Devoir de Philosophie

Vocabulaire:CONDITION, substantif féminin.

Publié le 17/11/2015

Extrait du document

Vocabulaire: CONDITION, substantif féminin. Élément d'un tout qu'il aide à constituer de manière essentielle. I.— [L'élément constituant est présenté comme un principe d'existence de ce tout] A.— Au singulier. 1. [Déterminé par un adjectif déterminatif ou un complément prépositionnel introduit par de, indiquant ce que la condition affecte] a) [En parlant des personnes] · [Dans un contexte très général] Situation inhérente à la nature, à la profession, à la classe sociale. Ma leçon XI, sur l'incertitude de la condition au Moyen Âge (JULES MICHELET, Journal, 1843, page 498 ). « La condition ouvrière » (JEAN PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, page 62 ). Un extraordinaire résumé de la condition humaine (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, préface, page 14) : Ø 1. Certainement, le geste dont elle ouvrait sa fenêtre, ingénu et fier, disait que, dans sa condition de petite brodeuse elle avait l'âme d'une reine. ÉMILE ZOLA, Le Rêve, 1888, page 80. Ø 2.... — Il faut toujours s'intoxiquer : ce pays a l'opium, l'Islam le haschich, l'Occident la femme... Peut-être l'amour est-il surtout le moyen qu'emploie l'Occidental pour s'affranchir de sa condition d'homme... ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 349. · [Dans des limites individuelles] État, statut, situation civile, familiale, etc. La condition de célibataire ou d'individu marié (ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 85 ). Elle commençait à s'insurger contre sa condition de cadette (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 100) : Ø 3. Mallarmé créait donc en France la notion d'auteur difficile. Il introduisait expressément dans l'art l'obligation de l'effort de l'esprit. Par là, il relevait la condition du lecteur, et avec une admirable intelligence de la véritable gloire, il se choisissait parmi le monde ce petit nombre d'amateurs particuliers qui, l'ayant une fois goûté ne pourraient plus souffrir de poèmes impurs, immédiats et sans défense. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 205. — SPORTS. Condition physique. État général de l'organisme. Être dans une bonne, dans une mauvaise condition. Des joueurs en excellente condition physique (Jeux et sports (sous la direction de Roger Caillois) 1968, page 1391) : Ø 4. D'ailleurs, le croira qui voudra, cet Américain n'était pas l'homme le plus vite du monde. Sprinter sans doute, il était en aussi piètre condition que moi. Tous deux souffrant ferme, et soutenus par le seul amour-propre. HENRI DE MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, page 247. Remarque : Est rarement employé au pluriel en ce sens Se mettre et (...) se maintenir en bonnes conditions sportives (Y. BECQUET, L'Organisation des loisirs des travailleurs, 1939, page 206). b) [En parlant de choses] Caractère, état général de conservation (souvent après une épreuve, par exemple le temps, un voyage, etc.). La magnifique condition des Velasquez et des Murillo du musée de Madrid (PROSPER MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, page 526 ). Après avoir (...) inspecté sa cargaison, qui lui parut en bonne condition et supporter convenablement les fatigues du voyage (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, page 169 ). — TEXTILES. Condition des soies, des laines, des cotons. " L'essai et l'examen de ces textiles aux divers points de vue de l'humidité, du poids, de la solidité, etc. Par extension, il se dit de l'Établissement où se fait cet essai " (Dictionnaire de l'Académie Française 1932; confer conditionner, conditionnement). 2. [Déterminant un autre mot] a) Vieux, emploi absolu. Personne de condition noble, par ellipse, de condition : Ø 5. Je parcourus l'Italie et une partie de l'Allemagne sous le nom de la Vicomtesse de Belleval; ma dépense empêchait d'élever des doutes défavorables sur mon existence. Je me donnais pour une femme de condition qui avait épousé à Constantinople un vieux mari expatrié dans sa jeunesse pour duel, et qui avait fait par le commerce une grande fortune dont il m'avait fait héritière. GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1784. b) Vieux. Être, entrer, se mettre en condition. Travailler au service de quelqu'un comme domestique : Ø 6. Françoise en un sens était moins domestique que les autres. Dans sa manière de sentir, d'être bonne et pitoyable, d'être dure et hautaine, d'être fine et bornée, d'avoir la peau blanche et les mains rouges, elle était la demoiselle de village dont les parents « étaient bien de chez eux », mais ruinés, avaient été obligés de la mettre en condition. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 64. — Par extension, argotique. Chambre, maison. Je finis par aller avec lui voir cette fameuse condition [qu'il voulait cambrioler] (LORÉDAN LARCHEY, Dictionnaire historique d'argot, 1878, page XI. ). Changer de condition. Déménager (confer Charles-Louis Carabelli, [Langage populaire] ). Faire une condition. Faire un cambriolage. « J'aurais besoin d'outil [s] , j'ai une condition à faire » (LORÉDAN LARCHEY, Dictionnaire historique d'argot, 1878, page XI. ). Remarque : GASTON ESNAULT note en ce sens la variante condice, obtenue par apocope; ce qui soulignerait la vitalité du mot dans ce domaine. c) PSYCHOLOGIE. [Avec l'idée d'un résultat imposé et quasi fatal] Mise en condition; mettre quelqu'un en condition. Soumettre quelqu'un à une préparation, à une pression lui dictant une façon de penser ou d'agir (confer conditionner, conditionnement) : Ø 7. Le chantage au chômage, les menaces assorties de promesses démagogiques expliquent seul le désarroi d'une population plongée dans un trouble qui a permis la mise en condition de l'électorat. Le Monde. 21 juillet 1967 dans le Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT), 1971. B.— [Au singulier et le plus souvent au pluriel; généralement suivi d'un complément de nom ou d'un adjectif déterminatif] 1. Circonstances qui déterminent le caractère ou l'existence d'un phénomène. Les conditions d'existence étaient charmantes pour quelques jours. Elle recevait beaucoup de littérateurs, d'artistes et quelques hommes du monde intelligents (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 405 ). Toutes les conditions de la vie d'un individu, de la naissance au cimetière (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1860, page 819 ). Enfin, de mauvaises conditions atmosphériques retardèrent encore notre départ (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 76) : Ø 8. Je quitte Cuverville demain. Les conditions physiologiques et morales dans lesquelles je me trouve ici sont des plus déprimantes et mon travail s'en est beaucoup ressenti. ANDRÉ GIDE, Journal, 1921, page 690. 2. [Avec une idée d'obligation] a) DROIT. — DROIT COMMERCIAL. Conditions d'une affaire, d'un contrat. Clauses qui les régissent. Arrêter, mettre, poser, imposer, accepter une condition : Ø 9. Et ma bonne tante ajoutait : « Demande-la toujours en mariage; on trouvera peut-être moyen de te tirer d'affaires en discutant les conditions du contrat. » GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Ma femme, 1882, page 672. · Faire une condition à quelqu'un. Lui faire un traitement de faveur. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1932. · Acheter, vendre à, sous, sans condition. Je ne sais pas comment cela se passe à Paris, mais chez nous ces sortes d'objets ne s'achètent qu'à condition. Tous nos bijoutiers les reprennent, ils y sont habitués (ALPHONSE DAUDET, L'Obstacle, 1891, page 213 ). — DROIT INTERNATIONAL. Conditions d'un traité, d'un armistice. La délégation demande les conditions de l'armistice (MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1929, page 294 ). Se rendre, reddition sans condition. Mais c'est la reddition sans conditions qu'exigeaient les Américains (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 227 ). — DROIT PRIVÉ ou PUBLIC. Condition résolutoire. La condition résolutoire est celle qui, lorsqu'elle s'accomplit, opère la révocation de l'obligation, et qui remet les choses au même état que si l'obligation n'avait pas existé (Code civil, articles 1183, 1804, page 213). Condition suspensive. Lorsque l'obligation a été contractée sous une condition suspensive, la chose qui fait la matière de la convention demeure aux risques du débiteur qui ne s'est obligé de la livrer que dans le cas de l'événement de la condition (Code civil,articles 1182, 1804, page 212). b) GRAMMAIRE (normative). Les conditions d'emploi. Tant de conditions grammaticales auxquelles un bon auteur brûle de satisfaire (JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, page 123) : Ø 10. D'une manière générale (...) on a réservé la métalangue aux conditions d'emploi dont l'indication précède ou suit la définition [lexicographique] Trésor de la Langue Française. tome 1, préface, page XXXIX. c) [Dans les sciences exactes] — BIOLOGIE : Ø 11. Sans doute il faut avoir le sentiment que la biologie et la médecine offrent une complexité de phénomènes en quelque sorte effrayante. Mais on ne saurait nier pour cela que chacun de ces phénomènes n'ait ses conditions déterminées et aussi rigoureusement nécessaires que le phénomène le plus simple. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 224. — MATHÉMATIQUES. Une condition d'existence des êtres mathématiques qui, une fois définis grâce aux conventions du savant, ont une nature et des propriétés absolument objectives (RAYMOND RUYER, Esquisse d'une philosophie de la structure, 1930, page 264 ). II.— [L'élément est un préalable essentiel à la constitution de ce tout] A.— Au singulier et au pluriel. Condition(s) nécessaire(s) et suffisante(s), condition(s) sine qua non; sous une condition, à une condition, sans condition; poser, imposer une condition. — Madame, je suis à vous sans condition! dit-il dans un élan de générosité (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1847, page 291 ). Sous la condition expresse d'un meurtre (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 75 ). Je ne te pose qu'une condition, Fanny : c'est que tu ne dises à personne, même pas à ta mère, que tu me l'as dit (MARCEL PAGNOL, Fanny, 1932, II, 6, page 138 ). Sous condition d'utilisation pacifique (BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques, 1962, page 124) : Ø 12.... dans l'humanité, je dois me procurer des passions, ou quelque sentiment réel..., puisque c'est la condition sine qua non sans laquelle on ne saurait prétendre au titre d'homme. PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Le Désir d'être un homme, 1883, page 221. Ø 13. Observez seulement le destin de la prose, comme elle expire à peine entendue, et expire de l'être, — c'est-à-dire d'être toute remplacée dans l'esprit attentif par une idée ou figure finie. Cette idée, dont la prose vient d'exciter les conditions nécessaires et suffisantes, s'étant produite, aussitôt les moyens sont dissous, le langage s'évanouit devant elle. PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 74. — GRAMMAIRE. Complément de condition. Complément introduit par des prépositions : sans, avec, ou par des locutions prépositives : à moins de, à défaut de, ou par le verbe être dans des tournures négatives : n'était, fût-ce... Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles (JEAN ANOUILH. dans la Grammaire Larousse. 1964). B.— [Au singulier, dans des locutions figées par l'usage, le substantif devient outil grammatical] — À, sous (la) condition que + indicatif. À la condition que vous m'enverrez toujours... toujours des clients (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Baronne, 1887, page 1304 ). À, sous (la) condition que + conditionnel. J'ai pris sur moi de donner la permission de danser, à condition que ce serait au bas du coteau (THÉODORE LECLERCQ, Proverbes dramatiques, Une Révolution, 1835, 10, page 183 ). À, sous (la) condition que + subjonctif. À condition que la récitation soit oratoire et non familière (RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 237 ). — À, sous (la) condition de + infinitif. À la condition d'être étudié d'après une méthode scientifique (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 23 ). À, sous (la) condition de + substantif. Papiers qu'il aurait restitués sous condition de mariage (GASTON LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, page 72 ). Remarque générale : Les emplois notés sous II sont proches des emplois notés sous B 2; la distinction essentielle réside dans le degré d'abstraction, plus poussé sous II. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 11 024. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 11 955, b) 13 058; XXe. siècle : a) 13 188, b) 21 756.

Liens utiles