Vocabulaire: CHEVET, substantif masculin.

Vocabulaire: CHEVET, substantif masculin. I.— Usuel. A.— Partie du lit où l'on pose la tête. Les traverses du chevet sont plus longues que de coutume et débordent de chaque côté les montants (M. NOSBAN, Nouveau manuel complet du menuisier, de l'ébéniste, du layetier, du marqueteur, du sculpteur, tome 2, 1857, page 26 ). Déjà Mac Allister était à l'autre bout de la pièce, derrière le chevet du lit qui lui servait de rempart (JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 79 ). B.— Par métonymie. Tête de lit : Ø 1. Que le misérable qui meurt à l'hôpital sans asile ni famille, ni d'autre nom que le numéro du chevet, accepte la mort comme une délivrance (...) cela se comprend. ALPHONSE DAUDET, Le Nabab, 1877, page 83. — Par extension, vieux ou régionalisme. Coussin allongé placé à la tête du lit et qui en tient toute la largeur. À un mouvement que fit Madame Wil, Atar-Gull s'approcha d'elle pour relever le chevet de sa maîtresse (EUGÈNE SUE, Atar Gull, 1831, page 30 ). · Par métaphore : Ø 2. Un creux où le soleil lui-même est pâle, et n'entre Qu'avec précaution, c'était l'antre où vivait L'énorme bête, ayant le rocher pour chevet. VICTOR HUGO, L'Art d'être grand-père, 1877, page 200. — Locution. (Se tenir) au chevet de quelqu'un. Auprès d'une personne alitée (généralement pour cause de maladie mortelle) : Ø 3. Pauvre Isa qui avait passé tant de nuits au chevet de cette petite hurleuse, qui l'avait prise dans sa chambre parce que ses parents voulaient dormir... FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 179. SYNTAXE : Accourir au chevet, appeler au chevet, s'asseoir au chevet, quitter le chevet, rester au chevet, se trouver au chevet, veiller au chevet (de quelqu'un). C.— De chevet. Qui est placé au (près du) chevet : Ø 4. La lecture au soir dans le lit avec un seul coupe-papier qu'on se dispute, et une lampe de chevet qu'on allume de la porte. JEAN GIRAUDOUX, L'Apollon de Bellac, 1942, 8, page 97. · Spécialement. Table de chevet : Ø 5.... un verre et une carafe d'eau fraîche avaient été posés à portée de la main, sur la table de chevet. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 812. · Au figuré. Épée de chevet, " vieilli " (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Personne ou chose qu'on appelle ou garde constamment auprès de soi, à portée de la main, à son service. L'Iliade d'Homère était l'épée de chevet d'Alexandre (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1878). Cet argument est son épée de chevet (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). Remarque : On dit aussi : épée de cuisse (DICTIONNAIRE DU COSTUME ET DE SES ACCESSOIRES, DES RAMES ET DES ÉTOFFES DES ORIGINES À NOS JOURS (MAURICE LELOIR) 1961). Par analogie. Livre de chevet. Livre qu'on tient constamment à son chevet ou sur sa table de chevet, livre de prédilection : Ø 6.... mais je n'aurai jamais l'idée d'en faire mon livre de chevet. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Les Cahiers, 1869, page 106. II.— [Par analogie de fonction ou de destination] A.— ARCHITECTURE. Partie d'une église qui se trouve à la tête de la nef, au delà du sanctuaire : Ø 7. La nef était déserte; au chevet de l'église deux troupes séparées de garçons et de filles écoutaient des instructions. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 185. B.— CONSTRUCTION. Rebord en plomb dont on garnit les chéneaux, près de la gouttière, pour empêcher l'eau de s'échapper (d'après Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) 1881). C.— MARINE. " Pièce ordinairement en bois de peuplier, clouée sur l'arrière du traversin des bittes, pour être plus doux sous le câble autour des bittes " (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831). D.— ART MILITAIRE. Chevet de mortier. " Coin de bois propre à faire varier l'inclinaison de l'arme lorsqu'on l'introduit entre l'affût et le mortier " (Dictionnaire de technologie (DE CHESNEL) 1857). Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif masculin chèveteau. " Solive d'enchevêtrure " (Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884).