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Bolivie

Publié le 11/04/2013

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bolivie
1 PRÉSENTATION

Bolivie, en espagnol Bolivia, pays du centre de l’Amérique du Sud. Sa capitale constitutionnelle est Sucre, tandis que sa capitale administrative est La Paz, où siège le gouvernement.

La Bolivie est bordée au nord et à l’est par le Brésil, au sud-est par le Paraguay, au sud par l’Argentine et à l’ouest par le Chili et le Pérou. La Bolivie est, avec le Paraguay, le seul pays sud-américain dépourvu d’accès à la mer.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie de la Bolivie est de 1 098 581 km². Le pays est constitué de deux grands ensembles géographiques : la cordillère des Andes, à l’ouest, et les plaines de l’Oriente, à l’est. Ainsi, la principale caractéristique physique de la Bolivie est la présence de la chaîne des Andes, qui s’étend du nord au sud à travers la partie occidentale du pays. Le complexe andin est formé par deux bandes parallèles de puissants reliefs, la Cordillère occidentale et la Cordillère royale (ou orientale), qui culmine avec l’Illimani (6 462 m) et l’Illampu (6 500 m).

La Bolivie est divisée en trois régions distinctes : l’Altiplano, ou région de hauts plateaux ; les yungas, des vallées profondes, boisées et bien irriguées ; les llanos, ou plaines du Chaco. L’Altiplano se situe entre la Cordillère occidentale et la Cordillère royale. La partie septentrionale, où est concentré l’essentiel de la population et de l’industrie du pays, contient en son extrémité le lac Titicaca, le lac navigable le plus élevé au monde. En revanche, la partie méridionale du plateau est aride. Les yungas sont situés sur les versants est des Andes. Les llanos, plateaux d’altitude modeste, occupent la région de l’Oriente bolivien et s’étirent vers l’est et le nord-est, en partant des montagnes andines. Ces plaines sont constituées de grandes étendues herbeuses et de forêts tropicales denses, situées le long des rivières. Pendant la saison humide (décembre, janvier et février), une grande partie de cette région se transforme en marécages ; cependant, de nombreuses étendues restent au-dessus du niveau des eaux et constituent de riches pâturages. Au sud-est du pays se trouvent les plaines arides et semi-tropicales du voir Chaco, qui s’étendent jusqu’au Paraguay et en Argentine.

Les vallées et les plaines du Nord et du Nord-Est sont drainées par le río Beni et son affluent principal, le Madre de Dios ; par la rivière Guaporé, qui forme une partie de la frontière avec le Brésil ; par le río Mamoré et le río Madeira, enfin. Le río Pilcomayo, principal cours d’eau du sud de la Bolivie, s’écoule à travers les plaines du Chaco et se jette dans le río Paraguay. Le bassin des lacs Titicaca et Poopó constitue une partie essentielle du réseau hydrographique du pays et est alimenté par le río Desaguadero.

2.2 Climat

Le pays étant situé sous les tropiques, la Bolivie possède un climat chaud et humide. Cependant, en raison de ses altitudes très variées, elle connaît un grand éventail de conditions climatiques. Aux altitudes élevées, le climat est froid et sec, accompagné de vents glaciaux et d’une atmosphère raréfiée ; il présente des écarts extrêmes de températures. Dans les régions de faible altitude, le climat est plus chaud. Les températures moyennes annuelles se situent entre 8 °C dans l’Altiplano et 26 °C dans les plaines orientales.

2.3 Flore et faune

En raison des grandes variations d’altitude, la Bolivie possède une flore et une faune variées, se répartissant sur l’ensemble des zones climatiques. Une herbe rude appelée ichu pousse sur les hauts plateaux de l’Ouest et constitue pratiquement l’unique végétation de cette région aride. Les arbres à gomme, plus de 2 000 espèces d’arbres, ainsi que la vanille, la salsepareille et le safran sont courants dans les forêts tropicales de l’Est.

En Bolivie, le lama est un des animaux les plus répandus : on le trouve principalement dans l’Altiplano. C’est un animal de bât efficace et une source de lait, de viande et de laine. Les alpagas et les vicuñas vivent également sur les plateaux. Des singes, des pumas, des jaguars, des tatous et différentes espèces de reptiles, d’oiseaux et d’insectes peuplent le bassin amazonien tropical.

2.4 Ressources naturelles

Les gisements de minerai sont importants et variés et constituent une des premières industries de la Bolivie. Les principales ressources minières du pays sont l’étain, le plomb, l’argent, le cuivre, l’antimoine, le zinc, le soufre, le bismuth, l’or et le tungstène. On y trouve également du sel, du pétrole et du gaz naturel. En 2003, la production annuelle des centrales hydroélectriques s’élevait à 4,3 milliards de kilowattheures.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population de Bolivie était estimée, en 2008, à 9,2 millions d'habitants. Cela correspond à une densité de population de seulement 8,5 habitants au km², une des plus faibles d’Amérique du Sud. Le taux de fécondité, avec 4,8 enfants par femme, est élevé, tandis que l’espérance de vie est faible (60,4 ans en moyenne et moins de 54 ans seulement dans les campagnes).

Les Amérindiens représentent l’essentiel de la population bolivienne : ainsi environ 30 p. 100 de la population sont des Quechuas et 25 p. 100 des Aymaras ; les autres groupes indigènes sont des Guaranis, des Mojeños et des Chimanes. Les métis, ou mestizos, représentent 30 p. 100 des habitants, et seulement 15 p. 100 sont des Européens, principalement d’origine espagnole. Environ 40 p. 100 de la population habite dans des zones rurales.

3.2 Découpage administratif et villes principales

La Bolivie est divisée en neuf départements, administrés par des préfets nommés par le président. Ces départements sont : Santa Cruz, Beni, Tarija, Potosí, La Paz, Chuquisaca, Pando, Cochabamba et Oruro. Chaque département est lui-même divisé en provinces, administrées par des sous-préfets, également nommés par le chef de l’État.

Sucre est le siège des activités commerciales et industrielles du pays ; La Paz est le centre politique, économique et culturel ; toutes deux sont les villes principales de la Bolivie. Les autres villes importantes sont Santa Cruz, un important centre de commerce ; Cochabamba, située dans une région agricole fertile ; Oruro, localisée dans une région minière ; Potosí, également située dans une région de production minière.

3.3 Langues et religions

Les langues officielles de la Bolivie sont au nombre de trois : l’espagnol, le quechua et l’aymara. L’espagnol est employé dans l’administration, l’enseignement et les affaires ; c’est la première langue de plus de 30 p. 100 de la population. Les Amérindiens utilisent leur propre langue, mais beaucoup d’entre eux parlent aussi l’espagnol. Le christianisme est la religion de la majorité de la population : environ 95 p. 100 des Boliviens sont catholiques ; une minorité est protestante.

3.4 Éducation

L’école primaire est en principe gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans. Cependant, les écoles (bien que leur nombre augmente) ne sont pas assez nombreuses pour les besoins de la Bolivie, dont le taux d’alphabétisation est de 88,4 p. 100. De plus, la majorité des écoles se situant en zone urbaine, les enfants des campagnes — essentiellement des Amérindiens — ne peuvent recevoir une instruction dans leur propre langue, l’espagnol étant la seule langue utilisée dans les écoles.

L’enseignement supérieur bolivien se développe : le pays possède dix universités situées à Sucre, à La Paz et dans les grandes villes. L’université Saint-François-Xavier (1624), installée à Sucre, est l’une des plus anciennes du continent et l’université de San Andrés (1830), à La Paz, est la plus grande de Bolivie.

3.5 Culture

En ce qui concerne l’habillement, la langue, l’architecture et le mode de vie, les Amérindiens s’inspirent des manières de leurs ancêtres, tout en intégrant quelques traditions d’origine espagnole. Les jours fériés et les fêtes religieuses sont l’occasion de célébrations diverses, agrémentées de danses folkloriques. En général, la population d’origine européenne connaît de meilleures conditions de vie et dispose d’un niveau d’instruction plus élevé que les populations quechua et aymara. Voir Amérindiens ; Hispano-américaine, littérature ; Latino-américaine, musique.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Organisation des pouvoirs

La Bolivie est une république, administrée conformément à la Constitution de 1825 et révisée en 1947.

Le président, le vice-président et le gouvernement sont investis du pouvoir exécutif. Le chef de l’État et son vice-président sont élus au suffrage universel direct. Le mandat de cinq ans du chef de l’État est renouvelable une fois mais non consécutivement. Le Parlement (Congrès national) est bicaméral : il est composé d’un Sénat de 27 membres et d’une Chambre des députés de 130 membres. Tous sont élus pour des mandats de cinq ans. La Cour suprême de Sucre, composée de juges élus par le Congrès, représente le pouvoir judiciaire indépendant. Dans les départements, il existe des cours de district locales.

3.6.2 Partis politiques

Les principaux partis politiques sont le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR, centre droit), le Mouvement Bolivie libre (MBL), la Nouvelle Force républicaine (NFR), le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), le Mouvement pour le socialisme (MAS) et l’Action démocratique nationaliste (ADN).

La formation militaire est obligatoire, mais dans la pratique, seul un petit pourcentage des inscrits sur les listes du service national sont effectivement appelés.

4 ÉCONOMIE

La Bolivie est l’une des nations les plus pauvres d’Amérique du Sud. L’économie a terriblement souffert de l’instabilité politique chronique et de l’absence d’accès à la mer du pays. Si elle a enregistré une croissance satisfaisante et une inflation modérée dans la première moitié des années 1990, liées en partie à un programme de privatisations, elle est entrée en crise dès la fin des années 1990. Alors que la société est déchirée par de profondes inégalités sociales, les politiques favorisant les investissements étrangers provoquent au début des années 2000 un fort mouvement de contestation au sein de la population. Au cœur de cette crise socio-économique figure la question de la renationalisation des gisements de gaz et de pétrole, contrôlés par des compagnies internationales depuis les années 1990, et les revendications pour une gestion sociale des revenus gaziers. Le produit intérieur brut (PIB) de la Bolivie s’élevait à 7,9 milliards de dollars en 2003. Pour la période 1990-2003, la croissance du PIB atteint 3,5 p. 100.

4.1 Agriculture

L’agriculture est la première activité de l’économie bolivienne. Elle emploie pratiquement la moitié de la population active du pays et représentait environ 14,9 p. 100 du PIB en 2003. Bien que la Bolivie soit aujourd’hui autosuffisante en ce qui concerne la production de sucre, de riz et de viande, elle doit encore importer certaines denrées alimentaires. Les principales cultures boliviennes sont les pommes de terre, la canne à sucre, le coton, le café, le maïs, le riz et le blé. À côté de ces cultures légales, il existe un autre type de production : une grande partie du revenu agricole provient, en effet, de la culture et de la transformation illicites des feuilles de coca, à partir desquelles est fabriquée la cocaïne. Le gouvernement bolivien a essayé de substituer aux plantations de coca d’autres cultures, grâce à l’aide des États-Unis, mais ce plan a soulevé de nombreuses difficultés et la coca demeure une des principales sources de revenus du pays. Elle représentait environ un dixième du PIB à la fin des années 1980 et, dix ans après, cette part a été réduite à 3 p. 100. Malgré les oppositions qui ont provoqué de violents affrontements en avril 1998 (8 morts et une centaine de blessés) le président Hugo Banzer a lancé une politique d’éradication totale. Au mois de janvier 2002, de violents affrontements se sont à nouveau produit.

4.2 Mines et industries

L’exploitation minière est une activité économique de premier plan en Bolivie, qui a été pendant longtemps l’un des principaux producteurs d’étain au monde. En 1952, ses trois principales exploitations minières d’étain ont été regroupées et nationalisées au sein d’une société d’État, sous le nom de Corporación minera de Bolivia (Comibol). En 2004, la production de minerai d’étain atteignait 16 800 tonnes. La Bolivie est également un producteur mondial important d’argent, de bismuth et d’antimoine. On y exploite aussi des gisements de tungstène, de plomb, de zinc et de cuivre. Le volume de pétrole et de gaz naturel produit a augmenté dans les années 1960 et, vers la fin des années 1980, la Bolivie est devenue quasiment autosuffisante dans le domaine des produits pétroliers.

En 2003, le secteur secondaire représentait environ 30,1 p. 100 du PIB et employait 28 p. 100 de la population active. Les industries prédominantes sont celles du café et de l’agroalimentaire, du textile et du bois. La majorité de l’industrie de fabrication est située à La Paz, qui est également un centre de commerce et d’échanges.

4.3 Échanges

La Bolivie a longtemps été dépendante de ses exportations de gaz naturel et d’étain. L’argent, l’antimoine, le plomb, le cuivre, le zinc, le tungstène, le café et le sucre constituent également des exportations importantes. Elle importe essentiellement des biens d'équipement et des produits manufacturés. Les États-Unis, l'Argentine et le Brésil sont les principaux partenaires commerciaux de la Bolivie.

L’unité monétaire de la Bolivie est le boliviano, équivalent de 100 centavos. La Banque centrale de Bolivie est la seule banque d’émission du pays.

Pendant longtemps, la Bolivie a été handicapée par son enclavement dans les terres et par un réseau de transports et de communications peu développé. Aujourd’hui, les infrastructures ferroviaires se sont étendues et le chemin de fer relie le territoire aux ports situés sur l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. La ligne principale relie La Paz au port franc d’Antofagasta, au Chili. Parmi les routes, très peu sont pavées, et nombreuses sont celles qui sont utilisables uniquement pendant la saison sèche. La compagnie aérienne nationale, Lloyd Aereo Boliviano, propose des liaisons aériennes régulières entre les principales villes boliviennes, avec d’autres pays d’Amérique latine et avec les États-Unis. Mais ce sont les bus, les taxis et les trains qui sont les moyens de transport les plus courants.

5 HISTOIRE
5.1 Les origines

Des découvertes archéologiques indiquent que la colonisation des Andes boliviennes par l’homme remonte à quelque 21 000 années. Du viie siècle avant notre ère à 1 200 apr. J.-C., le centre de l’Empire tiahuanaco occupe le haut plateau bolivien, près du lac Titicaca et est peuplé d’Indiens : Aymaras, Chiquitos et Quechuas. Puis, pendant la période allant du xiiie au xvie siècle, la région est incorporée à l’Empire inca. Ces premières civilisations sont le foyer d’ères culturelles prédominantes.

5.2 La colonisation espagnole

Le Haut-Pérou, qui correspond au territoire de la Bolivie actuelle, est conquis en 1538 par le conquistador espagnol Pizarro, et la région rattachée à la vice-royauté du Río de la Plata. Avec l’installation des colons espagnols, de nombreuses villes sont fondées : Chuquisaca (aujourd’hui Sucre), Potosí, La Paz et Cochabamba. De nombreuses mines d’argent commencent à être exploitées et le territoire devient un des centres les plus prospères et les plus peuplés de l’empire espagnol. Potosí, qui possède des mines très productives, est au centre de ce développement.

Cependant, la Bolivie est une des premières colonies espagnoles à se rebeller. Les révoltes se multiplient et c’est finalement après la victoire de Sucre à Ayacucho que la région obtient son indépendance, le 6 août 1825, et prend le nom de Bolivie, le 11 août de la même année. Une constitution, rédigée par Simón Bolívar, qui a pris la tête de la révolte, est adoptée en 1826.

5.3 De l’indépendance (1825) au début du xxe siècle

Dès le début de son existence comme État indépendant, la Bolivie connaît une période d’instabilité politique. Le premier président, le général Antonio José de Sucre, est expulsé du pays après avoir assuré ses fonctions pendant seulement deux années. Le pays subit ensuite plusieurs décennies de luttes entre diverses factions, de révolutions et de dictatures militaires. À cela s’ajoutent des conflits avec les pays frontaliers, comme le Chili, le Paraguay et le Brésil.

En effet, le désert d’Atacama est l’objet de conflits entre le Chili et la Bolivie ; il est revendiqué par chacun en raison de ses riches gisements de nitrate. En 1879, le Chili s’empare du port bolivien d’Antofagasta : c’est le point de départ de la guerre du Pacifique (1879-1883). La Bolivie et son allié le Pérou sont vaincus par le Chili. Le territoire bolivien est alors dépouillé de ses possessions sur la côte et perd tout accès à la mer. Cependant, un traité, ratifié en décembre 1904, reconnaît l’autorité éternelle du Chili sur le territoire contesté et accorde à la Bolivie un accès libre à la mer. En 1884, la Bolivie perd la province d’Atacama, qui revient au Chili, et, en 1903, la région d’Acre est cédée au Brésil. En 1935, la guerre du Chaco se conclut par la cession d’une partie du Chaco au Paraguay.

En politique intérieure, les gouvernements se succèdent rapidement, caractérisant une instabilité politique : coups d’État, guerres civiles et révolutions. Hernando Siles est renversé par une révolte en 1930. Daniel Salamanca, élu président en 1931, doit céder sa place, en 1934, à Tejada Sorzano, qui, à son tour, est contraint de démissionner par une junte militaire dirigée par le colonel José David Toro. Des régimes totalitaires sont instaurés avec le lieutenant colonel Germán Busch, puis, en 1939, avec le général Carlos Quintanilla. Le lieutenant-colonel Gualberto Villarroel dirige un gouvernement dictatorial jusqu’à ce qu’il soit lui-même renversé et tué en juillet 1946.

Les dirigeants boliviens sont continuellement confrontés à une opposition de gauche et de droite ; après la découverte d'un complot communiste, au début des années 1950, le Parti communiste est mis hors la loi.

5.4 La Bolivie des années 1950 à nos jours
5.4.1 Le régime de Paz Estenssoro (1952-1964)

En avril 1952, l’un des fondateurs du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), Víctor Paz Estenssoro, devient président de la Bolivie. Sous sa direction, le gouvernement s’engage dans une ère de réformes politiques, économiques et sociales : nationalisation des compagnies minières, redistribution des terres, instauration du suffrage universel (avec en particulier l’extension du droit de vote aux Amérindiens), réforme de l’enseignement. Cependant, l’économie bolivienne, déjà en crise, souffre de la chute régulière des cours mondiaux de l’étain ainsi que de l’inflation. En novembre 1964, un coup d’État renverse Paz Estenssoro et le gouvernement est remplacé par une junte militaire, menée par le lieutenant général René Barrientos Ortuño.

 

5.4.2 Régimes militaires (1964-1982)

Le nouveau gouvernement instaure une politique économique conservatrice et s’engage dans la répression des mouvements de guérilla antigouvernementaux, concentrés dans les régions minières montagneuses. L’armée bolivienne met les révolutionnaires en déroute en octobre 1967, lors d’une bataille près du village de Vallegrande, au cours de laquelle Che Guevara est capturé, avant d’être exécuté peu de temps après. Barrientos est tué dans un accident d’hélicoptère en avril 1969 ; en août 1971, le colonel Hugo Banzer prend le pouvoir tout en s’appuyant sur l’armée. Les années 1970 sont une période de croissance économique pour le pays, en particulier en raison de la hausse des cours mondiaux du métal.

La crise économique, conséquence d’une nouvelle baisse du prix de l’étain et d’une mauvaise gestion des gouvernements militaires successifs, frappe à nouveau le pays au début des années 1980, laissant la Bolivie aux prises avec une énorme dette, une hyperinflation et des recettes d’exportation en baisse. Les mesures prises contre le trafic de drogue, mises en place sous la pression des États-Unis, privent également le pays de ce qui était l’une de ses principales sources de devises.

5.4.3 Démocratisation

En octobre 1982, Hernán Siles Zuazo est installé à la présidence par le pouvoir militaire. Il constitue un gouvernement d’union populaire, mais son action est paralysée par l’agitation sociale. En 1985, Víctor Paz Estenssoro revient au pouvoir, mais il doit faire face à une situation économique catastrophique. Il réussit cependant à redresser l’économie et à réduire l’inflation, en introduisant des mesures d’austérité et en faisant appel à des investisseurs étrangers. Les efforts de son gouvernement pour diminuer la production de coca et la vente de cocaïne ne connaissent qu’un succès partiel et restent très impopulaires, d’autant qu’elles provoquent une augmentation du chômage et une certaine récession. Víctor Paz Estenssoro est remplacé à la présidence par Jaime Paz Zamora en 1989.

L’élection présidentielle de juin 1993 est remportée par un entrepreneur minier, Gonzalo Sánchez de Lozada, tandis que les élections du Congrès, tenues la même année, ramènent au pouvoir le MNR (parti de centre droit). « Goni «, tel que le nouveau président est surnommé, entreprend d’importantes réformes économiques et sociales : privatisation de nombreuses entreprises, décentralisation, inscription de la Bolivie comme membre associé du Mercosur (1997), réduction de l’inflation grâce à un strict contrôle des dépenses du gouvernement, réformes dans les secteurs de l’enseignement, de l’agriculture et des mines, mise en place d’un système de retraites. L’impact de ces mesures s’avère positif, en particulier d’un point de vue économique, mais les coûts sociaux sont élevés et les inégalités demeurent. Les réformes du secteur agricole et des retraites provoquent une vive opposition syndicale ainsi que la mobilisation de la population.

En juin 1997, Gonzalo Sánchez de Lozada est remplacé à la présidence par l’ancien dictateur Hugo Banzer, membre de l’Action démocratique nationaliste (ADN). Ce dernier n’est investi dans ses fonctions qu’au mois d’août suivant, après avoir fait alliance avec le parti de l’ancien président Jaime Paz Zamora, le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR).

En 1999, l’économie du pays, déjà lourdement affectée par El Niño, subit en outre la chute des cours des minéraux. La situation économique, encore aggravée par la politique d’éradication de la coca, entraîne de violents conflits sociaux, qui amènent le gouvernement à décréter l’état de siège en avril 2000. Les indicateurs économiques s’améliorent cependant au cours des mois suivants, tandis que le FMI, considérant les efforts fournis en matière de lutte contre la drogue, accentue encore son aide financière.

En août 2001, le président Hugo Banzer démissionne pour raisons de santé. Atteint d’un cancer des poumons et du foie, âgé de 75 ans, il se retire de la vie politique bolivienne après l’avoir dominée pendant trente ans. Son successeur est le vice-président Jorge Quiroga, un ingénieur de 41 ans, formé aux États-Unis, son plus proche collaborateur depuis treize ans. Après une année marquée par les protestations des cocaleros contre l’arrachage des plants de coca et les marches du nouveau Mouvement des paysans sans terres, les élections législatives sont remportées par les libéraux du MNR qui ne disposent pas toutefois de la majorité au Congrès. Le Mouvement pour le socialisme (MAS, extrême gauche) d’Evo Morales, le leader syndical indien d’origine ayrama des planteurs de coca, obtient 11,9 p. 100 des voix et s’impose comme la première force d’opposition avec 8 sénateurs sur 27. En outre, 6 candidats indiens du Mouvement Pachakuti (MIP) sont élus députés. Evo Morales lui-même arrive en deuxième position, lors du premier tour de l’élection présidentielle qui se tient au même moment, avec 20,9 p. 100 des voix derrière l’ancien président Gonzalo Sánchez de Lozada qui en obtient 22,5 p. 100. Aucun des candidats n’ayant obtenu plus de 50 p. 100 des voix, c’est finalement Gonzalo Sánchez de Lozada qui est élu président par le Parlement — fonction qu’il a déjà occupée de 1993 à 1997.

Le mois de février 2003 est marqué par de violentes émeutes entre des policiers et l’armée qui font plus de 30 morts, à la suite de l’annonce de mesures visant à réduire le déficit fiscal en instaurant un nouvel impôt sur le salaire des fonctionnaires. Au mois d’octobre suivant, un mouvement de grève générale est lancé en opposition à un projet de vente de gaz naturel aux États-Unis via le Chili. Il se radicalise et les manifestants exigent la démission du président de la République. L’agitation sociale, qui exprime en premier lieu les revendications de la population indienne, majoritaire mais exclue de la vie politique, s’étend à l’ensemble du pays. À la fin du mois, alors que les émeutes ont fait 80 morts, Gonzalo Sánchez de Lozada démissionne de ses fonctions. Il est remplacé par le vice-président Carlos Mesa. Journaliste et écrivain, Carlos Mesa forme un gouvernement affranchi des partis politiques et comprenant deux ministres indiens. Il bénéficie dans un premier temps du soutien du leader de l’opposition, Evo Morales, et de son Mouvement pour le socialisme (MAS). Toutefois, sa réforme de la gestion des hydrocarbures, qui renforce le rôle de l’État dans ce secteur, attise les velléités autonomistes des provinces de Santa Cruz et de Tarija (où se trouvent les principaux gisements) tandis qu’elle est jugée insatisfaisante par l’opposition et par les partisans de la nationalisation du gaz. Face à l’ampleur de la contestation qui paralyse le pays, Carlos Mesa est contraint à la démission le 6 juin 2005. Le président de la Cour suprême, Eduardo Rodriguez, est désigné pour lui succéder. Il convoque des élections générales anticipées afin de trouver une issue à la crise sociale et politique que traverse le pays.

Le 18 décembre 2005, Evo Morales remporte l’élection présidentielle dès le premier tour avec 53,74 p. 100 des suffrages contre les 28,5 p. 100 du candidat libéral Jorge Quiroga, du Mouvement Pouvoir démocratique et social (PODEMOS). Aux élections législatives, son parti, le MAS, recueille 72 des 130 sièges de la Chambre des députés (contre 43 au PODEMOS) – il est majoritaire à l’Assemblée nationale, mais pas au Sénat. Pourfendeur du néolibéralisme et de l’impérialisme américain en Amérique latine, le nouveau président a axé sa campagne sur la lutte contre les inégalités socio-économiques, sur la défense de la culture indienne et sur la nationalisation du secteur des hydrocarbures. Il entend assouplir le contrôle sur la production de la « feuille sacrée « de coca, considérée comme une culture traditionnelle, tout en affirmant vouloir lutter contre la production de drogue illégale et le narcotrafic. Cette victoire inédite d’un candidat indigène en Bolivie et en Amérique latine a un retentissement considérable sur l’ensemble du continent.

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