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Vocabulaire: CONQUÉRANT, -ANTE, participe présent, adjectifet substantif.

Publié le 17/11/2015

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Vocabulaire: CONQUÉRANT, -ANTE, participe présent, adjectifet substantif. I.— Participe présent de conquérir* II.— Emploi adjectival. A.— Domaine militaire. 1. [En parlant d'une personne, d'un peuple] Qui conquiert, qui aime conquérir par les armes. Tous les souverains de l'Europe (...) effrayés (...) du gouvernement militaire et conquérant de la Russie (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Napoléon Bonaparte, ou trente ans de l'histoire de France. 1831, III, 2, page 56 ). Les hordes guerrières et conquérantes (ALPHONSE DE LAMARTINE, Des destinées de la poésie, 1834, page 388 ). Jeanne d'Arc conquérante, victorieuse (FRANÇOIS MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, page 499) : Ø 1.... des hordes barbares ayant réduit des nations entières à l'état d'esclavage, il arriva que les empires formés d'un peuple conquérant et d'un peuple conquis, réunirent en leur sein deux classes essentiellement opposées et ennemies. CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 73. SYNTAXE : Substantif + conquérant, ante : peuple conquérant; nation, race conquérante. 2. [En parlant d'une qualité humaine] Qui caractérise celui/celle qui conquiert, aime conquérir. La fureur conquérante, l'audace et la férocité barbare d'un Gengis ou d'un Tamerlan (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, page 6 ). La perspective d'une guerre qui donne un sens à l'ambition conquérante (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1921, page 277 ). Frénésies conquérantes d'Hitler (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 632 ). 3. [En parlant d'un trait du comportement humain, d'un mode d'action] Qui tend à conquérir, qui conquiert. Les textes (...) sollicités pour justifier toutes les entreprises conquérantes; par exemple, cette thèse selon laquelle la guerre est juste (JULIEN BENDA, La Trahison des clercs, 1927, page 139 ). L'Europe reprend sa marche conquérante (JEAN-ALAIN LESOURD, CLAUDE GÉRARD, Histoire économique, XIXe. et XXe. siècles, tome 1, 1968, page 221 ). — Par analogie. · [En parlant d'une personne civile, de son aspect physique, de son comportement, etc.] Ses bottes éculées d'aventurier conquérant, débarqué à Paris pour le soumettre (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 46 ). À cheval, la pique sur l'épaule (...) malgré cet appareil conquérant, les yeux ouverts sur le vide (HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, page 670) : Ø 2.... il reprit son rêve caressé d'être un grand propriétaire, avec des troupeaux de bêtes sur lesquels il régnerait. Mais, dans les Landes, son ambition grandissait; il devenait le roi conquérant d'une terre nouvelle; il avait un peuple. (...) Il (...) combattait avec des machines puissantes l'empierrement du sol, arrêtait la marche des dunes par des plantations de pins, dotait la France d'un coin de fertilité miraculeux. ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 150. · [En parlant d'éléments naturels] Sur les galets (...) les vagues conquérantes, effaçant jusqu'aux traces des décombres (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 1112 ). Sous le soleil conquérant (PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880, 1925, page 219 ). Par plaisanterie. Cet orgueilleux discours [sur le fronton d'un modèle de caveau] , ce défi au ver conquérant (JULIEN GREEN, Journal, 1935, page 5) : Ø 3. Je résolus d'établir un siège en règle devant la maison habitée par cette infante. Dans ce beau dessein, je sortis de chez moi après avoir donné à mes cheveux un coup de brosse conquérant PROSPER MÉRIMÉE, Dernières nouvelles, 1870, page 16. B.— Par métaphore, au figuré. domaine des valeurs humain Qui conquiert, aime conquérir, qui gagne quelque chose, quelqu'un par un déploiement de qualités d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif. 1. Domaine des valeurs sociales. [En parlant d'une personne ou d'une collectivité, de son comportement] Se résorber dans les rangs inférieurs, ou se plier à la coutume conquérante (CHARLES MAURRAS, L'Avenir de l'Intelligence, 1905, page 53 ). La classe montante et conquérante (...) porteuse des plus hautes valeurs de son temps (JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 17) : Ø 4. Il n'a jamais réussi en rien. Ça ne l'empêche pas d'avoir un petit air conquérant, qui intimide. JULES RENARD, Journal, 1902, page 780. 2. Domaine des valeurs morales. [En parlant surtout de qualités humaines] La loi de l'égoïsme actif et conquérant (MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 274 ). — En particulier. domaine religion Cette paix [succédant à l'invocation de l'Esprit Saint] (...) active, envahissante, conquérante (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 194 ). 3. Domaine des valeurs intellectuelles et artistiques. [En parlant de l'esprit et de ses productions] Les sciences d'observation (...) expectantes et passives; les sciences expérimentales (...) conquérantes et puissantes (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 2 ). On a nommé impressionnisme cet art conquérant et hardi (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, page 269 ). La pensée conquérante de quelques grands individus (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 224 ). La raison véritable n'est plus la raison contemplative, mais la raison conquérante (...) effectivement transformatrice du monde (JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 29 ). 4. Domaine des valeurs affectives [En parlant d'une personne de ses sentiments, de son comportement] a) Domaine des relations amicales. Elle (...) entra avec le fils, avec la mère, dans une sorte d'immédiat voisinage amical par la seule présentation d'une rencontre sympathique (...) avec (...) la familiarité conquérante dont les grandes dames russes ont le secret (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais, 1869, page 151 ). b) Domaine des sentiments amoureux. Un troupier au geste conquérant, bêtisant avec une cantinière du 93e (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 596 ). Affolées [les femmes] (...) par ses airs farauds et conquérants (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 23 ). Passions conquérantes, qui poursuivent quelque lièvre dont elles ne feront rien, et dont elles ne voudraient pas (...) s'il était donné. (...) l'amour conquérant, qui ne compare jamais le gain avec la dépense, et qui s'échauffe au contraire par la lutte et l'obstacle (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1930, page 915 ). Des dents de perle sous sa moustache conquérante (BLAISE CENDRARS, La Main coupée, 1946, page 23 ). Sur son visage une tendresse conquérante (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 75 ). III.— Emploi comme substantif. A.— Domaine militaire [Le complément désigne un territoire, un peuple] Personne qui conquiert. Pichegru, le conquérant de la Hollande (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 385 ). Les Sardes, conquérants de Sardaigne et de Corse (VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 3, 1877, page 169 ). [Adolf Hitler] Chef de parti, chancelier du Reich et conquérant des nations sans défense (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 289 ). SYNTAXE : Adjectif + conquérant : anciens, premiers conquérants; conquérant(s) + substantif : conquérant(s) du monde. — Absolument. Des conquérants, Alexandre, César, Napoléon... (...) des chars, de la poudre, du sang (GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 113 ). La Triple Entente, qui s'affichait, aux yeux du monde, comme une conspiration de conquérants (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 415 ). [La bonne espèce] Celle des durs, des conquérants, des chefs (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mains sales, 1948, 7e. tableau, page 256 ). — Par analogie. · [À propos d'une personne civile, le complément désignant une chose sans intérêt militaire particulier, un produit ou un élément naturel] Une âme lasse du facile renom des Conquérants de l'or (JOSÉ-MARIA DE HEREDIA, Les Trophées, 1893, page 152 ). L'homme dompteur du feu, conquérant des métaux (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 193 ). La troupe des conquérants de l'air (ROMAIN ROLLAND, Jean Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1532 ). Christophe Colomb! le conquérant de la mer (PAUL CLAUDEL, Le Livre de Christophe Colomb, 1935, page 1151 ). Absolument, par plaisanterie. Le dimanche le Parisien fait une sortie, et, comme un conquérant, marche sur les légumes (ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 193 ). · [À propos d'une chose] L'ogive qui arrivait de la croisade est venue se poser en conquérante sur ces larges chapiteaux romans (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 131 ). B.— Par métaphore, au figuré. domaine des valeurs humain Personne qui conquiert, gagne quelque chose, quelqu'un par un déploiement de qualités d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif. La psychologie du conquérant, conquérant de la cité amoureuse, de la cité politique ou de la cité céleste, toujours aussi maître de lui que de l'univers où il vit (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 433 ). 1. Domaine des valeurs sociales. Des hommes [les révolutionnaires de 1789] échauffés par une victoire récente (...), conquérants d'une puissance qu'on appelait loi (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 210 ). Portant un coulissier dans toute sa personne, ce quelque chose de durement impérieux, qui marque et signe les conquérants de l'argent (EDMOND DE GONCOURT, La Faustin, 1882, page 59 ). Octave Mouret, un des conquérants du nouveau commerce (ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 17 ). — Absolument. En conquérant. Saccard (...) rentré en conquérant à la Bourse (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 151 ). On disait l'élection de Bourget pas si certaine (...) on l'avait trouvé revenu trop en conquérant, trop en maître de la situation (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1894, page 580 ). 2. Domaine des valeurs morales. a) [À propos d'une personne] Des conquérants de gloire, Des chercheurs d'horizons, des gagneurs d'avenir (VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 2, Paroles dans l'épreuve, 1859, page 783 ). Grâce à vous [les petites soeurs des pauvres, les professeurs laïques ou religieux] , (...) nous avons bénéficié d'un accroissement de notre domaine moral. Honneur à vous qui êtes des conquérants d'âmes! (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1914-18, page 80 ). — En particulier. domaine religion César à côté de Jésus, le soldat cruel auprès du doux conquérant des âmes (ÉMILE ZOLA, Mes haines, 1866, page 184 ). b) [À propos d'une chose abstraite] L'amour universel, conquérant d'une autre sorte [que César] ; heureux les conquis, car il n'y a point de vaincus (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1933, page 1164 ). 3. Domaine des valeurs intellectuelles et artistiques. [En parlant de l'esprit et de ses productions] a) [À propos d'une personne] Il [M. Royer-Collard] était né conquérant et dominateur des esprits (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Les Philosophes classiques au XIXe. siècle, 1857, page 23 ). Il y a de la rudesse dans tous les conquérants, conquérants de la guerre ou conquérants de la pensée et de l'art (HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 40 ). Dans le monde de la pensée (...) il [Nietzsche] est un homme d'action, un conquérant perpétuel (CHARLES DU BOS, Journal, 1924, page 29) : Ø 5. À l'égard de peuples encore plongés dans la nature, nous sommes conquérants d'ivoire, d'or, de diamants. Mais entre nous, fils de la Bible, nous sommes conquérants d'esprit. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1933, page 1158. b) [À propos d'une chose abstraite] L'art, qui est le conquérant, doit avoir pour point d'appui la science, qui est le marcheur (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 488 ). 4. Domaine des valeurs affectives; en particulier, domaine des sentiments amoureux. Élégances dont nous supposons doués les conquérants de coeurs féminins (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Un Portrait, 1888, page 626 ). Don Juan le condottiere de l'équipée érotique et de la séduction innombrable, le conquérant des mille et une féminités, violentant le destin, volant de victoire en victoire (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 132 ). — Absolument. Que cette belle est superbe! (...) Oh! la fière conquérante! (VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, L'Oubli, 1865, page 199 ). Le jeune conquérant rieur, le joyeux garçon, l'amoureux ardent (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 173 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 879. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 534, b) 960; XXe. siècle : a) 1 046, b) 1 284. Forme dérivée du verbe "conquérir" conquérir CONQUÉRIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Domaine militaire [Le complément d'objet désigne un territoire, un peuple] Se rendre maître par les armes. Conquérir quelque chose, conquérir quelque chose sur quelqu'un, conquérir quelque chose à quelqu'un. Toute autre place à conquérir sur les Musulmans (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 54 ). De splendides garçons (...) qui lui [l'Angleterre] conquièrent des empires (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 239) : Ø 1.... la Prusse, en deux semaines à peine, par une marche foudroyante, venait d'envahir le Hanovre, de conquérir les deux Hesses, Bade, la Saxe, en surprenant en pleine paix des populations désarmées. ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 104. SYNTAXE : Conquérir + substantif : conquérir un empire, le monde, une province, un royaume, une/la terre, l'univers; verbe + conquérir : aller, venir, vouloir conquérir; préposition + verbe + conquérir : aider, chercher à conquérir, achever de conquérir. — Absolument. Désir, gloire de conquérir. Le jour où elle [l'Italie] cessa de conquérir, elle fut conquise (EDGAR QUINET, Allemagne et Italie, 1836, page 223 ). On cherche de moins en moins à conquérir pour conquérir (HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 305 ). — Par analogie. [Le complément désigne des biens matériels, sans intérêt militaire particulier] · Par plaisanterie. Une espèce de fruitier mal clos où l'on pouvait conquérir une pomme (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 115 ). Il conquit la table de haute lutte, au milieu du tas (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 325 ). · En général. S'assurer la possession de quelque chose, étendre son emprise sur quelque chose. Conquérir quelque chose, conquérir quelque chose sur quelque chose Quand il [l'homme] conquiert par un effort son abri et ses aliments (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 276 ). Dans cette ville [Venise] où il faut conquérir la place sur la lagune (EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture. 1872, page 264 ). B.— Par métaphore. au figuré, domaine des valeurs humain (S'efforcer de) gagner quelque chose, quelqu'un par un déploiement de qualités d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif. 1. Domaine des valeurs sociales. Conquérir de belles positions (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 12 ). Conquérir une grande situation parlementaire (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 358 ). Des élections (...) le moment de conquérir un siège (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, page 63 ). 2. Domaine des valeurs morales. L'homme conquiert sa liberté et sa personnalité, mais en s'ouvrant à la vie (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 254) : Ø 2. Mais il fallait lutter, se raidir, pour conquérir son bonheur, échapper à cette faillite d'une existence. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 70. — En particulier. domaine religion Il ne seyait pas de vouloir conquérir tout de suite la perfection chrétienne (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 423 ). Conquérir la béatitude (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 125 ). 3. Domaine des valeurs intellectuelles. [Le complément désigne l'esprit d'une personne et ses diverses modalités; par métonymie cette personne elle-même] Le désir d'attirer à lui et de conquérir les esprits (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 120 ). Conquérir son estime, mieux, son admiration (PIERRE-JEAN JOUVE, La Scène capitale, 1935, page 62 ). 4. Domaine des valeurs affectives. [Le complément désigne le coeur, les sentiments d'une personne; par métonymie cette personne elle-même] a) Domaine des relations amicales. Il conquit son affection en lui procurant quelques plaisirs et des douceurs (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 559 ). Pour tâcher de conquérir la sympathie générale (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 231 ). Tant de bonhomie conquit le coeur du peintre (ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 1639 ). — En particulier. [Le complément désigne une personne ou un groupe de personnes] (Quasi-)synonyme : plaire. Elle conquit maman en l'appelant « petite madame » (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 92) : Ø 3. Mme. Rougon se tenant à l'écart par une manoeuvre de haute habileté, la belle Octavie était ainsi devenue l'alliée la plus active de l'abbé Faujas. Elle lui conquit ses amis et les amis de ses amis. Elle partait en campagne chaque matin, faisait une étonnante propagande, rien qu'à l'aide des petits saluts qu'elle jetait du bout de ses doigts gantés. ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 1144. b) Domaine des sentiments amoureux. Un amant doit aller conquérir le coeur de sa dame (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 3, 1813, page 4 ). — En particulier. [Le complément désigne une personne] (Quasi-)synonyme : séduire. Le mariage (...) cette manière de conquérir et de s'approprier une femme (HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 37 ). Elle redoublait de séduction, elle l'amollissait et le conquérait (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 382) : Ø 4. « L'homme qui aime une femme, qui s'efforce de la conquérir, qui l'obtient et qui la prend, contracte vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis d'elle un engagement sacré. » GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Étrennes, 1887, page 1071. — Absolument. Le succès flatteur est de conquérir, et non de conserver (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 138 ). La bouche grande, infiniment séduisante, faite (...) pour conquérir (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Yvette, 1884, page 489) : Ø 5. Aimer et posséder, conquérir et épuiser, voilà sa façon [à l'homme absurde] de connaître. (Il y a du sens dans ce mot favori de l'écriture qui appelle « connaître » l'acte d'amour.) ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 104. Remarque : La construction se conquérir quelque chose, quelqu'un rencontrée parfois dans les emplois précités ne peut guère être considérée comme une forme d'emploi pronominal, le pronom n'ayant dans ce cas qu'une fonction de complément indirect servant à ajouter une marque subjective. Il se mit à cueillir les feuilles de vigne (...) et se conquit par là le coeur du jardinier (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 36). II.— Emploi pronominal. A.— Emploi pronominal réfléchi. [Le sujet désigne une personne] (S'efforcer de) prendre possession de soi-même. Se conquérir, se conquérir sur quelque chose Tendu sur lui-même et décidé à se conquérir lui-même par la violence (ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, page 11 ). Je venais conquérir le monde et me conquérir moi-même (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 410 ). Il faut se conquérir sur les passions, sur la race, sur la classe, sur la nation (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 116) : Ø 6. L'immense effort de sa jeunesse pour prendre possession de soi, les luttes acharnées pour se conquérir sur les autres le simple droit de vivre, pour se conquérir sur les démons de sa race. Même après la victoire, l'obligation de veiller, sans trêve, sur sa conquête, afin de la défendre contre la victoire même. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1585. B.— Emploi pronominal passif. [Le sujet désigne une chose abstraite d'ordre moral ou intellectuel] (Pouvoir) être acquis au prix d'un effort. Les succès littéraires ne se conquièrent que dans la solitude et par d'obstinés travaux (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 110 ). Accéder à une vérité qui se conquiert de haute lutte (NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 63) : Ø 7. C'est un grand problème d'être soi. La probité se conquiert et se perd par d'obscures voies. Mais la volonté continue et appliquée de vivre dans la vérité suffit à assurer à quiconque en est capable une prodigieuse puissance. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", préface, 1948, page 17. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 183. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 490, b) 992; XXe. siècle : a) 2 155, b) 1 931. DÉRIVÉS : Conquéreur, substantif masculin. vieux littéraire. Personne qui conquiert. J'étais la toison d'or et (...) je partais à la recherche d'un conquéreur (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 982 ). Remarque : Selon DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) Supplément 1970, " mot repris pour éviter les connotations que comporte le mot normal conquérant triomphant ou prétentieux " et formé par analogie sans doute de acquéreur.

« textes (...) sollicit?s pour justifier toutes les entreprises conqu?rantes; par exemple, cette th?se selon laquelle la guerre est juste (JULIEN BENDA, La Trahison des clercs, 1927, page 139 ).

L'Europe reprend sa marche conqu?rante (JEAN-ALAIN LESOURD, CLAUDE G?RARD, Histoire ?conomique, XIXe.

et XXe.

si?cles, tome 1, 1968, page 221 ).

? Par analogie.

? [En parlant d'une personne civile, de son aspect physique, de son comportement, etc.] Ses bottes ?cul?es d'aventurier conqu?rant, d?barqu? ? Paris pour le soumettre (?MILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 46 ).

? cheval, la pique sur l'?paule (...) malgr? cet appareil conqu?rant, les yeux ouverts sur le vide (HENRI DE MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, page 670) : ? 2....

il reprit son r?ve caress? d'?tre un grand propri?taire, avec des troupeaux de b?tes sur lesquels il r?gnerait.

Mais, dans les Landes, son ambition grandissait; il devenait le roi conqu?rant d'une terre nouvelle; il avait un peuple.

(...) Il (...) combattait avec des machines puissantes l'empierrement du sol, arr?tait la marche des dunes par des plantations de pins, dotait la France d'un coin de fertilit? miraculeux. ?MILE ZOLA, Son Excellence Eug?ne Rougon, 1876, page 150.

? [En parlant d'?l?ments naturels] Sur les galets (...) les vagues conqu?rantes, effa?ant jusqu'aux traces des d?combres (?MILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 1112 ).

Sous le soleil conqu?rant (PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880, 1925, page 219 ).

Par plaisanterie.

Cet orgueilleux discours [sur le fronton d'un mod?le de caveau] , ce d?fi au ver conqu?rant (JULIEN GREEN, Journal, 1935, page 5) : ? 3.

Je r?solus d'?tablir un si?ge en r?gle devant la maison habit?e par cette infante.

Dans ce beau dessein, je sortis de chez moi apr?s avoir donn? ? mes cheveux un coup de brosse conqu?rant PROSPER M?RIM?E, Derni?res nouvelles, 1870, page 16.

B.? Par m?taphore, au figur?.

domaine des valeurs humain Qui conquiert, aime conqu?rir, qui gagne quelque chose, quelqu'un par un d?ploiement de qualit?s d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif.

1.

Domaine des valeurs sociales.

[En parlant d'une personne ou d'une collectivit?, de son comportement] Se r?sorber dans les rangs inf?rieurs, ou se plier ? la coutume conqu?rante (CHARLES MAURRAS, L'Avenir de. »

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