Vocabulaire: CONCURRENCE, substantif féminin. A.— Fait d'être ensemble, d'agir de concert, conjointement, à égalité dans la poursuite d'un même but. Cet artiste (...) arrivait souvent, par une heureuse concurrence de petits moyens, à des résultats d'un effet puissant (CHARLES BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1846, page 138 ). — Spécialement. 1. DROIT. Fait d'être à égalité pour exercer certains droits. Exercer une hypothèque en concurrence; venir en concurrence (Dictionnaire de l'Académie Française). Les créanciers privilégiés qui sont dans le même rang, sont payés par concurrence (Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, article 2097, page 376 ). 2. RELIGION CATHOLIQUE. Concurrence [d'office(s)] . Coïncidence des premières et secondes vêpres de deux fêtes différentes (Confer Joris-Karl Huysmans, L'Oblat, tome 2, 1903, page 182). — [Avec une idée de limite] (Jusqu')à (la) concurrence de. Jusqu'à la rencontre, à la coïncidence finale avec un chiffre déterminé, en particulier une somme d'argent due; jusqu'à la limite extrême de. Diminuer le poids du plateau opposé jusqu'à concurrence de sept grammes neuf décigrammes (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, Les Exploits de Rocambole, tome 5, 1859, page 378 ). Jusqu'à due concurrence. Jusqu'à concurrence d'une somme d'argent déterminée. Une somme de trois cents francs, payable jusqu'à due concurrence (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, page 1193 ). B.— 1. Fait de se trouver en opposition, le plus souvent d'intérêt dans la poursuite d'un même but, chacun visant à supplanter son rival. Concurrence redoutable; la loi de la concurrence; se trouver en concurrence avec quelqu'un, quelque chose Cette petite porte sournoise faisait concurrence aux deux autres (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 563 ). Dans cette mortelle concurrence du monde moderne, (...) dans cette compétition perpétuelle (CHARLES PÉGUY, Notre jeunesse, 1910, page 182 ). 2. Spécialement. a) BIOLOGIE. Concurrence vitale. Lutte pour l'existence que tout être vivant doit mener et qui, selon la théorie de Darwin, conduit à la sélection naturelle (Confer Henri Bergson, L'Évolution créatrice, 1907, page 56). b) COMMERCE et ÉCONOMIE. — Situation de marché dans laquelle des producteurs, des commerçants, des entreprises et, par métonymie, des produits rivalisent entre eux pour attirer la clientèle par différents moyens (prix plus bas, meilleure qualité). Le jeu de la concurrence; les effets de la concurrence; prix de concurrence. Les marchands redoutent la concurrence des vins nouveaux (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 320 ). SYNTAXE : Concurrence internationale; une concurrence très vive; soutenir la concurrence; subir la concurrence de; lutter contre la concurrence. (Régime de) libre concurrence. Système économique qui laisse à chacun toute liberté de production, de vente, l'État n'intervenant que pour garantir le libre jeu des lois du marché. Dès 1860, la grande industrie a dû abandonner le préjugé de la libre concurrence (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 197). Concurrence déloyale. Fait d'un producteur, d'un commerçant cherchant à nuire à un rival de la même branche, en particulier à lui prendre sa clientèle par des moyens malhonnêtes et de ce fait délictueux (confer C. PINEAU, La S.N.C.F. et les transports 1950, page 92). Concurrence illicite. Fait pour un agent économique de violer les engagements pris vis-à-vis d'un autre (confer C. PINEAU, La S.N.C.F. et les transports 1950, page 92); souvent synonyme : de concurrence déloyale. Concurrence latente. Situation de marché en sommeil qui pourrait se réveiller en cas d'évolution favorable des prix (confer PERROUX, L'Écon. du XXe. siècle, 1964, page 634). Synonymes : concurrence potentielle, virtuelle. Concurrence monopolistique. Système dans lequel l'offre n'est faite que par quelques firmes pour un produit analogue (confer PERROUX, L'Écon. du XXe. siècle, 1964, page 520). Concurrence pure et parfaite. Système dans lequel acheteurs et vendeurs de même puissance économique et pour un même produit sont nombreux, bien informés, libres d'entrer dans le marché et de s'en retirer (confer PERROUX, L'Écon. du XXe. siècle, 1964, page 31). Antonymes concurrence impure et imparfaite (confer PERROUX, L'Écon. du XXe. siècle, 1964, page 514). — Par métonymie. — Ensemble de producteurs, de commerçants faisant concurrence à d'autres. La dislocation du personnel de David, repris et sollicité en sous-main par la concurrence (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 459 ). · Établissement, entreprise faisant concurrence à un(e) autre : Ø 1. Le projet du Crédit Immobilier était de créer, sur la rue du Dix-Décembre, une concurrence au Grand-Hôtel, un établissement luxueux, dont la situation centrale attirerait les étrangers. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 457. · Périodique faisant concurrence à un autre : Ø 2.... en douce je manoeuvre; ça roule; (...) le vieux [un directeur de journal] saute. Pour se venger, il fonde une concurrence. Elle rate et il crève de dépit. ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 41. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 011. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 096, b) 714; XXe. siècle : a) 1 116, b) 2 310. Forme dérivée du verbe "concurrencer" concurrencer CONCURRENCER, verbe. Faire concurrence à quelqu'un ou à quelque chose. Les noms des grands peintres concurrencent et parfois supplantent dans l'opinion ceux des grands écrivains (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 12 ). — Spécialement. COMMERCE et ÉCONOMIE. [L'industrie] concurrença les artisans (Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch) 1967, page 319 ). — Emploi pronominal réciproque. Un certain nombre d'enseignements (...) se chevauchaient et parfois se concurrençaient (Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960) 1960, page 95 ). Remarque : Est absent d'Dictionnaire de l'Académie Française et de Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 14.