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La Famille. — Vie familiale et moralité. — Les problèmes juridiques qui concernent la Famille.

Publié le 12/11/2016

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La Famille. — Vie familiale et moralité. — Les problèmes juridiques qui concernent la Famille.

1. — ÉVOLUTION DE LA FAMILLE.

 

Sans nous arrêter à l’hypothèse de la horde (une sorte de « troupeau » humain indifférencié) il semble que la forme primitive de la famille soit le clan totémique, groupe d’individus qui se considèrent comme descendant tous d’un même totem (à la fois ancêtre, emblème, etc.) animal ou plante, dont ils portent le nom. Les membres du clan estiment qu’ils sont parents ; mais cette parenté n’est nullement fondée sur la consanguinité. L’exogamie est de règle dans les clans totémiques : c’est dans un autre clan que chacun est tenu d’aller chercher époux ou épouse. On a de sérieuses raisons d’admettre qu’à l’origine, c’est la femme, la mère qui transmettait la lignée totémique (système matronymique). Toutefois, il y eut évolution, çà et là. A la parenté maternelle se substitua un système de filiation agnatique fondé sur la descendance en ligne masculine.

 

C’est ainsi que le clan primitif, amorphe, se transforme en clan différencié, comprenant des familles proprement dites. La gens romaine, le génos grecque semblent bien n’avoir pas été autre chose, à l’origine. La gens, comme l’a montré Fustel de Coulanges, conserve le caractère fortement communautaire du clan. Mais elle n’est plus un clan totémique : l’ancêtre commun, à qui l’on rend un culte, est un ancêtre humain. A Rome, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de gens, le paterfamilias. Cette gens a un volume considérable puisqu’elle comprend, outre les parents, des « adoptés », des clients, des esclaves affranchis. Pour nous donner une idée de ce volume d’une gens, rappelons-nous que (Ve siècle av. J.-C.), la gens Fabia se chargea de combattre à elle seule les Véiens et mit 306 jeunes gens sous les armes, sans compter 4.000 clients...

 

La famille « germanique » ou famille « paternelle » conserve (époque antérieure aux invasions) beaucoup de traces de la communauté du clan ; mais la parenté y est déjà, comme chez nous, à la fois paternelle

soumise à des réglementations légales. Malgré tout, c’est ici l’idée de communauté qui prédomine. Parmi toutes les communautés, la famille apparaît comme l’une des plus naturelles et des plus essentielles pour la vie morale et pour la vie sociale. C’est aussi une « première société », une patrie, le lieu de la formation morale, intellectuelle et affective. Toutes les valeurs y sont esquissées, Le groupe, ici, prévaut sur l’individu ; et c’est un bien, sous la réserve que ne soit pas étouffée la vocation propre de la personne. Aujourd’hui, le « despotisme » familial a pratiquement disparu, alors que, sans remonter plusieurs siècles en arrière, il n’y a pas si longtemps que « l’esprit de famille ” avait quelque chose d’abusif qui explique les critiques que certains auteurs (de la génération d’André Gide) lui ont adressées. La famille, au milieu de notre siècle, n’est plus  un État dans l’État.

 

Elle reste seulement (cf. G. Gusdorf, lect., p. 248) «le lien d’engagement mutuel de l’homme et de la femme, le signe de leur responsabilité partagée à l’égard des enfants, et le cadre dans lequel ces derniers vivent les années qui préparent déjà, pour le meilleur et pour le pire, la destinée de chaque individu... ».

 

Si la famille représente la structure sociale essentielle à certains égards, il existe entre elle et la nation d’étroits rapports. Elle a un rôle qui dépasse les fins particulières des individus qui la composent. Réciproquement, la nation a un devoir d’assistance et d’appui. Quand il s’agit, par exemple, du problème de la natalité — question de vie ou de mort pour notre pays — pendant trop longtemps, à un moment où la France était minée par la dénatalité, l’action des pouvoirs publics ou de ligues privées se bornait trop souvent à des objurgations, à des appels, bref, à une sorte de « propagande » (affiches, brochures, etc.). On faisait savoir, jetant un cri d’alarme, que le nombre des naissances, à partir de 1890 environ, s’était montré inférieur au chiffre des décès. Hélas ! pour des raisons faciles à comprendre, le patriotisme n’est point à la base de la procréation. On fut donc mieux inspiré quand, depuis le 21 Juillet 1939 (décret appelé « Code de la famille ») et surtout depuis la Libération, on a pris des mesures effectives pour aider matériellement les familles à se constituer et à vivre. Une législation sociale et familiale a su se dégager des préoccupations purement « natalistes » pour procurer aux familles, dans un simple esprit de justice, une compensation à leurs charges. Ces mesures, extrêmement larges et sans cesse améliorées (dégrèvements fiscaux, exonérations diverses, allocations prénatales, allocations à la naissance, etc.) sont-elles la raison d’une amélioration constante dès 1945 ? C’est bien possible. L’augmentation brusque des naissances, cette année-là n’a pas été suivie d’une régression dans les années 1946-1954. Mais un problème grave s’est alors posé : la « crise » du logement, qui, si elle n’était rapidement conjurée, risquerait d’avoir de fâcheuses incidences sur la formation des familles et sur la natalité. On s’efforce d’y pourvoir.

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« FAMILLE.

-MORALITÉ 219 et matern elle.

Notre famille actuelle se rapproche beaucoup plus de la fam ille germanique que de la famille romaine.

Elle résulte, dit Durkhe im, «d'une contraction de la famille paternelle "· Ce qui est à retenir, c'est que la famille a sans cesse diminué de « volume "• pour aboutir au couple conjugal et à leurs enfants mineurs.

Les grands parents et les collatéraux n'y sont rattachés que par des liens d'affect ion.

II.

-VIE FAMILIALE ET MORALITÉ.

Si l'évolution de la famille se caractérise donc, en gros, par la dimi­ nution progressive (au moins dans nos pays) du nombre des individus qui la composent, elle présente en même temi's une spécifi cation croissante des fonctions qu'elle remplit, une spiritualisation accrue (un affinement des sentiments qui président aux unions).

Amour con jugal, amour paternel et maternel, dignité de la femme, tout cela est nettement plus sensible dans une famille contemporaine que dans les trop vastes groupements du temps passé.

La fami lle apparaît avant tout, de nos jours, comme « une association d'affection mutuelle " (Cuvillier).

Sans doute, la fami lle n'est pas h ..

� fin en soi.

Elle demeure subor­ donnée moralement et socialement à la communauté nationale.

Mais elle en est l'élément de base.

Celui qui fonde un foyer a charge d'âme.

Non seulement il doit faire vivTe les siens, mais encore il a un devoir de direction, d'aff ectueuse autorité.

Comme le disait Félix Pécaut, « ici, la nature vient en aide au devoir.

Si l'homme et la femme se sont associés, c'est que, déjà, ils s'a imaient ...

Ils aiment leurs enfants pour les avoir mis au monde ; et la vie commune resserre encore les liens du cœur ...

Dans la fami lle, l' individu peut savourer cette douceur incomparable de vivre avec ceux qu'il aime et d'aimer ceux avec qui il vit.

Seul, il est faible et désarmé.

Entouré d'une famille, il devient fort : fort de la joie de cette affec tion mutuelle qui survit à une carrière manquée, aux amitiés déçues, à la méchanceté des hommes, à la ruine de la santé • ...

L'amour des parents pour leurs enfants est, par essence, désintéressé.

Le but normal est de les mettre en état de fonder à leur tour, un foyer, de préparer l'avenir.

Quand cesse la période dite« de tutelle »,l'en fant a moins de devoirs d'obéi ssance ; il contra cte, en revanche ', si ses parents sont dans le dénuement, un devoir moral et même une obligation légale d'assistance à leur égard.

Nous nous rappelons que le sociologue allemand Tonnies opposait la communauté (Gemeinschaft) qui engage profondément la réalité humaine, à la société (Gesells chaft) réunion de personnes liées par contrat en vue de certaines fins commune s.

On peut voir dans l'insti­ tution familiale la fusion de ces deux principeS' : c'est une commu­ nauté fortement intégrée, en même temps que c'est une association. »

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