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1. L'ÉDUCATION, ACQUISITION DE LA VALEUR [L'ÉTRANGER D'ATHÈNES] Je vais dire quelle nature

Publié le 22/10/2012

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1. L'ÉDUCATION, ACQUISITION DE LA VALEUR [L'ÉTRANGER D'ATHÈNES] Je vais dire quelle nature il faut reconnaître à l'éducation ; examinez si mon propos vous agrée. [...] Je prétends que quel que soit le domaine où l'homme doive un jour exceller, il faut qu'il s'y exerce dès sa prime enfance, qu'il trouve amusement et intérêt à tout ce qui s'y rapporte. Ainsi celui qui deviendra un jour bon agriculteur ou bon architecte : il faut que celui-ci s'amuse aux jeux de la construction, celui-là au jardinage, que celui qui les élève leur procure à chacun de petits outils qui imitent les vrais, sans oublier bien sûr l'initiation à tous ceux des savoirs dont l'apprentissage préliminaire est nécessaire, le futur charpentier s'amusant par exemple à mesurer au cordeau, le futur soldat à monter à cheval, etc. ; il faut qu'il se serve des jeux pour essayer d'orienter les désirs et les plaisirs des enfants dans la direction qui doit les mener à destination. Selon nous, l'essentiel de l'éducation, c'est la manière correcte d'amener le plus possible l'âme de l'enfant qui joue à aimer la fonction où, devenu adulte il lui faudra parvenir à la plus haute perfection qu'elle comporte... Mais gardons-nous de laisser dans l'indétermination ce que nous appelons : éducation. Car de nos jours pour louer ou blâmer la façon dont les gens ont été élevés, nous disons de l'un qu'il a été éduqué, de l'autre qu'il n'a pas été éduqué ; il nous arrive parfois de dire que certains ont reçu une bonne éducation de commerçant, de marin. Selon toute apparence, notre présent propos n'est pas le fait de gens qui pensent qu'il s'agit là d'éducation : pour eux, l'éducation conduit de l'enfance à la valeur humaine, inspire le désir passionné de devenir un citoyen accompli, sachant commander et obéir en toute justice. Voilà la façon d'élever que le propos présent distinguerait, pour lui réserver exclusivement le nom d'éducation, me semble-t-il ; alors que celle qui prépare à l'enrichissement ou à la vigueur corporelle, ou à quelque autre habileté d'où raison et justice sont absentes, il la déclarerait vulgaire, servile, absolument indigne de porter le nom d'éducation. Mais gardons-nous de disputer sur les mots ; restons-en à la définition dont nous sommes convenus : ceux qui ont été bien éduqués deviennent généralement des hommes de valeurs ; il ne faut en aucun cas mésestimer l'éducation, le plus haut des bienfaits qui puissent échoir aux meilleurs des hommes ; et si elle vient à dévier et qu'il soit possible de la ramener dans le droit chemin, chacun doit s'en charger tant qu'il peut, sa vie durant, sans relâche. Lois I, 643b-644b [L'ÉTRANGER D'ATHÈNES] — É. Mon intention est de vous remettre en mémoire ce qu'est, selon nous, l'éducation bien comprise... Je prétends donc que ce que les enfants commencent par ressentir à leur façon, c'est le plaisir et la douleur, et que c'est là le lieu où le vice et la vertu commencent par s'installer dans leur âme, alors que le bon sens et l'assurance des jugements vrais, c'est une chance s'ils adviennent à l'homme, même en sa vieillesse ; du moins leur possession avec tout ce qu'ils comportent de bien est-elle le fait de l'homme accompli. Aussi ce que j'appelle éducation, c'est l'acquisition première que les enfants font de la valeur morale ; que plaisir et amour, douleur et haine viennent à bien s'installer dans leurs âmes à un âge où ils ne sont pas encore capables d'en saisir la raison, puisque, cet âge venu, ces sentiments entrent en harmonie avec cette raison pour avoir été accoutumés par les habitudes convenables, cette harmonie constitue le tout de la vertu ; quant à l'aspect de formation qu'elle comporte en matière de plaisirs et de douleurs, en disposant judicieusement à haïr toute sa vie ce qu'il faut haïr, à aimer ce qu'il faut aimer, c'est cet aspect que mon propos distingue pour l'appeler éducation, dénomination correcte à mon sens. Lois II, 652b 2. LA GROSSE BÊTE ET L'ÉDUCATION DÉMAGOGIQUE [SOCRATE-ADIMANTE] — S. Il n'est aucun des individus mercenaires que précisément ces démagogues nomment sophistes et regardent comme leurs rivaux, qui enseigne autre chose que les croyances professées par la masse chaque fois qu'elle s'assemble, et qui ne lui donne le nom de sagesse. Ils ressemblent en tous points à quelqu'un qui, chargé d'élever un animal gros et fort, se serait informé en détail de ses instincts et appétits ; par où il faut l'approcher et par où le toucher ; à quels moments il est le plus agressif et le plus inoffensif et pourquoi ; les cris qu'il a coutume de pousser selon les circonstances ; quels sons proférés par autrui l'apaisent ou l'irritent ; après quoi, instruit à fond de tout cela par une longue fréquentation de la bête, il nommerait science cette expérience, et

« 58 PlATON PAR LUI-MÊME nous disons de l'un qu'il a été éduqué, de l'autre qu'il n'a pas été éduqué; il nous arrive parfois de dire que certains ont reçu une bonne éducation de commerçant, de marin.

Selon toute apparence, notre présent propos n'est pas le fait de gens qui pensent qu'il s'agit là d'éducation : pour eux, l'éducation conduit de l'enfance à la valeur humaine, inspire le désir passionné de devenir un citoyen accompli, sachant commander et obéir en toute justice.

Voilà la façon d'élever que le propos présent distinguerait, pour lui réserver exclusivement le nom d'éducation, me semble-t-il; alors que celle qui prépare à l'enri­ chissement ou à la vigueur corporelle, ou à quelque autre habileté d'où raison et justice sont absentes, il la déclarerait vulgaire, servile, absolument indigne de porter le nom d'éducation.

Mais gardons-nous de disputer sur les mots ; restons-en à la définition dont nous sommes convenus : ceux qui ont été bien édu­ qués deviennent généralement des hommes de valeurs; il ne faut en aucun cas mésestimer l'édu­ cation, le plus haut des bienfaits qui puissent échoir aux meilleurs des hommes ; et si elle vient à dévier et qu'il soit possible de la ramener dans le droit chemin, chacun doit s'en charger tant qu'il peut, sa vie durant, sans relâche.

Lois I, 643b-644b [L'ÉTRANGER D'ATHÈNES] É.

Mon intention est de vous remettre en mémoire ce qu'est, selon nous, l'éducation bien com­ prise ...

Je prétends donc que ce que les enfants commencent par ressentir à leur façon, c'est le plaisir et la douleur, et que c'est là le lieu où le vice et la vertu commencent par s'installer dans leur âme, alors que le bon sens et l'assurance des jugements vrais, c'est une chance s'ils adviennent à l'homme, même en sa vieillesse ; du moins leur possession avec tout ce qu'ils comportent de bien est-elle le fait de. »

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