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Aristophane, les Oiseaux (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Aristophane, les Oiseaux (extrait). Dans les Oiseaux, Aristophane laisse les ailes de la fantaisie se déployer dans une fiction utopiste ; un couple d'amis, las de la vie athénienne, aspire à rejoindre les oiseaux et à fonder avec eux une cité aérienne et anarchique. Les évocations des espèces et des caractéristiques des volatiles, aussi variées que somptueuses, permettent à l'auteur, virtuose du langage, d'exercer son talent de poète. Mais la pièce dépasse aussi les frontières de la poésie pure et se moque discrètement de l'orphisme, comme de l'inconscience de ceux qui créent leurs empires sur du vent. Les Oiseaux d'Aristophane (extrait) LE CORYPHÉE Si quelqu'un d'entre vous, spectateurs, veut vivre désormais parmi nous les oiseaux une vie agréable, qu'il vienne à nous, car toutes les turpitudes d'ici, que les lois réprouvent, sont, chez nous les oiseaux, autant de belles choses. Si en effet la loi considère ici comme scandaleux de battre son père, il est beau, chez nous, de courir sus à son père et de le rouer en disant : dresse l'ergot, si tu veux combattre. Et s'il y a parmi vous un fugitif marqué au fer rouge, ce ne sera chez nous qu'une perdrix bigarrée. Et s'il est chez vous un Phrygien aussi authentique que Spintharos, il sera ici le friquet de la race de Philémon. S'il est esclave et Carien comme Exékestidès, qu'il se procure des aïeux chez nous, et les compagnons de phratrie se montreront. Et si le fils de Pisias veut livrer les portes de la ville aux gens notés d'infamie, il n'a qu'à devenir perdrix, oisillon digne de son père, car chez nous il n'est nullement infamant de fuir comme les perdrix. LE CHOEUR Tels les cygnes, tiotiotiotiotrix, unissant leurs chants et battant des ailes chantent Apollon, tiotiotiotrix, sur les rives de l'Hebros, tiotiotiotrix ; leur chant traverse les nuées du ciel ; aussitôt les bêtes sauvages de toute espèce se blottissent, les flots s'apaisent sous un ciel serein, sans brise, totototototototototinx, et tout l'Olympe retentit. Les dieux souverains sont saisis d'admiration ; les Grâces et les Muses de l'Olympe répètent ce chant d'allégresse, tiotiotiotinx. LE CORYPHÉE Il n'est rien de meilleur ni de plus doux que d'avoir des ailes ; si l'un de nous, par exemple, spectateurs, en était pourvu, ayant faim ou s'ennuyant aux choeurs tragiques, il fuirait à tire-d'aile et s'en irait déjeuner chez lui, puis, une fois rassasié, il redescendrait chez nous à tire-d'aile. Si parmi vous quelque Pétroclidès se trouvait pris d'un besoin pressant, au lieu de... lâcher sous son manteau, il prendrait son vol, et après avoir pétaradé et repris son souffle, il revolerait ici. Et s'il s'en trouve un parmi nous qui entretient des relations avec une femme et qu'il voie le mari aux loges des sénateurs, à tire-d'aile il nous quitterait, irait faire l'amour et reviendrait ici à tire-d'aile. Avoir des ailes, n'est-ce pas un avantage suprême ? Diitréphès, rien qu'avec ses ailes d'osier, a été élu philarque, puis hipparque ; parti de rien, il mène grand train et il est aujourd'hui un hippalectryon jaune. PISTHÉTAIROS C'est comme ça ! EVELPIDÈS Par Zeus, je n'ai jamais rien vu de plus comique. PISTHÉTAIROS De quoi ris-tu ? EVELPIDÈS De tes ailes rapides ; sais-tu à quoi tu ressembles le plus avec tes ailes ? PISTHÉTAIROS Toi, oui, à une oie peinte au rabais. EVELPIDÈS Et toi à un merle tonsuré. PISTHÉTAIROS Voilà des parallèles, selon Eschyle, qui ne sont pas tirés d'ailleurs que de nos ailes. LE CORYPHÉE Eh bien ! que faire ? PISTHÉTAIROS D'abord donner à notre ville un nom imposant et glorieux, puis sacrifier aux dieux. EVELPIDÈS C'est ce que je pense aussi. LE CORYPHÉE Allons ! Quel nom aurons-nous pour notre ville ? PISTHÉTAIROS Voulez-vous que ce soit de ce grand nom de Lacédémone et que nous la nommions Sparte ? EVELPIDÈS Ô Héraclès ! moi introduire du sparte dans ma ville ? Je n'en voudrais même pas pour mon châlit, n'eussé-je qu'une sangle ! PISTHÉTAIROS Quel nom lui donnerons-nous alors ? EVELPIDÈS Un nom tiré d'ici, des Nues, des hautes sphères, un nom tout à fait pompeux. PISTHÉTAIROS Veux-tu Coucou-Ville-les-Nuées ? LE CORYPHÉE Ah ! le beau, le grand nom que tu as déniché ! EVELPIDÈS S'agit-il de cette Coucou-Ville-les-Nuées où sont la plupart des biens de Théogènes et tous ceux d'Eschines ? PISTHÉTAIROS Tu veux dire ce qu'il y a de plus précieux : la plaine de Phlégra où les dieux à coups de jactance ont terrassé les fils de la terre. EVELPIDÈS Ô l'opulente ville ! Mais quel dieu en sera le patron ? Pour qui tisserons-nous le peplos ? PISTHÉTAIROS Pourquoi ne pas laisser cet honneur à Athéna Polias ? EVELPIDÈS Et comment le bon ordre pourrait-il régner dans une ville où une déesse femme porte une panoplie et Clisthénès... une navette ? LE CORYPHÉE Qui donc occupera le rempart pélargique de la ville ? PISTHÉTAIROS Un oiseau. LE CORYPHÉE L'un de nous ? De quelle race ? PISTHÉTAIROS De la race persique, de partout dit-on la plus terrible, un oisillon d'Arès. EVELPIDÈS Oisillon souverain ! PISTHÉTAIROS Car c'est bien son fait, à ce dieu-là, d'habiter sur des rochers. Eh bien donc, toi va-t'en dans les airs et assiste les maçons : apporte les pierres, déshabille-toi, délaye le mortier, monte l'auge, tombe de l'échelle, place des sentinelles, entretiens le feu, fais la ronde avec la clochette, et dors là-bas. Dépêche deux hérauts, l'un en haut, chez les dieux, l'autre en bas, chez les hommes, puis retourne chez moi. EVELPIDÈS Et toi, reste ici, et pleure à mes côtés. Source : Aristophane, les Oiseaux, in Théâtre complet, volume 2, trad. par M.-J. Alfonsi, Paris, Garnier-Flammarion, 1966. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« LE CORYPHÉE Allons ! Quel nom aurons-nous pour notre ville ? PISTHÉTAIROS Voulez-vous que ce soit de ce grand nom de Lacédémone et que nous la nommions Sparte ? EVELPIDÈS Ô Héraclès ! moi introduire du sparte dans ma ville ? Je n’en voudrais même pas pour mon châlit, n’eussé-je qu’une sangle ! PISTHÉTAIROS Quel nom lui donnerons-nous alors ? EVELPIDÈS Un nom tiré d’ici, des Nues, des hautes sphères, un nom tout à fait pompeux. PISTHÉTAIROS Veux-tu Coucou-Ville-les-Nuées ? LE CORYPHÉE Ah ! le beau, le grand nom que tu as déniché ! EVELPIDÈS S’agit-il de cette Coucou-Ville-les-Nuées où sont la plupart des biens de Théogènes et tous ceux d’Eschines ? PISTHÉTAIROS Tu veux dire ce qu’il y a de plus précieux : la plaine de Phlégra où les dieux à coups de jactance ont terrassé les fils de la terre. EVELPIDÈS Ô l’opulente ville ! Mais quel dieu en sera le patron ? Pour qui tisserons-nous le peplos ? PISTHÉTAIROS Pourquoi ne pas laisser cet honneur à Athéna Polias ? EVELPIDÈS Et comment le bon ordre pourrait-il régner dans une ville où une déesse femme porte une panoplie et Clisthénès… une navette ? LE CORYPHÉE Qui donc occupera le rempart pélargique de la ville ? PISTHÉTAIROS Un oiseau. LE CORYPHÉE L’un de nous ? De quelle race ? PISTHÉTAIROS De la race persique, de partout dit-on la plus terrible, un oisillon d’Arès. EVELPIDÈS Oisillon souverain ! PISTHÉTAIROS Car c’est bien son fait, à ce dieu-là, d’habiter sur des rochers.

Eh bien donc, toi va-t’en dans les airs et assiste les maçons : apporte les pierres, déshabille-toi, délaye le mortier, monte l’auge, tombe de l’échelle, place des sentinelles, entretiens le feu, fais la ronde avec la clochette, et dors là-bas.

Dépêche deux hérauts, l’un en haut, chez les dieux, l’autre en bas, chez les hommes, puis retourne chez moi.. »

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