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Vocabulaire: COMMANDE, substantif féminin.

Publié le 14/11/2015

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Vocabulaire: COMMANDE, substantif féminin. I.— [Correspond à commander I] A.— Locution adverbiale ou adjectivale invariable. 1. Sur commande.. Sur l'ordre que donne quelqu'un : Ø 1. Un malade que la psychiatrie traditionnelle classerait dans les cécités psychiques est incapable, les yeux fermés, d'exécuter des mouvements (...) qui ne s'adressent à aucune situation effective tels que de mouvoir sur commande les bras ou les jambes... MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 119. — Par extension. La mémoire sert à enregistrer des souvenirs (mémoire de fixation), à les reproduire sur commande (mémoire d'évocation) (DOCTEUR HENRI CODET, Psychiatrie, 1926, page 19) : Ø 2. — (...) je te donne mon bonbon, prends-le, c'est pour toi. Et, sournoisement, elle guigne le bon effet de sa générosité. N'est-ce pas d'exacte tradition? La vertu sur commande, au moment favorable : faire le bien pour la galerie! LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 221. Remarque : Balzac emploie dans le même sens la locution à commande : Ø 3. Un paysan de la Bresse comprendra toujours qu'un écrivain n'ait pas le talent à commande et ne comprendra pas qu'on soit inexact en fait de matérialités, comme d'ignorer ce qu'on a ou ce qu'on n'a pas. HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1834, page 540. 2. (Substantif) + de commande. (Substantif) qui est imposé, rendu obligatoire par quelque chose ou quelqu'un. — [L'obligation est extérieure à la personne qui la subit] RELIGION. vieilli. Fêtes, jeûnes de commande. Fêtes, jeûnes dont l'Église prescrit l'observation. Synonymes : fêtes, jeûnes d'observance. · Par extension. Il ne s'agit pas ici de cet optimisme de commande et du tout va bien officiel (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 284) : Ø 4.... rien ne peut fausser davantage le caractère d'un enfant que de lui imposer un respect de commande pour des parents, dès que ceux-ci ne sont pas respectables. ANDRÉ GIDE, Geneviève, ou la Confidence inachevée, 1936, page 1359. — [L'obligation vient de la personne même qui la subit] Dans le domaine des sentiments. Dont on s'impose la simulation, que l'on affecte de ressentir sous la pression des circonstances, par calcul, sans naturel, etc. On sentait trop, derrière l'amabilité de commande, le besoin de domination que le sourire ne parvenait pas à farder (ANDRÉ GIDE, Journal, 1943, page 246 ). Je me mis à sourire, un peu piqué, d'un sourire de commande (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 112 ). SYNTAXE : Aménité, cordialité, empressement, joie, enthousiasme, douceur, humilité, mansuétude, gravité, flegme, frivolité, inimitié, réprobation, moue, expression attristée, saluts de commande. B.— HISTOIRE DU DROIT ECCLÉSIASTIQUE. [Le sujet désigne un ecclésiastique] Obtenir, posséder un bénéfice en commande. Être nommé dans un bénéfice avec jouissance de ses revenus pendant la durée de sa vie; l'obtenir en dépôt, en garde. — Par extension. Mais Messire veut que le dauphin (...) ait le royaume en commande (...) Ce mot de commande, usité en matières bénéficiales, signifiait dépôt (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, 1908, page 74 ). — Par figure étymologique : Ø 5. VIOLAINE. — Sachez ce que vous faites en me prenant pour femme! Laissez-moi vous parler bien humblement, seigneur Jacques Qui allez recevoir mon âme et mon corps en commande des mains de Dieu et de mon père qui les ont faits. PAUL CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie, Version pour la scène, 1948, II, 3, page 170. II.— [Correspond à commander II] A.— Au singulier. [À propos d'un mécanisme] 1. Mise en action, en marche; transmission du mouvement; déclenchement, fonctionnement. Commande d'un appareil, d'un ascenseur, de l'éclairage. · Commande à distance Synonyme : télécommande. Commande à main, mécanique, pneumatique, hydraulique, électrique, magnétique, par moteur, automatique ou automatisée. — Par analogie. NEUROLOGIE. Elle [la rapidité] dépend aussi de la labilité ou facilité de variation du tonus nerveux de commande sous-corticale (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 282 ). 2. (Substantif) + de commande. (Substantif) qui permet la mise en action. SYNTAXE : Dispositif, roue de commande du gouvernail; mécanisme, levier, clavier, câble, bouton, pédale de commande; dispositif de commande et de contrôle; manettes de commande des circuits. B.— Par métonymie, souvent au pluriel. [Dans un mécanisme] Organe ou ensemble des organes de mise en marche, de fonctionnement et d'arrêt; organe ou ensemble des organes de transmission du mouvement, de manoeuvre. SYNTAXE : Commande de direction, commandes des boîtes de vitesses; tableau de commandes, câbles de commandes; manier les commandes, se familiariser avec les commandes. — AÉRONAUTIQUE. « Ah! j'ai eu peur... » Un coup de talon libère un câble. Commande coincée. Quoi? Sabotage? Non. Trois fois rien : un coup de talon rétablit le monde (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Courrier Sud, 1928, page 13 ). [De] l'installation des commandes (...) dépendent (...) pour moitié (...) les qualités de vol de l'avion (JEAN GUILLEMIN, Précis de construction, calcul et essai des avions et hydravions, 1929, page 145 ). SYNTAXE : Commande de direction, de profondeur; commandes rigides; passer les commandes (au premier pilote); lâcher les commandes; commandes qui gèlent, qui n'obéissent plus; (avion) qui répond toujours aux commandes. · Avion à doubles commandes. Avion dont les organes de conduite (direction et stabilité) sont doubles pour permettre, dans le cas d'un appareil d'école, le pilotage simultané par le moniteur et l'élève; dans le cas d'un long-courrier, le relais du pilote et du co-pilote. Si je montais comme bombardier, je pourrais peut-être faire aussi un peu de double commande (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 499 ). · Commandes croisées. Position respective du manche et du palonnier qui sollicite l'appareil dans deux directions opposées, avec risque de vrille ou de perte de contrôle. Croiser, conjuguer les commandes. Actionner simultanément le manche et le palonnier en dosant la manoeuvre de telle sorte que l'appareil effectue un virage correct sans partir en vrille ou devenir incontrôlable. Détroyat engage le pied à fond et croise les commandes (GÉNÉRAL RENÉ CHAMBE, Enlevez les cales, 1935, page 81 ). — MARINE. · Cordage de petit calibre fait d'un faisceau de deux ou trois fils de carets, provenant de vieux cordages, roulés à la main pour confectionner des amarrages grossiers. Les câbles, les cordes tendent leurs réseaux autour de la scène. On dirait un port; Fécamp (...) a moins de filins, de mâts de hune, de commandes et d'étais (PAUL MORAND, Rococo, 1933, page 83 ). · Poste de commande. Poste surélevé où sont rassemblés et où se manoeuvrent les principaux organes de direction du bâtiment. — Par analogie. NEUROLOGIE : Ø 6. Si nous savions voir à travers le corps (...), une poussée d'adrénaline ou quelque riche manoeuvre des commandes cérébrales nous offrirait le même charme lisible que cette légère tension de l'orbiculaire qui suspend à ses lèvres le sourire de la Joconde. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 204. C.— Par métaphore ou au figuré. 1. [Correspond à II A] Direction, contrôle. Les maîtres, en tous pays, avaient perdu la commande des événements (JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, page 222 ). Elzélina avait eu un moment d'égarement, de perte des leviers de commande (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 230 ). — Surtout dans le domaine de la politique ou des affaires. S'emparer, disposer des leviers de commande (d'un pays, d'une entreprise). S'emparer, disposer des organes essentiels de gouvernement, avoir la haute main sur les affaires de l'État; s'emparer, disposer du poste-clef d'une entreprise, en détenir la haute direction : Ø 7. Les crimes hitlériens (...) sont sans équivalent dans l'histoire parce que l'histoire ne rapporte aucun exemple qu'une doctrine de destruction aussi totale ait jamais pu s'emparer des leviers de commande d'une nation civilisée. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 229. Ø 8.... ceux-ci [les communistes] (...) exigeaient (...) l'un au moins des trois ministères qu'ils tenaient pour les principaux : Défense nationale, Intérieur, Affaires étrangères. (...) Si je venais à céder, les communistes, disposant d'un des leviers de commande essentiels de l'État, auraient, dans un moment de trouble, le moyen de s'imposer. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 275. 2. [Correspond à II B, aéronautique] : Ø 9. Ces mouvements répulsifs qui forment les conduites de la défense sont donc à double commande, (...) : ils ont dans des signaux perçus leur régulation externe et dans l'affect représentatif de la douleur leur régulation interne. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 104. · Prendre les commandes (d'un pays, d'une entreprise). En prendre la direction, en assumer la marche, la gestion. S'emparer des commandes, se mettre aux commandes, tenir les commandes, passer les commandes à quelqu'un. Un étranger sans vues, Necker, un coq sans cervelle qui tourne au clocher, La Fayette (...) tiennent les commandes (ALBERT THIBAUDET, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, 1936, page 17 ). 3. [Correspond à II B, marine] Surtout dans le domaine politique Se ménager l'accès aux postes de commande. Pour ce qui concerne les personnalités ayant servi Vichy (...) : les hommes qui collaborent avec l'envahisseur à des postes de commande sont justiciables des conseils de guerre (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 375 ). III.— Usuel [Correspond à commander III] A.— Ordre par lequel une personne demande, en qualité de client, la fourniture d'une marchandise ou l'exécution d'un service dans des conditions déterminées notamment de prix et de temps. Une commande officielle lui fit entreprendre la Symphonie funèbre et triomphale (HECTOR BERLIOZ, Souvenirs de voyage, 1869, page 10 ). Une trentaine de centrales existantes, en construction ou en commande ferme, à achever avant 1966 (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 263 ). Dans les cafés quand un garçon tarde à prendre la commande, Charles Schweitzer s'empourpre de colère patriotique (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 26) : Ø 10. ANTOINE. — (...) Passez cette commande tout de suite et qu'on la monte au 204 aussitôt que ce sera prêt. Il lui tend la fiche. JULES. — Au 204? ANTOINE. — Oui, avec deux couverts. Et qu'on se dépêche : c'est pressé. ÉDOUARD BOURDET, Le Sexe faible, 1931, II, page 392. SYNTAXE : Commande ferme, inconditionnelle, conditionnelle; commande pressée, urgente; commandes des clients, des consommateurs, de l'Administration, de l'État; importantes, innombrables, très fortes, grosses, maigres, nouvelles commandes. Exécution d'une commande; fiche, bons de commande; bloc, carnet de commandes; volume, augmentation, afflux des commandes; résiliation, annulation des commandes. Ventilation entre les commandes. Délais entre commandes et fournitures. Ouvriers sans travaux ni commandes; artistes sans commandes. Prendre, avoir, recevoir, satisfaire des commandes; passer des commandes à des entreprises; faire une commande à un fournisseur; inscrire une commande; demander confirmation d'une commande; centraliser les commandes; espacer, réduire, cesser ses commandes; faire l'objet de commandes; être en commande. Commande à renouveler. — Par métonymie. Marchandise ayant fait l'objet de la commande (confer exemple 10). Préparation, livraison d'une commande; fourniture des commandes; livrer une commande, envoyer des commandes; commande qui est débitée. B.— En particulier, dans le domaine des productions artistiques, souvent péjoratif. Travail sur commande, ouvrage de commande. Travail, ouvrage exécuté sur l'ordre exprès, sur la demande formelle d'un client. [C'est donc] du grand art, les Pères éternels à barbe blanche, les Brutus sur commande, les Vénus sur mesure, les turqueries peintes aux Batignolles, sous un jour froid? (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art mod, 1883, page 9 ). Je n'ai jamais pu écrire une ligne sur commande. Je ne puis écrire que lorsque j'en ai envie (JULIEN GREEN, Journal, 1948, page 140) : Ø 11. Il [Valéry] me répète que, depuis nombre d'années il n'a rien écrit que sur commande et que pressé par le besoin d'argent. — C'est-à-dire que, depuis longtemps, tu n'as rien écrit pour ton plaisir? ANDRÉ GIDE, Journal, 1929, page 949. SYNTAXE : Œuvres d'ennui et de commande, productions sur commande; mobilier fabriqué sur commande, toiles brossées sur commande; travailler sur commande, faire des articles sur commande. — Par extension : Ø 12.... les feintes convictions de l'avocat, censé défendre une cause parce qu'il la croit juste, alors qu'il la défend parce que c'est son métier et que son métier est de plaider sur commande, soit le pour soit le contre. VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 168. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 692. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 732, b) 690; XXe. siècle : a) 975, b) 1 361. Forme dérivée du verbe "commander" commander COMMANDER, verbe transitif. I.— [Le sujet désigne une personne ou une chose ayant un pouvoir d'autorité ou d'influence] A.— Emploi transitif indirect, vieilli. 1. Commander à quelqu'un. [Le sujet désigne une personne ou un groupe de personnes] Avoir l'autorité supérieure sur quelqu'un; imposer son autorité à quelqu'un. Murat. — Oubliez-vous que, si vous commandez à l'infanterie, je vous commande, à vous? L'empereur vous a mis sous mes ordres (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Napoléon Bonaparte, ou trente ans de l'histoire de France. 1831, III, 4, page 65 ). Il a fait tout ce qu'il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s'il avait été un roi (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Armoire, 1884, page 570) : Ø 1. Après avoir créé la plupart et les plus poignantes de nos douleurs, le pouvoir a prétendu commander à l'homme jusque dans ses consolations. La religion dogmatique, puissance hostile et persécutrice, a voulu soumettre à son joug l'imagination dans ses conjectures, et le coeur dans ses besoins. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Principes de politique, 1815, page 133. Remarque : Parfois commander à quelqu'un tend à être synonyme de commander quelqu'un. 2. Au figuré. Commander à quelque chose. a) [Le sujet désigne une personne] — [Le complément d'objet indirect désigne une partie du corps] Commander à (une partie de son corps). Agir sur (une partie de son corps), par l'intermédiaire de l'organe de direction que constituent le cerveau et les centres nerveux, pour en mouvoir les muscles. Mais Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient (FRANCIS CARCO, L'Homme traqué, 1922, page 85 ). Je ne commande plus à mes mains. Il [Pitteaux] commandait encore à son visage, il fit sa moue, sa terrible moue (JEAN-PAUL SARTRE, Le Sursis, 1945, page 116 ). — [Le complément d'objet indirect désigne un élément, une manifestation de la vie affective, le plus souvent, ou intellectuelle] Commander à (un sentiment, une réaction, une idée, etc.). Imposer la modération à un sentiment, à une réaction; les maîtriser. Commandez à votre émotion... Que votre visage reste impassible (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, V, 2, page 157 ). [Pouchkine] sait commander à son imagination, il se contient et se corrige (PROSPER MÉRIMÉE, Études de littérature russe, tome 1, 1870, page 14 ). [Claude] était de ceux qui commandent aux plus violents mouvements du coeur, à la colère, au désir, ou à l'impitoyable amour (JULIEN GREEN, L'Autre sommeil, 1931, page 178 ). b) [Le sujet désigne une chose] Agir sur quelque chose; déterminer, régir quelque chose. Ces nécessités qui commandent aux événements (LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 60 ). La permanence des deux ou trois facultés maîtresses qui commandent à ces fantaisies (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 30 ). — Spécialement. ART MILITAIRE. vieilli. [Le sujet désigne une place forte] Commander à (un lieu). Le dominer et en contrôler l'accès. · Par extension. [Le sujet désigne une chose] Dominer (un lieu). Tel qu'un vaste rocher qui commande à la plaine, Du milieu des guerriers s'élève Caïrbar;... (PIERRE-MARIE-FRANÇOIS-LOUIS BAOUR-LORMIAN, Ossian, Darthula, 1827, page 23 ). B.— Emploi transitif direct, usuel. [Le sujet désigne une personne ou un de ses attributs] 1. Commander quelqu'un.. Dicter la conduite de quelqu'un, diriger son activité en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge. — Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 49 ). De quel droit M. Ravier veut-il me commander? Je ne suis pas son employée (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, II, 4, page 798) : Ø 2. Aujourd'hui, il n'y a que des gens médiocres qui ont à commander des gens à peu près de leur force. Aussi voyez comme on commande et comme on obéit. PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, tome 1, 1870, page 262. — emploi absolu. Exercer une autorité; donner des ordres; se faire obéir. Une grosse femme, prudente et lourde, dont on dit : « Elle sait commander » (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 194 ). Ceux qui commandent ou administrent sont responsables. Ils doivent être obéis (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 407 ). · Commander en maître*, en premier*, en second*. Les chefs Francs, hier encore ses captifs, commandaient en maîtres dans son propre château (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 124 ). — Commander quelqu'un à la baguette. Le commander avec dureté, rigueur. Incapable, un homme (...) qui commandait les siens à la baguette! (HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 227 ). — Spécialement, rare. [Le complément d'objet désigne un État] Gouverner : Ø 3. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n'admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 78. a) Par politesse. · Sans vous commander. Sans vouloir vous donner un ordre. Si seulement nous avions une tête de chou (...). Mon oncle, sans vous commander, passez au jardin, rapportez-m'en quelqu'un (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, page 242 ). · Vous n'avez qu'à me commander. Vous n'avez qu'à parler, qu'à demander. b) Spécialement. ARMÉE. [Le complément d'objet désigne un soldat ou un groupe de soldats] Avoir sous ses ordres, sous son commandement*. Commander une armée, un régiment, une compagnie, une section; commander la cavalerie, l'infanterie. Ils ne sortaient qu'ayant réellement gagné leur grade d'officier, et capables de commander et de faire aller des soldats (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 738 ). Commander en chef* (un ensemble de soldats) : Ø 4.... situation bizarre du général Sarrail qui, tout en commandant en chef les forces alliées, commandait directement les divisions françaises qui faisaient partie de cette armée. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 324. · emploi absolu. Si le général Sarrail « savait ordonner, il ne savait ni prévoir, ni instruire », c'est-à-dire commander (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931 page 333) : Ø 5.... commander, messieurs les généraux, ne veut pas dire simplement qu'on est capable de donner un ordre. Cela suppose aussi qu'on est capable d'en comprendre la raison, et de se rendre compte, à la fois, et des faits qui le motivent et des conséquences qu'il doit avoir. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 142. 2. Par analogie. a) [Le sujet désigne le cerveau, les centres nerveux en tant qu'organe de direction] Il ne faut point dire que le cerveau commande, mais seulement que c'est par le cerveau que la partie obéit au tout (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1910, page 89 ). b) [Le sujet désigne une force concrète ou abstraite capable d'exercer un pouvoir sur quelqu'un] Vieilli. Exercer une action, une influence sur quelqu'un; le tenir sous sa dépendance, sous son empire; l'assujettir. J'éprouvais en face de vous une exaspération perpétuelle. Je luttais contre elle, mais c'était comme une force extérieure qui me commandait (PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 225 ). Ainsi le temps, altération irréparable de l'univers et de nous-même (...) nous commande (ALEXANDRE ARNOUX, Visite à Mathusalem. 1961, page 32) : Ø 6. Je me laisse aller à des fantaisies coupables, une lecture m'entraîne et je me mets à barbouiller du papier (...). Ça m'a amusé ou plutôt ça m'a commandé car c'est en vain que je lutterais contre ces caprices... AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 5, 1812-76, page 302. — À la forme passive. J'étais tellement commandée par l'heure du chemin de fer, (...) que je n'ai pas fait retourner mon fiacre pour courir après vous (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, tome 5, 1812-76 page 58 ). — En particulier. [Le complément d'objet désigne un sentiment, une réaction, un comportement, etc.] Maîtriser ce sentiment, cette réaction...; les maintenir sous la dépendance de sa volonté; les dominer. Elle m'a reparlé d'Auguste... de la façon qu'il se minait lui... qu'il commandait plus ses nerfs... de toutes ses terreurs nocturnes (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 567 ). Je plains celui qui arde et se consume en vain! Mais on ne commande pas ses désirs (ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1241 ). 3. Par métonymie. a) Par métonymie de sujet. [Le sujet désigne la voix, les gestes, etc., en tant qu'ils servent à exprimer un ordre] La voix commandait, sévère, brève (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 219 ). Deux ou trois garçons (...) de caractère faible, vers lesquels il allait, (...) avec des gestes qui commandaient (JACQUES DE LACRETELLE, Silbermann, 1922, page 19 ). b) Par métonymie de l'objet. — [L'objet désigne le lieu où sont établis ou à établir les personnes sur qui le sujet a autorité] Commander une région, une place... En détenir le commandement, en assumer la direction et la responsabilité. MARINE. Commander (un bâtiment). Le capitaine Javey, (...) qui commande la région (...), le capitaine Tavernier (...) commandait cette place lorsqu'on le fit gouverneur de Paris (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 257 ). C'était un navire de guerre. Vous le commandiez (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 249 ). · Par ellipse. Commander (un soldat ou un groupe de soldats) de + (substantif désignant un service spécial). Le désigner pour qu'il soit de service. Commander de corvée. On me commanda de service et (...) on me mit en faction comme un simple soldat (PROSPER MÉRIMÉE, Carmen, 1847, page 39 ). Ma compagnie fut commandée de renfort (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 403 ). — [L'objet désigne l'action qu'ont à exécuter les personnes sur qui le sujet a autorité] ARMÉE, MARINE. En assumer la responsabilité, en régler le déroulement. · [L'opération désigne l'action envisagée dans sa durée] Commander les opérations, un siège. Le général, très capable de commander un mouvement tournant, mais absolument hors d'état de faire la critique d'une pièce d'écriture (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 279) : Ø 7. D'où viennent ces hommes? (...) Demandez à l'océan. Ils ont franchi ses abîmes, ils ont roulé sur ses vagues. Aux sifflements de la tempête, leur voix rude et impérieuse commandait la manoeuvre ou le combat,... MAURICE DE GUÉRIN, Poésies, 1839, page 46. · Spécialement. [L'opération désigne la phase initiale de l'action] Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Commander l'assaut. Trois fois, le capitaine fut sur le point de commander le feu. Une angoisse l'étranglait, (...) il allait crier : Feu! Lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1509 ). Je commandai un garde-à-vous aussi réglementaire qu'ironique (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 347 ). MARINE. Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'une manoeuvre. Il [le pilote] dirige la route du vaisseau et commande la manoeuvre à l'équipage (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 277 ). Moi, qui étais de quart, je commandai : « À larguer le ris de chasse! » (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 67 ). Commander quelque chose (à quelqu'un), commander (à quelqu'un) de + infinitif, commander que quelqu'un + subjonctif. Donner (à quelqu'un), en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, l'ordre de faire quelque chose. On devait lui donner l'occasion d'aimer, attendre l'événement et non le commander; un ordre aurait tari en lui les sources de la vie (HONORÉ DE BALZAC, L'Enfant maudit, 1831-36, page 406 ). Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 54 ). Le doigt levé elle [Camille] commandait l'attention (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Chatte, 1933, page 118 ). — Au combat! Au combat! Pas de jeux! commanda l'arbitre (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 226) : Ø 8. Tu l'aimes. (...) Réveille-toi. Félicite-toi. Embrasse-moi et avoue que tu es l'homme le plus heureux du monde. Gérard éberlué, entraîné, avoua ce que commandait la jeune femme. JEAN COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, page 158. Remarque : De même que pour certains autres verbes de décision, le verbe subordonné à commander construit avec que peut se mettre à l'indicatif (le plus souvent un des temps du futur) lorsque l'exécution du commandement est certaine, le subjonctif restant la règle lorsque l'exécution est hypothétique. Ni la documentation, ni LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1969, § 1000, page 1054 et 1055 ne fournissent d'exemple d'emploi avec le verbe subordonné à l'indicatif. C.— Emploi à double construction. [En position d'objet direct, ce qui est à faire; en position d'objet indirect, la personne à qui l'ordre est donné de le faire] Commander quelque chose (à quelqu'un), commander (à quelqu'un) de + infinitif, commander que quelqu'un + subjonctif. 1. [Le sujet désigne une chose; le complément d'objet direct désigne un comportement, une réaction, un acte] Imposer (quelque chose) à quelqu'un, exiger quelque chose (de quelqu'un), rendre inévitable (à quelqu'un) de (faire quelque chose), faire que quelque chose prenne un caractère de nécessité pour quelqu'un. Parmi tant de théories vacillantes, d'expériences discutables, la raison commanderait au fond de ne pas choisir! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 353 ). L'épreuve par laquelle vous venez de passer vous commanderait plus que jamais à toutes deux le dépaysement et le repos (HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1258 ). Carré, (...) avait vraiment pris toutes les précautions que sa situation illégale commandait (PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 175 ). 2. En particulier. [Le sujet désigne une chose ou une personne; le complément d'objet direct désigne un sentiment] Commander (un sentiment) (à quelqu'un). Inspirer (un sentiment) (à quelqu'un), faire s'imposer (un sentiment) (à quelqu'un). Dans toute sphère, une vie limpide, une honnêteté sans tache commandent une sorte d'admiration aux coeurs les plus mauvais (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, page 23 ). Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (JACQUES PRÉVERT, Paroles, 1946, page 31) : Ø 9. Quant à changer de coeur, cela se pouvait-il? Ce mariage devait commander ses actions : il ne saurait commander ses sentiments. Robert était son mari, non pas le compagnon de sa vie. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 85. D.— Emplois pronominaux. 1. [Correspond à I A et B] a) Emploi réfléchi. — Se commander (à soi-même). Se maîtriser, se dominer. Ne plus se commander. Perdre le contrôle de soi. L'homme moral qui exerce sa liberté et se commande à lui-même, sent bien qu'il est en même temps le prêtre et l'hostie (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1822, page 356 ). L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière, c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1856, page 60 ). Gaspard sortit. Il sentait qu'il ne se commandait plus (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, page 193 ). — Se commander de + infinitif. S'imposer de + infinitif; s'obliger à + infinitif C'est un rêveur qui rêve d'agir, qui s'impose, se commande, s'ordonne d'agir, mais sa pensée, son âme secrète lui propose le dégoût de la réalité et du monde (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1909, page 285 ). b) Emploi réfléchi à sens passif. Se commander.. Être obtenu par la volonté. Ne pas se commander. L'amour, qui est chose divine, ne se commande ni ne s'extorque. Il souffle où il veut (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 394 ). [Thérèse] n'était ni ceci ni cela : elle était son type. Or, le type, ça ne se commande pas : on le gobe ou on s'en fiche (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, La Vie secrète, 1908, page 321 ). c) Emploi réciproque, vieilli. Se commander l'un à l'autre quelque chose Se communiquer l'un à l'autre quelque chose. Les parties de l'espace et du temps qualifiés se commandent les unes aux autres leurs stabilités et changements corrélatifs (OCTAVE HAMELIN, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, page 224 ). 2. [Correspond à I C] Emploi réciproque. Se commander quelque chose. S'imposer mutuellement quelque chose. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d'activité et une fièvre de contemplations (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 30 ). II.— [Le sujet désigne une chose capable d'exercer une action, une influence] A.— [Le sujet désigne telle pièce d'un mécanisme, d'un moteur, etc.] Commander (une machine, un mécanisme...). Agir sur un mécanisme, déclencher son entrée en action, en assurer et en régler le contrôle. Pour avoir moins chaud, j'abaisse la manette qui commande le ventilateur (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 74 ). Une cellule photo-électrique qui commande par relais les moteurs (RAYMOND RUYER, La Cybernétique et l'origine de l'information, 1954, page 59 ). — Rare. [Le sujet désigne la personne qui active un mécanisme] Des typos coiffés de papier commandaient les plieuses qui vomissaient ensuite dans de hauts paniers de guillotine les différentes sections du journal (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 196 ). — Par analogie. Déterminer, fixer, régir, régler quelque chose. C'est déjà la Durance ici qui commande le chaud et le froid, avec ses eaux de glace ou ses graviers découverts (JEAN GIONO, Chroniques, Noé, 1947, page 301) : Ø 10. On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu'il croit vrai doit régler son action. La croyance dans l'absurdité de l'existence doit donc commander sa conduite. ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 19. B.— Par extension. Commander (un lieu). Être la condition d'accès à (un lieu). Ils se tenaient (...) dans une petite pièce (...) qui commandait le réduit où s'anémiait le roi (MAURICE DRUON, La Louve de France, 1959, page 394 ). — Spécialement. ART MILITAIRE. [Le sujet désigne une chose, plus rarement une personne] Commander (un lieu, une voie de communication, etc.). Le dominer et en contrôler l'accès. Ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'Union (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 465 ). Il [Berard] commandera de son feu la ligne des boulevards; il interdira aux troupes royales l'accès des faubourgs (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 272 ). · Par analogie. Des diplômes qui commandent presque toutes les carrières (CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1210 ). · Par extension. Dominer de haut (un lieu, une étendue). Nous avons été obligés de débarquer sur la pointe d'un cap couvert d'arbres, d'où nous commandons une vue immense (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Voyages en Amérique, en France et en Italie, 1827, page 115 ). Vierges noires perchées sur les sommets qui commandent la mer (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance, 1958, page 134 ). C.— Emploi pronominal réciproque. Se commander (l'un l'autre). Dépendre l'un de l'autre. Une suite d'assertions qui ne se commandent l'une l'autre par aucune interne nécessité (JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure. 1945, page 252) : Ø 11. L'avenir naturel se trouve dans tous les instincts et dans toutes les modifications physiologiques qui se commandent de proche en proche, comme les phases de la digestion, de la gestation, de la croissance, dans tous les états du vivant qui ont un sens, vont à un terme. PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, page 188. — [En parlant des différentes pièces d'un logement, des différents bâtiments d'un ensemble] Se présenter de telle sorte qu'il faut nécessairement traverser l'un pour accéder à l'autre. Un assez bizarre appartement, les pièces se commandant toutes et contournant en enfilade l'angle d'une très ancienne maison (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, page 91 ). Les bâtiments se suivaient sur la même ligne, (...) se commandaient les uns les autres (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 138 ). III.— [Le sujet désigne une personne, un client qui a l'initiative de l'action; l'objet désigne ce qui est demandé par le client] Commander (une marchandise) (à quelqu'un). Demander (à quelqu'un), en qualité de client, la fourniture d'une marchandise; en faire la commande*. Commander un pantalon, un déjeuner, un cocktail; commander à boire. En cinq jours, je me suis commandé et fait livrer tant, tant de choses! (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 298 ). Le dernier train (...) était parti, il commanda une voiture et courut à sa chambre faire sa malle (GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 164 ). Où trouver un meilleur client que l'État, dès qu'il s'agit de commander des canons,... (JULIEN GREEN, Journal, 1932, page 112 ). — Commander (un travail, un service) à quelqu'un. Lui en confier l'exécution. Des syndicats construisent des stades, des salles, des palais et en commandent les plans à de jeunes architectes (JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 40 ). J'avais deux solutions. Ou bien racheter l'habit d'un collègue défunt (...) — ... ou bien m'en commander un neuf (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 61 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4 001. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 6 114, b) 4 477; XXe. siècle : a) 5 527, b) 6 075.

« ? [L'obligation est ext?rieure ? la personne qui la subit] RELIGION.

vieilli.

F?tes, je?nes de commande.

F?tes, je?nes dont l'?glise prescrit l'observation.

Synonymes?: f?tes, je?nes d'observance.

? Par extension.

Il ne s'agit pas ici de cet optimisme de commande et du tout va bien officiel (FRAN?OIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 284) : ? 4....

rien ne peut fausser davantage le caract?re d'un enfant que de lui imposer un respect de commande pour des parents, d?s que ceux-ci ne sont pas respectables. ANDR? GIDE, Genevi?ve, ou la Confidence inachev?e, 1936, page 1359.

? [L'obligation vient de la personne m?me qui la subit] Dans le domaine des sentiments.

Dont on s'impose la simulation, que l'on affecte de ressentir sous la pression des circonstances, par calcul, sans naturel, etc.

On sentait trop, derri?re l'amabilit? de commande, le besoin de domination que le sourire ne parvenait pas ? farder (ANDR? GIDE, Journal, 1943, page 246 ).

Je me mis ? sourire, un peu piqu?, d'un sourire de commande (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 112 ).

SYNTAXE?: Am?nit?, cordialit?, empressement, joie, enthousiasme, douceur, humilit?, mansu?tude, gravit?, flegme, frivolit?, inimiti?, r?probation, moue, expression attrist?e, saluts de commande.

B.? HISTOIRE DU DROIT ECCL?SIASTIQUE.

[Le sujet d?signe un eccl?siastique] Obtenir, poss?der un b?n?fice en commande.

?tre nomm? dans un b?n?fice avec jouissance de ses revenus pendant la dur?e de sa vie; l'obtenir en d?p?t, en garde.

? Par extension.

Mais Messire veut que le dauphin (...) ait le royaume en commande (...) Ce mot de commande, usit? en mati?res b?n?ficiales, signifiait d?p?t (ANATOLE-FRAN?OIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, 1908, page 74 ).

? Par figure ?tymologique?: ? 5.

VIOLAINE.

? Sachez ce que vous faites en me prenant pour femme! Laissez-moi vous parler bien humblement, seigneur Jacques Qui allez recevoir mon ?me et mon corps en commande des mains de Dieu et de mon p?re qui les ont faits. PAUL CLAUDEL, L'Annonce faite ? Marie, Version pour la sc?ne, 1948, II, 3, page 170.. »

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