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Albanie

Publié le 11/04/2013

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albanie
1 PRÉSENTATION

Albanie, en albanais Shqipëria (« le pays des aigles «), pays d’Europe situé dans la partie occidentale de la péninsule des Balkans. Sa capitale est Tirana.

L’Albanie est bordée au nord-ouest et au nord par la Serbie et le Monténégro, à l’est par l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), au sud par la Grèce et à l’ouest par la mer Adriatique.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

L’Albanie est l’un des plus petits pays d’Europe. Elle s’étend sur 345 km du nord au sud et sur 145 km d’ouest en est. Sa superficie totale est de 28 748 km². Le relief de l’Albanie est principalement montagneux avec des sommets culminant entre 2 100 et 2 600 m. Au nord, dans les Alpes albanaises, formant la limite sud des Alpes Dinariques, se dresse le point culminant du pays, le mont Korab (2 764 m). Au centre et dans le sud du pays, les montagnes sont entrecoupées de hauts plateaux et de bassins.

Les basses terres, qui représentent moins d’un quart de la superficie totale du pays, bordent la côte adriatique au nord de Vlorë. Le sol des plaines côtières est riche mais marécageux. La majeure partie des fleuves coulent d’est en ouest vers la mer Adriatique. Les plus importants d’entre eux, le Drin, le Shkumbi et le Mat, possèdent de larges vallées. Les trois grands lacs du pays, Shkodër au nord-ouest, Ohrid et Préspa à l’est, enjambent les frontières.

2.2 Climat

La côte adriatique possède un climat méditerranéen typique avec des hivers doux et pluvieux. L’intérieur des terres est dominé par un climat plus continental présentant des températures très contrastées. Partout les étés sont chauds et secs. Les précipitations annuelles moyennes sont de 1 000 mm sur la côte et atteignent près de 2 500 mm dans certaines régions des montagnes situées au nord.

2.3 Végétation et faune

La côte est recouverte d’une végétation typiquement méditerranéenne composée de buissons résistant à la sécheresse. Les forêts recouvrent 27,6 p. 100 de la superficie de l’Albanie, les plus épaisses se trouvant à haute altitude, les autres n’étant que des garrigues. Les arbres rencontrés sont le chêne, l’orme, le pin, le hêtre et le bouleau. Dans les montagnes vivent des aigles, des loups, des cerfs et des sangliers.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

L’Albanie est l’un des pays les plus homogènes du monde ethniquement parlant. 96 p. 100 de la population est composée d’Albanais de souche, qui seraient les descendants des Illyriens. Les Grecs, les Roms, les Serbes et les Bulgares constituent les groupes minoritaires. Le pays, qui comptait 4 millions d'habitants en 2008, possède le plus fort taux d’accroissement naturel de toutes les nations européennes (1 p. 100 en 2005) et, partant, une population très jeune.

Avant la Seconde Guerre mondiale, la population était surtout rurale, mais, depuis les années 1950, une urbanisation rapide a amené près de la moitié d’entre elle dans les villes (43 p. 100 au milieu des années 2000). On estime qu’environ 1 200 000 Albanais vivent dans la province serbe du Kosovo, où ils ont eu à souffrir de la politique répressive de la Serbie, et qu’ils sont 400 000 dans l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et 40 000 au Monténégro.

3.2 Villes principales

La capitale et ville principale est Tirana, avec une population estimée en 2001 à 343 078 habitants. Les autres grandes villes sont le port et le centre industriel de Durrës, le centre agricole d’Elbasan, la ville antique de Shkodër et le port de Vlorë.

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Pouvoirs exécutif et législatif

La Constitution de 1946 a proclamé l’Albanie République populaire. Une deuxième Constitution, promulguée en 1976, a été remplacée en 1991, au moment de la chute du communisme, par une Constitution intérimaire qui a rebaptisé le pays « république d’Albanie «. En novembre 1998, une nouvelle Constitution a été approuvée par référendum.

Le pays est dirigé par le président de la République, élu par l’Assemblée pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre. L’Assemblée de la République d’Albanie (Kuvendi) est la chambre unique du Parlement. Elle est constituée de 140 députés, élus pour quatre ans, dont 100 le sont au scrutin uninominal et 40 au scrutin proportionnel de liste.

3.3.2 Partis politiques

Du milieu des années 1940 jusqu’aux années 1980, le seul parti politique du pays était le Parti communiste, connu officiellement sous le nom de Parti du travail albanais (PTA). Les partis de l’opposition ont été légalisés en décembre 1990. Les premières élections législatives libres pluralistes ont eu lieu en 1991 ; elles ont conduit Fatos Nano à la tête du gouvernement. Le Parti démocratique albanais (PDA), fondé par Sali Berisha, a remporté les élections de mars 1992. Il a gouverné seul de 1994 à l’insurrection qui a secoué le pays au début de l’année 1997. Ces événements ont entraîné la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale et la tenue d’élections législatives anticipées, remportées en juin 1997 par le Parti socialiste albanais (PSA). Le PSA est sorti également vainqueur des élections législatives de juin 2001. Fatos Nano a dirigé le gouvernement de 1997 à 1998 et de 2002 à 2005. En 2005, la victoire du PDA aux élections législatives a permis le retour sur le devant de la scène politique albanaise de Sali Berisha, nommé Premier ministre.

3.4 Langues et religions

La langue albanaise appartient au groupe indo-européen de la sous-famille thraço-illyrienne et présente deux dialectes principaux : le gègue au nord et le tosque au sud. Depuis 1944, une langue officielle, fondée sur le tosque, a été adoptée.

Le gouvernement albanais avait aboli en 1967 toutes les institutions religieuses et la liberté de culte n’a été officiellement rétablie qu’en 1990. On estimait alors que 70 p. 100 des Albanais étaient musulmans, le reste de la population se partageant entre orthodoxes (18 p. 100) et catholiques (12 p. 100).

3.5 Éducation

Le taux d’alphabétisation est passé de 20 p. 100 en 1939 à 84,7 p. 100 en 2000. L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans. Si près de 80 p. 100 des élèves suivent un enseignement secondaire, moins de 10 p. 100 d’entre eux accèdent à l’enseignement supérieur. L’université de Tirana, fondée en 1957, peut accueillir environ 12 000 étudiants.

3.6 Arts et vie culturelle

Pendant plus de quatre cents ans de domination ottomane, la langue et la culture albanaises ont été peu mises en valeur. Le premier ouvrage en albanais est un Missel, traduit par le moine Gjon Buzuku et publié à Rome en 1555. Il a fallu attendre les années 1850 pour que s’affirme une période de renaissance culturelle albanaise, appelée Rilindja, qui a permis l’ouverture, en 1887, de la première école albanaise à Korçë puis, en 1911, la fixation de l’écriture de l’albanais, suivant l’alphabet latin. Les plus grands poètes associés à ce mouvement de réveil national font partie de la diaspora albanaise, tels Jeronim de Rada (1814-1903) et Naim Frashëri (1846-1900). La littérature albanaise prend son essor au début du xxe siècle, avant d’être confrontée aux impératifs du réalisme socialiste à partir de 1945. L’univers du totalitarisme fournit la matière première de l’œuvre d’Ismaïl Kadaré, traduite dans le monde entier.

L’Albanie possède plus de 3 600 bibliothèques, la plus importante étant la Bibliothèque nationale de Tirana. Tirana possède également un opéra, un théâtre et abrite les principaux musées du pays.

4 ÉCONOMIE

L’Albanie, que le régime d’Enver Hoxha avait plongée dans une totale autarcie, reste le pays le plus pauvre et le moins développé d’Europe, un quart de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté (25,4 p. 100 en 2002). Son économie, qui s’est effondrée au début des années 1990 en même temps que le régime communiste, a subi, au cours des années qui ont suivi, des changements radicaux. Après avoir décru de 5,3 p. 100 entre 1985 et 1993, la croissance économique a fait un bond de 8 p. 100 en 1994. Mais le pays a été confronté en 1997 à une crise économique qui a précipité son économie au bord de la faillite. Due à l’effondrement d’un système de pyramides financières, cette crise a provoqué la ruine de centaines de milliers d’épargnants. La récession (- 7,0 p. 100 de croissance annuelle en 1997) qui a suivi cette crise a ramené le produit intérieur brut (PIB) à 9,371 milliards de dollars. La situation était, fin 1997, en voie de normalisation, toutefois le pays subissait encore une inflation de 42 p. 100, tandis que le chômage touchait 13,4 p. 100 d’une population qui se débattait dans des conditions de vie extrêmement difficiles.

Pour tenter d’y remédier, l’Albanie s’est vu accorder une aide d’urgence en octobre 1997 par la communauté internationale ainsi que de larges soutiens financiers à plus long terme, en contrepartie d’un assainissement de ses finances publiques. La reprise économique s’est consolidée à partir de 1998, et la croissance atteint 5,43 p. 100 sur la période 2000-2004. L’Albanie a dû aussi, en 1999, faire face aux conséquences de l’afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés du Kosovo.

4.1 Agriculture

En 2003, l’agriculture représentait 24,7 p. 100 du PIB et employait les deux tiers de la population active. De grands projets de drainage et de défrichement adoptés dans les années 1950 ont permis d’augmenter sensiblement la superficie des terres arables, totalement collectivisées en 1967. Depuis 1991, l’agriculture est progressivement privatisée, dans le cadre du démantèlement des anciennes coopératives, et connaît de grandes difficultés.

Les principales cultures sont celles des fruits et légumes, du blé, du maïs, de la betterave à sucre et des pommes de terre. On cultive également du raisin, des olives, du coton et du tabac. Des efforts ont été faits pour améliorer la qualité du bétail, bovins, moutons et porcs. Les régions boisées constituent une importante ressource naturelle et fournissent du bois de chauffage et de construction.

4.2 Mines et industries

Sous le régime communiste, les plans quinquennaux mettaient l’accent sur le développement du secteur industriel et, au début des années 1950, l’Albanie a construit (avec le soutien des Soviétiques, puis celui des Chinois) des usines de produits chimiques, de ciment, d’engrais et de machines-outils. Des raffineries de pétrole, des filatures ainsi qu’une entreprise de sidérurgie à Elbasan ont également été ouvertes. À la fin des années 1980, la production annuelle de pétrole brut était de 19,8 millions de barils.

Parmi les produits manufacturés figurent l’asphalte, les articles en cuivre, les cigarettes et, surtout, l’agroalimentaire. Avant 1991, l’Albanie était le quatrième producteur mondial de minerai de chrome, extrait dans les montagnes du Nord-Est avec une production annuelle de 1 million de tonnes par an, qui a chuté à moins de 240 000 tonnes en 1994 et à 117 000 tonnes en 2000. On exploite également du cuivre, du nickel, du charbon, du minerai de fer et des phosphates.

Grâce à son relief, l’Albanie possède un grand potentiel hydroélectrique, mais ses centrales sont vétustes et la sécheresse en limite le potentiel. La production électrique, en 2003, était de 4,1 milliards de kilowattheures dont 95,2 p. 100 d’origine hydraulique. Or l’Albanie a besoin de plus de 15 milliards de kWh pour subvenir à ses besoins. Les coupures d’électricité, atteignant dix heures par jour, traduisent la crise énergétique qui frappe le pays de manière récurrente, notamment au cours de l’hiver.

4.3 Échanges

L’unité monétaire albanaise est le lek, subdivisé en 100 quindarka. Les principales importations du pays sont les biens d’équipement industriel, les biens d’équipement léger, les combustibles et les produits électroniques et de précision. L’Albanie exporte du pétrole brut, du fer, du chrome, du cuivre, des fruits et légumes, du tabac et du vin. En 2004, les exportations ont rapporté 595,6 millions de dollars, mais les importations ont coûté 2,3 milliards de dollars. Depuis 1991, les principaux partenaires commerciaux de l’Albanie ne sont plus la Chine ou les pays de l’Est européen mais ceux de l’Union européenne. Après les ressources fournies par le secteur agricole et par celui des services, la troisième source de richesse du pays provient de l’argent envoyé par les émigrés albanais, principalement installés en Italie et en Grèce.

Les moyens de communication sont encore limités. L’Albanie ne disposait d’aucun réseau ferroviaire avant 1948. En 2005, on comptait environ 447 km de voies de chemin de fer et 18 000 km de routes. Le seul fleuve navigable est le Bojana, dans le Nord-Ouest. Les ports principaux sont Durrës, Vlorë et Sarandë. L’unique aéroport, situé à Tirana, assure des vols vers les principales villes des pays voisins. Pays fermé aux touristes durant la seconde moitié du xxe siècle, l’Albanie dispose d’un fort potentiel touristique grâce à la richesse de son histoire, à la préservation de son patrimoine et à ses plages. Elle commence à attirer les visiteurs, notamment sur la côte adriatique qui connaît un boom immobilier depuis les années 2000 (60 000 touristes en 2004).

5 HISTOIRE
5.1 Le royaume illyrien des origines

Les Albanais seraient les descendants des Illyriens, peuple indo-européen qui s’installe dans la région occidentale de la péninsule Balkanique autour de l’âge du bronze ou peu après (vers 1000 av. J.-C.).

Un royaume illyrien s’étend de la côte dalmate aux régions côtières de l’Albanie actuelle et atteint l’apogée de sa puissance sous le règne du roi Agron, au milieu du iiie siècle av. J.-C. Il devient une forte puissance maritime, mettant ainsi en danger le commerce de la République romaine dans la région. En 168 av. J.-C., Rome conquiert l’Illyrie, qui demeure sous son autorité pendant plus de cinq siècles. L’Albanie devient un centre important reliant Rome et Byzance par la Via Egnatia.

5.2 Les invasions du Moyen Âge

À la suite du partage de l’Empire romain en 395 apr. J.-C., l’Albanie est intégrée à l’empire d’Orient. À cette période, les ports albanais comme Durrachium (Durrës) deviennent d’importantes places commerciales. Les provinces illyriennes sont dévastées par des tribus nomades, les Goths et les Huns au ive siècle, les Bulgares au ve siècle et les Slaves aux vie et viie siècles. Craignant d’être submergés, les Albanais (convertis au christianisme) migrent vers le sud et se concentrent dans les régions montagneuses escarpées où ils restent sous la tutelle théorique de l’Empire byzantin.

Aux xie et xiie siècles, l’Albanie est envahie par les Normands. En 1190, le prince albanais Progon réussit à instaurer un État indépendant qui se maintient jusqu’à la moitié du xiiie siècle. Puis le pays est conquis par les Serbes au xive siècle. Avec l’effondrement de l’Empire serbe d’Étienne IX Douchan, en 1355, l’Albanie est divisée entre seigneurs féodaux locaux.

5.3 La domination ottomane

Sous l’autorité de George Castriota, connu sous le nom de Skanderbeg, héros national, les Albanais résistent à une première occupation turque. En 1448 et en 1466, Skanderbeg repousse d’importantes expéditions turques mais, après sa mort, en 1468, l’Albanie est de nouveau intégrée à l’Empire ottoman et la majorité de la population est convertie à l’islam. Un grand nombre d’Albanais émigrent alors en Sicile et en Calabre, où existent encore des communautés albanaises. Pendant les cinq siècles d’occupation turque, nombreux sont les Albanais qui obtiennent de hautes fonctions au sein de l’Empire. Pendant la seconde moitié du xviiie siècle, plusieurs princes locaux reprennent momentanément le pouvoir. De 1775 à 1796, les Bushati règnent sur le duché de Shkodër et, surtout, de 1790 à 1822, Ali Pacha sur celui d’Ioánnina.

La Ligue albanaise, regroupant des patriotes albanais favorables à l’indépendance du pays, est fondée à Prizren. Elle se forme en 1878, au lendemain du congrès de Berlin qui a ravivé le sentiment national. Ces derniers luttent sur deux fronts : contre les nations voisines pour préserver l’intégrité territoriale de l’Albanie et contre la Turquie pour donner à celle-ci un statut d’autonomie.

5.4 De l’indépendance à la domination zoguiste

En décembre 1912, la conférence de Londres reconnaît l’indépendance de l’Albanie, proclamée le 28 novembre 1912 à la suite de plusieurs révoltes contre la Turquie par les patriotes albanais dirigés par Ismaïl Qemal. Cependant, la frontière définie en 1913 par une commission nommée par les grandes puissances enlève à l’Albanie plus de la moitié de son territoire dont le Kosovo-Metohija, soit environ 40 p. 100 de sa population. Aujourd’hui, plusieurs centaines de milliers d’Albanais vivent toujours en Grèce, 500 000 dans l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et près de 1,5 million en Serbie et au Monténégro.

Les grandes puissances choisissent le prince allemand Guillaume de Wied comme souverain de l’Albanie. Il est intronisé en mars 1914 mais, en raison d’une opposition locale et de la déclaration de la Première Guerre mondiale, il doit fuir le pays six mois plus tard.

Pendant la guerre, l’Albanie devient un champ de bataille pour les grandes puissances. Cependant, la conférence de paix de Paris de 1919 rejette les prétentions territoriales de la Grèce, de la Serbie, du Monténégro et de l’Italie, et l’Albanie échappe au démantèlement. Elle est admise à la Société des Nations (SDN) le 17 décembre 1920.

Pendant les quatre années qui suivent, l’Albanie est déchirée par la lutte acharnée pour le pouvoir des factions politiques. Les premières élections qui se déroulent en avril 1921 opposent les conservateurs du Parti progressiste aux réformateurs du Parti populaire. Ahmed Zogu, un grand féodal, prend une importance croissante dans la vie politique albanaise. Premier ministre en 1922, il est renversé par l’opposition démocratique qui se rassemble autour de l’écrivain Fan Noli, nommé Premier ministre en 1924. Mais Ahmed Zogu reprend le pouvoir dès 1925 par une intervention militaire et se fait proclamer président. De 1928 à 1939, il prend le titre de Zog Ier, roi des Albanais. Il introduit des réformes juridiques (promulgation de codes civil, pénal et commercial) et économiques (réforme agraire). Ayant ouvert le pays aux capitaux étrangers afin de favoriser le développement économique, le roi Zog est soumis aux pressions de l’Italie fasciste qui, après avoir accordé d’importants prêts à l’Albanie, exige la conclusion de traités d’alliance politique et militaire. Mais le 7 avril 1939, les troupes de Mussolini occupent le pays, et le roi Victor-Emmanuel III d’Italie est aussitôt proclamé roi d’Albanie.

5.5 La Seconde Guerre mondiale

La résistance armée des groupes nationalistes contre les Italiens s’organise à partir de 1941, sous la bannière du Parti communiste albanais fondé au mois de novembre. Enver Hoxha, un jeune enseignant formé en France, en devient le secrétaire général. En septembre 1942, les communistes et des nationalistes non communistes créent le Front de libération nationale (FLN), tandis que ceux qui jugent ce mouvement dominé par les communistes se regroupent au sein du Front national. Les deux mouvements créent un Comité de salut public, bientôt dénoncé par le FLN.

Après la capitulation de l’Italie (8 septembre 1943), l’Albanie subit l’occupation allemande. En mai 1944, Enver Hoxha est porté à la tête d’un Comité antifasciste de révolution nationale, et l’Armée de libération nationale, qu’il dirige depuis juillet 1943, libère l’ensemble du pays entre septembre et novembre 1944. Au mois d’octobre, le Comité antifasciste se transforme en gouvernement provisoire dont Enver Hoxha prend la direction. Il est reconnu en 1945 par les puissances internationales.

5.6 La République populaire d’Enver Hoxha (1946-1985)
5.6.1 L’alliance avec la Yougoslavie puis avec l’URSS (1945-1961)

Plus de 90 p. 100 des voix se portent sur le Front démocratique, dominé par les communistes, lors de l’élection en décembre 1945 d’une Assemblée constituante. Le 11 janvier 1946, elle proclame la République populaire d’Albanie. En mars, une nouvelle Constitution est promulguée et un nouveau gouvernement formé, Enver Hoxha assumant la fonction de Premier ministre. Des purges éliminent l’opposition, les industries et les usines sont nationalisées et une réforme agraire radicale est introduite. De 1944 à 1948, la politique étrangère albanaise est marquée par des relations tendues avec la Grèce et l’Occident en même temps qu’une étroite alliance avec la Yougoslavie de Tito. Il est même un temps envisagé d’intégrer l’Albanie dans la Yougoslavie. Cependant, après la rupture des relations soviéto-yougoslaves de 1948, l’Albanie s’aligne sur l’Union soviétique. En 1949, l’Albanie est admise au Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) et, en 1955, elle devient membre du pacte de Varsovie.

En 1954, Enver Hoxha abandonne son poste de Premier ministre à son adjoint, Mehmet Shehu, mais continue de diriger le pays. Les relations de l’Albanie avec le bloc soviétique commencent à se détériorer à partir de la seconde moitié des années 1950, Hoxha désavouant la politique de déstalinisation, de coexistence pacifique avec les pays capitalistes et de rapprochement avec la Yougoslavie.

5.6.2 L’alliance avec la Chine (1961-1978)

Le gouvernement albanais se rapproche de celui de Pékin, dont il partage les orientations, vers la fin de l’année 1960. En novembre 1961, l’Albanie rompt toute relation diplomatique avec l’Union soviétique, qui cesse de lui apporter tout soutien. La Chine dépêche aussitôt des experts chargés de remplacer les conseillers soviétiques qui se sont retirés du pays et fournit des crédits à intérêts peu élevés.

5.6.3 L’isolement économique et politique

La réorientation de la politique étrangère chinoise au début des années 1970 et le rapprochement sino-américain qui s’ensuit sont à l’origine de la rupture des relations entre l’Albanie et la Chine. L’Albanie, ayant normalisé ses relations avec la Yougoslavie, puis ayant à plusieurs reprises condamné publiquement la politique étrangère de la Chine, Pékin cesse de soutenir son ancien allié en juillet 1978. Le régime d’Enver Hoxha, prétendant à une stratégie de développement économique et politique indépendant, se ferme alors au monde en continuant de proclamer la possibilité de construire le « socialisme dans un seul pays «, selon la thèse stalinienne. La dictature en place est l’une des plus dures de toute l’Europe de l’Est.

Cependant, la fin des années 1970 et le début des années 1980 voient une amélioration des relations de l’Albanie avec ses voisins européens. La question de la minorité ethnique grecque en Albanie (entre 60 000 et 300 000 personnes suivant les estimations) reste pourtant sensible. Les relations avec la Yougoslavie redeviennent tendues à la suite des mauvais traitements infligés par les Serbes aux Albanais du Kosovo. En décembre 1981, le gouvernement annonce le suicide du Premier ministre Mehmet Shehu, plus tard accusé d’être un agent étranger. Jusqu’au milieu des années 1980, la traque de l’« ennemi intérieur « se poursuit. Adil Çarçani est nommé Premier ministre en janvier 1982 et Ramiz Alia est porté à la présidence au mois de novembre.

5.7 La démocratisation
5.7.1 De la présidence de Ramiz Alia à la chute du régime communiste (1985-1992)

À la suite de la mort d’Enver Hoxha, en avril 1985, Ramiz Alia prend la direction du Parti communiste. Les dirigeants albanais résistent aussi longtemps que possible à la vague de démocratisation qui déferle sur l’Europe orientale à partir de 1989. Ce n’est qu’après la chute de Nicolae Ceausescu en Roumanie (décembre 1989), les manifestations des étudiants de Tirana, et sous les pressions internationales que l’Albanie autorise le multipartisme le 11 décembre 1990, lève les interdits religieux, rend possibles les voyages à l’étranger, et établit des relations avec l’Occident (voir révolutions démocratiques de 1989).

Les relations diplomatiques avec les États-Unis reprennent en mars 1991 après une rupture de cinquante et un ans. Après avoir remporté les premières élections parlementaires libres pluralistes d’Albanie, les communistes promulguent une nouvelle charte intérimaire créant le poste de président de la République, auquel est élu Ramiz Alia par l’Assemblée populaire en avril. Le Parti communiste, rebaptisé Parti socialiste albanais (PSA) au mois de juin, se maintient au pouvoir pendant toute l’année 1991 mais il est battu par le Parti démocratique (PDA) lors des élections parlementaires de mars 1992.

5.7.2 La présidence de Sali Berisha (1992-1997) et l’ouverture sur l’Europe

Ramiz Alia démissionne en avril 1992 et Sali Berisha devient le premier président albanais non communiste depuis la Seconde Guerre mondiale. Un gouvernement de coalition est formé et Aleksander Meksi est nommé Premier ministre. En juillet 1992, le Parti communiste albanais est déclaré illégal. L’année suivante, Ramiz Alia ainsi que d’autres responsables communistes sont accusés d’appropriation et de détournement des fonds de l’État, jugés et condamnés à des peines de prison.

Alors que les relations avec la Serbie continuent d’être difficiles, les tensions augmentent entre l’Albanie et la Grèce au début des années 1990, Athènes accusant Tirana de maltraiter la minorité grecque du sud de l’Albanie (voir Épire). Elles s’apaisent cependant, l’Albanie mettant en sourdine ses campagnes antigrecques et la Grèce levant son veto à l’aide européenne à l’Albanie. En mai 1992, l’Albanie signe un accord de coopération de dix ans avec la Communauté économique européenne (aujourd’hui l’Union européenne). Et, en juin 1995, elle devient membre du Conseil de l’Europe. Les élections législatives de mai-juin 1996 sont remportées par le Parti démocratique du président Berisha, qui recueille 67,8 p. 100 des voix et les deux tiers des sièges du Parlement. Cette victoire est contestée par les partis de l’opposition qui dénoncent les nombreuses irrégularités observées au cours du scrutin.

5.7.3 L’insurrection de 1997

En février 1997, un scandale financier, provoqué par la faillite de sociétés d’épargne à caractère spéculatif, déclenche une violente manifestation dans les rues de Tirana. Le climat insurrectionnel s’amplifie rapidement dans tout le sud du pays, en proie à la violence et à l’anarchie. Après avoir affirmé son intention d’utiliser la force pour mater la rébellion, le président Berisha tente d’apaiser les tensions en annonçant la constitution d’un gouvernement de réconciliation nationale, dirigé par Bashkim Fino, un des leaders de l’opposition socialiste. La violence et le banditisme connaissent une nouvelle recrudescence. Le 29 mars, alors que la crise albanaise a déjà fait plus de 200 morts et provoqué une émigration massive de la population vers l’Italie, le Conseil de sécurité des Nations unies autorise l’envoi en Albanie d’une force armée multinationale de 2 500 hommes, chargée d’assurer la sécurité des ports du sud et l’acheminement de l’aide humanitaire. Les premiers contingents de l’opération « Alba «, sous commandement italien, débarquent en Albanie le 15 avril.

Lors des élections législatives anticipées qui se déroulent en juin 1997, la coalition d’opposition constituée autour du Parti socialiste (PSA) remporte la majorité des deux tiers au Parlement. Cette victoire entraîne peu après la démission de Berisha, auquel succède en juillet le socialiste modéré, Rexhep Mejdani, et la nomination au poste de Premier ministre du dirigeant du PSA, Fatos Nano.

5.8 Le fragile redressement du pays
5.8.1 La présidence de Rexhep Mejdani (1997-2002)

Le gouvernement s’attache à désarmer progressivement la population tout en reprenant en main l’armée, la police et le Shik (services secrets albanais), ce qui permet d’éviter une recrudescence de la violence après le départ de la Force multinationale de protection en août 1997.

Le Premier ministre Fatos Nano fait adopter un plan économique d’urgence prévoyant une austérité budgétaire et financière. Mais la tension reprend entre partisans de Sali Berisha et forces de l’ordre, après l’assassinat, le 12 septembre 1998, d’Azem Adjari, chef de file de l’opposition et cofondateur du Parti démocratique (PDA). Fatos Nano doit démissionner le 28 septembre après avoir échoué dans sa tentative de remanier le gouvernement. Il est remplacé par Pandeli Majko, chef du groupe socialiste au Parlement. La nouvelle Constitution est adoptée par référendum avec plus de 90 p. 100 de votes favorables, mais une faible participation, le 22 novembre 1998.

Début 1999, le conflit du Kosovo touche directement l’Albanie qui doit accueillir quelque 320 000 réfugiés chassés du Kosovo. Le pays sert aussi de base à l’OTAN qui y déploie 8 000 soldats, ce qui redonne confiance au gouvernement quant à sa sécurité menacée par les actions de la Yougoslavie. En octobre 1999, le Premier ministre Pandeli Majko présente sa démission au président Rexhep Mejdani à la suite de dissensions au sein du parti socialiste. Il est remplacé par Ilir Meta.

Un certain apaisement de la vie politique se manifeste alors, qui favorise une timide embellie économique. Sur le plan extérieur, l’Albanie, qui mise sur ses alliés occidentaux, apparaît comme un acteur indispensable dans la stabilisation de la région. En effet, Tirana possède une influence certaine sur les mouvements indépendantistes albanais qui, depuis le Kosovo, se sont développés dans le sud de la Serbie et dans le nord de l’ARYM. En janvier 2001, l’Albanie rétablit ses relations diplomatiques avec la Yougoslavie, rompues en 1999 au moment de la guerre du Kosovo.

À l’issue des élections législatives de juin 2001, Ilir Meta est reconduit dans ses fonctions. Sur les 140 sièges à pourvoir, le Parti socialiste albanais (PSA) en remporte 73 tandis que l’Union pour la victoire (une alliance des partis d’opposition dirigée par l’ancien président Sali Berisha) en obtient 46 mais, contestant la validité du scrutin, elle refuse de siéger au Parlement jusqu’en février 2002. Les accusations de corruption portées par Fatos Nano, le président du Parti socialiste, à l’encontre du gouvernement d’Ilir Meta — issu du même parti que lui — conduisent à la démission de quatre ministres et du Premier ministre en janvier 2002, remplacé par Pandeli Majko. La gestion de la crise énergétique par le gouvernement est notamment mise en cause, les coupures d’électricité atteignant dix heures par jour au cours de l’hiver.

5.8.2 La présidence d’Alfred Moisiu (2002-2007)

En juin 2002, Alfred Moisiu est élu à la présidence de l’Albanie par le Parlement. Ancien ministre de la Défense sous Enver Hoxha, et vice-ministre de la Défense sous Sali Berisha, il succède au socialiste Rexhep Mejdani pour un mandat de cinq ans.

Candidat de consensus pour tenter de mettre un terme à la crise politique qui voit s’affronter le PSA et le PDA, il est élu à l’unanimité par le Parti socialiste au pouvoir et par l’opposition. Au mois de juillet, il charge Fatos Nano, le leader du Parti socialiste, de former un nouveau gouvernement. Son gouvernement tente de lutter contre l’émigration clandestine, vers l’Italie principalement, et soutient l’intervention américaine en Irak en mars 2003. En février 2003 sont engagées avec l’Union européenne les négociations sur l’Accord de stabilisation-association, étape préalable à une adhésion future, mais la signature de l’accord échoue en 2004 face à la persistance de la corruption et du crime organisé. Une crise interne au Parti socialiste conduit à sa scission en 2004 et à la création par Ilir Meta du Mouvement socialiste pour l’intégration (MSI). À l’approche du scrutin législatif de juillet 2005, les partis politiques signent un pacte éthique dans l’objectif de limiter la contestation des résultats. La coalition menée par le Parti démocratique de Sali Berisha arrive largement en tête du scrutin avec 55 députés, devant le Parti socialiste du Premier ministre sortant qui obtient 40 députés. Au mois de septembre, Sali Berisha est nommé Premier ministre. Il forme un gouvernement jeune et resserré qui a pour principale ambition d’éradiquer la corruption, véritable fléau national. Afin de préparer l’Albanie à une future adhésion à l’Union européenne, il met en œuvre des réformes d’inspiration libérale.

5.8.3 La présidence de Bamir Topi (2007- )

En juillet 2007, le candidat du Parti démocrate, Bamir Topi, soutenu par le Premier ministre Sali Berisha, est élu à la présidence de la République au quatrième tour de scrutin, avec l’aide de quelques voix socialistes. Très populaire dans le pays, ancien ministre de l’Agriculture (1996-1997), il était jusqu’à son élection le leader du groupe parlementaire du Parti démocrate. Il a pour ambition d’œuvrer à l’intégration de l’Albanie à l’Union européenne et à l’OTAN.

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