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Afrique noire, littérature d'.

Publié le 06/05/2013

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Afrique noire, littérature d'. 1 PRÉSENTATION Afrique noire, littérature d', littératures écrites et orales de l'Afrique noire, composées en langues africaines, ainsi qu'en anglais, en français et en portugais. Les littératures d'Afrique du Nord et d'Afrique du Sud appartiennent à des espaces culturels spécifiques (littérature du Maghreb ; voir littérature sud-africaine). 2 LITTÉRATURE ORALE La littérature orale est aux sources des sociétés africaines ; d'une immense richesse, sa tradition continue de s'épanouir aujourd'hui, malgré l'industrialisation et l'urbanisation de l'Afrique postcoloniale. 2.1 Fonction sociale La prééminence de la littérature orale en Afrique est liée surtout à sa fonction sociale. Les sociétés africaines, dans leur diversité, considèrent en effet la parole, le bien-dire, comme un élément fondamental de la cohésion du groupe. Ainsi, la parole quotidienne, usant de formules figées, de dictons et de références, apparaît encore aujourd'hui comme un vecteur privilégié des codes sociaux établis. Les rois et les chefs de l'Afrique traditionnelle ont d'ailleurs toujours marqué un grand intérêt pour la poésie orale, qu'ils encourageaient en souhaitant la maîtriser. L'acte de parole, notamment dans son lien avec le pouvoir, qu'il soit coutumier ou sacré, possède également une fonction magique importante ; c'est le cas, par exemple, des incantations des guérisseurs et des sorciers, ou encore des termes tabous, considérés comme pouvant exercer une action directe sur le monde matériel et sur les événements. 2.2 Récits fondamentaux La littérature orale africaine, contrairement à l'image déformée qu'en ont reçue les Occidentaux, n'est pas constituée que de genres dits « mineurs «, comme le conte, la chanson ou le proverbe ; elle est faite aussi de textes fondamentaux, d'une grande portée spirituelle et intellectuelle. Ainsi que l'a démontré l'ethnologue Marcel Griaule dans son livre sur les Dogon du Mali (Dieu d'eau, entretiens avec Ogotemmêli, 1948), les mythes et légendes d'Afrique noire sont complexes et jouent un rôle fondateur, au même titre que les mythologies grecque et romaine. Considérés comme « vrais « par ceux qui les énoncent ou qui les écoutent, ils transmettent les croyances en des entités surnaturelles, relatent les origines du monde et font la chronique des clans et des principales formes d'organisation sociale. Dans toute l'Afrique de l'Ouest, dans l'aire culturelle mandingue, les griots, chanteurs « passeurs « de la tradition orale, mais surtout historiens, se transmettent de génération en génération des récits épiques (comme l'épopée mandingue transcrite notamment par l'écrivain guinéen Djibril Tamsir Niane dans Soundiata, 1960), ainsi que des généalogies et des panégyriques des familles de leur région. La littérature orale suppose ainsi un prodigieux travail de conservation et d'éducation, qui implique tous les individus d'une société, non seulement dans le devoir de mémoire, mais aussi dans le processus créatif. 2.3 Genres « mineurs « : contes et fables Les contes populaires et les fables relèvent, eux, de l'imaginaire ; ils sont utilisés dans l'éducation des enfants, comme les comptines ou les récits rituels d'initiation au sexe ou à la chasse. Les chants, omniprésents dans la tradition orale, servent à ponctuer les guerres, les deuils, les mariages et plus généralement les cérémonies de la vie quotidienne (notamment celles liées au travail agricole). 3 LIENS ENTRE LITTÉRATURES ORALE ET ÉCRITE La littérature écrite -- contrairement à certaines idées reçues, certains peuples d'Afrique noire, notamment en Éthiopie et en Somalie, connaissent précocement l'écriture -- est toujours demeurée secondaire par rapport à la littérature orale, féconde et multiple. Au-delà de la tradition orale, c'est donc également par choix que les peuples d'Afrique ont rarement utilisé l'écriture, avant le XIXe siècle, pour fixer la littérature orale. Il n'en reste pas moins que c'est son oralité qui rend la littérature africaine difficile à préserver. En Afrique, comme le souligne l'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, « Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. « Les Occidentaux ont tenté de fixer par écrit certaines littératures orales ; la plupart du temps, leur travail a malheureusement été très partiel (ainsi que partial), donnant d'elles, du même coup une image déformée, comme dans l' Anthologie nègre (1921) de Blaise Cendrars. L'essor au XXe siècle de l'ethnologie et de l'anthropologie, ainsi que la prise de conscience d'intellectuels africains soucieux de préserver leur culture, tel Amadou Hampâté Bâ, ont permis cependant de garder en mémoire, sinon de garder vivante, une partie de la littérature orale d'Afrique noire. 4 LITTÉRATURE ÉCRITE Les traditions écrites en Afrique noire demeurent aujourd'hui encore minoritaires dans de nombreux pays, malgré la présence historique et l'influence de civilisations écrites comme celle des Arabes et de l'islam dès le Moyen Âge, puis celle de l'Occident colonisateur. 4.1 Littérature écrite d'Afrique orientale 4.1.1 Éthiopie et Somalie L'Éthiopie et la Somalie, aux confins des cultures nilotiques de l'Afrique noire (voir Nil) et du monde arabe, constituent un cas à part. En effet, les Éthiopiens disposent très tôt, pour écrire leur langue -- le guèze --, d'un alphabet sémitique original, inspiré des écritures sud-arabiques du Ier millénaire av. J.-C. Venues d'Égypte, l'influence de la culture grecque puis celle du christianisme, à partir du période, les premiers manuscrits dont nous disposons datant de la fin du XIIIe IVe siècle, inspirent certainement des traductions de la Bible, puis de la vie des saints (voir hagiographie), mais il ne nous est parvenu aucun écrit de cette siècle. La littérature d'Éthiopie et de Somalie est surtout religieuse -- chrétienne d'obédience copte -- comme la Légende du prophète Habacuc (1293) ou le livre des canons de l'Église copte, le Sênodos. Les écrits profanes se cantonnent surtout au genre des chroniques royales ; ainsi, la Gloire des rois (1314-1332) est considérée comme la première oeuvre importante de la littérature éthiopienne profane. La tradition écrite de l'islam quant à elle, génère avant tout des oeuvres poétiques et mystiques. L'oeuvre profane la plus ancienne qui nous soit parvenue dans cette tradition est une histoire de la cité-État de Kilwa Kisiwani (en Tanzanie), texte anonyme en arabe écrit vers 1520. 4.1.2 Kenya et Tanzanie Plus au sud, notamment dans les régions côtières du Kenya et de la Tanzanie actuels, la littérature en langue swahili, nourrie du fonds culturel bantou (voir langues d'Afrique) et des traditions arabes, offre une remarquable diversité thématique. Le tenzi ou tendi, long poème narratif et épique, en est l'un des genres les plus représentatifs. Il reprend tantôt des légendes, tantôt des enseignements religieux et moraux. La plus ancienne oeuvre en swahili est un tenzi (intitulé Utenzi wa Tambuka (« Épopée de Tambuka «) et daté de 1728. Outre une poésie religieuse ou didactique en swahili, on trouve aussi des versions de l'histoire de certaines cités-États composées dans cette langue. Les poèmes swahili les plus célèbres datent des XIXe et XXe siècles ; l'un d'eux, Éveil de l'âme (Al-Inkishaft), a été composé par Sayyid Abdallah bin Ali bin Nasir (1720-1820). Ce poème religieux, qui présente la chronique de la chute de la cité-État de Pate, évoque aussi la futilité de la vie terrestre. Le poète semi-légendaire Liongo Fumo, prétendant au trône de Shagga au XIIIe siècle, est lui-même le héros d'un poème épique, Utenzi wa Liongo Fumo (« Épopée de Liongo Fumo «), composé en 1913 par Muhammad bin Abubakar. 4.2 Littérature écrite d'Afrique occidentale L'islam a également été un vecteur de propagation de la littérature écrite dans une zone qui s'étend du Sénégal au Cameroun actuels. Parmi les premières oeuvres écrites de cette région, qui datent des XVIe et XVIIe siècles, celles des érudits islamiques Abderrahman es-Saadi, auteur de Tarikh es-Sudan, et celles de Mahmoud Kâti, auteur de Tarikh el-Fettach, fixent les traditions orales des empires soudanais occidentaux du Ghana, du Mali et de Songhaï dans des récits proches des traditions narratives arabes. La plus ancienne poésie écrite d'Afrique occidentale est quant à elle religieuse, et, elle aussi, influencée par la littérature arabe pré-islamique et par les écrits religieux nord-africains ( voir littérature du Maghreb). Une des figures majeures de la poésie d'Afrique occidentale est Abdullah ibn Muhammed Fudi (fin du XVIIIe-début du XIXe siècle), émir de Gwandu et frère du réformateur musulman Shedu Uthman, qui est l'auteur de poèmes religieux. Contrairement aux régions soudaniennes d'Afrique occidentale et aux zones côtières d'Afrique orientale, occupées tôt par les Arabes, certaines régions du continent africain, comme le sud du Sahara, ne développent une littérature écrite qu'au contact des colonisateurs européens. 5 LITTÉRATURE CONTEMPORAINE C'est au début du 5.1 XXe siècle que des auteurs africains commencent à publier des récits de fiction dans des langues africaines ou européennes. Littérature francophone La première littérature écrite en français sur le continent africain est le fait des explorateurs, des missionnaires et des aventuriers du XIXe siècle, qui veulent témoigner de leurs expériences africaines et qui, de ce fait, dressent un tableau le plus souvent incomplet, partial et caricatural des aspects folkloriques et traditionnels de cette région du monde. (voir récit de voyage) 5.1.1 Premiers auteurs noirs de langue française C'est à partir des années 1930 que les premiers auteurs noirs de langue française apparaissent ; leurs oeuvres s'inscrivent en réaction au flot de textes produits par les explorateurs, missionnaires et voyageurs et ils écrivent avec le souci de préserver l'identité culturelle de leurs pays et de dénoncer les effets destructeurs de la colonisation sur les civilisations africaines. C'est à Bakary Diallo, un ancien tirailleur sénégalais, que l'on doit le premier roman d'un auteur africain écrivant en français : Force Bonté (1926). Les autres précurseurs de cette littérature africaine francophone sont le Malien Fily Dabo Sissoko (1900-1964), le Béninois Paul Hazoumé (1890-1980), auteur de Doguicimi en 1935, le Sénégalais Ousmane Socé (1911-1978), auteur de Karim (1935). Le Martiniquais René Maran (1887-1960), installé à Bangui, dans l'actuelle République centrafricaine, est considéré comme le père fondateur de la littérature africaine d'expression française, avec Batouala, véritable roman nègre (prix Goncourt 1921). À l'est du continent africain, Jean Joseph Rabearivelo, écrivain malgache, s'inspire du symbolisme français pour composer ses premiers poèmes (Presque-Songes, 1934 ; Traduit de la nuit, 1935), avant de s'orienter vers la ballade, un genre représentatif de la culture malgache (Vieilles Chansons des pays d'Imerina, 1939). 5.1.2 La négritude, entre Afrique et Antilles Le courant de pensée élaboré par ces écrivains, la large diffusion de leurs oeuvres -- Batouala notamment -- auprès des élites africaines, locales ou émigrées, donne naissance au courant de la négritude, fondé en 1934 par le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Léon-Gontran Damas. Le terme apparaît pour la première fois dans un texte d'Aimé Césaire publié dans la revue parisienne l'Étudiant noir. Au-delà de sa dimension politique et de la dénonciation des méfaits des Occidentaux en Afrique, la négritude revêt un caractère existentiel, pour apparaître comme l'expression de l'irréductible solitude de l'homme (comme en témoigne le poète sénégalais Cheikh Hamidou Kane dans l'Aventure ambiguë, 1961). Ce mouvement joue un rôle essentiel dans la structuration et l'essor de la littérature africaine francophone, et de nombreux auteurs s'y retrouvent : les Sénégalais Birago Diop, auteur notamment des Contes d'Amadou Koumba (1947), et David Diop (1927-1960), poète auteur de Coups de pilon (1956), mais aussi le Malgache Jacques Rabemananjara (Antsa, 1947), le poète congolais Tchicaya U Tam'si (le Mauvais Sang, 1955), le poète sénégalais Lamine Diakhaté (né en 1927), auteur de Primordiale du sixième jour (1963) et enfin le poète congolais Maxime N'Debeka (né en 1944), auteur de Soleils neufs (1969). 5.1.3 Après les années 1950 Dénonçant la corruption et l'essoufflement des administrations politiques de la fin de la colonisation, les héritiers de la négritude se font plus virulents et anticolonialistes à partir des années 1950. Le Sénégalais Ousmane Sembène, auteur politiquement engagé, dénonce ainsi la colonisation, notamment dans Ô pays ! Mon beau peuple ! (1957). Dans la même lignée s'inscrivent le Congolais Jean Malonga (né en 1907), auteur de la Légende de M'Pfoumou Ma Mazono (1954), le Burkinabé Nazi Boni (né en 1921), auteur de Crépuscule des temps anciens : chronique du Bwamu (1962), ou le Malien Seydou Badian (né en 1928), qui évoque dans Sous l'orage (1957) -- roman fondateur de la littérature malienne, à l'étude dans les universités -- la relation entre les anciens et les colons. Le Camerounais Ferdinand Oyono, né en 1929, décrit quant à lui d'une plume acérée la suffisance des colons blancs dans Une vie de boy (1956) et dans le Vieux Nègre et la Médaille (1956). Parallèlement à la réflexion sur la violence -- et la pérennité -- du système colonial, certains auteurs se penchent également sur les bouleversements à l'oeuvre dans les sociétés traditionnelles. Le Camerounais Mongo Beti, auteur aux accents rabelaisiens (le Pauvre Christ de Bomba, 1956), évoque ainsi les misères de l'exode rural et de l'acculturation dans Ville cruelle (1954) et Mission terminée (1957). En 1968, le prix Renaudot apporte la renommée au Malien Yambo Ouologuem (né en 1940), pour son unique roman, le Devoir de violence, qui, à travers un récit historique, démystifie l'image idéale de la société traditionnelle par le biais d'une fresque historique, où le despotisme autochtone est mis en parallèle avec la colonisation blanche. Dans le même temps, d'autres écrivains trouvent l'inspiration dans une veine traditionnaliste, à travers l'histoire et l'univers traditionnel africains. Parmi eux, l'écrivain guinéen Camara Laye évoque ainsi une Afrique idyllique dans un texte autobiographique, l'Enfant noir (1953), tandis que l'Arbre fétiche (1963) du Béninois Jean Pliya ou le Sang des masques (1976) du Malien Seydou Badian (né en 1928) insistent sur l'importance des rituels et des représentations magiques. À l'inverse, certains auteurs tentent de décrire le choc des cultures africaine et occidentale, l'apprentissage et le déracinement causé par celui-ci, comme le Béninois Olympe Bhêly-Quenum avec Un piège sans fin (1960), et surtout l'Ivoirien Bernard Binlin Dadié avec Climbié (1956). 5.1.4 Bilan du passé et critique des États postcoloniaux Depuis la fin des années 1960, et surtout le début des années 1970, des écrivains se consacrent à la critique des différents États africains depuis leur accession à l'indépendance politique, dénonçant notamment, sur un ton satirique, sinon amer, la corruption des systèmes postcoloniaux. Un renouveau de l'engagement politique se fait jour avec des oeuvres comme le Soleil des indépendances (1968) de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, Tribaliques (1971) du Congolais Henri Lopes, l'Étrange Destin de Wangrin (1973) d'Amadou Hampâté Bâ, ou encore Xala (1973) d'Ousmane Sembène. Dans l'ensemble de ces oeuvres, le bilan de l'ère coloniale va de pair avec un retour inquiet sur les origines des civilisations noires, que les auteurs interrogent afin de trouver les moyens d'imaginer l'avenir des jeunes États. Ce retour au passé collectif des peuples africains passe par l'importance du genre de l'autobiographie dans la littérature africaine contemporaine ; ainsi Vingt-Cinq Ans d'escalier ou la Vie d'un planton (1975), de Seydou Traoré, ou les deux volets des mémoires de Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l'enfant peul (1991) et Oui mon commandant ! (1994) évoquent l'histoire coloniale et postcoloniale de leur pays à travers les yeux de l'enfant qu'ils ont été. Dans les années 1980, le Congo semble développer plus que d'autres pays une créativité littéraire en langue française, avec des auteurs comme Emmanuel Dongala (né en 1941), ou Henri Lopes (né en 1937). Le phénomène d'émigration vers le « nord « (Europe, Etats-Unis, Canada notamment) de nombre d'intellectuels, à partir des années 1980, a pour conséquence une production littéraire partagée entre Afrique et Occident, qui propose ainsi un double regard sans complaisance à la fois sur les sociétés occidentale et africaine. 5.1.5 Essor du théâtre Depuis les années 1960, l'Afrique francophone est riche de recherches théâtrales originales ; des troupes s'y sont formées, qui nourrissent de la gestuelle et des traditions africaines une dramaturgie d'inspiration occidentale ( voir théâtre d'Afrique noire). Parmi la production dramaturgique, les satires du pouvoir politique et de la corruption sont un genre bien représenté, notamment par des dramaturges comme le Congolais Gérald-Félix Tchicaya U Tam'si ( le Zoulou, 1977 ; le Destin glorieux du maréchal Nnikon Nniku, prince qu'on sort, 1979), l'Ivoirien Bernard Binlin Dadié (Monsieur Thogo-Gnini, 1970) ou le Congolais Maxime N'Debeka (le Président, 1970). Le Malien Seydou Badian (la Mort de Chaka, 1961) et le Béninois Jean Pliya (Kondo le requin, 1966) ont ainsi dénoncé sur les planches le colonialisme. Guillaume Oyono-Mbia (né en 1939 au Cameroun), avec Trois Prétendants, un mari (1960), produit une brillante caricature des conflits de génération dans l'Afrique moderne. Sony Labou Tansi (1947-1995), congolais, dénonce les « mochetés « de l'Afrique contemporaine, notamment dans la Parenthèse de sang (1981) et Qui a mangé madame d'Avoine Bergotha ? (1995) ; usant de la dérision, voire du grotesque, il est l'initiateur d'un véritable nouveau souffle de l'écriture africaine. Le Togolais Kossi Efoui (né en 1962) est l'une des voix majeures du théâtre africain francophone de la fin du XXe siècle (Que la terre vous soit légère, 1996) ; il est également romancier depuis la fin des années 1990 (la Polka, 1997 ; la Fabrique des cérémonies, 2000). 5.2 Littérature anglophone 5.2.1 Vitalité de la littérature nigérienne Jusque dans les années 1940, les écrivains africains anglophones sont peu nombreux. Un groupe important d'écrivains se constitue au Nigeria à partir des années 1950, avec des auteurs comme Amos Tutuola et Chinua Achebe. Amos Tutuola connaît une renommée mondiale (avant d'être par la suite reconnu dans son propre pays) avec l'Ivrogne dans la brousse (1952), récit légendaire que certains critiques ont comparé au Voyage du pèlerin de John Bunyan, un texte allégorique du XVIIe siècle. Ma vie dans la brousse des fantômes (1954) l'impose comme « l'inventeur « de la littérature du Nigéria. Fondée au Nigeria en 1957, la revue littéraire Black Orpheus véhicule l'influence du mouvement de la négritude francophone (le titre renvoyant à Orphée noir, la préface de Jean-Paul Sartre à l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de Senghor, parue en 1948). En 1958, la création de la collection « African Writers Series «, inaugurée par le Monde s'effondre de Chinua Achebe, permet à nombre d'auteurs nigérians de voir leur oeuvre imprimée et diffusée. Chinua Achebe étudie dans Le monde s'effondre (1958), ainsi que dans la Flèche de Dieu (1964), la menace que représente la civilisation occidentale pour les valeurs traditionnelles de l'Afrique. Dans le Démagogue (1966), il s'attache en revanche à dénoncer, sur le mode satirique, la corruption au sein du gouvernement d'un pays africain. Le poète et dramaturge Wole Soyinka, lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, s'il écrit en anglais selon une forme littéraire typiquement occidentale, puise son inspiration dans les anciens mythes yoruba. Opposant au régime militaire de Sani Abacha (1993-1998), il est un auteur prolifique : poèmes, pièces de théâtre (la Danse de la forêt, 1960), romans tels que les Interprètes (1965), où il analyse le Nigeria moderne et ses traditions anciennes. Le romancier Gabriel Okara (né en 1921), auteur de la Voix (1964), et les poètes John Pepper Clark (The Ozidi of Atazi, 1966) et Christopher Okigbo (1932-1967) qui perd la vie dans la guerre du Biafra (Labyrinths with paths of thunder, posthume, 1971) sont également parmi les « pères « de la littérature nigériane. À partir des années 1980, une nouvelle génération d'auteurs s'attache à décrire les bouleversements d'un pays qui est passé de la guerre civile à la fièvre de l'or noir, plongeant la société nigériane dans la violence, la corruption et l'appétit de jouissance ; Nkem Nwankwo explore la veine picaresque (Ma Mercédès est plus grosse que la tienne, 1975), tandis que Ken Saro Wiva (1941-195), avec Sozaboy (1985) est l'auteur d'un roman sur la guerre civile dans une langue très particulière, mélange de pidgin et de poésie fantaisiste. Une littérature populaire en yoruba existe parallèlement, notamment avec l'oeuvre de Daniel Fagunwa, qui signe la première nouvelle écrite en yoruba ( Ogboju Ode Ninu Igbo Irunmale, 1938), traduite par Wole Soyinka sous le titre The Forest of a Thousand Demons (« le Chasseur dans la forêt aux mille démons «, 1968). Si la prose est très riche, le théâtre et la poésie sont moins représentés. Femi Osofisan (né en 1946), est un dramaturge dont les pièces, entre inventivité polémique et imaginaire poétique, portent sur la relation entre les traditions orales yoruba et les problèmes politiques contemporains, notamment dans Il était une fois les quatre voleurs (1978), et Motorundun (1982), une fable mystico-politique. Le poète Niyi Osundare (né en 1947) est un « poète yoruba qui écrit en anglais « dans une veine à la fois introspective et engagée ; Rires en attente, un long poème bilingue composé de fragments, est une oeuvre résolument optimiste, écrite entre 1988 et 1989, dans une période de troubles politiques importants. 5.2.2 Afrique occidentale William Conton est un des écrivains majeurs de Sierra Leone ; son roman Africain (1960) met en scène un jeune Africain éduqué en Angleterre. Kofi Awoonor (né en 1936), originaire du Ghana, est poète et romancier (Cette terre mon frère, 1971) ; Kojo Laing (Woman of the Aeroplanes, « la Femme des aéropolanes «, 1988) est quant à lui considéré comme l'une des grandes voix de la poésie africaine. Son compatriote Ayi Kwei Armah (né en 1939), autre contempteur de l'arrivisme et de la corruption, décrit la fin du régime du président du Ghana Kwame Nkrumah dans son roman L'âge d'or n'est pas pour demain (1968). Ama Ata Aidoo, initialement dramaturge (Dilemna of a ghost, « Dilemme d'un fantôme «, 1965), livre avec ses romans (comme Our sister Killjoy, « Notre soeur Tue-la-joie «, 1977) un regard acéré sur la condition féminine en Afrique noire. 5.2.3 Littérature anglophone d'Afrique orientale Au Kenya apparaissent également des oeuvres autobiographiques comme celles de Josiah Kariuki (le Détenu des Mau-Mau, 1963) et R. Mugo Gatheru (Enfant de deux mondes, 1964). L'écrivain majeur qu'est le Kenyan Ngugi wa Thiongo a étudié l'impact du christianisme sur la vie africaine dans un style limpide et précis ; il est en particulier l'auteur d'une trilogie romanesque consacrée au soulèvement des Mau-Mau contre les Britanniques, trilogie dans laquelle s'inscrit en particulier le récit Et le blé jaillira (A Grain of Wheat, 1967). Dramaturge militant pour une littérature populaire, il signe une pièce en kikuyu, la langue nationale, Je me marierai quand je voudrai (Ngaahika Ndenda, 1977), ainsi qu'un roman, Pétales de sang (Petals of Blood, 1977), critique du régime militaire en place. Meja Mwangi (né en 1948), est l'auteur d'une oeuvre dans la lignée de Ngugi ; son premier livre, Going down River Road (Descente à River Road, 1976), dans une langue sobre et crue, dresse le portrait d'une banlieue à la manière d'une cour des miracles, où se croisent prostituées, chômeurs, militaires déchus, petits voleurs... Shaaban Robert, poète et essayiste de Tanzanie, est un écrivain swahili incontournable de l'Afrique de l'Est. Son oeuvre la plus connue, Il faut être crédible (1951), examine la réalité politique de son pays, dans une allégorie inspirée des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Citons enfin deux écrivains ougandais, Okot P'Bitek (1931-1982), auteur de poèmes en prose comme la Chanson de Lawino (The Song of Lawino, 1966), et le dramaturge et romancier Robert Serumaga (né en 1939), auteur de la pièce Éléphants (The Elephants, 1971). 5.3 Littérature lusophone d'Afrique La littérature en langue portugaise apparaît tardivement, essentiellement après la Seconde Guerre mondiale. Elle est aujourd'hui très dynamique, notamment en Angola et au Cap-Vert. L'Angola voit s'épanouir la plupart des voix africaines d'expression portugaise. Castro Soromenho (1910-1968), exilé au Brésil à partir de 1937, est l'auteur d'une oeuvre variée, à la fois ethnographique et journalistique puis romanesque : la trilogie constituée par Camaxilo (Terra morta, 1956), Virage (Viragem, 1957), Chaga (1970) brosse un tableau lucide et désenchanté de l'Angola postcolonial, dans un style qui se rapproche parfois du néoréalisme. La génération suivante mêle intimement politique et littérature, avec notamment la fondation, en 1950, par les poètes Agostino Antonio Neto et José Craveirinha ainsi que l'écrivain Mario de Andrade, d'un Centre d'études africaines promouvant l'étude et la diffusion de la création littéraire africaine -- le centre a été dissous entre 1952 et 1957 par Salazar, puis définitivement fermé en 1965. La poésie est alors le genre littéraire dominant, représenté notamment par Arlindo Barbeitos (né en 1940), José Craveirinha (né en 1922), et Agostino Neto, auteur de Colectânea de poemas (1961). Influencé lui aussi par la négritude, l'écrivain Mario de Andrade a publié en 1969, en français, une anthologie intitulée la Poésie africaine d'expression portugaise. Mêlant toujours intimement littérature et pouvoir, la création littéraire angolaise postcoloniale connaît un regain de vitalité. Pepetela (pseudonyme de Artur Carlos Maurício Pestana dos Santos, né en 1941), professeur de sociologie, use de tous les genres pour décrire avec humour et truculence la société angolaise : romancier (Yaka, 1984 ; l'Esprit des eaux / O Desejo de Kianda, 1995) et dramaturge (A Corda, « la Corde «, 1978 ; A Revolta da Casas dos Ídolos, « la Révolte des maisons aux Idoles «, 1980). Dia Kassembe (née en 1946), qui écrit en portugais et en français, est l'auteur d'une oeuvre politique et féministe, à travers ses « romans-vérités « ( Thsiala l'enracinée : Du Kuanza à la Seine, 2001 ; les Bons tours de Cupidon / Os Amores das Sanzalas, 2004). José Eduardo Agalusa (né en 1960), revitalise la littérature angolaise en s'emparant du passé colonial ; Nação crioula (« Nation créole «, 1997) met ainsi en scène Fradique Mendes, personnage d'un roman du grand romancier portugais Eça de Queiroz. Il signe des romans au ton drolatique, notamment la Saison des fous (Estação das Chuvas, 1997), et le Marchand de passés (O Vendedor de Passados, 2004). Ondjaki (né en 1977), avec notamment son roman Bonjour camarades (Bom Dia Camaradas, 2000), s'impose comme un auteur émergent. Le Mozambique, à partir du milieu du XXe siècle, produit également une génération féconde, où romanciers et poètes mettent leurs plumes au service de la critique du colonialisme, puis du postcolonialisme. Nous avons tué le chien teigneux (Nós Matámos o Cão-Tinhoso, 1964) de Luis Bernardo Honwana (né en 1942) est une référence majeure de la période coloniale. De nombreux poètes comme Vera Duarte (née en 1952), Rui Knopfli (1932-1997), Heliodoro Baptista (né en 1944) ou encore Eduardo White (né en 1963) nourrissent la vie littéraire mozambicaine. Mia Couto (né en 1955) est devenu au fil de ses romans l'une des voix majeures de la littérature lusophone d'Afrique australe : après des recueils de poèmes, puis de nouvelles, il publie son premier roman, Terres somnambules, en 1993 (Terra Sonâmbula, 1993), où la toile de fond du récit est constituée par la guerre civile dans son pays. Son écriture, marquée par la richesse de l'expression orale africaine, revendique sa « mozambicanité « faite du métissage entre l'expression orale africaine et la langue portugaise. Le Cap-Vert, à l'image de l'Angola, voit apparaître à partir de 1930 une féconde génération de poètes et d'écrivains. Les précurseurs, Jorge Barbosa (1902-1971), Manuel Lopes (né en 1907) et Baltazar Lopes (1907-1990) fondent en 1936 la revue Claridade (Clarté), qui marque la naissance d'un mouvement d'émancipation culturelle et sociale. À leur suite, Manuel Ferreira (1917-1992), Virgilio de Lemos (né en 1929) ou encore Mário Fonseca (né en 1939) s'affirment comme des poètes importants. Germano Almeida (né en 1945) est romancier ; avec un humour satirique, il décortique l'hypocrisie de la société cap-verdienne (O meu Poeta, « Mon poète «, 1990). Le poète Manuel de Novas (né en 1938) est l'un des auteurs attitrés de la chanteuse Cesaria Evora. La Guinée Bissau reste en marge de la création littéraire jusque dans les années 1990 ; le roman Eterna Paixão (« Passion éternelle «, 1995) d'Abduali Sila semble être son acte de fondation. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« 4. 1 Littérature écrite d’Afrique orientale 4.1. 1 Éthiopie et Somalie L’Éthiopie et la Somalie, aux confins des cultures nilotiques de l’Afrique noire ( voir Nil) et du monde arabe, constituent un cas à part.

En effet, les Éthiopiens disposent très tôt, pour écrire leur langue — le guèze —, d’un alphabet sémitique original, inspiré des écritures sud-arabiques du Ier millénaire av.

J.-C. Venues d’Égypte, l’influence de la culture grecque puis celle du christianisme, à partir du IVe siècle, inspirent certainement des traductions de la Bible, puis de la vie des saints ( voir hagiographie), mais il ne nous est parvenu aucun écrit de cette période, les premiers manuscrits dont nous disposons datant de la fin du XIIIe siècle. La littérature d’Éthiopie et de Somalie est surtout religieuse — chrétienne d’obédience copte — comme la Légende du prophète Habacuc (1293) ou le livre des canons de l’Église copte, le Sênodos. Les écrits profanes se cantonnent surtout au genre des chroniques royales ; ainsi, la Gloire des rois (1314-1332) est considérée comme la première œuvre importante de la littérature éthiopienne profane. La tradition écrite de l’islam quant à elle, génère avant tout des œuvres poétiques et mystiques.

L’œuvre profane la plus ancienne qui nous soit parvenue dans cette tradition est une histoire de la cité-État de Kilwa Kisiwani (en Tanzanie), texte anonyme en arabe écrit vers 1520. 4.1. 2 Kenya et Tanzanie Plus au sud, notamment dans les régions côtières du Kenya et de la Tanzanie actuels, la littérature en langue swahili, nourrie du fonds culturel bantou ( voir langues d’Afrique) et des traditions arabes, offre une remarquable diversité thématique. Le tenzi ou tendi, long poème narratif et épique, en est l’un des genres les plus représentatifs.

Il reprend tantôt des légendes, tantôt des enseignements religieux et moraux.

La plus ancienne œuvre en swahili est un tenzi (intitulé Utenzi wa Tambuka (« Épopée de Tambuka ») et daté de 1728.

Outre une poésie religieuse ou didactique en swahili, on trouve aussi des versions de l’histoire de certaines cités-États composées dans cette langue. Les poèmes swahili les plus célèbres datent des XIXe et XXe siècles ; l’un d’eux, Éveil de l’âme (Al-Inkishaft), a été composé par Sayyid Abdallah bin Ali bin Nasir (1720-1820).

Ce poème religieux, qui présente la chronique de la chute de la cité-État de Pate, évoque aussi la futilité de la vie terrestre.

Le poète semi-légendaire Liongo Fumo, prétendant au trône de Shagga au XIIIe siècle, est lui-même le héros d’un poème épique, Utenzi wa Liongo Fumo (« Épopée de Liongo Fumo »), composé en 1913 par Muhammad bin Abubakar. 4. 2 Littérature écrite d’Afrique occidentale L’islam a également été un vecteur de propagation de la littérature écrite dans une zone qui s’étend du Sénégal au Cameroun actuels.

Parmi les premières œuvres écrites de cette région, qui datent des XVIe et XVII e siècles, celles des érudits islamiques Abderrahman es-Saadi, auteur de Tarikh es-Sudan, et celles de Mahmoud Kâti, auteur de Tarikh el-Fettach, fixent les traditions orales des empires soudanais occidentaux du Ghana, du Mali et de Songhaï dans des récits proches des traditions narratives arabes. La plus ancienne poésie écrite d’Afrique occidentale est quant à elle religieuse, et, elle aussi, influencée par la littérature arabe pré-islamique et par les écrits religieux nord-africains ( voir littérature du Maghreb).

Une des figures majeures de la poésie d’Afrique occidentale est Abdullah ibn Muhammed Fudi (fin du XVIII e-début du XIXe siècle), émir de Gwandu et frère du réformateur musulman Shedu Uthman, qui est l’auteur de poèmes religieux. Contrairement aux régions soudaniennes d’Afrique occidentale et aux zones côtières d’Afrique orientale, occupées tôt par les Arabes, certaines régions du continent africain, comme le sud du Sahara, ne développent une littérature écrite qu’au contact des colonisateurs européens. 5 LITTÉRATURE CONTEMPORAINE C’est au début du XXe siècle que des auteurs africains commencent à publier des récits de fiction dans des langues africaines ou européennes. 5. 1 Littérature francophone La première littérature écrite en français sur le continent africain est le fait des explorateurs, des missionnaires et des aventuriers du XIXe siècle, qui veulent témoigner de leurs expériences africaines et qui, de ce fait, dressent un tableau le plus souvent incomplet, partial et caricatural des aspects folkloriques et traditionnels de cette région du monde.

( voir récit de voyage) 5.1. 1 Premiers auteurs noirs de langue française C’est à partir des années 1930 que les premiers auteurs noirs de langue française apparaissent ; leurs œuvres s’inscrivent en réaction au flot de textes produits par les explorateurs, missionnaires et voyageurs et ils écrivent avec le souci de préserver l’identité culturelle de leurs pays et de dénoncer les effets destructeurs de la colonisation sur les civilisations africaines. C’est à Bakary Diallo, un ancien tirailleur sénégalais, que l’on doit le premier roman d’un auteur africain écrivant en français : Force Bonté (1926).

Les autres précurseurs de cette littérature africaine francophone sont le Malien Fily Dabo Sissoko (1900-1964), le Béninois Paul Hazoumé (1890-1980), auteur de Doguicimi en 1935, le Sénégalais Ousmane Socé (1911-1978), auteur de Karim (1935).

Le Martiniquais René Maran (1887-1960), installé à Bangui, dans l’actuelle République. »

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