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2 tirer de l'expérience.

Publié le 22/10/2012

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2 tirer de l'expérience. Si l'on conteste cela, je restreindrai alors mon assertion aux mathématiques pures dont le concept seul implique déjà qu'elles ne contiennent point des connaissances pures a priori. On est sans doute tenté de croire d'abord que cette proposition 7 + 5 = 12 est une proposition purement analytique qui résulte, suivant le principe de contradiction, du concept de la somme de sept et de cinq. Mais, quand on y regarde de plus près, on constate que le concept de la somme de 7 et de 5 ne contient rien de plus que la réunion de deux nombres en un seul, et qu'elle ne nous fait nullement concevoir quel est ce nombre unique qui contient ensemble les deux autres. Le concept de douze n'est point du tout pensé par cela seul que je pense cette réunion de cinq et de sept, et j'aurai beau analyser mon concept d'une telle somme possible, je n'y trouverai pas le nombre douze. Il faut que je dépasse ces concepts, en ayant recours à l'intuition qui correspond à l'un des deux, par exemple à celle des cinq doigts de la main, ou (comme l'enseigne Segner en son arithmétique), à celle de cinq points, et que j'ajoute ainsi peu à peu au concept de sept les cinq unités données dans l'intuition. En effet, je prends d'abord le nombre 7, et, en me servant pour le concept de 5 des doigts de ma main comme d'intuition, j'ajoute peu à peu au nombre 7, à l'aide de cette image, les unités que j'avais tout d'abord réunies pour former le nombre 5, et j'en vois résulter le nombre 121. Dans le concept d'une somme = 7 + 5, j'ai bien reconnu que 7 devait être ajouté à 5, mais non pas que cette somme était égale à 12. La proposition arithmétique est donc toujours synthétique. C'est ce que l'on verra plus clairement encore en prenant des nombres quelque peu plus grands; il devient alors évident que, de quelque manière que nous tournions et retournions nos concepts, nous ne saurions jamais trouver la somme sans recourir à l'intuition et par la seule analyse de ces concepts. Les principes de la géométrie pure ne sont pas davantage analytiques. C'est une proposition synthétique que celle-ci : entre deux points la ligne droite est la plus courte. Car mon concept du droit ne contient rien qui se rapporte à la quantité : il n'exprime qu'une qualité. Le concept du plus court est donc com- 1. 7 + 5 = 7 + (4 + 1) = 8 + 4 = 8 + (3 + 1) = 9 + 3 = 9 + (2 + 1) = 10 + = 10 + (1 +0 = 11 + 1 = 12. piétement ajouté, et il n'y a pas d'analyse qui puisse le faire sortir du concept de la ligne droite. Il faut donc ici encore recourir à l'intuition; elle rend seule possible la synthèse. La science de la nature (physica) contient des jugements synthétiques a priori comme principes. Je ne prendrai pour exemple que ces deux propositions : dans tous les changements du monde corporel la quantité de matière reste constante; dans toute communication du mouvement l'action et la réaction doivent être égales l'une à l'autre. Il est clair non seulement que ces deux propositions sont nécessaires et ont par conséquent une origine a priori, mais encore qu'elles sont synthétiques. Car dans le concept de la matière je ne pense pas la permanence, mais seulement sa présence dans l'espace qu'elle remplit. Je sors donc réellement du concept de la matière pour y ajouter a priori quelque chose que je n'y concevais pas. La proposition n'est donc pas analytique, mais synthétique, quoique pensée a priori, et il en est de même de toutes les autres propositions de la partie pure de la physique. La métaphysique, même envisagée comme une science qu'on n'a fait que chercher jusqu'ici, mais que la nature de la raison rend indispensable, doit aussi contenir des connaissances synthétiques a priori. Il ne s'agit pas seulement dans cette science de décomposer et d'expliquer analytiquement par là les concepts que nous nous faisons a priori des choses; mais nous y voulons étendre notre connaissance a priori. Nous devons pour cela nous servir de principes qui ajoutent au concept donné quelque chose qui n'y était pas contenu et, au moyen de jugements synthétiques a priori, nous avancer jusqu'à un point où l'expérience même ne peut nous suivre, comme par exemple dans cette proposition : le monde doit avoir un premier commencement, etc. C'est ainsi que la métaphysique, envisagée du moins dans son but, se compose de propositions purement synthétiques. Problème général de la raison pure. — C'est avoir déjà beaucoup gagné que de pouvoir ramener une foule de recherches sous la formule d'un unique problème. Par là, en effet, non seulement nous facilitons notre propre travail en le déterminant avec précision, mais il devient aisé à quiconque veut le contrôler, de juger si nous avons ou non rempli notre dessein. Or, le véritable problème de la raison pure est renfermé dans cette question : Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles? La solution du problème énoncé suppose la possibilité d'un usage pur de la raison dans l'établissement et le développement de toutes les sciences qui contiennent une connaissance théorique a priori de certains objets, c'est-à-dire qu'elle suppose une réponse à ces questions : Comment une mathématique pure est-elle possible? Comment une physique pure est-elle possible? Puisque ces sciences existent réellement, il convient de se demander comment elles sont possibles : qu'elles soient possibles, cela est prouvé en effet par leur réalité même (1). Mais, pour la métaphysique, comme elle a suivi jusqu'ici une marche détestable, et comme on ne peut pas dire qu'aucune des tentatives faites jusqu'à présent ait atteint réellement son but essentiel, il est permis à chacun de douter de sa possibilité. Cependant cette espèce de connaissance peut aussi en un certain sens être considérée comme donnée, et la métaphysique est bien réelle, sinon à titre de science, du moins à titre de disposition naturelle (metaphysica naturalis). En effet, la raison humaine, poussée par ses propres besoins et sans que la simple vanité de savoir beaucoup y soit pour rien, s'élève irrésistiblement jusqu'à ces questions qui ne peuvent être résolues par aucun usage expé- rimental de la raison ni par aucun des principes qui en émanent. C'est ainsi qu'une sorte de métaphysique se forme réellement chez tous les hommes, dès que leur raison peut s'élever à la spé- culation; cette métaphysique-là a toujours existé et existera tou- jours. C'est pourquoi se pose à son sujet cette question : comment la métaphysique est-elle possible à titre de disposition naturelle? c'est-à-dire comment naissent de la nature de l'intelligence humaine en général ces questions que la raison pure se pose et que ses propres besoins la poussent à résoudre aussi bien qu'elle le peut? Comme dans toutes les tentatives faites jusqu'ici pour résoudre ces questions naturelles, par exemple celle de savoir si le monde a eu un commencement ou s'il existe de toute éternité, on a toujours rencontré d'inévitables contradictions, on ne sau- rait se contenter de cette simple disposition naturelle à la méta- physique, se reposer sans examen sur cette seule faculté de la raison pure qui ne manque pas de produire une certaine méta- physique (quelle qu'elle soit); mais il faut qu'il soit possible

« Le ciel étoilé piètement ajouté, et il n'y a pas d'analyse qui puisse le faire sortir du concept de la ligne droite.

Il faut donc ici encore recou­ rir à l'intuition; elle rend seule possible la synthèse.

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] La science de la nature ( physica) contient des jugements synthé­ tiques a priori comme principes.

Je ne prendrai pour exemple que ces deux propositions : dans tous les changements du monde corporel la quantité de matière reste constante; dans toute com­ munication du mouvement 1 'action et la réaction doivent être égales l'une à l'autre.

Il est clair non seulement que ces deux pro­ positions sont nécessaires et ont par conséquent une origine a priori, mais encore qu'elles sont synthétiques.

Car dans le concept de la matière je ne pense pas la permanence, mais seulement sa présence dans l'espace qu'elle remplit.

Je sors donc réellement du concept de la matière pour y ajouter a priori quelque chose que je n'y concevais pas.

La proposition n'est donc pas analy­ tique, mais synthétique, quoique pensée a priori, et il en est de même de toutes les autres propositions de la partie pure de la physique.

La métaphysique, même envisagée comme une science qu'on n'a fait que chercher jusqu'ici, mais que la nature de la raison rend indispensable, doit aussi contenir des connaissances synthé­ tiques a priori.

Il ne s'agit pas seulement dans cette science de décomposer et d'expliquer analytiquement par là les concepts que nous nous faisons a priori des choses; mais nous y voulons étendre notre connaissance a priori.

Nous devons pour cela nous servir de principes qui ajoutent au concept donné quelque chose qui n'y était pas contenu et, au moyen de jugements synthétiques a priori, nous avancer jusqu 'à un point où 1 'expérience même ne peut nous suivre, comme par exemple dans cette proposition : le monde doit avoir un premier commencement, etc.

C'est ainsi que la métaphysique, envisagée du moins dans son but, se com­ pose de propositions purement synthétiques.

Problème général de la raison pure.

-C'est avoir déjà beaucoup gagné que de pouvoir ramener une foule de recherches sous la formule d'un unique problème.

Par là, en effet, non seulement nous facilitons notre propre travail en le détermi­ nant avec précision, mais il devient aisé à quiconque veut le contrôler, de juger si nous avons ou non rempli notre dessein.

Or, le véritable problème de la raison pure est renfermé dans 36. »

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