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Analyse Sur Les Femmes Savantes Vers 1189-1234 (Molière)

Publié le 11/09/2006

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Analyse de texte: Les Femmes savantes

 

L'extrait dont nous allons traiter est tiré de l'œuvre de Molière, les Femmes savantes, paru pour la première fois au théâtre en mars 1672. Cette comédie de mœurs en alexandrins parle du mariage, de l'éducation des filles, de l'amour, on y trouve également un peu de féminisme. Henriette et Clitandre s'aiment et veulent se marier. Pour cela, ils doivent avoir le consentement de la famille d'Henriette. Chrysale, le père d'Henriette n'y voit pas d'inconvénient. En revanche Philaminte, sa mère, veut la marier à Trissotin, un poète considéré exceptionnel par les femmes savantes ( Philaminte, Armande, Bélise) et passablement attiré par l'argent. Quand Ariste, l'oncle d'Henriette parvient à prouver que Trissotin est uniquement intéressé par la richesse de la famille et non par Henriette, Clitandre et Henriette peuvent enfin se marier. Toute cette histoire accompagnée d'une sœur jalouse, d'une tante folle et d'un père peu autoritaire.

Ce passage (vers 1189 à 1234) provient d'un registre lyrique: en effet, nous constatons une forte présence du « je «. Il parle de la conception du mariage qu'ont Armande et Clitandre. Avant, Clitandre était amoureux d'Armande mais Armande rêvait d'un amour courtois et platonique alors il l'a laissée pour Henriette, la sœur d'Armande. Armande en est très jalouse et essaie de dissuader Henriette de se marier et plus tard, elle explique à Clitandre avec les mêmes arguments pourquoi elle n'est pas favorable au mariage. Clitandre lui aussi a son point de vue et il lui en fera part. Nous allons tout de suite analyser leurs conceptions diamétralement opposées.

 

Tout d'abord, Armande défend son opinion sur l'amour: selon elle, l'amour est parfait quand il ne comprend pas le côté « vulgaire « (v. 1190) et quand il a atteint une « pureté « (v. 1191). L'amour est beau s'il est platonique : « cette union des cœurs, où les corps n'entrent pas « (v. 1196), il y a une allitération avec cœur et corps, pour  accentuer l'opposition entre les deux. C'est un feu qui « ne veut marier que les cœurs « (v. 1204). La présence du « que « trahit ici une volonté d'écarter tout le reste, « tout ce qui s'ensuit « (v. 1200) au mariage. Elle dit: « les sens n'ont point de part à toutes leurs ardeurs « (v.1204) ou encore « comme une chose indigne [ce beau feu] laisse là tout le reste « (v. 1205). Elle utilise le mot « reste « par dédain, elle ne prend pas la peine de prononcer le terme qui y correspond. Ce procédé montre à quel point elle dénigre l'autre partie du mariage, la matière.

Elle considère la matière comme « une chose indigne «(v.1205), un « sale désir « (v.1208), « impur « (v. 1209), grossier, « vulgaire « (v.1190). Elle ira même jusqu'à dire « terrestre « (v.1202), elle veut dire qu'elle est au-dessus de ça, elle est supérieure aux gens de la terre, c'est-à-dire la plupart des gens: « les belles âmes sont bien loin de brûler de ces terrestres ardeurs « (v.1203). Elle dit «  Vous ne pouvez aimer que d'une amour grossière « (v.1203), ici d'une part elle utilise le vous avec un air hautain, vous les autres, le peuple mais en plus, elle utilise le verbe pouvoir, comme s'ils étaient incapables de s'élever, ils sont bas et le resteront.

Elle dit également: «  Pour nourrir les feux que chez vous on produit, il faut un mariage et tout ce qui s'ensuit « (v.1200), nous pouvons de nouveau remarquer la présence du vous, elle n'a donc pas prononcé ce « vous « par mégarde mais par insistance. Ici, nous pouvons déceler un reproche fait aux « terrestres «, elle leur reproche de ne pas se limiter à l'amour platonique. « On aime pour aimer et non pour autre chose « (v.1210) dit-elle, l'autre chose c'est la matière, ce qu'elle considère comme « vulgaire « mais c'est aussi le mariage et le mariage implique une consommation. Elle conclut par « Ce n'est qu'à l'esprit que vont tous les transports, et l'on ne s'aperçoit jamais qu'on ait un corps « (v.1211-1212). Elle utilise « esprit « et « corps « dans la même phrase pour symboliser leur opposition.

C'est alors à Clitandre de répondre, nous le verrons, avec beaucoup de finesse et une once d'ironie. Il commence par reprendre les termes d'Armande: « corps « et « âme «(v. 1214) et les place lui aussi dans la même phrase mais pour montrer qu'il leur accorde une valeur égale: « Et mon âme et mon corps marchent de compagnie «(v.1218). D'ailleurs, il ne fait qu'être comme tout le monde: « Je vois que dans le monde on suit fort ma méthode, et que le mariage est assez à la mode « (v.1229-1230). Il sous-entend que si tous le font, il doit bien y avoir une raison à cela.

Clitandre répond à Armande avec une grande finesse car il use d'ironie en reprenant ses propos et en se moquant d'elle. En effet, il dira: « ces vœux épurés qui ne vont qu'à l'esprit, ces unions des cœurs, [...] du commerce des sens si bien débarrassées «(v.1220-1222), il reprend la pureté, le commerce des sens puis il dit: « Sans faire de tort à vos beaux sentiments «(v.1228), il se moque d'elle, il ne trouve pas les sentiments d'Armande beaux mais utopiques...On peut donc affirmer qu'il ironise car il ne dit pas ce qu'il pense mais bien le contraire. Clitandre sait aussi se moquer de son interlocutrice: « Le ciel m'a dénié cette philosophie «(v.1217), « Je suis un peu grossier comme vous m'accusez «(v.1224). Il dit: oui, je suis terrestre, grossier, je n'ai pas eu de chance mais là où l'on sait qu'il se moque c'est qu'il n'aurait en aucun cas souhaité avoir cette « chance «.

 

Finalement, le plus fin des deux est Clitandre car parler en langage savant ne signifie pas être intelligent, mais c'est bel et bien dans les procédés qu'il utilise que nous voyons qui est le plus fin. Armande a su défendre son point de vue mais au final, Clitandre lui a répondu brillamment et avec beaucoup de bon sens.

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