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après l'avoir mise en forme de manuel, il en ferait

Publié le 22/10/2012

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après l'avoir mise en forme de manuel, il en ferait un objet d'enseignement ; sans vraiment savoir en rien ce que ces croyances et désirs comportent de beau ou de laid, de bon ou de mauvais, de juste ou d'injuste, il réglerait l'emploi de tous ces termes sur les avis de la grosse bête, nommant bonnes les choses qui lui plaisent, mauvaises celles qui lui déplaisent ; faute d'en avoir aucune autre justification, c'est ce qui est nécessaire qu'il qualifierait de juste et de beau ; et il serait tout aussi incapable de voir que de montrer à autrui à quel point la nature du nécessaire diffère réellement de celle du bon. Ne te semble-t-il pas qu'un tel homme serait un éducateur bien étrange ? — A. Si... — S. Or te paraît-il différent de celui qui pense que le savoir consiste à s'être informé de l'instinct et des goûts d'une multitude composite en son assemblée, que ce soit en matière de peinture, de musique ou de politique ? Car c'est un fait : si quelqu'un s'adresse à la masse pour lui soumettre un poème ou une oeuvre quelconque ou une mesure d'intérêt public, en la laissant juge plus qu'il n'est nécessaire, il est fatal qu'il soit forcé de faire ce qui a l'approbation de ces gens-là ; et que ce soit vraiment bon et beau, as-tu jamais entendu l'un de ceux-ci en donner une raison qui ne soit pas ridicule ? — A. Je pense même que je n'en entendrai jamais. — S. Après avoir réfléchi à tout cela, rappelle-toi ceci : est-il possible de faire en sorte que la masse admette ou soutienne que c'est le beau en soi qui a l'existence, et non pas la multiplicité des belles choses que c'est chaque chose en soi qui existe, et non pas la multiplicité des choses singulières ? — A. Pas le moindrement... — S. Ainsi, il est impossible que la masse soit philosophe. — A. C'est impossible. — S. Et il est inévitable qu'elle vilipende les philosophes. — A. C'est inévitable. — S. De même les individus qui la fréquentent avec le désir de lui plaire. — A. C'est évident. République VI, 493a-494a 3. L'ÉDUCATION TRADITIONNELLE, LOUÉE PAR UN SOPHISTE [PROTAGORAS] Toute leur vie les pères ne cessent d'enseigner et d'exhorter leurs fils en commençant dès la tendre enfance. Aussitôt que l'enfant comprend ce qu'on lui dit, nourrice, mère, précepteur et le père lui-même s'acharnent à le perfectionner : à propos de tout ce qu'il fait et dit, ils lui enseignent : ceci est juste, cela injuste, ceci est beau, cela honteux, ceci est pieux, cela impie ; ne fais pas cela, fais ceci. Il se peut qu'il obéisse de bon gré ; si ce n'est pas le cas, tel une baguette tordue et courbe, on le redresse par les menaces et les coups. Lorsque ensuite on l'adresse au maître d'école, ils recommandent à celui-ci de veiller bien davantage à ce que les enfants se conduisent bien qu'à ce qu'ils apprennent à lire et à écrire ou à jouer de la cithare ; les maîtres y veillent, et quand ensuite les enfants ont appris à lire et sont à même de comprendre ce qui est écrit à la façon dont précédemment ils comprenaient le langage parlé, ils leur donnent à lire, sur les bancs de l'école, les oeuvres des grands poètes et ils les leur font apprendre par coeur ; ils y trouvent nombre de préceptes et des récits à la louange et à la gloire des héros du passé, afin que l'enfant, pris d'émulation, les imite et s'efforce de leur ressembler. Puis c'est au tour des maîtres de cithare de faire de même dans un domaine différent : ils s'appliquent à rendre les jeunes disciplinés et à les empêcher de se mal conduire. En outre, lorsqu'ils savent jouer de l'instrument, ils leur font apprendre les oeuvres d'autres poètes, les lyriques, en s'accompagnant de la cithare, et ils forcent ainsi les âmes des enfants à s'approprier les rythmes et les harmonies, pour qu'ils s'apprivoisent et qu'une bonne acquisition du rythme et de l'harmonie les forme à la parole et à l'action ; car c'est toute la vie de l'homme qui a besoin d'être bien rythmée et harmonisée. Après quoi, on les confie également au maître de gym- nastique pour qu'ils mettent des corps mieux entraînés au service de leur intelligence lorsqu'elle est formée, et pour qu'ils ne soient pas forcés de perdre courage à la guerre et ailleurs par la faute de corps chétifs. Ainsi font ceux qui sont le plus à même de le faire, et les plus à même sont les plus riches : ce sont leurs fils qui commencent à fréquenter l'école le plus tôt et qui la quittent le plus tard. Lorsqu'ils quittent leurs maîtres, c'est la Cité qui, à son tour, les contraint à apprendre ses lois et à y conformer leur vie comme à un modèle, au lieu de les laisser agir spontanément au hasard, mais sans art : de même que les instituteurs, après avoir esquissé les lettres au stylet, confient l'écriture aux enfants qui ne savent pas encore écrire et les contraignent à suivre le tracé des lettres, de même la Cité a tracé le texte de lois qui sont l'oeuvre de bons législateurs des temps anciens et contraint à s'y conformer aussi bien ceux qui ont l'autorité que ceux qui y sont soumis ; et elle corrige qui s'en écarte, aussi chez vous comme un peu partout ailleurs, cette correction s'appelle redressement, parce qu'elle redresse le coupable. Et voilà qu'en présence d'un tel soin, tant public que privé, accordé à la valeur morale, tu t'étonnes, Socrate, en te demandant s'il est possible de l'enseigner. Ce n'est pas de cela qu'il faudrait s'étonner, mais bien plutôt d'une impossibilité de l'enseigner. Protagoras, 325c-326e 4. UNE ÉDUCATION NOUVELLE : LA DIALECTIQUE COMME CATHARTIQUE [L'ÉTRANGER-THÉÉTÈTE] — É. Dans l'enseignement par le discours, il semble qu'il y ait une voie plus raboteuse, tandis que son autre partie est plus unie. — T. Comment qualifie-

« L'ÉDUCATION («PAIDEIA)» 3.

L'ÉDUCATION TRADITIONNELLE, LOUÉE PAR UN SOPHISTE [PROTAGORAS] 61 Toute leur vie les pères ne cessent d'enseigner et d'exhorter leurs fils en commençant dès la tendre enfance.

Aussitôt que l'enfant comprend ce qu'on lui dit, nour­ rice, mère, précepteur et le père lui-même s'acharnent à le perfectionner : à propos de tout ce qu'il fait et dit, ils lui enseignent : ceci est juste, cela injuste, ceci est beau, cela honteux, ceci est pieux, cela impie ; ne fais pas cela, fais ceci.

Il se peut qu'il obéisse de bon gré; si ce n'est pas le cas, tel une baguette tordue et courbe, on le redresse par les menaces et les coups.

Lorsque ensuite on l'adresse au maître d'école, ils recommandent à celui-ci de veiller bien davantage à ce que les enfants se conduisent bien qu'à ce qu'ils apprennent à lire et à écrire ou à jouer de la cithare ; les maîtres y veillent, et quand ensuite les enfants ont appris à lire et sont à même de comprendre ce qui est écrit à la façon dont précédemment ils com­ prenaient le langage parlé, ils leur donnent à lire, sur les bancs de l'école, les œuvres des grands poètes et ils les leur font apprendre par cœur ; ils y trouvent nombre de préceptes et des récits à la louange et à la gloire des héros du passé, afin que l'enfant, pris d'émulation, les imite et s'efforce de leur ressembler.

Puis c'est au tour des maîtres de cithare de faire de même dans un domaine différent : ils s'appliquent à rendre les jeunes disciplinés et à les empêcher de se mal conduire.

En outre, lorsqu'ils savent jouer de l'instru­ ment, ils leur font apprendre les œuvres d'autres poètes, les lyriques, en s'accompagnant de la cithare, et ils for­ cent ainsi les âmes des enfants à s'approprier les rythmes et les harmonies, pour qu'ils s'apprivoisent et qu'une bonne acquisition du rythme et de l'harmonie les forme à la parole et à l'action; car c'est toute la vie de l'homme qui a besoin d'être bien rythmée et harmonisée.

Après quoi, on les confie également au maître de gym-. »

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