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Beckett dans tout son art.

Publié le 22/01/2011

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beckett

vous of¬frir un petit dé¬tour théâ¬tral à tra¬vers une des plus fa¬meuses pièces de Sa¬muel Be¬ckett, Fin de par¬tie. Ce pi¬lier de la lit¬té¬ra¬ture du XXe siècle a ré¬vo¬lu¬tion¬né le théâtre, jusqu'alors clas¬sique et ancré dans un sta¬tisme gé¬né¬ra¬li¬sant, pour pro¬po¬ser un « anti théâtre » ou « théâtre de l'ab¬surde » (même si l'au¬teur re¬fu¬se¬ra ces ap¬pel¬la¬tions). Ci¬tons par exemple des pièces comme En at¬ten¬dant Godot ou Oh les beaux jours. Loin de sé¬pa¬rer les genres, Be¬ckett les fait fu¬sion¬ner. Le co¬mique et le tra¬gique trouvent ainsi une unité et sont au ser¬vice l'un de l'autre. Toute idéo¬lo¬gie ou en¬ga¬ge¬ment po¬li¬tique est éga¬le¬ment banni des pièces de l'au¬teur, ce¬lui-ci re¬fu¬sant que l'on trouve un sens à ses textes. Enfin, Be¬ckett in¬vente un nou¬veau lan¬gage théâ¬tral, celui du corps et de la ges¬tuelle, qui prend une place à part en¬tière dans cha¬cune de ses pièces. Les di¬das¬ca¬lies foi¬sonnent, étouffent les dia¬logues. Rap¬pe¬lons tout de même que Be¬ckett n'a pas été qu'un au¬teur de théâtre mais aussi un ro¬man¬cier tout aussi connu pour des textes comme Ma¬lone meurt, ou Mol¬loy. Fin de par¬tie, créée en 1957, met en va¬leur les thèmes de l'em¬pê¬che¬ment de la vie, de la mort, et du théâtre lui-même.  Dans un décor apo¬ca¬lyp¬tique, Hamm, un aveugle han¬di¬ca¬pé, et Clov, son ser¬vi¬teur et fils d'adop¬tion, usent leur vie à com¬bler le vide du quo¬ti¬dien. Avec eux, coin¬cés dans deux pou¬belles, Negg et Nall, les pa¬rents de Hamm, passent leur temps à dor¬mir et ré¬cla¬mer à man¬ger. Ces quatre fan-toches ne font qu'at¬tendre la fin de leur vie, cette fin de par¬tie, tout en crai¬gnant et ban¬nis¬sant toute forme de vie nou¬velle. Ils rem¬plissent le vide par des pa¬roles et des conflits ab¬surdes, pour em¬pê¬cher le si¬lence de venir en¬va¬hir l'es¬pace et le temps.  Cette pièce porte le déses¬poir en elle et pro¬pose une ré¬flexion tra¬gique sur la vie. Il y a évi¬dem¬ment des élé¬ments co¬miques, comme dans toutes les pièces de l'au¬teur, mais le rire chez Be¬ckett n'est ja¬mais franc, il reste dans la gorge et peine à en sor¬tir. Ce co¬mique n'est en fait là que pour ren¬for-cer le tra¬gique de la pièce, ce qui est d'au¬tant plus ter¬ri¬fiant pour le spec¬ta¬teur. Si cette pièce est si an¬gois¬sante, c'est parce qu'elle nous ren¬voie in-évi¬ta¬ble¬ment à notre condi¬tion de mor¬tel, nous ne pou¬vons nous em¬pê¬cher de nous ap¬pa¬ren¬ter à ces per¬son¬nages qui se dé¬gradent et qui af¬firment la va¬ni¬té de la vie. L'illu¬sion théâ¬trale n'est plus d'ac¬tua¬li¬té, l'iden¬ti¬fi¬ca¬tion l'a rem¬pla¬cée. Le théâtre de¬vient plus si¬gni¬fiant que la réa¬li¬té, les deux se confon¬dant dans la pièce. Be¬ckett nous rap¬pelle ainsi que nous sommes aussi dé¬ri¬soires que ces pan¬tins ges¬ti¬cu¬lants qui s'agitent sur scène. Il crée donc un vé¬ri¬table ma¬laise en nous im¬po¬sant ce vide in¬to¬lé¬rable qui consti¬tue notre vie. La mort ap¬pa¬raît comme une condam¬na¬tion de la vie, le monde est ré¬duit au néant. L'au¬teur joue avec nous en dis¬per¬sant dans son texte des ré¬fé¬rences « mé¬ta-théâ¬trales » (ré¬pliques ou gestes qui font di¬rec¬te-ment ré¬fé¬rence au théâtre ou à sa fonc¬tion), en ré¬af¬fir¬mant la non si¬gni¬fi¬ca¬tion de ses pièces et en brouillant les li¬mites entre la scène et la salle. On trouve éga¬le¬ment des pas¬sages ca¬pi¬taux qui mal¬traitent la re¬li¬gion et pa¬ro¬dient la théo¬lo¬gie, Dieu n'étant plus le Sau¬veur puis¬qu'il n'a ja¬mais exis¬té.  Fin de par¬tie est donc une pièce ter¬ri¬ble¬ment né¬ga¬tive et à la fois par¬fai¬te¬ment per¬ti¬nente puis¬qu'elle dresse un por¬trait ter¬ri¬fiant et lu¬cide de la vie. Les pièces de Be¬ckett ne sont pas pour au¬tant évi¬dentes à lire puis¬qu'elles sont ponc¬tuées de di¬das¬ca¬lies qui en¬rayent un peu la lec¬ture du texte, et pro-posent une vi¬sion ab¬surde du monde. Tout est gro¬tesque, les per¬son¬nages, leurs mou¬ve¬ments, leurs ré¬pliques dis¬con¬ti¬nues... On a l'im¬pres¬sion que rien n'a de sens, mais contrai¬re¬ment à ce qu'af¬firme l'au¬teur, le texte offre une si¬gni¬fi¬ca¬tion à chaque dé¬tour. Be¬ckett nous in¬vite à un jeu ab¬surde où la par¬tie est per¬due d'avance mais sans que l'on sache quand elle se ter¬mi¬ne¬ra. Le jeu de la vie

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