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L'ETHNOLOGIE

Publié le 09/02/2019

Extrait du document

Systèmes symboliques

 

Dans les sociétés sans écriture, les conceptions caractéristiques des individus et les catégories (qui leur servent à classer les choses, les êtres et les phénomènes) leur sont transmises par les mythes, les rites et les croyances collectives. Toute l’expérience de la communauté y est encodée au moyen de symboles qui, à la façon des phonèmes de la langue, forment des oppositions distinctives (eau-feu, haut-bas, mâle-femelle, etc.). Ces oppositions, qui appartiennent à divers registres (cosmologique, technique, culinaire, sexuel, etc.), sont, selon Lévi-Strauss, le matériau élémentaire de la « pensée sauvage », qui n’est ni la pensée des «sauvages» ni même une forme primitive de pensée, mais un trait universel de l’esprit humain (particulièrement présent dans le mythe), qui tend à organiser le monde sous la forme d’oppositions significatives. Dans les sociétés sans écriture, le mythe est considéré par Lévi-Strauss comme un moyen de «surmonter l’antinomie du temps historique et de la permanence des structures» en rassemblant les événements mémorisés dans une totalité signifiante et intemporelle. Ainsi, dans ces sociétés qu’il qualifie de «froides», par opposition aux sociétés «chaudes» où l’histoire est cumulative, le passé n’est jamais éloigné du présent.

 

Les rites

 

Dans leur plus petit commun dénominateur, les rites sont des pratiques destinées à marquer sym-

Cérémonie vaudou au Bénin, à Abomey, l’ancienne capitale du Dahomey. Cet animisme a été importé d’Afrique dans les Antilles par les esclaves noirs. Les rites de passage et leurs corollaires de transes et de sacrifices, ont un caractère sexuel très marqué.

▼ Indiens de Noa, habitant dans le nord-ouest de l’Argentine, lors du festival de Humahuaca.

 

Il ne reste environ que 50000 Indiens de souche en Argentine.

 

L ’ethnomusicologie s’est beaucoup développée grâce aux techniques modernes d’enregistrement et permet de conserver certaines musiques traditionnelles qui ne sont généralement pas fixées par une notation.

Hémisphères/Pawel Wysocki

boliquement un événement et à le relever de l’ordinaire de l’existence. Dans toutes les sociétés, on effectue des rites, et pas seulement des rites religieux. Le cycle de la vie, avec ses étapes marquantes (naissance, puberté, mariage, mort) est, partout, l’occasion de pratiques rituelles, le plus souvent routinisées. Dans certaines sociétés

 

cependant, en particulier dans les sociétés sans écriture, les rites assument des fonctions sociales fortes. La première de ces fonctions est l’initiation, c’est-à-dire le passage, pour un individu, d’un statut social à un autre. On ne devient membre à part entière de certaines sociétés que passé un âge déterminé et en vertu d’une opération rituelle, qui ne marque pas seulement une transition d’état, mais réalise une transformation complète et irréversible de l’individu. On ne devient «homme» ou «femme» chez les Bantous ou «chaman» chez les Inuits, qu’en vertu d’une initiation où le corps et l’esprit sont sommés de quitter leur ancienne forme pour s’ouvrir à une vie nouvelle.

 

Une autre fonction sociale des rites, plus commune à ce qui se pratique dans les sociétés dites «civilisées», est le maintien de la cohésion du groupe par le rappel cérémoniel de valeurs et de représentations identitaires. Ainsi, célébrer régulièrement les ancêtres est un moyen de renforcer l’identité lignagère. Les rites funéraires assument souvent cette fonction: le rite est sensé non seulement assurer au mort une destination convenable dans l’autre monde, mais également récupérer, pour les bons soins du groupe, les quelques vertus qui lui était reconnues de son vivant.

 

L’ethnologie aujourd’hui

 

Longtemps focalisé sur les sociétés sans écriture, le regard ethnologique se porte désormais sur l’ensemble des sociétés présentes et passées, y compris sur la société occidentale - ce qui amène parfois l’ethnologie à se confondre avec la sociologie ou l’histoire. L’extension de l’enquête ethnologique à tous les domaines de la vie a abouti à la création de champs spécialisés à l’intérieur de la discipline. Ainsi, il existe désormais une anthropologie religieuse, économique ou politique ; une ethnoscience chargée d’étudier les cultures techniques ; une ethnomusicologie,

« L'ethnologie s'être figée.

La comparaison de ces sociétés à des organismes vivants, où chaque élément participe au maintien d'un état d'équilibre, s'imposait alors largement comme principe d'intelligibilité: der­ rière chaque institution, chaque mode de rela­ tion sociale, chaque coutume, les ethnologues s'attachaient à découvrir une logique interne sus­ ceptible d'assurer le maintien de la société et sa perpétuation.

Avec un tel paradigme, l'extrême diversité, mais également l'étrangeté des solu­ tions de vie auxquels se confrontaient les ethno­ logues trouvaient une grille de lecture universelle à la portée des moins imaginatifs d'entre eux.

Le travail de terrain évoluait dans un horizon qui semblait sans limite.

Le modèle fonctionnaliste montra ses limites lorsque fut abordée l'étude des sociétés en crise ou en transformation, du fait de leur inclusion forcée dans le système mondial.

Dès les années 1940 cependant, des ethno­ logues avaient tenté de dépasser l'idée que toute institution s'expliquait par sa par ticipation à l'équilibre et à la reproduction de la société.

Edward Evans-Pritchard (1902-1973) avait essayé, en particul ier, d'élaborer un "fonctionnalisme structural», où le rôle d'un élément comptait moins que sa position par rapport à un autre qui, selon les circonstances, pouvait lui être substitué.

L'a pport de Claude Lévi-Strauss De ce qui n'était encore, chez Evans-Pritchard, qu'une intuition, Claude Lévi-Strauss (né en 1908) en fit la matière d'une théorie générale, qui bouleversa l'approche de l'ethnologie .

Rejetant le présupposé fonctionnaliste, il com­ mença par établir une distinction entre la struc­ ture et l'organisation sociale; celle-ci, selon lui, étant la manifestation de celle-là, au même titre que, pour le linguiste, la parole est la manifesta­ tion du langage.

Or, selon Lévi-Strauss, ce qui doit compter aux yeux de l'ethnologue est préci­ sément ce qui compte aux yeux du linguiste: non pas les phénomènes apparents mais le code qui permet de les produire.

Femme préparant le couscous.

Ce plat ......

traditionnel d'Afrique du Nord à base de semoule de blé dur cuite à la vapeur, est servie avec de la viande bouillie et des légumes.

L'étude des modes alimentaires et de ses implications sociales, comme dans Le cru et le cuit (1964) de Claude Lévi-Strauss, fait partie de l'ethnologie.

En réalisant le projet de décrire les systèmes de parenté comme des systèmes de symboles régis par un code et des oppositions fonctionnelles, Lévi-Strauss lança l'" anthropologie structurale».

L'analyse des mythes, puis des codes alimentaires furent les plus pertinentes et les plus abouties de ce nouveau courant qui domina le champ intel­ lectuel de l'ethnologie jusque dans les années 1980.

La généralisation de l'analyse structurale à d'autres institutions que la parenté ou le mythe trouva ses limites lorsqu'il fut question d'y sou­ mettre les systèmes économiques, politiques ou juridiques, dont les manifestations concrètes obéissent plus à des logiques matérielles et histo­ riques qu'à une logique "classificatoire» univer­ selle utilisant les propriétés du langage pour encoder la réalité sociale.

Systèmes de parenté et structures sociales Dans Les structures élémentaires de la parenté (1949), Lévi-Strauss montre que la prohibition de l'inceste, commune à toute l'humanité, est au fon­ dement des structures sociales.

Cette prohibition, ......

Cette gravure du xv1r siècle montre l'équipage d'un vaisseau français faisant alliance avec des Esquimaux sur la banquise.

Les grandes explorations et les contacts avec des populations inconnues des Occidentaux sont à l'origine de l'ethnographie, mais ce n'est qu'au xv11r siècle que ces recherches ont pris une dimension théorique et scientifique.

qui prend des formes variables selon les sociétés - depuis l'interdit du mariage au sein de la famille jusqu'à son extension au village, voire au clan - implique, en effet, une codification juridique des liens biologiques et une circulation des individus (en particulier des femmes) hors de leur famille d'origine.

Cette circulation contribue, en retour, à former un tissu complexe de rapports sociaux - faits de droits et de devoirs -entre individus issus d'une même lignée (ou alliés par le mariage) à une ou plusieurs autres lignées.

Dans les sociétés où les relations de parenté forment l'assise même des structures sociales, les individus appartiennent à un "lignage» dont les membres se réclament du même ancêtre.

Lorsque l'ancêtre de référence appartient au groupe du père, on dit qu'il y a "patrilignage »; lorsqu'il appartient au groupe de la mère, on dit qu'il y a "matrilignage ».

Les filiations patri-et matrilinéaires sont dites "unilinéaires», parce qu'elles ne se réfèrent qu'à une des deux branches ascendantes.

C'est le cas le plus fré­ quent dans les sociétés dites "traditionnelles», "archaïques» ou "primitives».

Bien que sensiblement différentes, les struc­ tures des sociétés patri-et matrilinéaires impli­ quent une répartition des individus et des maison­ nées selon des codes stricts.

Ainsi, chez les Nyars (matrilinéaires), les maris vivent avec leurs frères et les enfants de leurs sœurs et n'ont qu'un droit de visite auprès de leurs femmes.

Chez les Tallensi (patrilinéaires), la topographie du village reflète très précisément la structure lignagère: les frères et les fils des frères sont voisins immédiats.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, chez les Trobriandais (matrilinéaires), tous les hommes d'un même lignage vivent ensemble, séparés de leurs enfants qui, eux, appartiennent au lignage maternel.

Dans certaines sociétés les deux types de lignages coexistent, chacun ayant ses propres. »

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