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Le cannabis : un débat qui rebondit

Publié le 05/12/2018

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En février 1995, une commission nommée par Simone Veil, alors ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, présidée par le professeur Roger Henrion, se prononçait elle aussi, à une voix de majorité, en faveur d’une suppression expérimentale des peines de prison pour les fumeurs de cannabis. Enfin, en décembre 1997, les professionnels réunis lors des Rencontres nationales sur l’abus des drogues et les toxicomanies par le secrétariat d’État à la santé réclamaient à l’unanimité la dépénalisation du cannabis.

 

La France fait partie des derniers pays du continent européen, avec le Portugal et le Luxembourg, à incriminer cet usage. En Espagne et en Italie, les fumeurs de cannabis s’exposent à des sanctions administratives (contraventions). Aux Pays-Bas, où le cannabis est en vente libre dans les fameux coffee-shops, l’usage est toléré mais la détention pour usage personnel reste passible de sanctions pénales. En Grande-Bretagne et en Irlande, la simple consommation de drogues n’est pas incriminée, sauf celle de l’opium. En Allemagne, une décision de la Cour constitutionnelle a entraîné, en 1994, une dépénalisation de fait de l’usage de cannabis et, en 1998, en Belgique, une circulaire du ministère de la Justice a demandé aux parquets de considérer la consommation de cannabis comme «la plus basse des priorités judiciaires ».

Cinq millions de Français ont au moins une fois dans leur vie goûté au Cannabis sativa et à ses dérivés (marijuana, haschisch, huile) et un million en fument régulièrement, selon la Sofres. On connaît aujourd’hui de mieux en mieux le profil des amateurs de cannabis : 61 % des fumeurs réguliers ont moins de 25 ans, 41 % sont étudiants ou lycéens, 36 % travaillent et 19 % sont à la recherche d’un emploi. 37 % des adeptes du haschisch et de la marijuana vivent dans des villes de plus de 100000 habitants et 20 % dans des villes de moins de 2 000 habitants.

DES VERTUS SANITAIRES À L'ÉTUDE

 

Le cannabis fera-t-il demain partie de la pharmacopée officielle? Plusieurs initiatives européennes récentes vont en ce sens. En mai, le ministère néerlandais de la Santé a donné son feu vert au lancement d’une expérience visant à évaluer les propriétés analgésiques de cette substance dans la prise en charge des malades du sida et de certaines affections cancéreuses. La compagnie néerlandaise Welda, spécialisée dans les médicaments homéopathiques, a été autorisée à produire les 10 kilogrammes de cannabis qui serviront à fabriquer 180000 capsules ; celles-ci seront distribuées à plusieurs hôpitaux, qui compareront leurs effets à ceux des antalgiques chimiques.

 

La Grande-Bretagne vient d’autoriser elle aussi la première exploitation officielle de cannabis à des fins médicales. La drogue va être cultivée dans une serre géante située dans un endroit tenu secret, et elle sera délivrée par inhalation à un groupe de 25 patients britanniques atteints de maladies graves, comme la sclérose en plaques. L’expérimentation, menée par la compagnie GW Pharmaceuticals, doit débuter en 1999. Aux États-Unis, le «cannabis médical » a été autorisé dans 28 États.

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