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3. LA QUATRIÈME CLASSE D'OBJETS ET LA FORME QU'Y REVÊT LE

Publié le 23/10/2012

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3. LA QUATRIÈME CLASSE D'OBJETS ET LA FORME QU'Y REVÊT LE PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE : LA LOI DE LA MOTIVATION La dernière classe d'objets de la faculté représentative qui nous reste à considérer, est toute particulière, mais fort importante, elle ne comprend pour chacun qu'un seul objet à savoir l'objet immédiat du sens interne, le sujet du vouloir qui est pour le sujet connaissant, objet et réservé d'ailleurs au sens interne seul, c'est pourquoi il n'apparaît que dans le temps, non dans l'espace, et là-même, comme nous le verrons, avec une importante restriction (Q. R., § 40.) Précisément parce que le sujet du vouloir est donné immédiatement à la conscience, il n'est pas possible de définir ou de décrire davantage ce qu'est le vouloir ; bien plus, c'est de toutes nos connaissances la plus immédiate et même celle dont l'immédiateté doit finalement éclairer toutes les autres en tant que très médiates. En présence de toute décision, observée aussi bien chez d'autres qu'en nous, nous nous tenons pour autorisés à en demander le pourquoi, c'est-à-dire que nous supposons nécessaire que quelque chose l'ait précédée d'où elle est résultée et que nous appelons la raison, plus exactement le motif de l'action qui s'ensuit maintenant. Sans lui elle est pour nous aussi inconcevable que le mouvement d'un corps inanimé qui ne serait ni poussé, ni tiré. Le motif fait partie par suite des causes et a été énuméré et caractérisé déjà parmi elles comme la troisième forme de la causalité au § 20. Toutefois, la causalité dans son ensemble n'est autre chose que la forme du principe de raison suffisante dans la première classe d'objets, par conséquent dans le monde physique donné par l'intuition externe. Elle y est le lien qui rattache les changements les uns aux autres, la cause étant la condition d'origine extérieure, de tout événement. Mais en ce cas l'intérieur de ces événements demeure un mystère pour nous qui restons toujours en. dehors. Nous voyons bien une cause produire de toute nécessité tel effet, mais comment en réalité elle le peut, c'est-à-dire quelle chose se passe en cette occasion à l'intérieur, nous ne l'apprenons pas. Ainsi, nous voyons constamment les effets mécaniques, physiques, chimiques et ceux des excitations aussi, suivre leurs causes respectives, sans que pour cela nous comprenions jamais entièrement l'événement, le point capital demeure pour nous un mystère ; nous l'attribuons alors aux propriétés des corps, aux forces naturelles, et aussi à l'énergie vitale, mais ce ne sont là que des qualitates occultae. Notre intelligence des mouvements et des actions des animaux et des hommes ne serait pas en meilleure posture et nous les verrions provoqués par leurs causes (motifs) d'une façon aussi inexplicable si en ce cas, il ne nous était pas donné de pénétrer jusqu'à l'intérieur même des faits ; nous savons en effet par l'expérience interne faite sur nous-mêmes qu'il s'agit là d'un acte volontaire provoqué par le motif, lequel consiste en une simple représentation. L'action du motif donc, ne nous est pas connue uniquement, comme toutes les autres causes par l'extérieur et par suite médiatement, mais en même temps par l'intérieur, d'une façon tout à fait immédiate, et par conséquent en tout son mode d'action. Ici, nous sommes en quelque sorte derrière les coulisses et nous découvrons le mystère, c'est-à-dire comment, suivant son essence intime, la cause amène l'effet, car ici nous connaissons par une voie toute différente et conséquemment d'une tout autre manière. De là résulte cet important principe : La motivation est la causalité vue de l'intérieur. Celle-ci se présente par suite ici d'une façon tout autre, dans un milieu tout autre, et pour un mode tout autre du connaître ; il faut donc la présenter comme une forme spéciale et particulière de notre principe qui, par conséquent, apparaît ici comme principe de la raison suffisante d'agir, principium rationis sufficientis agendi, plus brièvement, loi de la motivation. En vue d'une orientation ultérieure touchant ma philosophie, j'ajoute que, cette quatrième classe d'objets pour le sujet, c'est-à-dire la volonté perçue en nous, se comporte par rapport à la première classe, comme la loi de motivation se comporte à l'égard de la loi de causalité exposée au § 20. Cette observation est le fondement de toute ma métaphysique. (Q. R., .§ 43.) 4. DEUX RÉSULTATS PRINCIPAUX La signification générale du principe de raison se ramène à ceci que toujours et partout une chose n'est qu'en vertu d'une autre. Or, le principe de raison est, sous toutes ses formes, a priori ; il a donc sa racine dans notre intelligence ; c'est pourquoi on ne doit pas l'appliquer à l'ensemble de tous les objets existants, c'est-à-dire au monde, y compris cette intelligence dans laquelle ce monde se trouve, car un monde semblable se représentant en vertu de formes a priori, est, pour cette raison précisément, un simple phénomène ; et ce qui, par conséquent, lui est applicable par suite de ces formes seulement ne peut s'appliquer à lui-même, c'est-à-dire à la chose en soi qui se manifeste en lui. ... Nous ne sommes pas autorisés à parler d'une raison pure et simple et il n'existe pas plus une raison en général qu'un triangle en général, sauf sous forme de concept abstrait obtenu par une pensée discursive, qui, en tant que représentation tirée de représentations, n'est rien qu'un procédé pour penser beaucoup de choses par le moyen d'une seule. (Q. R., § 52.) C) LA MÉTAPHYSIQUE COMME COMPRÉHENSION DE L'EXPÉRIENCE EN SON ENTIER I. LE BESOIN MÉTAPHYSIQUE DE L'HUMANITÉ Excepté l'homme, aucun être ne s'étonne de sa propre existence ; c'est pour tous une chose si naturelle, qu'ils ne la remarquent même pas. La sagesse de la nature parle encore par le calme regard de l'animal ; car, chez lui, l'intellect et la volonté ne divergent pas encore assez, pour qu'à leur rencontre, ils soient l'un à l'autre un sujet d'étonnement. Ici, le phénomène tout entier est encore étroitement uni, comme la branche au tronc, à la Nature, d'où il sort ; il participe, sans le savoir plus qu'elle-même, à l'omniscience de la Mère Universelle. — C'est seulement après que l'essence intime de la nature (le vouloir-vivre dans son objectivation) s'est développée, avec toute sa force et

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