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badine

Publié le 16/05/2017

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On ne badine pas avec l'amour Acte III, Scène 8 La pièce est un proverbe (jeu de salon au XVII : on tire un proverbe d'un château et le faire deviner). Carmontelle (XVIII) a transformé le proverbe en genre littéraire. Musset est un auteur de proverbe dramatique, qui les développe et leur donne des lettres de noblesse. Il a écrit des caractères authentiques (complexes), registres originaux, pièces graves, apparition des déchirements personnels de Musset, conclusion, avec sa liaison. Extrait de la scène 8 ; personnages en opposition depuis le début de la pièce. Dernière rencontre : dénouement : ils sont pour la première fois tombés dans les bras l'un de l'autre. Scène d'amour. Registre lyrique. Analyse des causes de la séparation. I - UNE SCENE D'AMOUR Scène où tous les masques tombent. Pour la première fois Perdican et Camille laissent parler leur c?ur. 1. L'amour s'impose comme une évidence a) Le désordre physique de Camille en est la preuve. - Elle n'est plus maîtresse d'elle-même : elle est « pâle et effrayée » (l.11) - Son attitude est nouvelle pour le spectateur. Certaines expressions soulignent le contraste entre son état d'aujourd'hui et celui d'hier « sur les dalles insensibles » (l12) - Rappelle l'insensibilité feinte de Camille et « qui presse sont c?ur » rappelle la passion des nonnes (II, 5) b) Camille est troublée - Quand elle entend du bruit : 3 questions courtes (l16-17) - Elle pense à Perdican en premier, elle est obsédée - Quant à Perdican, il a suivi Camille, ce qui prouve sont intérêt pour elle. 2. Une déclaration mutuelle a) Perdican - Il reconnaît l'amour comme une évidence (présent) « nous nous aimons » (l 18 et 36 : tirade avec une construction circulaire - Il est heureux : « Chère créature, tu es à moi » (L40). Il a des gestes d'amour (cf. didascalie 'il l'embrasse'). L'ensemble des tirades de Perdican est marquée par son émotion (9 ! 5 ?) - Il ne fait pas de distinction entre la conduite de Camille et la sienne (l.21-22) « lequel de nous deux a voulu tromper l'autre ? ». De plus, avec « enfants gâtés », il emploie le pluriel b) Camille - Elle laisse aussi parler son c?ur (l.36) « nous nous aimons » est repris en écho - Elle aussi a un geste d'amour « laisse-moi le sentir sur ton c?ur » (l.36) - Elle prend Dieu à témoin '(L.37) « ce Dieu qui nous regarde, il veut bien que je t'aime, il y a 15 ans qu'il le sait » (Camille avait alors 3 ans et était prédestinée à l'amour de Perdican) c) Un amour partagé - Utilisation des pronoms « nous », des adjectifs possessifs « nos » pour l'un et l'autre (25 fois). - Tutoiement mutuel qui souligne leur accord (L 24 25 39 40) - Camille et Perdican se rejoignent dans l'image de Dieu. Perdican, comme Musset, ne croit pas à une vie après la mort (cf. II, 5) mais ici, il fait allusion à Dieu plusieurs fois. Son ton est solennel, en accord avec la gravité de l'aveu et le caractère sacré du lieu où ils se trouvent (oratoire). « O mon Dieu? pêcheur céleste? route céleste? conduit nous à toi dans un baiser ». - Camille, elle, se détache de Dieu pour rejoindre Perdican. Sa position à l'égard de Dieu est moins tranchée qu'à II, 5 (adoration fanatique alors). De même, pour Perdican qui refusait totalement Dieu. N. B La réunion dans une chapelle met en scène de manière profane le serment du mariage (sans prêtre). L'autel (didascalie l.41) est celui d'un cérémonial amoureux personnel, qui refuse les sacrements traditionnels. Le vocabulaire mystique est ambivalent (l.40) « chère créature (vocabulaire religieux) tu es à moi » comme si Perdican avait encore enlevé Camille à Dieu (cf. Dom Juan). La scène a une allure de sacrifice (Rosette). La consécration finale de l'amour devient son châtiment. II- LES OBSTACLES A L'AMOUR DE PERDICAN ET CAMILLE Perdican les définit en 2 tirades 1. L'orgueil a) Rappel introductif En Camille, l'orgueil s'est manifesté dès le début (// Camille est le nom d'une héroïne de Corneille). Elle refuse l'amour pour ne pas souffrir et être la victime d'un mari infidèle. En Perdican, il est apparu lors de la lecture de la lettre de Camille à S?ur Louise (III, 2). Tout l'acte III n'est que l'affrontement de leurs deux orgueils. b) Perdican le met ici en accusation Reprise du terme 2 fois (L10-14) et mise en relief par l'apostrophe « Orgueil, le plus fatal des conseillers ! » et le superlatif qui renforce un adjectif déjà fort. Personnification. c) L'orgueil est responsable de l'échec « Fatal » est un adjectif qui dénote une issue négative. L'orgueil s'est interposé entre Camille et Perdican ; préposition « entre cette fille et moi» (L.11). Force de l'obstacle rendue par métaphore « jeter leurs rochers informes » (L.32) d) Perdican éprouve du regret Il éprouve du regret lors de cette prise de conscience : « nous étions nés l'un pour l'autre » (L13/14)) ; « elle aurait pu m'aimer » : conditionnel passé 1ère forme (irréel du passé qui traduit un fait irréalisé (cf. aussi l.33 « aurait conduit »). e) La vanité, premier obstacle, est la cause des autres Enumération ; « vanité » (l.31) puis « bavardage et colère » (le bavardage - à mettre en parallèle avec badinage - est une conversation dénuée de fondements solides ; c'est un terme péjoratif en rappel des discussions entre Camille et Perdican ; la « colère » est un rappel de la véhémence des propos de chacun quand Camille voulait convaincre Perdican et réciproquement) (II, 5) 2. Le badinage (péjoratif, plus précis que bavardage) Définition : jeu de paroles, folie des mots non pesés) a) Le jeu avec le sentiment Perdican développe l'idée de caprice, de folie. Métaphore filée : « enfants gâtés » (27) « jouent » (28) Il dénonce à deux reprises leur égarement : construction cyclique « Insensés que nous sommes » (18) « O insensés, nous nous aimons » (35) Le 1er débute la tirade, le deuxième, plus fort à cause de la présence de l'apostrophe, la termine (progression de la dénonciation et la prise de conscience). b) Toute leur conduite apparaît comment inconsistance, sans réalité Cf. le champ lexical l.19 à 23 « songe, vaines paroles, folie, vent, rêve, les nôtres (les rêves) ». Ces substantifs sont par ailleurs accompagnés d'adjectifs dépréciatifs qui dénotent une violente accusation de la part de Perdican « vaines paroles, misérables folies, vent funeste » (l.19-20). Funeste est un mot dépréciatif qui annonce le malheur. 3. La difficulté à trouver le bonheur a) Le bonheur est improbable A partir de son cas particulier, Perdican généralise et médite sur la vie : - la vie est triste : métaphore l.22 « un si pénible rêve » - La vie est insondable : Métaphore filée de l'océan L.24-26 « océan d'ici-bas, pêcheur céleste, profondeurs de l'abîme ». - L'amour n'est qu'un petit élément de ces profondeurs disproportion entre « océan » et « perle ». Il est difficile à obtenir (24) « si rare » (adverbe d'intensité qui renforce l'adjectif ». De là vient son prix : métaphore « inestimable joyaux » (26). b) De plus, les hommes compliquent tout Camille et Perdican avaient tout pour être heureux mais ils n'ont pas su saisir ce bonheur. Perdican développe ce thème sur un ton solennel, lyrique : rythme binaire qui commence par une anaphore (19-28) puis ternaire (28-31). Il développe la métaphore filée de la nature complice, le champ lexical de la douceur (28-31) « vert sentier qui nous amenait l'un vers l'autre », « pente si douce (facilité, douceur), buissons si fleuris, si tranquille horizon, route céleste ». Evocation idyllique. c) L'obstacle originel Une fatalité intérieure, l'imperfection humaine. Il s'agit ici (28-31) de l'image biblique du paradis terrestre. Dieu a donné aux hommes le bonheur. Par le pêché d'orgueil, ils en ont été chassés. Généralisation sous forme de sentence englobant l'humanité tout entière (34-35) « il a bien fallu que nous nous fissions du mal car nous sommes des hommes ». Cette fatalité inhérente à la condition humaine est mise en valeur par la tournure anaphorique « il a bien fallu » (31-34). d) Le cri de Rosette Evanouissement (41) Rosette se sent trahie. Etre pur. Victime innocente. Registre tragique. Mort de Rosette provoque la séparation de Camille et Perdican. Bonheur éphémère. CONCLUSION Dénouement très original ; élément nouveau (mais préparé qui provoque la séparation), explique le titre. Scène bâtie sur des contrastes. Registres lyrique, oratoire, tragique. Parallèle dénouement : Les Caprices de Marianne. Points communs : Un couple qui s'aime mais Octave refuse d'aimer Marianne à cause de l'amour de Coelio, sacrifice par amitié. Mort des deux êtres purs. Octave veut être un ami avant d'être un amant.

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