Devoir de Philosophie

argumentation

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Argumenter, c'est réunir des moyens rhétoriques selon une stratégie : le locuteur choisit des arguments et des modes de raisonnements, les regroupe, les enchaîne ou les oppose dans un plan, en fonction d'une visée précise : soutenir ou réfuter une thèse. 1) Les moyens de l'argumentation : a. Convaincre par un raisonnement logique : - La disposition typographique (§, ponctuations) renseigne sur la progression de l'argumentation - Les connecteurs logiques peuvent établir une relation de cause, de conséquence, d'opposition, de concession, d'adjonction     Organiser le raisonnement : - déduction : on part d'énoncés généraux, pour aboutir à une conséquence logique. Ainsi dans le syllogisme, une conclusion particulière est tirée de la conjonction de deux généralités, appelées prémisses (Les Italiens sont séducteurs ; or il est italien, donc il est séducteur). La déduction est alors contraignante pour le destinataire : s'il accepte les prémisses, il doit accepter la conclusion. - induction : procédé à rebours : partant de faits particuliers (observation, expérience, ex), il aboutit à une conclusion, règle générale. - concession : on admet quelques aspects de la thèse adverse pour mieux affirmer son point de vue dans un 2ème tps (certes...mais) On peut aussi anticiper ses objections : on réduit ainsi ses possibilité de réponses, en détruisant soi-même les objections qu'il aurait pu apporter ou en procédant par opposition en comparant les 2 thèses pour montrer la supériorité de la sienne. - analogie : c'est une sorte de contagion qui rapproche des réalités comparables, et étend à l'une ce que l'on peut dire de l'autre - par l'absurde : on démontre la fausseté d'une thèse adverse en faisant apparaître les conséquences illogiques ou inacceptables qu'elle aurait si on l'admettait. Cela peut aller jusqu'à la volonté de ridiculiser l'autre, en parodiant son discours.     Choisir les arguments : Plusieurs types d'arguments peuvent épauler une thèse : - les arguments de logique : leur vérité est de l'ordre de la cohérence, de la rationalité (être libre, c'est refuser l'esclavage). - les arguments de valeur se réfèrent à des principes tenus pour acquis dans une société. - les arguments d'expérience, souvent fondés sur l'observation ont la solidité du constat - les arguments d'autorité s'appuient sur des références (littéraires, religieuses...) valorisées et jugées incontestables dans telle ou telle culture. b. La stratégie de persuasion : - L'engagement direct du locuteur est repérable par les marques d'énonciation personnelle (présence de la 1ère personne), les marques de jugement et de sentiment (modalisateurs, connotations, ponctuation expressive), le ton (affirmatif, cassant ou enthousiaste). - la volonté de donner un caractère général à son point de vue : emploi de formules impersonnelles (il faut, on), recours aux maximes (formulations brèves de règles de conduite générales et intemporelles avec l'emploi du présent de vérité général) - le souci d'impliquer directement le destinataire : emploi du « vous, tu », des apostrophes, des interpellations interrogatives. - le recours à l'émotion : images percutantes, exclamations, exemples frappants,...Recours aux différents registres (pathétique, ironique...) 2) Les genres : Certains genres sont argumentatif par nature : l'auteur s'adresse explicitement dans un but de persuasion. Il s'agit de l'essai, du manifeste, du pamphlet,... Mais un morceau argumentatif peut aussi être placé dans la bouche d'un personnage de roman, de théâtre. Enfin, un texte apparemment non argumentatif peut cacher une visée persuasive : un récit ou une description, qui semblent se contenter des livrer les faits, contiennent une thèse implicite, d'autant + efficace qu'elle n'est pas manifeste. L'auteur ne formule pas directement sa thèse, il laisse au lecteur l'illusion de la liberté d'interprétation, mais il oriente en fait sa lecture grâce à des stratégies de persuasion indirectes allant de la simple suggestion à une véritable manipulation. La leçon restant à charge du lecteur, qui doit la déchiffrer. Dans le choix d'un mot, d'une connotation, d'un détail, d'un mouvement d'ensemble, il décèle un argument, une idée générale.     L'essai : Ouvrage théorique qui présente la réflexion d'un auteur sur une question particulière. - Sa forme se caractérise par une grande liberté : il suit généralement le déroulement de la pensée, ses hésitations, parenthèses, retours en arrière - Les marques de subjectivité sont nombreuses : emploi fréquent de la 1ère pers, marques de jugement et du sentiment, emploi de termes à fortes connotations mélioratives ou péjoratives - Le paradoxe (exposition d'une opinion qui est ou semble être en contradiction avec les idées communément admises) est l'une des figures privilégiées de ce type d'ouvrage - Ponctuation est très expressive : interrogation, exclamations destinés à rendre compte d'une pensée 3) Les stratégies indirectes de l'argumentation : a. L'implicite : C'est l'arrière plan, ce que l'on ne formule pas mais qui est présent. On distingue : - Le présupposé, nécessairemt impliqué par ce que l'on dit (« Je ne fume plus » implique : « Avant je fumais »). - le sous-entendu suppose une intention, et exige un décryptage par certains indices (tps, connotations, intonation), ainsi : « votre prédécesseur était très compréhensif » peut signifier : « Vous ne l'êtes pas » (c'est le compliment fait à un autre –très- et l'emploi de l'imparfait qui orientent ici l'interférence). - l'insinuation est un type de sous-entendu malveillant d'une grande force polémique, qui vise à disqualifier l'adversaire. Elle est efficace car on peut nier avoir insinué qqch, alors qu'on ne peut pas nier avoir fait une déclaration explicite. b. L'ironie : L'ironie consiste à faire comprendre le contraire de ce qui est dit explicitement. Ce mécanisme d'antiphrase repose sur un dédoublement : le locuteur ne prend pas en compte les propos qu'il est en train de tenir, comme s'il citait quelqu'un d'autre pour s'en moquer. L'ironie vise ainsi à dénigrer ceux dont on fait semblant d'adopter la pensée. Le locuteur compte sur la capacité du lecteur à décoder le message et lui adresse des signaux d'ironie : intonation, gestes, guillemets, exagération, litotes, euphémismes ou contradictions (paradoxes intenables, oxymores, incohérence,...).

Liens utiles