Vocabulaire: COMMUNION, substantif féminin. Union, accord profond. A.— 1. Accord profond, sympathie entre des personnes. Communion d'idées, de sentiments; communion des âmes, d'esprit; être en communion avec quelqu'un : Ø 1. Son amour [de ma soeur] était arrivé à quelque chose de si discret et de si mûr que la communion secrète de nos pensées lui suffisait. ERNEST RENAN, Ma soeur Henriette, 1892, page 31. Ø 2. Au début de juillet, mon frère Joseph vint en permission. (...). Sa présence apporta tout d'abord de la flamme et même un principe de communion dans notre logis troublé. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 147. — Par extension (rare). Union charnelle mêlée de spiritualité : Ø 3.... il [Ramuntcho] la devinait [Gracieuse] assez abandonnée à lui maintenant, et confiante, pour tout permettre, mais il ne voulait pas tenter d'aller jusqu'à la communion suprême, par pudeur d'enfant, par respect de fiancé... JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Ramuntcho, 1897, page 199. 2. Communion avec la nature, l'univers. Affinité entre l'homme et le monde extérieur. Les sens, que sont-ils, si ce n'est une intime communion avec l'univers? (ERNEST RENAN, Drames philosophiques, L'Abbesse de Jouarre, 1886, page 636 ). Je deviens herbe entre les herbes et prends part à la communion du réveil (ANDRÉ GIDE, Journal, 1903, page 135) : Ø 4.... j'éprouvai alors un certain respect en traversant le vieux fleuve (...). Ce n'est jamais sans émotion que j'entre en communication, j'ai presque dit en communion, avec ces grandes choses de la nature qui sont aussi de grandes choses dans l'histoire. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 112. 3. Spécialement. LINGUISTIQUE. Communion phatique. Fonction d'un énoncé qui a pour objet de maintenir le contact entre le locuteur et l'interlocuteur (" allô " au téléphone, etc.) ou de manifester conventionnellement un désir d'entrer en communication (" Il fait beau "... servant de formule d'introduction dans une conversation) (Confer Dictionnaire de linguistique (JEAN DUBOIS, MATHÉE GIACOMO, LOUIS GUESPIN, CHRISTIANE MARCELLESI, JEAN-BAPTISTE MARCELLESI) 1973, page 100). B.— En particulier. RELIGION CHRÉTIENNE. 1. Union des chrétiens entre eux et en Dieu fondée sur une communauté de foi, de pratiques religieuses. La communion des fidèles. Un prêtre hérétique (...) qu'il faut ramener dans la communion de l'église! (MAURICE BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, page 273 ). Le protestant prie seul, mais le catholique prie dans la communion de l'église (PAUL CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1929, page 735) : Ø 5. Quel triomphe, si l'on réconciliait le docteur avec Dieu! et quelle douceur ensuite, à vivre ensemble dans la communion céleste d'une même foi! ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 23. — Spécialement. La communion des saints. Dogme de l'Église catholique, selon lequel les biens spirituels de l'Église (mérites de Jésus-Christ et des saints, prières et bonnes oeuvres des fidèles) sont communs à tous ses membres. Dans la religion chrétienne (...) la communion des saints assume l'ensemble du fardeau de chacun (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 748) : Ø 6. Que pensez-vous de cet aspect de la solidarité universelle, de la communion des saints? La chrétienté vue comme un arbre immense dont chaque branche a des rameaux et des ramuscules à l'infini nourris de la même sève?... LÉON BLOY, Journal, 1907, page 358. — Par métonymie. Groupe de fidèles professant les mêmes croyances. Synonymes : communauté, confession, église. Communion de l'Église; communion chrétienne, catholique, protestante. Plusieurs sectes d'hérétiques déchaînées contre les abus de la communion romaine, précédèrent Luther et Calvin (NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 81 ). Ce pays ne leur [aux jésuites] convenait pas. La religion y est divisée en communions orthodoxes ou schismatiques (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 124) : Ø 7. Née de parents calvinistes, et d'abord élevée dans cette communion, elle s'était de bonne heure réconciliée à l'église catholique et à son autorité,... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 109. · Par analogie. La communion humaine : Ø 8. En bonne logique, ne puis-je appartenir à la grande communion des hommes qui ont prié Dieu depuis les Patriarches jusqu'aux Gentils des temps modernes, ignorants encore de l'Évangile? FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mélanges politiques, 1816-24, page 12. Ø 9. Il n'était point en sympathie avec les habitants de la ville. Faute de pouvoir sentir et comprendre comme eux, il était retranché de la communion humaine;... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 156. 2. En particulier. a) Participation au sacrement de l'eucharistie marquant l'union intime des fidèles et du Christ. Communion eucharistique; la sainte communion; recevoir, donner la communion; communion sous les deux espèces (pain et vin); communion sous une espèce (pain); pain (confer hostie), table, banc de communion : Ø 10. Un petit prêtre aux yeux étincelants prêchait sur la communion. Il célébrait une étrange gourmandise et conviait les fidèles à « manger le corps de Dieu ». Quelle étonnante et magnifique aventure!... JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, 1938, page 126. · Communion pascale. Communion obligatoirement faite au cours de la période qui précède et qui suit la fête de Pâques. · Communion privée. Première communion d'un enfant arrivé à l'âge de raison. · Première communion, communion solennelle. Cérémonie au cours de laquelle l'enfant communie en faisant profession solennelle de la foi catholique. Préparer sa communion; costume de première communion : Ø 11. Henri, l'aîné, a onze ans passés. Il ne sait pas encore un mot de catéchisme. Je ne sais vraiment pas comment nous lui ferons faire sa première communion... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Pierre Nozière, 1899, page 110. Ø 12. On a tort de promettre aux enfants que le jour de la première communion sera le plus beau de leur vie, et de les assurer qu'il s'accomplira en eux une sorte de miracle qui les fera resplendir d'un bonheur immense et inconnu. SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, page 338. b) Par métonymie. · Moment de la messe où le prêtre communie et donne la communion aux fidèles. · Antienne ou psaume chantés ou récités au moment de la communion : Ø 13. La messe n'était pas finie. Nous l'achevâmes par la lecture de la communion et des post-communions, celle du jour et celle propre à l'ordination. ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 155. Remarque : On rencontre dans la documentation l'adjectif communiel. a) Qui est propre à la communion. Le pontife va recevoir « le vin et la viande du bonheur » ce qui marque l'instant communiel dans la célébration du rite (J. CUISINIER, La Danse sacrée en Indochine et Indonésie, 1951, page 69). b) Qui est en communion. On peut dire que, dans ce domaine agraire, la pensée éprouve une participation vitale et communielle avec le totem et saisit une relation avec le dieu nouveau [chrétien] (Philosophie, Religion (sous la direction de Gaston Berger), 1, page 4805).957, page 4805). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 632. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 669, b) 1 897; XXe. siècle : a) 2 982, b) 2 705.
