L'etre et le devenir
Publié le 08/12/2013
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«
populaires, ne peut entrer dans l'abstraction du Bien, de l'Être et de l'Un, dont
l'intelligence procède, mais qui n'est pas l'intelligence.
Quel est maintenant le
système qu'Aristote a construit pour remplacer celui de Platon et satisfaire à la
causalité, principe qui domine tout quand il s'agit d'expliquer le monde?c
Aristote appelle causes quatre principes différents, dont deux seulement se
rapportent d'une manière directe au changement, la cause efficiente et la cause
finale.
Contentons-nous de désigner sommairement les deux autres, qui ont fourni
longtemps d'utiles généralisations des lois des phénomènes, mais dont la fondation
des sciences naturelles et physiques a retiré tout intérêt pour la philosophie
moderne.
Ce sont la cause matérielle et la cause formelle: la première représentait
le concept de substance, mais avec une sorte d'abstraction, comme ce qui est
virtuellement propre à revêtir toutes les formes, mais, de soi, n'en affecte
aucune; tandis que la seconde, soutenant avec l'autre un rapport pareil à celui que
l'acte soutient avec la puissance, réunissait sous un commun concept toutes les
formes ou qualités que la matière peut prendre en ses changements.f
Partant de sa critique de la théorie platonicienne des Idées et de la théorie
pythagoricienne des nombres, très florissante dans l'école de Platon et à laquelle
il reprochait un semblable abus des abstractions réalisées, Aristote prenait les
réalités dans le monde de l'expérience et chez les individus, êtres véritables,
dont les Idées n'expriment que des propriétés plus ou moins générales, des genres à
différents degrés, mais inséparables, sans existence propre, ou des relations qui
ne sauraient non plus exister sans leurs sujets.
Les causes efficientes devant être
considérées, comme les individus eux-mêmes, dans la nature où elles se produisent,
le philosophe remontait de causes en causes, comme de parents à parents, et de
même, dans les autres phénomènes, de mouvements à mouvements, selon qu'on en
observe les effets, et ne voyait pas de terme à cette régression.
Il posait donc le
monde éternel, ainsi que Démocrite, mais ici on doit faire une distinction
importante sur la manière d'entendre ce procès à l'infini des phénomènes.
Seule
elle jette un jour très nécessaire sur la doctrine originale d'Aristote
relativement à la cause suprême.r
Les philosophes qui admettent le procès à l'infini dans la régression sont presque
toujours ceux qui entendent par là non seulement rejeter toute idée d'un
commencement absolu des phénomènes, mais aussi d'une cause première de laquelle ils
dépendraient tous.
C'est le cas des purs atomistes et des auteurs de systèmes dits
de la Nature.
Mais Aristote qui imite ces derniers en admettant, l'éternité du
changement, et qui tombe par là, sans s'en apercevoir, dans la contradiction du
nombre infini réalisé: à savoir le nombre des phénomènes actuellement écoulés,
Aristote veut qu'en même temps qu'ils se produisent éternellement, les phénomènes
soient éternellement rattachés à une cause suprême immuable, indéfectible.
Il
n'admet pas le procès à l'infini qui supprime cette cause.
C'est celui-là qu'il
combat.c
De là viennent les principes théistes par lesquels il s'oppose aussi énergiquement
que Platon lui-même, et plus sûrement, parce qu'il n'admet point d'antique chaos
qu'un dieu fictif ait eu à débrouiller, aux systèmes évolutionistes qui font
procéder le monde du moins au plus, de l'inférieur au supérieur.
Il affirme que le
meilleur est le premier, que l'acte précède la puissance, et que l'être accompli
est antérieur à sa semence.
Toutefois cette doctrine n'empêche point Aristote
d'admettre un progrès de la nature.
Il personnifie la nature, en un sens, non comme
douée de volonté, mais comme mue par le désir, vers une fin qui est le meilleur.
Elle réalise cette fin autant qu'elle est possible, ou qu'il n'existe pas de
nécessité contraire, c'est-à-dire de manière inévitable d'être ou de devenir des
choses ; et non point sans accident non plus, car la nature, ainsi que l'art,
manque parfois son but, mais de mieux en mieux, pour réaliser un ordre croissant,
selon des règles fixes, ou remédier aux déchets et aux déviations.
C'est, on le
voit, la conception d'un monde régi par des lois, mais dans lequel le philosophe.
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