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Vocabulaire: COLLE, substantif féminin.

Publié le 14/11/2015

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Vocabulaire: COLLE, substantif féminin. A.— Matière gluante, généralement obtenue par dessication de la gélatine animale ou végétale, et que l'on étend entre deux surfaces pour les faire adhérer l'une à l'autre. Une couche de colle; une bouteille de colle; de la colle liquide; une colle spéciale; enduire de colle; joindre avec de la colle : Ø 1.... il prit sur le bureau de Rocambole deux feuilles de papier blanc de même dimension et de même épaisseur que les lettres et les mit à la place. Après quoi, comme la colle était fraîche encore, il réunit les pages du livre avec une habilité égale à celle qu'avait déployée Rocambole dans cette délicate opération. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, page 274. Ø 2. Mais où donc avait-on mis la colle pour les timbres? C'est-à-dire que ce n'était pas la colle qui manquait : une récente invention a permis de mettre la colle toute prête sur les timbres... Vous léchez... Armand avait tant collé de timbres qu'il sentait dans sa bouche un goût bizarre, un goût de mort... LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 388. SYNTAXE : Colle forte. Gélatine obtenue avec des débris de matière animale et utilisée surtout en menuiserie et en reliure. Mettre la colle forte au bain-marie (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 92). Colle de pâte. Colle obtenue en chauffant jusqu'à ébullition de la farine délayée dans l'eau (confer E. et JULES DE GONCOURT, Journal, 1862, page 1142). Colle de poisson. Gélatine obtenue à partir des vessies natatoires de certains poissons (confer CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, tome 1, 1801, page 232). Colle blanche, colle à bouche. Colle constituée par un mélange de colle forte aromatisée et de sucre, dont on enduit les bords des feuilles de papier (confer STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 652). Peinture à la colle. Procédé de peinture qui consiste à ajouter aux couleurs un peu de colle pour mieux les fixer (confer E. ROBINOT, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment, tome 6, 1930. page 38). Colle au baquet, colle de peau(x), colles-matières. Colles préparées avec des déchets d'abattoirs et utilisées surtout en peinture. Colle au baquet (A. WURTZ, Dictionnaire de chimie pure et appliquée, tome 1, 2e. vol., 1870, page 1555). Colles-matières (A. WURTZ, Dictionnaire de chimie pure et appliquée, tome 1, 2e. vol., 1870, page 1554). Colle de peau (MOREAU-VAUTHIER, La Peinture, 1933., page 105). Expression familière : Faites chauffer la colle! Paroles ironiques que l'on adresse à une personne qui laisse tomber un objet et le casse (confer DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) et Grand Larousse de la langue française en six volumes). B.— Par extension. 1. [En parlant de toute matière visqueuse qui adhère à quelque chose] Secouer la colle de ses chaussures. Un ciel bas en colle de pâte (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Âmes d'automne, 1898, page 68) : Ø 3. Il ne pleuvait presque plus; quelques gouttes molles et rôdeuses... la boue écrasée par les rudes semelles, prolongeait... son clappement de colle épaisse et grasse. MAURICE GENEVOIX, Les Éparges, 1923, page 10. — Plus rarement et familier. [En parlant d'une nourriture épaisse et peu appétissante] Une espèce de bouille en colle (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 190 ). Il verse dans mon assiette une sorte de colle immangeable (ANDRÉ GIDE, Journal, 1939, page 349 ). 2. Au figuré et familier. a) Chose ennuyeuse ou contrariante. Quelle colle! Toutes les colles! (HONORÉ DE BALZAC, Les Comédiens sans le savoir, 1846, page 323 ). Qu'est-ce que ça sera avec la douane espagnole, alors! Quelle colle et quelle poisse! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, En pays connu, 1949, page 158 ). b) [En parlant d'une personne] Personne dont on ne peut se débarrasser, personne importune. Un vrai pot de colle!; être pot de colle! C'est un véritable pot de colle! (confer Grand Larousse de la langue française en six volumes). — Locution adverbiale populaire. [En parlant d'une personne dont on ne veut pas se débarrasser] Être, vivre à la colle. Vivre en concubinage : Ø 4. Vivre en concubinage. Être à la colle... « Tant qu'on est à la colle, ça colle; mais une fois que le condé [= maire] y a passé... » Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT) 1901, page 120. 3. Vieux et populaire. Mensonge, bourde, attitude feinte. Raconter des colles. C'est d'la colle (JEAN RICHEPIN, La Chanson des gueux, 1876, page 139 ). Ta ta ta! en voilà de ces colles!... mais je les trouve trop fortes. Et c'est à moi que l'on ose dire de ces choses-là! (PAUL DE KOCK, Les Compagnons de la Truffe, 1861, page 20 ). 4. Par métonymie, argot scolaire. a) Question embarrassante posée à un candidat et par extension toute question posée à quelqu'un dont la solution exige des connaissances approfondies, du bon sens ou de l'astuce. Une colle de géographie. Une colle de certificat d'études (ALEXANDRE ARNOUX, Calendrier de Flore. 1946, page 129 ). Poser des drôles de colles (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 583) : Ø 5. Je ne vous conseille pas de vous faire pousser des colles par Marchesné, qui a le front mural, l'esprit lucide, l'oeil de l'examinateur et la dialectique exigeante. LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 161. b) Exercices d'interrogations périodiques auxquels on soumet les candidats à un examen ou à un concours afin de les y préparer; simulacre d'examen ou de concours. Un exemple de colle pour le bachot d'octobre (HENRY BATAILLE, Maman Colibri, 1904, page 14) : Ø 6. Lando revint me voir souvent. Nous nous taisions ou presque. En tout cas, nous ne pensions qu'à des choses sans importance. Il y avait de grands silences entre nos phrases. — Je passe en colle de méca, chez Godot, demain, me disait-il. JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 180. c) Punition donnée par un professeur et qui oblige l'élève à venir à l'école en dehors des heures de cours habituelles pour y faire des exercices supplémentaires. Avoir une colle; une colle de 4 heures, du dimanche. Une journée entière de colle (HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, III, 1, page 908) : Ø 7. Des centaines de lycéens étaient passés sous la férule de l'« oncle » Gaure, sans que, de mémoire de potache il eût inscrit une heure de colle. Quand on le chahutait trop, seulement, il avait une crise de fureur épouvantable et se sauvait, jurait, abandonnait son laboratoire aux rebelles, comme s'il avait eu peur de commettre un crime. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 71. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 17 Forme dérivée du verbe "coller" coller COLLER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— Joindre et fixer deux choses ensemble en se servant de colle. Coller du papier; coller une image, une affiche; coller une enveloppe; coller des bois de placage. Une proclamation à coller sur les murs (VICTORIEN SARDOU, Rabagas, II, 5, 1872, page 66 ). Coller une petite bande de papier (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 182) : Ø 1.... tout métier est pénible par la durée. J'ai lu qu'une femme bienfaisante, voulant se donner quelque expérience des métiers de femmes, choisit pour commencer le plus doux, qui consistait à coller des étiquettes sur des bouteilles; deux jours après elle était au lit avec la fièvre. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1928, page 772. 1. Spécialement. a) OENOLOGIE. Coller du vin, coller des liqueurs. Clarifier ces boissons à l'aide de blanc d'oeuf ou de colle de poisson auxquels adhèrent les impuretés flottant dans ces boissons. Il ne faut pas le coller [le vin] . Il vous arrive collé. Et un double collage lui ôte de la qualité (VICTOR HUGO, Correspondance, 1868, page 112 ). b) PEINTURE. Imprégner de colle une peinture afin d'en fixer les couleurs. J'ai travaillé tous ces jours-ci avec une ténacité extrême, avant d'envoyer mes peintures qu'on colle demain (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1852, page 493 ). c) TECHNOLOGIE. Enduire de colle du papier pour empêcher qu'il ne boive (confer collage); imprégner de colle une toile pour lui donner de l'apprêt avant de l'imprimer. 2. Par analogie. Faire adhérer, agglutiner au moyen d'une substance collante quelconque. Coller les paupières; sang qui colle les cheveux; eau qui colle les vêtements; la sueur colle la peau. Le sucre vous colle partout (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 183 ). Des filaments de mousse collaient les pages humides, à la forte odeur moisie (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 202) : Ø 2.... l'homme porte une croix, et l'on entend son râle; ses pieds dans les cailloux saignent; ses yeux noyés pleurent, pleins de crachats qu'on n'a pas essuyés; le sang colle et noircit ses cheveux sur sa tempe; et l'homme, que la croix accable, tombe, rampe, se traîne, et sur ses mains retombe, et par moments ne peut plus que lever son front lugubrement. VICTOR HUGO, La Fin de Satan, Le Gibet de Jésus-Christ, 1885, page 881. 3. Par extension. a) [L'objet désigne une partie du corps] Coller contre quelque chose. Appliquer étroitement et durant un certain temps. Coller son oreille contre une porte, son oeil au trou d'une serrure; le nez collé sur des cartes. Coller sa main contre sa bouche (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 28 ). Un adolescent colle ses lèvres sur la nuque d'une jeune fille (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Copains, 1913, page 244) : Ø 3. Le bruit des essieux scande la fuite. Les essieux battent comme le coeur. On colle son front à la vitre et le paysage s'écoule... ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Courrier Sud, 1928, page 41. — Plus figurément. Coller (son oeil, son regard) sur quelqu'un ou sur quelque chose. Regarder longuement et avec beaucoup d'attention. Coller ses yeux sur une passante : Ø 4. Puis nous allions coller nos yeux devant chez Gougy ou chez Champion pour voir passer les érudits,... LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 86. b) JEUX (billard). Coller une bille. La placer tout contre la bande; par ellipse. coller son adversaire. Placer sa bille contre la sienne. B.— Par extension. 1. Au figuré et familier. a) Coller quelqu'un.. L'importuner, lui imposer une présence continuelle : Ø 5. À peine le train arrivé il a sauté aussi dans le dur, derrière moi... Jusqu'à Paris qu'il m'a collé... Je l'ai perdu un petit moment en sortant de la gare... Je me suis faufilé par une autre porte... Il m'a rejoint tout de suite la canule!... LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 678. b) Mettre d'autorité quelqu'un ou quelque chose dans un endroit étroit en l'y serrant Coller un objet dans un coin, dans une armoire; coller un enfant au lit, en pension; coller un militaire au bloc; coller en taule. Coller la chandelle au mur (GEORGES BERNANOS, Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937, page 1307) : Ø 6. « J'ai idée que les boches trichent un peu... », disait Alexis pour se venger des pommes de terre que Mme Loiseau lui collait dans son assiette, et Henriette lui faisait des gros yeux : s'il discutait, ça n'en finirait plus... ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 219. — Par métonymie, expression. Coller quelqu'un au mur. Le fusiller après l'avoir placé le dos (serré) au mur : Ø 7. On allait coller un homme contre un mur et lui tirer dessus jusqu'à ce qu'il en crève; que ce fût moi ou Gris ou un autre, c'était pareil. JEAN-PAUL SARTRE, Le Mur, 1939, page 32. c) Appliquer un coup à quelqu'un avec vigueur; imposer une obligation, une contrainte à quelqu'un. Coller des gifles, un coup de poing; coller un coup de pied dans le derrière; coller une punition; coller du travail à un élève. Moi, à cause de ma médaille, ils me collaient toujours de planton parce que ça fait riche (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 275) : Ø 8. — Elle a dit ça, elle a dit ça, hurla Maheu. C'est bon! J'y vais, moi, et si elle dit qu'elle l'a dit, je lui colle ma main sur la gueule. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1469. d) Remettre d'autorité et sans rejet possible quelque chose à quelqu'un; se débarrasser de; donner ou transmettre une chose ennuyeuse ou fâcheuse à quelqu'un. Coller des pièces fausses; coller ses vieilleries, ses rossignols à quelqu'un; coller la grippe. Coller des poux (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 248 ). Je te les colle dans les bras [les enfants] et puis tu te débrouilleras (MAURICE DRUON, Les Grandes Familles, tome 2, 1948, page 164) : Ø 9. — Figure-toi qu'il n'y avait que des bêtes dans la turne... des chats, trois perroquets... un singe... deux chiens... et il fallait soigner tout ça... rien n'était assez bon pour eux... Nous, tu penses, on nous collait de vieux rogatons, kif-kif à la boîte... OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 259. — Populaire. Coller un enfant, un gosse à quelqu'un. Rendre une femme enceinte. Il la suppliait de céder : on verrait bien s'il ne lui collait pas un enfant, et un gros! (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 310 ). e) Se coller quelque chose (à soi-même). S'administrer des aliments ou de la boisson. Se coller une indigestion monstre; se coller quelque chose dans le gosier. S'en coller deux (verres de Tokai) (EUGÈNE LABICHE, Les Trente millions de Gladiator, 1875, page 51 ). Tous s'en collèrent plein l'lampion (LÉON STOLLÉ, Douze récits historiques racontés en argot, 1947, page 9) : Ø 10. C'est qu'on ne s'est pas collé grand'chose dans le fusil depuis deux jours...! JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Insurgé, 1885, page 204. — Plus rarement. [En parlant de connaissances que l'on accumule] S'en coller plein la tête, plein le crâne. Je me demande comment tu peux te coller tout ça dans le crâne! (MAURICE DRUON, Les Grandes Familles, tome 2, 1948, page 142 ). 2. Argot scolaire. a) Coller un élève. Lui poser une question embarrassante à laquelle il ne peut répondre et par extension mettre une personne quelconque dans l'impossibilité de répondre; la réduire au silence. Être collée du premier coup (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 221 ). Coller Annunzio sur les petits poètes italiens (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1914-18, page 143 ). Je le collais tout à l'heure si j'avais voulu le pousser sur les traités de Westphalie! (MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 140) : Ø 11.... l'indignation de Goncourt venait de ce que Sardou l'éclipsait. Car, à un certain moment du dîner, Goncourt ayant voulu contredire, Sardou l'avait tout aussitôt « collé » comme un élève. Il ne savait pas écouter. Il ne comprenait pas ce qui était intéressant ANDRÉ GIDE, Journal, 1902, page 121. b) Par métonymie. Recaler un élève à un examen (comme s'il n'avait pu répondre aux questions embarrassantes de l'examinateur). Coller quelqu'un au baccalauréat. Collée ou reçue (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 200) : Ø 12. Robert à Pierre : — Et toi, qu'as-tu à me dire? — Collé ou reçu, dès le bachot fini, je partirai. Tu t'en doutais, j'imagine? FRANÇOIS MAURIAC, Les Chemins de la mer, 1939, page 105. Remarque : À signaler le substantif féminin collante. Lettre administrative annonçant à un candidat qu'il est reçu ou « collé » à l'examen écrit; en particulier lettre invitant le candidat reçu (à l'écrit) à se présenter aux épreuves orales; par extension convocation à un examen ou concours. J'ai reçu ma collante, je passe lundi (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT ) Supplément; confer également Grand Larousse de la Langue française en six volumes). c) Punir un élève d'une consigne en l'obligeant à venir à l'école en dehors des heures de cours normales et y faire des exercices supplémentaires. Coller quelqu'un le dimanche : Ø 13. Quand est-ce que je te revois, puisque tu es collé dimanche? SOUBRIER. — Tu ne peux pas revenir m'attendre à la fin de la colle, à midi? HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, II, 4, page 900. II.— Emploi pronominal. A.— 1. [En parlant d'une personne, d'une partie du corps, des vêtements] S'appliquer contre, à, sur quelque chose. Se coller contre la muraille, aux carreaux; se coller contre l'épaule de quelqu'un; vêtement qui se colle sur la peau. Feuilles qui se collaient sur mes yeux (JEAN COCTEAU, Bacchus, 1952, page 211 ). Toutes les dames des maisons voisines se collèrent à leurs croisées (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Pauline, 1841, page 193) : Ø 14.... elle [Geneviève] s'arrêta en face de moi, les sourcils soulevés, les yeux dilatés. Puis elle se colla au radiateur et, joignant les doigts, elle frottait les paumes de ses mains. FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 280. — Plus figurément. Regard, yeux qui se collent sur quelqu'un. Fixer attentivement quelqu'un : Ø 15. Dans ce dernier cas au contraire son regard étroit et velouté [d'Albertine] se fixait, se collait sur la passante, si adhérent, si corrosif, qu'il semblait qu'en se retirant il aurait dû emporter la peau. MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 150. 2. Figuré et familier. Se coller à. a) Se coller à quelqu'un.. Imposer sa présence, importuner quelqu'un : Ø 16. Ce n'est pas une mauvaise fille, mais elle est barbante. Elle n'a pas besoin de venir fourrer son nez partout. Pourquoi se colle-t-elle à nous sans qu'on lui demande? MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 888. b) Spécialement. JEUX. S'y coller, qui s'y colle? (au jeu de cache cache principalement). Se tenir le visage tourné contre le but choisi et fermer les yeux pendant que les autres joueurs se cachent : Ø 17. Si le cligne-musette touche l'un des fuyards pendant cette course et avant le retour au point de départ, ce joueur doit, à son tour, fermer les yeux tandis que les autres participants se dissimulent en de nouvelles cachettes. On dit alors qu'il s'y colle. RENÉ ALLEAU, Dictionnaire des jeux, 1964, page 83. 3. Rare et en emploi absolu. Se coller.. Se coucher, s'aplatir contre terre : Ø 18. Un 77 s'annonça pour eux. Ils se collèrent, firent un avec la terre, comprirent qu'ils étaient saufs,... HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, 2e. partie, page 151. B.— Populaire. 1. Se coller à quelque chose, s'y coller.. Commencer lestement une chose, se mettre et s'attacher au travail qui vous attend. Il se précipite donc au boulot... Il s'y colle séance tenante (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 434 ). 2. Se coller avec quelqu'un.. Se mettre en ménage sans se marier. Se coller avec un vieux. Se coller à seize ans (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1331) : Ø 19. William sourit. C'était vraiment un homme supérieur... — Ne dis donc pas de choses inutiles... Quand nous nous sommes mis ensemble, je ne t'ai rien promis... Tu ne m'as rien promis non plus... On se rencontre... On se colle, c'est bien... On se quitte... On se décolle... C'est bien aussi. La vie est la vie... Et, sentencieux, il ajouta : — Vois-tu, dans la vie, Célestine, il faut de la conduite... OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 356. — Plus rarement et trivial. Se coller.. Avoir des relations physiques avec quelqu'un : Ø 20. Viens-tu à la fin, Louis? Je te dis que nous nous couchons. On se colle, ça soulage... Et que ce nom de dieu de saoulard crève ici de froid tout seul! ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1359. Remarque : La documentation atteste le syntagme populaire s'en coller de quelque chose, s'en coller complètement, au sens de « se moquer de quelque chose » dont le rapport avec le verbe coller n'est pas clair. Moi je m'en collais de leurs salades (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 297) : Ø 21. Puis après tout, j'm'en colle. J'vous laisse tomber avec votre cuistance, s'il y en a un qui veut la place, il n'a qu'à aller se faire inscrire au burlingue. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 64. III.— Emploi intransitif. A.— Être appliqué exactement, être en contact étroit avec quelque chose. 1. [En parlant d'une substance gluante et compacte] Adhérer à quelque chose. Terre qui colle aux souliers; humidité qui colle aux moelles. Poussière fine et gluante qui colle aux doigts (JULIEN GREEN, Journal, 1947, page 94 ). Les feuilles tombées collaient au sol gras des allées (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 116) : Ø 22. Dehors, un brouillard blanchâtre comme de la bave de limace se traîne lourdement et colle aux branches des sapins. BLAISE CENDRARS, Moravagine, 1926, page 181. 2. Par extension. a) Par analogie. — [En parlant d'un vêtement qui est très ajusté et qui moule le corps] Pantalon qui colle. La botte colle au pied (HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 294 ). Corsage menu qui colle à leur poitrine (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 107) : Ø 23. Flamart souffle, tel un taureau coursé. Sous le maillot qui colle, les pectoraux se soulèvent et retombent comme une poitrine de femme asthmatique. ROGER MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, page 1068. — Spécialement. · AUTOMATIQUE. Coller à la route. Avoir des pneus qui adhèrent parfaitement à la route (Confer Grand Larousse de la langue française en six volumes). · SPORT CYCLISTE. Coller à la roue. Suivre de très près son entraîneur ou un autre concurrent; ne pas se laisser distancer. Cycliste qui colle à la motocyclette (HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 35) : Ø 24. Renaudin, extasié par un champion politique, « si bien en machine » et dont le style plaisait tant aux connaisseurs, rêve de « coller à sa roue » comme un cycliste à son entraîneur,... MAURICE BARRÈS, Les Déracinés, 1897, page 195. · VÉNERIE. Coller à la voie. Serrer de près un animal (Confer Maurice Genevoix, La Dernière harde, 1938, page 125). b) Au figuré. — [En parlant d'une personne qui reste fixée à un endroit sans bouger ou sans vouloir agir] Rester collé sur sa chaise (HONORÉ DE BALZAC, La Paix du ménage, 1830, page 313 ). Rester collé aux jupes de sa mère (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Le Mariage de chiffon, 1894, page 270 ). Il était coincé dans la foule. collé contre sa mère (MAURICE DRUON, Les Grandes Familles, tome 1, 1948, page 20 ). — [En parlant d'une impression, d'un sentiment qui s'attache fortement à une personne, qui l'enveloppe entièrement] Peur qui colle à la peau; pauvreté qui colle aux os. Angoisse qui colle à la chair (ALBERT SAMAIN, Le Chariot d'or, 1900, page 151 ). Mais la sale injustice colle à nous comme de la glu (ALBERT CAMUS, Les Justes, 1950, 5, page 386) : Ø 25. Le pire... c'était cette menace multiforme, imprécise qui traquait Raboliot partout, qu'il traînait nuit et jour, collée à lui. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 170. — [En parlant d'un écrivain, d'une oeuvre de l'esprit] Convenir, être en contact étroit avec, être fidèle à la pensée de. Coller au réel, paroles qui collent à la pensée; coller aux habitudes. Coller au sujet (CHARLES DU BOS, Journal, 1922, page 122 ). Valéry, lui, colle étroitement à la vie (ANDRÉ GIDE, Journal, 1929, page 930) : Ø 26.... je ne colle pas, je n'ai jamais pu parfaitement « coller » avec la réalité. Il n'y a même pas, à proprement parler, dédoublement qui fasse que, en moi, quelqu'un reste spectateur de celui qui agit. ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1226. B.— Populaire. 1. Convenir parfaitement, bien aller. Ça colle!; ça a l'air de coller entre eux. Trouver un raisonnement qui colle (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, page 171) : Ø 27. 5 février. — J'en étais sûre! Je passe mon temps à confronter les leçons et la matière enfantine : voyons si « ça colle »... LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 156. 2. Être d'accord avec quelqu'un. Ça colle! Ça colle! dis-je à Poterloo (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 161) : Ø 28. — Mon capitaine..., dites voir... si y a du boulot, j'suis là pour un coup. Le capitaine répondit : — Tu vas m'habiller ma compagnie. — Ça colle! où sont les frusques? — On va te montrer. Viens avec moi. RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 12. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 425. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 883, b) 3 286; XXe. siècle : a) 4 706, b) 4 113.

« ROBINOT, V?rification, m?tr? et pratique des travaux du b?timent, tome 6, 1930.

page 38).

Colle au baquet, colle de peau(x), colles-mati?res.

Colles pr?par?es avec des d?chets d'abattoirs et utilis?es surtout en peinture.

Colle au baquet (A.

WURTZ, Dictionnaire de chimie pure et appliqu?e, tome 1, 2e.

vol., 1870, page 1555).

Colles-mati?res (A.

WURTZ, Dictionnaire de chimie pure et appliqu?e, tome 1, 2e.

vol., 1870, page 1554). Colle de peau (MOREAU-VAUTHIER, La Peinture, 1933., page 105).

Expression famili?re?: Faites chauffer la colle! Paroles ironiques que l'on adresse ? une personne qui laisse tomber un objet et le casse (confer DICTIONNAIRE ALPHAB?TIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRAN?AISE (PAUL ROBERT) et Grand Larousse de la langue fran?aise en six volumes).

B.? Par extension.

1.

[En parlant de toute mati?re visqueuse qui adh?re ? quelque chose] Secouer la colle de ses chaussures.

Un ciel bas en colle de p?te (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, ?mes d'automne, 1898, page 68) : ? 3.

Il ne pleuvait presque plus; quelques gouttes molles et r?deuses...

la boue ?cras?e par les rudes semelles, prolongeait...

son clappement de colle ?paisse et grasse. MAURICE GENEVOIX, Les ?parges, 1923, page 10.

? Plus rarement et familier.

[En parlant d'une nourriture ?paisse et peu app?tissante] Une esp?ce de bouille en colle (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les gr?ves, 1848, page 190 ).

Il verse dans mon assiette une sorte de colle immangeable (ANDR? GIDE, Journal, 1939, page 349 ).

2.

Au figur? et familier.

a) Chose ennuyeuse ou contrariante.

Quelle colle! Toutes les colles! (HONOR? DE BALZAC, Les Com?diens sans le savoir, 1846, page 323 ).

Qu'est-ce que ?a sera avec la douane espagnole, alors! Quelle colle et quelle poisse! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, En pays connu, 1949, page 158 ).

b) [En parlant d'une personne] Personne dont on ne peut se d?barrasser, personne importune.

Un vrai pot de colle!; ?tre pot de colle! C'est un v?ritable pot de colle! (confer Grand Larousse de la langue fran?aise en six volumes).

? Locution adverbiale populaire.

[En parlant d'une personne dont on ne veut pas se d?barrasser] ?tre, vivre ? la colle.

Vivre en concubinage?:. »

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