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LANDRU, Assassin

Publié le 01/01/2019

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Le 25 février 1922, vers 5 heures 30, l'administration pénitentiaire, en la personne du directeur de la prison Saint-Pierre à Versailles, remettait à Anatole Deibler, exécuteur en chef des arrêts criminels, Henri Désiré Landru que la cour d’assises de Seine-et-Oise avait déclaré coupable, le 1er décembre 1921, de l'assassinat de dix femmes et du fils de l’une d'elles, et condamné à la peine de mort. Quelques minutes après six heures, devant la prison, l’affaire Landru connaissait son épilogue judiciaire. Il reste une histoire, un mythe et, sans que le doute ait jamais été invoqué sérieusement en faveur de Landru, l'insatisfaction de ne pas tout savoir.

 

Singulièrement le cas Landru prend un tour bien particulier. Le côté grivois, galant, a depuis le début dominé la tragédie. Landru fascine plus qu’il n’effraie. Ses mots l’emportent sur ses actes. Le public en fait un «assassin rigolo». Cette singularité se perpétuera jusque dans les films qu’il inspirera. Le Monsieur Verdoux de Charlie Chaplin en 1946, le Landru de Claude Chabrol en 1962 n’ont ni l’un ni l’autre le ton du drame.

 

Respecté, admiré

 

Henri Désiré Landru est né le 12 avril 1869 à Paris. La famille bourgeoise fait assurer l’éducation de cet enfant par une école religieuse. On lui inculque les bons principes. Henri Désiré n'est ni rétif ni révolté. Docile, il donne toute satisfaction à ses parents comme

 

à ses maîtres, et sert la messe du dimanche avec la plus grande piété.

 

Le jeune Landru songe à être architecte ; il devient soldat et se marie en 1889 avec une cousine, Marie-Catherine Rémy. Il aura quatre enfants. Mari attentionné, père exemplaire, il est aimé des siens, respecté de ses voisins et même admiré.

 

Comment cet homme vertueux va-t-il se découvrir des dons d'escroc? Ses supercheries sont ingénieuses, montées de façon quasi maladive. La réussite de l'une pousse à entreprendre la suivante. En 1904, Landru est condamné à deux ans de prison, en 1906 à trois ans, encore à trois ans en 1910 et à quatre ans en 1914. Voilà qui le rend relégable. Il fuit, prend de multiples identités. Un jour il est M. Guillet, un autre M. Fremyet. Il s'appellera encore Diard, Nantais, plus banalement Petit et Dupont, plus aristocratiquement Forest de Bergicux.

 

La police l'aurait vraisemblablement assez vite retrouvé si n'avait éclaté la Grande Guerre. Du 2 août 1914 au 11 novembre 1918, la France vit autrement. L'effort militaire prime tout. Les hommes, y compris les policiers, sont au front. La sollicitude va aux «poilus». Elle va aussi aux veuves, de jour en jour plus nombreuses.

 

Veuves consolables

 

Henri Désiré Landru se coule dans cette vie de l'arrière. Il a passé l’âge d’être mobilisable. Il comprend très vite le parti à tirer de ces événements. S’il y a des veuves éplorées, il y en a aussi de consolables. Aux approches de la cinquantaine, Henri Désiré sait qu’il peut plaire encore. Sa calvitie ne rebute pas; sa barbe, d’un blond roux, est à la mode. 11 compense la petitesse de sa taille par un maintien roide et une belle prestance. Il sait charmer, tourner des phrases. Il sait aussi embellir la réalité, faire comprendre d’un mot qu’il a des relations, que des gens en place lui demandent conseil.

 

Dès 1914 à 1918, il passe dans les journaux annonces sur annonces. Il cherche l'«âme sœur» : «Monsieur sérieux désire épouser veuve ou femme incomprise entre trente-cinq et quarante-cinq ans.» Les réponses affluent. L’acte d’accusation dira plus tard que Landru «a entretenu des relations avec 283 femmes» et le public des assises sera soulevé d’un gros rire. Landru, lui, fera le modeste : «J’ai cinquante ans, monsieur le Président...»

 

Si les annonces ne promettent rien et se veulent plutôt du genre «une chaumière et un cœur», Henri Désiré sait fort bien s'informer dès la première rencontre. En parlant, il fait parler. C’est une vertu essentielle dans l'exercice de l’escroquerie. À chacune de ses élues, il conte sa vie, l'enjolive avec modération. Le voilà une fois inspecteur des postes, puis industriel, ou encore attaché de consulat. Il excelle dans la galanterie, l’art de complimenter pour une toilette, de proposer un thé ou un chocolat.

« LANDRU.

ASSASSIN RIGOLO.

Au banc des accusés, Landru ne perd pas son sens de la rép:ique.

©Jean-Loup Charmer LANDRU.

ASSASSIN RIGOLO.

Fernande Segre/, qui a échappé à Landru, déclare: • C'étaiT l'être le plus prévenant qui soit ...

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© Harli ngu e - Viol/et UNE MAISON À GAMBAIS Georgett. »

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