Arnolphe, un personnage tragique ?
Publié le 22/10/2010
Extrait du document
Personnage complexe : antipathique, grossier mais souvent très drôle ; a même parfois des accents tragiques.
à qui est Arnolphe en réalité ? Esquisse d’un portrait.
a) Un personnage antipathique, un « antihéros «
· dans ses rapports aux autres :
- les femmes : n’éprouve que mépris pour elles (les juge mauvaises, perfides, rusées, d’humeur changeante...) + selon lui, elles ne sont nées que pour obéir à un mari.
- les autres en général : se moque, rit des malheurs des autres (maris trompés en particulier !)
· dans son caractère :
- vaniteux, imbu de lui-même
- égoïste cynique et sans scrupules
- calculateur et arriviste, préoccupé surtout par son ascension sociale et l’image que la société a de lui
- hypocrite : raisonneur, sentencieux, moraliste, toujours prêt à faire la leçon (de morale) mais n’hésite
pas à détourner la morale à ses propres fins quand ça l’arrange.
· dans ses attitudes et ses idées :
- vulgaire, grossier dans ses attitudes et son langage
- idem pour ses idées qui provoquent révolte et dégoût... rire aussi !
b) Un personnage comique
- personnage qui provoque le rire : émeut rarement, même dans ses moments de sincérité (ce qui
pourrait, dans un autre contexte, émouvoir, prend ici des allures de farce tant le personnage est
ridicule et antipathique
- comique de la situation dans lequel Arnolphe est pris : au début, fait des gorges chaudes sur les maris
trompés, se pose en « spécialiste du cocuage « croyant savoir les précautions à prendre pour ne pas
être cocu, mais... retournement de situation ! Lui qui voulait ravaler Agnès à un rôle végétatif et
soumis devra se ravaler lui-même au rang de mari soumis et complaisant, faire des concessions
humiliantes...
c) Un personnage tragique
· Il souffre réellement :
- douloureuse prise de conscience, rien ne lui est épargné : doit tout entendre sans broncher, même pas
possibilité d’épancher sa douleur et sa colère
- handicapé des sentiments : le voudrait-il qu’il ne pourrait pas exprimer ses sentiments car ne sait pas
le faire. Ne sait pas exprimer son amour, ne sait pas se faire aimer...
- vit un amour non partagé
· Il est victime d’un Destin hostile (cf. tragédie grecque)
- lutte contre un destin qui l’accable, tous les malheurs s’abattent sur sa tête sans qu’il puisse rien faire
- châtiment : a voulu faire d’Agnès sa créature à on ne se prend pas impunément pour Dieu
· Il est surtout victime de lui-même, porte en lui son destin tragique :
- prisonnier de son rôle, de ses idées, s’est enchaîné lui-même : dès le début, il s’est interdit tout
dialogue avec Agnès, l’a considérée comme petit animal qui doit être docile. Ensuite, quand bien
même il le voudrait, il ne peut plus parler, la persuader : par son refus d’échange, il s’est condamné
lui-même au silence.
- effritement progressif : au fil de la pièce, effritement progressif de sa façade qui laisse entrevoir un
être désemparé, pitoyable malgré le ton de conquérant.
- un retournement de situation tragique : semble très sûr de lui, mais apparaît peu à peu comme très
seul et souffrant d’une grande angoisse intérieure.
Conclusion : Personnage complexe qui mêle tragique et comique à vrai, authentique, profond malgré ses côtés antipathiques ou franchement comiques. Mais... la pièce de Molière est une comédie !
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