Devoir de Philosophie

Les danses folkloriques en France

Publié le 20/08/2013

Extrait du document

 

Les danses en chaîne en milieu paysan disposent pour la plupart d'un stade antérieur à celui qui nous est parvenu. On sait par exemple que maintes danses en cortège de couples ouverts, comme la gavotte bigoudène de Cornouaille sud, la gavotte littorale du bas Léon ou le kas abarh vannetais, étaient jadis dansées en ronde, ouverte ou fermée. Certaines quadrettes ou chaînes courtes, comme la gavotte de l'Aven ou le rondeau de la Grande Lande en Gascogne, étaient auparavant dansées en chaînes longues.

« • En Bretagne, par exemple , la gavotte d'honneur , dansée ~ la sortie de la messe , est conduite par les mariés , suiv is par les parrain et marraine , les parents , les frères et les sœurs, les oncles et les tantes , dans l 'ordre de la parenté .

• La cohésion de la ronde était renforcée du fait que les danseurs se tenaient bras dessus , bras dessous .

Cette formation resserrée soudait la chaine tout en interdisant toute individualisation des danseurs.

Les temps étaient souvent marqués par les pas des danseurs qui faisaient claquer sabots ou galoches sur les planchers de bois .

• L'individualisation va entraîner d"lmportantes modifications gestuelles .

Si les enchaînements de pas restent généralement simples -suite de pas chassés~ droite ou ~ gauche - , ils s'agrémentent bientôt de fioritures .

Sauts ou sursauts marquent les temps forts : appuis retenus pour la bourrée , sauts jambe levée pour la gigue ou sursauts pour le rondeau .

Outre les sauts, les postures du corps soulignent les rythmes : mouvements chaloupés du buste des danseurs de rondeau ou mouvements des bras qui sont une des caractéristiques de la bourrée ainsi que de différentes chaînes bretonnes .

• En devenant moins communautaire , la danse n'en reste pas moins sociale, mais cette sociabilité nouvelle remplace les dispositifs anciens par des agencements nouveaux.

On voit par exemple des chaînes moyennes se disposer les unes par rapport aux autres en cherchant de nouvelles façons d 'occuper l'espace .

Elles se prolongent les unes les autres, en souvenir de la chaine longue, ou bien elles évoluent parallèlemen~ dans le même sens ou ~ contresens, ou encore elles se disposent en rayon de roue de charrette , les meneurs étant ~ l'extérieur, les derniers danseurs de chaque chaine se retrouvant au centre du dispositif et dansant pratiquement sur place .

••• ET AU COU PU OUYliT • Enfin, l'évolut ion de la chaine se prolonge jusqu'au couple , celui-ci devant inventer une nouvelle cohabitation dans l'occupation de l 'espace .

• Le couple issu de la chaine est un ~~Le danseur a sa partenaire à sa droite et celle-ci lui donne sa main gauche.

De nouveaux agencements des partenaires naissent : cOte ~ cOte, en miroir, en cortège, en appui circulaire , avec tours de partenaire, détours et retournements divers .

• Ces dispositifs qui s'appliquent~ des couples ouverts ou~ la juxtaposition de couples affrontés ouvrent la porte ~ la nouvelle expérience de la danse à figures telle qu'elle ressort de la contredlanse, qui est facilitée par l'évolution de la chaine courte en quadrette .

• La contredanse -de country dance ou • danse de campagne • -est importée d'Angleterre à la fin du XVII' siècle .

Elle s"lmpose à la cour de France au siècle suivant grace au maitre ~ danser anglais Isaac et au danseur André Lorin .

Elle se diffuse ensuite dans la bourgeoisie de province puis , au début du XIX' siècle, dans les campagnes, du Nord ~ la Provence en passant par la Bretagne, le Béarn et le Pays basque, s'adaptant ~ chaque fois à la région .

• Cette danse ~ deux ou quatre couples fait reculer les danses en rond ou entraîne leur modification.

Vers 1900 , les formes issues de la contredanse ont remplacé une grande partie des chaînes au point d'être considérées comme des formes originaires des pays où on les exécute .

• La pratique de la contredanse s 'organise pour donner le quadrille français, avec un ordre de figures précisément réglé : pantalon, été, poule , pastourelle, plus une cinquième danse variable.

• La contredanse française, ou danse en vis-~-vis, influence en retour les set dances d 'Irlande et les square dances américains .

DkUN ET SAUVlCAIIDE DE LA DANSE TUDmONNELlf •l'évolution de la danse de tradition se clOt avec l'apparition au milieu du XIX' siècle de la danse en couple fermé , ~ 11mage des danses venues de l'étranger , valse, polka et mazurka .

La danse en couple fermé contribue au déclin irréversible de la danse communautaire.

• Les milieux traditionnels français , dont l 'ultime réalité historique est incarnée par la paysannerie , se réduisent fortement lors de l'avènement de la révolution industrielle.

Toutefois, ils ne disparaissent pas d 'un coup ni partout au même rythme.

• La danse subit un processus qui l'enléve ~ la vie courante pour en faire une activité de bal, conformément~ ce qu'elle représente dans la société citadine, et pour substituer aux danses locales les répertoires de la mode parisienne .

C'est ainsi que la pratique traditionnelle de la danse se raréfie puis disparaît dans les campagnes mêmes .

Quand elle subsiste , le plus souvent dans la fraction la plus agée de la population , cette pratique change de raison d 'être : en cessant d'être universelle , elle ne se nourrit plus de l'habitude de vie, mais du souvenir .

• Cette raréfaction de la danse est générale , mais inégale selon les régions .

Si l'Alsace ne conserve pratiquement aucune trace des répertoires de danse traditionnelle orig inaux , ce n'est pas le cas d'autres régions où la tradition demeure beaucoup plus vivace.

• En Bretagne , 11solement et le cloisonnemen~ ~ la fois géographiques et linguistiques , de la population bretonne sur une longue durée , ainsi que la faible différenciation des catégories sociales sont des facteurs qui expliquent la longévité dans cette région de types de danse qui comptent parmi les plus anciens de France .

• En Provence , au milieu du XIX' siècle , de jeunes auteurs réunis dans le félibrige, une association littéraire créée en 1854 par Frédéric Mistral , déplorant la dégradation et la disparition des traditions culturelles des pays d'Oc, se proposent de rendre ~ ceux -ci leur identité perdue .

La rénovation des fêtes et des danses est l'un des outils de cette renaissance, avec l'apprentissage de la langue et le renouveau de la littérature .

La Provence va connaître ainsi, plus tôt que d'autres régions, l'action du revivalisme .

• Au XIX' siècle toujours, la migration vers Paris des populations du centre de la France -souvent regroupées sous le même vocable d'• Auvergnats • -, qui viennent occuper des emplois dans le commerce et la brasserie, concourt~ faire renaître les traditions culturelles embellies par l'exil.

Les Auvergnats se rassemblent dans de nouveaux établissements , cafés et bals·musettes, et dans des amicales qui fonctionnent comme des conservatoires des danses du Cantal , du Rouergue ...

LES PRINCIPALES DANSES • La boume est une danse populaire originaire d 'Auvergne et qui a été introduite ~ la cour de France par Marguerite de Valois~ la fin du XVI' siècle .

• La bourrée auvergnate se danse en groupe, le plus souvent à quatre -deux couples, formant une quadrette - et parfois à trois ou six danseurs, voire plus .

La disposition des danseurs les uns par rapport aux autres varie en fonction de leur nombre et de la chorégraphie.

Ils peuvent se disposer en une ligne , en deux lignes vis-~-vis ou côte-~·côte , en quatre lignes ...

• La musique qui accompagne la bourrée est souvent jouée ~ l'accordéon ou à la cabrette et parfois accompagnée de paroles .

Elle est ternaire pour les bourrées « montagnardes • de basse Auvergne, et binaire pour les bourrées pratiquées en haute Auvergne et en Bourbonnais .

LEIIANLf • Cette danse au rythme binaire ou ternaire s'exécute en ronde ou en chaine en « branlant » -en oscillant - d ' un pied sur l'autre .

Elle s'est pratiquée du X lii ' au XVIII' siècle.

• Le branle doit son succès au fait que le pas est simple, ce qui lui permet de revêtir plusieurs formes -simple , double -selon les époques, les régions et les milieux où elle se pratique : branles de Bourgogne et de Champagne , branle de Poitou - d 'où découle le menue~ danse de la cour de Louis XIV- , branle ou trihory de Bretagne, branle du haut Barrois , maraîchine bretonne.

LA CONTIIEDANSE • Cette danse d'origine anglaise , à deux temps ou à 6/8 et de mouvement rapide, pénètre en France , comme forme musicale, sous le nom d'• anglaise» .

Son succès est tel qu'on l'Introduit dans tous les ballets et divertissements, notamment dans les Fétes de Polymnie (1745) de Jean-Philippe Rameau.

• Elle est pratiquée soit en cercle , soit de Iron~ les danseurs divisés en couples se faisant face.

Ceux-ci exécutent par moitié des pas et des figures que leurs vis-à -vis répètent aussitôt.

LAFAIAIIDOLf • Cette danse populaire en chaine ouverte itinérante est originaire de Provence et du Languedoc.

Elle se pratique sur une musique allegro~ 6/8 .

• Les danseurs et les danseuses se donnent la main et la longue chaine qu11s forment s'avance en serpentant ~ travers la ville ou la campagne , grossissant de ceux qu'elle rencontre .

Chacun danse en cadence , exécute diverses figures, qui consistent ~ marquer chaque temps par des sautillements, ~ former le cercle ou la spirale, ~ passer sous les bras de plusieurs danseurs ...

C'est la danse la plus populaire de la Basse et de la Haute Provence, depuis le Comtat Venaissin jusqu 'au pays niçois.

• Originaire de la région de Gap et du haut Dauphiné , la fJfWOtfe est une danse en chaine ouverte, ~ rythme binaire , du même type que le branle .

Elle se diffuse dans diverses régions de France , et jusqu'en Bretagne, au cours de la seconde moitié du XVI' siècle, avant de s'imposer ~ la cour sous forme de danse de couple.

• Danse vive, la gavotte est souvent conduite par le couple composé du meneur et de la meneuse qui s 'embrassent et embrassent aussi les autres participants .

LE PASSEPIED • Cette danse ternaire de rythme 3 /8 est d 'origine bretonne ou auvergnate.

Les danseurs croisent et entrecroisent rapidement leurs pieds en glissant.

C'est ~ l'origine une ronde paysanne adaptée ~ un rythme plus rapide .

Elle se danse ~ la cour ~ la fin du XVI' siècle , devenant alors une sorte de menuet léger et rapide.

LliiEVIVAUSIIE • La conscience de la disparition des pratiques traditionnelles a suscité au xx.

siècle des démarches de réactiYalion et de recherche .

les danses populaires étaient transmises de génération en génération ; elles n'étaient ni consignées par éait ni enseignées.

mais apprises spontanément par les enfants ; les pas, les figures et les enchalnements étaient assez simples pour être interprétés sans un long apprentissage .

Du fait de la cessation de leur pratique et de leur transmission, nombre de leurs caractéristiques se sont perdues.

• Ces démarches de réactivation et de recherche ont eu en commun d'émaner de lolklorisœs ou de chercheoo décidés à remettre à l'honneur le chant et la danse de leurs terroirs, convne, en Bretagne, Loeiz Ropars (1921 -2007) , un enseignant passionné de cuhure bretonne , qu'~ valorise dans les restou­ naz (fêtes de nuit) à partir de 1954.

• Le revivalisme est une démarche de récupéralion des danses tradilionneles par d'autres catégories sociales que celles qui l'ont élaborées .

Il a pour LE IIGODON (OU IIGIIUDON) • Cette danse vive et très stylisée au rythme à deux temps , vif et gai, se pratique dans le Dauphiné, les Cévennes, la Provence et le Languedoc.

Elle est introduite à la cour au XVII' siècle par monsieur Rigaud, un maitre ~ danser marseillais , qui lui donne son nom .

LE IONDEIIU • Le rondeau est une danse de Gascogne qui présente plusieurs formes .

Dans les Landes , les danseurs forment des chaînes de quatre ou cinq danseurs.

Dans le sud de la Gironde, le nord des Landes et le nord-ouest du département de Lot­ et-Garonne, les danseurs dansent en couple dans un style glissé et chaloupé .

Dans le Gers , le rondeau se danse à deux et son style est plus vif que dans le nord .

En Lomagne se danse une forme intermédiaire entre la forme landaise- pour le nombre de danseurs­ et la forme gersoise -pour le pas.

LA SMDANE • La sardane est une danse catalane pour laquelle les danseurs qui forment une ronde en se tenant par la main alternent pas courts et pas longs , accompagnés par un ensemble instrumental appelé « cobla ».

• Elle trouve son origine dans le « contrapas • pratiqué dès le XVI' siècle dans la région .

LE SAUT • Cette danse est pratiquée dans le Sud· Ouest- saut du Marension , saut de Marsan, saut de Sacules - , notamment dans le Labourd, la basse Navarre, la Soule et le Béarn.

• Le saut se rattache à la famille des branles coupés, agencés en suites de plusieurs danses .

Dans la tradition, ils sont dansés par les hommes.

Cette danse ne consiste pas ~ sauter , mais ~ exécuter une série de pas répertoriés, dans un ordre convenu , sur un rythme enlevé .

Les danseurs sont disposés en cercle, sans se donner les mains .

C'est par leur regard , tourné vers le centre de la ronde, que se fait l'unité de la danse .

caractéristique d'attirer un public de pratiquants.

conscient de la valeur de son patrimoine, pour lesquels la danse traditionnelle est une discipline de loisir .

• Dans le revivalisme , la danse est tributa ire du travail des cherdleurs, donc à la merci de leurs nouvelles découvertes conœmant la codificalion des gestes.

des pas et des figlns, et reconstituée par rwnaginalion.

plus ou moins fidèle à un original qui a disparu des mémoires, selon ridée que l'on se lait de la tradition .

• Le principal avatar de revivalisme est le groupe folklorique.

Le premier qui fut fondé en France est.

en 1888 à Paris, les Gas du Berry .

• les groupes folkloriques connaissent un grand essor dans l'entre-deux­ guerres .

La société traditionnelle avait transporté la danse de la lenne au bal ; les groupes folkloriques l'ont fait passer de la vie à la scène.

C'est pourquoi on a pu dire que l'activité de ces groupes n 'aboutissait pas à un sursaut des cultures paysannes.

mais plutOt à une célébration posthume.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles