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Acquisition du langage

Publié le 29/04/2015

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Initialement, le bébé humain ne produit rien de linguistiquement significatif. Riche en potentialités d'écoute, il doit traverser une longue période de maturation, ex-utéro, avant de produire quelques vocalisations. Ce fait est lié à un aspect de sa structure. En effet, le conduit vocal des bébés ne permet pas de produire des sons articulés, car il ressemble à celui des primates non-humains, avec une position du larynx beaucoup plus haute que chez les adultes humains. Le larynx est donc un important outil pour la production des sons. Cette différence a des conséquences importantes pour toute la structure interne de la bouche : il y a beaucoup plus d'espace chez l'adulte et cette quantité d'espace permet à la langue de bouger librement. Ainsi, à la naissance, le bébé a une structure qui ressemble plus à la structure des primates non-humains. Le larynx commence à descendre à 4-6 mois, mais la maturation du système n'est complète qu'à 3 ans. Le larynx non descendu permet de respirer et d'avaler simultanément. La descente du larynx permet d'avoir plus d'espace pour l'articulation, mais en même temps il y a le danger d'étouffement. A la naissance, le bébé produit des cris et des sons végétatifs, plutôt des sons provenant du larynx et du voile du palais. De 4 à 6 mois, l'enfant produit des jeux vocaux universels, des quasi-consonnes [aw : a], [abwa], [am : am] et des pseudo-syllabes. A 6 mois on observe un changement soudain qui correspond au commencement brusque du babillage. L'enfant commence à produire des structures syllabiques qui ne sont associées à aucun sens, mais qui ressemblent à celles linguistiques. Le babillage est typiquement la production systématique de séquences de syllabes. Il peut être de 2 types : - babillage canonique (« reduplicated ») qui consiste dans la répétition de la même syllabe de type CV [babababa] ou - babillage diversifié/panaché (« variegated »), plus complexe, qui se rapproche des syllabes de la langue native et qui se caractérise par une alternance de segments consonantiques plutôt que réduplication [badada, badabada]. Ces 2 types de babillage peuvent apparaître simultanément. Le babillage commence souvent brusquement, et dans les premières années il semble se conformer à des règles universelles, non spécifiques aux langues : - les consonnes occlusives [p, b, t, d, k, g] et nasales [m, n, ng] sont plus fréquentes que les fricatives [f, v, s?] et les liquides [l, r,]. - les voyelles ouvertes [a, ae] sont plus fréquentes que les voyelles fermées [i, u]. - les syllabes de type CV sont plus fréquentes que les syllabes de type VCV. Ce babillage « universel » démarre automatiquement entre...
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« - les syllabes de type CV sont plus fréquentes que les syllabes de type VCV.

Ce babillage « universel » démarre automatiquement entre 6 et 8 mois, indépendamment du stimulus acoustique.

On observe cette phase dans une certaine mesure chez les enfants sourds qui ont eux aussi une phase de babillage universel. Assez rapidement après, entre 8 et 10 mois on constate une opération d’assimilation progressive aux propriétés du système phonologique de la langue à laquelle l’enfant est exposé.

Selon une étude menée par Boysson-Bardies, le babillage produit à 8 mois peut être discriminé en proportion de 70% par les locuteurs adultes du français, arabe et cantonais.

Sans doute, les locuteurs adultes sont sensibles aux propriétés prosodiques spécifiques à leur propre langue.

Cette phase parfois appelée « babillage conversationnel » a comme caractéristique le fait que l’enfant reproduit les modèles conversationnels typiques de la conversation adulte. Selon Boysson-Bardes et all (1991), à 10 mois, la fréquence des phonèmes dans le babillage correspond à la fréquence relative de la langue ambiante.

Ainsi, les labiales sont plus fréquentes en français qu’en anglais, les dentales sont plus fréquentes en japonais qu’en français.

L’étude de Boysson-Bardies (1999) montre que les structures syllabiques tendent à être CVCV en anglais et en français et VCV en yoruba.

Ainsi, à l’âge de 8-10 mois l’enfant montre des signes convergents d’acquisition du modèle sonore de la langue particulière dans la perception par l’oubli des contrastes phonétiques non sélectionnés par la langue cible et dans la production avec l’émergence des propriétés spécifiques de babillage.

L.

Petitto et ses collaborateurs (1991, 1995) ont étudié ce qui se passe chez les enfants qui se trouvent dans une communauté qui utilise la langue des signes.

Ils ont montré que les bébés sourds exposés à la langue des signes commencent à babiller manuellement autour du même âge (6 mois), avec les mêmes caractéristiques.

Comme le babillage vocal, ce type de babillage appelé babillage manuel (« manual babbling ») est identifié comme « linguistique ».

Ces auteurs affirment que l’enfant sourd produit en plus des gestes classifiés comme des formes de productions manuelles qui correspondent à des éléments d’articulation utilisés dans les langues des signes.

Ces gestes sont présents comme des syllabes orales avec des répétitions systématiques. La conclusion de Petitto est que la capacité du langage est amodale, elle n’est pas liée à une modalité d’externalisation spécifique, à un canal expressif.

Dès que l’accès auditif oral n’est pas disponible, on peut passer à un autre canal.

Les langues des signes sont des langues à part entière, elles ont toutes les caractéristiques des langues orales qui respectent toutes les principes de la grammaire universelle.. »

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