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Boris VIAN, L'écume des jours

Publié le 11/09/2006

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Boris VIAN, L’écume des jours

Boris Vian (1920-1959) n’est pas comme les autres auteurs du XXe siècle, bien sûr on peut considérer que tous les auteurs sont différents -et on aurait raison- mais aucun ne se démarque des autres comme Vian, même s’il n’était pas en marge et côtoyait des auteurs et artistes comme Sartre, Queneau, Miles Davis, Mouloudji et bien d’autres dans les cafés du 6e arrondissement parisien, très prisés par les écrivains et artistes en tout genre de l’époque. Vian, a plus particulièrement marqué le XXe siècle grâce à un ouvrage, le très polémique et cru J’irai_ cracher sur vos tombes _(1946), qui fut interdit à sa sortie. Au-delà de l’écriture romanesque, Vian était un artiste à part entière, un jazzman reconnu, auteur, compositeur et interprète (la plus marquante de ses compositions restant Le déserteur, chanson antimilitariste écrite en 1954, à la fin de la guerre d’Indochine, qui lui valut des menaces de la part de l’extrême-droite). Ici l’œuvre est différente, L’écume des jours est un roman tragique. Si le thème est classique (l’amour et la maladie mortelle), tout le reste l’est beaucoup moins. « Le plus poignant des romans d’amour contemporains«, selon Raymond Queneau. L’histoire est celle de trois couples : Colin /Chloé, Chick/Alise et Nicolas/Isis. Si les personnages se ressemblent et pourraient être considérés comme interchangeables, il n’en reste pas moins une différence de taille, le problème de l’argent. Colin est le mieux loti et offre de l’argent à Chick afin que celui-ci puisse épouser Alise. Mais Chick se sert de l’argent pour se doter d’objets et d’œuvres se référant à son auteur préféré, Jean-Sol Partre (Jean-Paul Sartre, évidemment). Cette passion le ruine et détruit son couple. Pendant ce temps, Colin est préoccupé par la maladie qui ronge Chloé, la femme qu’il aime, qui a un nénuphar dans le poumon. La maladie les fait souffrir et le ruine peu à peu jusqu’à la mort de Chloé. Le monde dans lequel les personnages vivent, même s’il reste cohérent et habitable, est déroutant. Qui, en effet, a déjà souffert d’un nénuphar dans le poumon ou a déjà pêché une anguille dans un robinet? Et les personnages, s’ils sont banals et interchangeables, sont purs, innocents et encore adolescents dans le sens où la méchanceté et la plupart des défauts n’existent pas (hormis la passion destructrice de Chick). Les thèmes abordés par Vian sont l’amour, le rapport au travail et à l’argent, la musique (jazz bien sûr), la religion, la maladie, l’irréel… Des thèmes importants pour l’auteur, éternel amoureux et musicien, qui a souffert de maladie dès son plus jeune âge. L’écriture poétique, angoissante, narquoise et fantaisiste divise. Certains y voient un sens et trouvent des symboles métaphoriques à chaque phrase, et un néologisme dans chaque page; d’autres n’y voient qu’une poésie simple et pure. Vian joue avec les mots de manière insolite et étourdissante, il en crée («le piano-cocktail« piano destiné faire des boissons), il en modifie («antiquitaire«, «chuiche«) et prend le mot au pied de la lettre («le pourboire« ne peut servir à manger). Au-delà de l’exercice stylistique de remise en question du langage, l’angoisse nous gagne peu à peu par le discours et on remarque que tout n’est pas à sa place, que la tragédie est proche… Toutes les phrases peuvent être comprises de différentes manières et l’ont été, certains s’en offusquent et considèrent que la poésie ne demande pas à être interprétée de la sorte. Analyser ce roman est donc difficile car on peut se demander s’il y a un objet d’analyse ou pas. Un sens se cache-t-il derrière chaque phrase ou n’y a-t-il pas de sens à chercher et simplement une œuvre magnifique à découvrir et à apprécier au premier degré ? C’est à vous de le lire et de vous faire votre propre avis sur la question... Colin: «_Le plus clair de mon temps, je le passe à l’obscurcir car la lumière me gêne._«

 

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