chemin de tes orteils (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, page 227 ). Déceler le chemin suivi par le virus (ALBERT CALMETTE, L'infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux, 1920, page 154 ). Chaque électron émis suit alors son chemin (LOUIS LEPRINCE-RINGUET, Des Atomes et des hommes, 1957, page 44 ). · MARINE. " Espace parcouru, en un temps donné, par un bâtiment " (Le dictionnaire de la marine à voile (PIERRE-MARIE-JOSEPH DE BONNEPOUX), Edmond Paris) 1971). Remarque : GLOSSAIRE NAUTIQUE (AUGUSTIN JAL) 1848 ajoute " Quelquefois : Vitesse du navire. Ainsi l'on dit : Ce bâtiment fait beaucoup de chemin, pour dire, il est bon marcheur, il est rapide, il suit sa route avec une grande vitesse ". · BALISTIQUE. Soient F la force perturbatrice perpendiculaire au rayon vecteur et Ds le chemin parcouru par la lune pendant le temps Dt (HENRI POINCARÉ, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911, page 133) : Ø 33.... dans le tir à courte distance, la trajectoire n'a pas toute la roideur désirable, la parabole s'exagère, le chemin du projectile n'est plus assez rectiligne pour qu'il puisse frapper tous les objets intermédiaires,... VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 439. · OPTIQUE. Chemin optique. " Produit de la distance parcourue par la lumière dans un milieu homogène, isotrope et transparent, par l'indice de réfraction de ce milieu " (Dictionnaire de physique (G. LAITIER) 1969). B.— Par métaphore ou au figuré. [Le but est un terme abstrait vers lequel conduit un mouvement linéaire et orienté] Voie suivie ou à suivre pour atteindre un but déterminé; ligne de conduite, suite d'actes orientés vers un objectif; moyen(s) mis en oeuvre ou à mettre en oeuvre pour parvenir à une fin. Chacun suit son chemin. Chacun est le prisonnier de son chemin. Il n'est pour chacun, sans doute, qu'un seul chemin (JACQUES AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 1er. tableau, page 30 ). Tu avais choisi les chemins les plus difficiles, la solitude, la pureté (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 257 ). Il ne faut pas nous arrêter à mi-chemin : il faut foncer dans la direction où nous venons de nous engager (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954 page 385 ). Mère, ce sont mes premiers pas sur les chemins de la perfection (ALBERT CAMUS, Le Chevalier d'Olmedo, adapté de Félix Lope de Vega, 1957, page 769) : Ø 34. Son caractère le portait à prendre le chemin le plus court, en apparence le plus agréable, à saisir les moyens décisifs et rapides. HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 278. Ø 35. Je suis ici, l'autre est ailleurs, et le silence est terrible : ... Je souffre, et l'autre souffre, et il n'y a point de chemin Entre elle et moi, de l'autre à moi point de parole ni de main. PAUL CLAUDEL, Corona Benignitatis Anni Dei, 1915, page 422. Ø 36.... ils pensent trop vite; ils ignorent profondément que le chemin le plus court d'un point à un autre n'est pas toujours la ligne droite. JULIEN GREEN, Journal, 1946, page 50. — Montrer, ouvrir, tracer le chemin à quelqu'un. Lui montrer la voie à suivre pour atteindre un but déterminé, lui donner l'exemple; être, pour lui, un guide, un initiateur. Antonyme : suivre le chemin tracé. Deux, mille... chemins s'ouvrent devant quelqu'un. Deux, mille... possibilités ou moyens de parvenir au but s'offrent à quelqu'un Fermer le(s) chemin(s) de quelque chose Ôter toute possibilité, priver de tout moyen de parvenir à quelque chose. On contracte une dette envers ceux qu'on a vaincus; on prend l'engagement tacite de marcher devant eux, de leur montrer le chemin (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1434) : Ø 37. Moi j'ai beaucoup évolué, mais c'est ma propre voie que j'ai suivie. — On n'a pas des chemins tracés d'avance, dis-je. Le monde n'est plus le même, personne n'y peut rien; il faut essayer de s'adapter. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 177. — Sur le chemin de, en chemin de. En voie de, sur le point de, près de. Prendre, tenir le chemin de quelque chose Tendre à quelque chose, aller à/vers quelque chose, être en voie de... Mettre quelqu'un sur le chemin de quelque chose L'inciter, l'entraîner à quelque chose, l'engager dans la voie de quelque chose. Ne pas en prendre le chemin. [Le sujet désigne une personne] Être loin de faire, de penser... quelque chose. [Le sujet désigne une chose] Être loin d'avoir lieu, de se produire. Le toast de l'Hôtel de ville était en chemin de se réaliser (ADÈLE FOUCHER, MME VICTOR HUGO, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, 1863, page 37 ). Tu n'es qu'un niais si ta cousine, avant quinze jours, ne t'écrit pas tout aussi longuement, aisément, agréablement... — Elle n'en prend guère le chemin (ANDRÉ GIDE, La Porte étroite, 1909, page 544 ). — Aller, passer, suivre, poursuivre son chemin. [Le sujet désigne une personne] Avancer, progresser sans faiblir, sans se laisser détourner de sa voie et de son but. [Le sujet désigne une chose] Progresser, s'étendre, se développer. Lui, il ne coupe pas les cheveux en quatre. Il va son chemin. Un homme quoi (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 179) : Ø 38. Il importe donc assez peu que la loi laisse ou refuse la liberté aux idées nouvelles; car elles vont leur chemin sans cela, elles se font sans la loi et malgré la loi,... ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 363. — Grand chemin [confer le (grand) chemin des vaches, supra I A 3 et chemin battu, supra I A 2 a] . 1. [Par référence au fait que le grand chemin est une voie publique très fréquentée] Substantif abstrait + du grand chemin. Commun, de tout le monde : Ø 39.... La morale que M. Saint-Marc Girardin a prêchée dans ses cours avec beaucoup de suite et de piquant, c'est la petite morale, comme il l'appelait, celle de tout le monde, celle de la société et du grand chemin, celle de la religion sans doute, mais celle aussi de l'intérêt bien entendu... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 5, 1818-69, page 312. · Aller, suivre le grand chemin, son grand chemin. Mener sa vie en toute quiétude, selon la règle commune. Il ne suffit pas de suivre le grand chemin de la vie humaine, de naître, de se marier et de mourir (JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 226 ). 2. [Par référence aux époques où des voleurs exerçaient leurs méfaits sur les grands chemins et les rendaient dangereux; confer voleur de grand chemin, supra I A 2 a] Substantif de l'animé + de grand chemin.. Qui est audacieux; qui ne craint pas le danger, les risques : Ø 40. Ce qui me donne, dit le Marquis, un grand avantage sur beaucoup de gens, et notamment sur ceux qui calculent, (...) ceux qui prévoient, organisent, s'entourent des sécurités de leur intelligence (...) c'est que je suis un homme de grand chemin. J'ai reconnu en vous cette même volonté d'explosion. Nous abordons tout comme des ondes. JEAN GIONO, Angelo, 1958, page 211. Remarque : DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS) enregistre le syntagme prendre le grand chemin, avec le sens de « ne pas s'embarrasser de petitesses ». — Familier. Aller, suivre son petit bonhomme de chemin. Avancer doucement mais sûrement. Je me suis mis à mon nouveau roman, La Bête Humaine... Cela va son petit bonhomme de chemin, mon train ordinaire (ÉMILE ZOLA, Correspondance, 1902, page 711 ). — Être en bon chemin [Le sujet désigne une chose] Être en bonne voie de se produire, de se réaliser, de réussir; être près de parvenir à son terme. S'arrêter en si beau chemin, en si bon(s) chemin(s). S'arrêter si près de toucher au terme, renoncer sur le point d'arriver au but. Ne pas s'arrêter en si beau chemin, en si bon(s) chemin(s). Ne pas se contenter d'une réussite, faire en sorte de lui en ajouter d'autres plus déterminantes encore. Ce n'est pas tout, car la calomnie ne s'arrête pas en si beau chemin : on prétend que... (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 220 ). Le progrès humain est arrivé à son terme ou est en bon chemin (PAUL NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, page 84) : Ø 41. C'était aux yeux du monde l'aveu de la défaite subie par nos ennemis dans cette bataille de Verdun (...). Le général Nivelle ne voulut pas s'arrêter en si bons chemins. Le 11 novembre, il m'exposa ses projets. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, 1931, page 272. — Aller dans le bon, le droit chemin. Se conduire bien, et en particulier avec droiture, loyauté, honnêteté. Combien de garçons, engagés déjà sur de mauvaises pentes, ai-je ramenés dans le droit chemin (ROGER MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, page 1399) : Ø 42. C'était trop bête d'aimer, ça ne menait à rien. Puis, elle avait des scrupules, à cause du jeune âge de Zizi; vrai, elle s'était conduite d'une façon pas honnête. Ma foi! Elle rentrait dans le bon chemin, elle prenait un vieux. ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1258. — Être à la croisée des chemins. Être au moment décisif où, dans une conjoncture difficile, il faut, entre plusieurs possibilités, entre plusieurs voies, en choisir une et que ce soit la meilleure : Ø 43. «... cette nuit encore il a dit à Paule : on est à la croisée des chemins ». Il le disait souvent et c'est par lâcheté que j'évitais de donner leur vrai poids à ces mots. « La croisée des chemins ». Donc aux yeux de Robert, le monde était en danger. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 38. — Faire du chemin. Avancer, progresser, gagner du terrain. Tu es dans la voie qui mène au pouvoir. — Il arrivera, dit Coralie. — Mais il a déjà fait bien du chemin en six semaines (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 420 ). À travers d'incroyables obstacles, nous avons fait pas mal de chemin vers le mieux (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 594) : Ø 44. Les vérités ne reculent jamais. Une fois levées sur notre horizon des nuages peuvent les voiler, mais elles reparaissent plus avant dans le ciel et pendant qu'on les croyait perdues elles ont fait du chemin et éclairent les masses. ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale. 1834, page 72. · Faire un joli, un beau, un fier chemin. La question juive (...) a fait un joli chemin depuis dix ans. (...) elle est au fond de toutes les discussions, elle préoccupe tous les esprits (Documents d'Histoire contemporaine (par Odette Voilliard, Guy Cabourdin, François-Georges Dreyfus, Roland Marx) tome 2, 1852-59, page 54 ). — Faire son chemin. [Le sujet désigne une personne] Avancer avec succès; progresser, dans la hiérarchie sociale, jusqu'à une position élevée; faire carrière, réussir. [Le sujet désigne une chose abstraite] Se développer avec succès, progresser vers un terme positif. Quand il sera grand, pour faire son chemin, faut un nom... sans ça, on végète (EUGÈNE LABICHE, Frisette, 1846, 15, page 253 ). L'humanité fera son chemin sans les libéraux et malgré les rétrogrades (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 362 ). Mais le mot avait porté et, sans preuves, fit toujours son chemin dans l'esprit des Ligneul (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 38) : Ø 45. — Ah! Je savais bien que Nicolas ferait son chemin! Ah! Voyez-vous comme on avance! C'est parce que nous restons toujours aux baraques, que nous sommes si pauvres. Mais Nicolas deviendra noble,... ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1, 1870, page 117. — Prendre un chemin détourné, prendre un/des chemin(s) de traverse. Employer des moyens détournés. Ne pas y aller par quatre chemins. Aller tout droit au but sans user de moyens détournés ou de faux-fuyants. Synonyme : aller droit son chemin. J'ai l'habitude, reprit le géomètre, d'aller droit mon chemin : voici ce qui m'amène (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 233 ). Je n'aime point ces raisonnements qui vont, par chemins de traverse, à réduire ce que l'on me doit. Je veux être payé (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1922, page 407) : Ø 46.... il ne peut jamais penser tout droit; il faut qu'il aborde toujours les idées de biais. De son biais, je l'accorde, et cela constitue déjà une originalité; mais, ne pas confondre l'originalité de l'itinéraire et l'originalité du but : prendre un chemin détourné, inhabituel pour atteindre un point connu, ce n'est pas explorer un pays neuf... ROGER MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, page 1409. — Chemin de fleurs, chemin de velours. Moyen, voie facile, agréable, d'atteindre le but auquel on tend. Fleurir le(s) chemin(s) de quelqu'un. Lui faciliter les choses. Aplanir le chemin à quelqu'un. Supprimer les difficultés, les obstacles susceptibles d'entraver sa progression. Trouver une/des pierre(s), trouver quelque chose ou quelqu'un sur son chemin. Se heurter à des difficultés, à des obstacles, à un adversaire qui entravent la progression vers le but auquel on tend. " Il me trouvera en son chemin, ou je le trouverai en mon chemin, je trouverai occasion de le contrecarrer " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Se mettre sur le chemin de quelqu'un, en travers du chemin de quelqu'un. Lui créer des difficultés, entraver ses projets. Synonymes : couper, barrer le chemin à quelqu'un. Sur le chemin de velours du stratagème s'organise toute une technique de la plaisance, une académie de flatterie (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 6) : Ø 47.... je me tue à lui sarcler ses heures, à lui embaumer son air, à lui sabler, à lui fleurir les chemins qu'il a semés de pierres. Ma récompense est ce terrible refrain : « — Je vais mourir! La vie me pèse! » HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 87. · Par ironie. Mener quelqu'un par un chemin où il n'y a pas de pierres. " Le mener rondement, le traiter durement " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). Faire voir du chemin à quelqu'un. Lui " susciter des difficultés " (Nouveau Larousse illustré-Larousse du XXe. siècle en six volumes). — Trouver le chemin du coeur de quelqu'un. Découvrir la façon, le moyen de susciter, selon le cas, ou la sympathie ou l'affection ou l'amour de quelqu'un. Je me flatte d'avoir enfin trouvé le chemin de son coeur, au bourgeois! Je l'ai incarné pour l'assassiner plus à loisir et plus sûrement (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1867, page 113 ). — [Souvent en parlant des relations entre hommes et femmes] Faire la moitié du chemin. Prendre, auprès de quelqu'un, l'initiative des premières et nécessaires démarches pour créer — ou recréer — des relations avec elle. Il [Byron] n'avance jamais que lorsque la femme a fait spontanément plus de la moitié du chemin (CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 225 ). · [Par allusion à cette locution] : Ø 48.... au lieu d'être sur la trace effacée de mon ancienne passion, je suis au contraire sur les traces de ma nouvelle, qui est déjà ma voisine un peu, et qui le deviendra davantage; car je consens à faire tout le chemin nécessaire, et, si elle veut faire le reste, nous ne serons pas longtemps à nous entendre. HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 259.

« abrupt; un chemin poudreux, sablonneux, caillouteux, pierreux, rocailleux; un chemin d?fonc?, accident?, verglac?; un chemin facile, rude.

Un chemin (peu) fr?quent?, passant (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78), (im)praticable, carrossable; un chemin familier.

Un chemin muletier; un chemin bord? (de peupliers, de fleurs); un chemin en pente, en lacets; un chemin de c?te, de cr?te, de montagne; la boue, les cahots du chemin; ? la crois?e, ? l'embranchement, au carrefour des chemins; ouvrir, tracer un chemin.

Le chemin projet? passera par ici (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

S'engager dans un chemin; suivre, quitter, traverser un chemin.

Prendre le chemin sur la gauche.

Prenez le chemin ? main droite, ? main gauche (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

Prendre le m?me chemin, un autre chemin, le chemin le plus direct, un chemin d?tourn?.

Il ne tient, il ne suit point de chemin, il va ? travers champs (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

Mettre en ?tat les chemins.

R?parer les chemins (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

Les pluies, le d?gel, les charrois ont g?t?, ont rompu les chemins (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

Chemin qui va ? (nom de lieu).

Chemin qui tourne, descend, monte, grimpe.

Les chemins ne sont pas s?rs (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

? [Avec un compl?ment pr?positionnel de d?signant le point d'aboutissement d'une voie] Prendre le chemin de l'?glise, de l'?cole, de la gare.

? Plus rare.

[Le compl?ment d?signe le lieu de passage] Prendre, pour aller ? la ville, le chemin de la for?t (Grand dictionnaire universel du XIXe.

si?cle (Pierre Larousse)).

2.

Syntagmes et locutions.

a) Syntagmes.

Chemin de terre.

Chemin ?troit, non-am?nag?, pas m?me empierr?, au travers des champs, des bois (confer sentier, piste).

Les chemins de terre toujours humides du sous-bois (LOUIS PERGAUD, De Goupil ? Margot, 1910, page 50 ).

Passez par les chemins de terre, on a le pied moins leste que sur la route, mais c'est plus court (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 114 ).

Chemin creux.

Chemin encaiss?, resserr? entre des talus ou des haies.

Chemin de traverse.

Chemin qui, en coupant ? travers champs, abr?ge le trajet par rapport ? la route ordinairement emprunt?e.

La cantini?re (...) prit un chemin de traverse au milieu des prairies (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 37 ).

Chemin ferr? (vieux).

Chemin empierr? dans lequel les chevaux, en particulier, n'enfoncent pas.

Le massif est long? d'un c?t? par un chemin. »

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