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En 1815, au congrès de vienne, le prince de Metternich déclare « l’Italie n’est qu’une expression géographique ».

Publié le 15/11/2016

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En 1815, au congrès de vienne, le prince de Metternich déclare « l’Italie n’est qu’une expression géographique ». Cette phrase illustre bien la difficulté que les nationalismes vont rencontrer tout au long du premier XIXème siècle pour s’affirmer et parvenir à créer leur propre nation, étant la plupart du temps réprimés par de puissants empires, on peut en effet penser aux polonais sous le joug de l’empire russe ou aux italiens et allemands qui doivent faire face à l’empire autrichien. Ces nationalités s’affirment néanmoins de plus en plus lors de moments révolutionnaires comme en 1830 ou en 1848 conduisant à terme à une indépendance et à une unité. D’ailleurs on pourrait définir l’unité tout simplement comme ce qui est UN par opposition à la pluralité ou bien comme l’union de plusieurs parties afin de former un tout indivisible. Nous allons voir comment l’Allemagne et l’Italie peuvent être rattachés à ces définitions de l’unité, mais il nous faut d’abord définir un cadre géographique et chronologique. Le temps de cet exposé se situera entre 1848 et 1871. J’ai choisi cette période car la plupart des événements menant à l’unité de des deux pays s’y situent, même s’il existe des débats selon lesquels les unités auraient commencé dès Napoléon et même avant dès le milieu du XVIIIème siècle avec les penseurs des Lumières. Ainsi ces unités commencent réellement avec le moment de 1848, la vague révolutionnaire qui ébranle l’Europe et qui d’ailleurs commence à Palerme dans le royaume des deux Siciles et nous considèreront qu’elles se terminent par un pont commun : la défaite du Second empire en 1871 qui permet à l’Italie de s’emparer de Rome et à la Prusse de proclamer l’empire allemand. Comme on le voit sur ces cartes on considèrera le cadre géographique de l’Italie, comme les provinces de la péninsule, en comprenant les duchés et royaumes indépendants, mais aussi les Etats pontificaux et les possessions autrichiennes au nord proches de Venise. Pour l’Allemagne, on s’intéressera au rapprochement progressif de cette mosaïque d’Etats laissée par le Congrès de Vienne au nombre de 38 regroupés au sein d’une Confédération germanique dominée par la Prusse et l’empire autrichien. Après avoir fixé ces repères nous allons nous poser cette question : Par quels processus les Etats allemand et italien ont-ils pu advenir ? Nous allons voir qu’il y a eu différentes phases vers l’unité mais surtout que celle-ci s’est faite de différentes manières, nous allons donc établir une comparaison entre l’Allemagne et l’Italie en suivant ce plan. L’Allemagne et l’Italie ont dû se construire comme la plupart des Etats, par les armes en commençant par des conflits internes pour ensuite s’affirmer à l’extérieur. On retrouve dans l’histoire de ces deux nations une lutte armée interne face à un ennemi commun : l’empire autrichien, porteur par excellence des idées anti-libérales et réactionnaires depuis 1815. Malgré les événements de 1848, l’éveil des hongrois, croates cet empire tient bon et occupe des territoires se situant directement sur les espaces que nous avons délimités comme italiens et allemands au début. Nous allons donc considérer qu’une lutte interne s’engage afin de libérer une partie du territoire national. Pour ce qui deviendra l’Italie cette volonté s’affiche très tôt dès 1848, on voit ici une citation de Cavour, grand acteur de l’unité italienne, parue dans son journal. Il incite le roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, à entrer en guerre contre l’Autriche ce qui se produit le 25 mars et mène à la première guerre d’indépendance qui est un échec et se conclue par un retour aux frontières de 1815 dès le mois de juillet et l’abdication du roi au profit de Victor-Emmanuel II son fils. Le royaume de Piémont-Sardaigne convertit au libéralisme depuis 1848, s’imposera réellement lors de la deuxième guerre d’indépendance de mai à juillet 1859 avec l’aide la France où elle conquiert la Lombardie après des victoires comme Solferino ou Magenta, et où Garibaldi s’empare du Royaume des 2 Siciles dans sa célèbre expédition des Mille. Même si à l’issue de cette guerre, Victor-Emmanuel II est sacré roi d’Italie, l’unité est loin d’être achevée, les Etats pontificaux restant sous le contrôle du pape et l’Autriche conservant la Vénétie. L’histoire de nos deux pays se rapproche encore plus avec la troisième guerre d’indépendance italienne, ou le jeune royaume est allié de la Prusse face à l’Autriche. La Prusse a su à la différence du Piémont attendre son heure, et éviter l’affrontement direct avec l’Autriche trop puissante en 1848, pour elle-même se renforcer sous l’impulsion du chancelier Bismarck et entrer en conflit en 1866, ce qui après des victoires éclatantes comme Sadowa le 3 juillet permettra à la Prusse de s’affirmer comme seul puissance de l’Allemagne, tandis que l’Italie récupère à cette occasion la Vénétie. Cet ennemi commun n’est cependant pas le seul des deux Etats moteurs de l’unité que sont la Prusse et le Piémont, et d’autres adversaires sont présents. En effet ces unités se font au détriment de la souveraineté de chaque partie si bien que des voix s’élèvent pour contrer ces velléités hégémoniques. Si ça ne mènera pas à la guerre un Royaume comme la Bavière refusera longtemps de s’allier à la Prusse pour ne pas qu’elle devienne trop puissante. Cela mènera néanmoins à des oppositions, on peut penser à l’expédition des Mille que nous évoquions tout à l’heure durant laquelle les chemises rouges de Garibaldi, vont combattre les Bourbons de Naples et dans le royaume des Deux-Siciles pour fédérer tous les Etats italiens ou à la guerre des Duchés en 1864 où la Prusse est opposée au Danemark pour régler un différend pour l’appartenance ou non du Schleswig-Holstein à la Confédération germanique. On trouve là de nombreuses ressemblances entre l’Allemagne et l’Italie par leurs conflits internes leurs adversaires pour arriver à l’unité mais il ne faut pas négliger l’importance des conflits extérieurs. Si la Prusse et le Piémont veulent unir leurs pays c’est notamment pour s’affirmer sur la scène internationale en ayant davantage de poids, et s’intégrer au concert des nations. Mais à ce stade on remarque des divergences. Le Piémont conscient de son infériorité doit trouver de l’aide à l’extérieur, bien qu’il bénéficie déjà de l’appui des libéraux français et anglais. Ainsi, Cavour le premier ministre du roi de Piémont cherche de l’aide auprès des grandes puissances, et si l’Angleterre ne souhaite pas intervenir, la France de Napoléon III y voit un certain intérêt puisqu’elle récupère en combattant dans la deuxième guerre d’indépendance la Savoie et Nice. Le Piémont intervient dans la guerre de Crimée, où elle envoie quelques milliers d’hommes, aux côtés de l’Autriche de la France et de l’Angleterre et prouve ainsi sa volonté de jouer un rôle dans le second XIXème siècle aux côtés des autres puissances ce qui l’oppose totalement à la Prusse, qui cherche elle à unifier l’Allemagne seule. En effet Bismarck, ne veut pas intervenir dans cette même guerre de Crimée pour ne pas aider son adversaire autrichien. Il sait que son pays et son armée se modernisent, et que donc il n’aura pas besoin d’aide d’autres Etats pour s’affirmer, il préfère donc les laisser s’affaiblir et ce choix s’avère payant en 1866 comme nous le disions précédemment. Le chancelier a des vues à l’ouest plutôt pour contrer la France qui tend à étendre son influence vers la Belgique et le Luxembourg, et c’est bel et bien la guerre franco-prussienne de 1870-71 qui va concrétiser l’unité allemande autour de la Prusse. Après la victoire de Sedan, où la France est défaite et Napoléon III capturé, le roi de Prusse Guillaume 1er est sacré empereur d’Allemagne le 18 janvier 1871 à Versailles. L’Italie récupère à cette occasion Rome que les troupes de Napoléon ne protégeaient plus. A ce moment on constate que l’élément majeur des unités a été l’affrontement, mais les deux Etats en ont fait des usages différents pour s’affirmer auprès des autres ou contre les autres, malgré cela un Etat tient difficilement en ne s’appuyant que sur la guerre, c’est pour cela que nous allons maintenant aborder les éléments politiques et économiques qui ont permis de pérenniser nos deux Etats. Pour commencer cette deuxième partie il faut nous attarder sur un acteur que nous n’avons jusque-là pas évoqué : le peuple et la multiplicité de ces attitudes. C’est bel et bien lui qui a fait trembler les souverains lors des soulèvements de 1848, et c’est là qu’il a le plus d’importance par son unité où bourgeois et prolétaires combattent ensemble. Lors du printemps des peuples, quel que soit le lieu de notre étude, on peut voir ici un tableau représentant des révolutionnaires à Berlin, les populations se révoltent et obtiennent des souverains des Constitutions donnant davantage de libertés. Ces moments de soulèvements permettent au peuple de s’exprimer directement et librement : en Allemagne, le Vorparlement de Francfort est élu au suffrage universel masculin au printemps 1848 et en Italie lors de la 2ème guerre d’indépendance des plébiscites ont lieu un peu partout afin de confirmer l’annexion des différentes provinces au royaume de Piémont. Ces deux moments sont des avancées majeures vers l’unité : en Allemagne cela représente un rapprochement de tous les Etats qui sont prêts à prendre des décisions ensemble, notamment celle de nommer le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV empereur, chose qu’il refusera préférant être sacré par ses paires, plutôt que par une assemblée du peuple qu’il juge illégitime, ce qui aurait pu faire advenir l’Allemagne près de 20 ans plus tôt. Alors qu’en Italie la population choisit son avenir et le royaume de Piémont comme unificateur du pays. Cependant on voit que par la suite le peuple perd de son pouvoir par le scrutin : en Italie un suffrage censitaire drastique est imposé si bien que quasiment toute la population en est exclue tandis que la Prusse adopte un système similaire avec un cens électoral indirect et une séparation en 3 classes qui favorisait les personnes les plus riches en leur donnant davantage de représentants proportionnellement à leur nombre. Ce dernier pont nous amène à une deuxième partie car on voit là une limitation des libertés de certaines personnes pour éviter un trop grand pouvoir des masses, et ce dans les deux Etats, nous allons donc évoquer ces différentes conceptions de la liberté et de l’union. Dans nos deux Etats on note une forte opposition entre les libéraux et les démocrates, et c’est la lutte entre ces deux idéaux qui va conduire en partie à l’unité des deux Etats et les orienter. On peut considérer que les libéraux seront plus réformateurs et prêts à conserver un certain pouvoir monarchique pour se préserver des masses, tandis que les démocrates sont davantage révolutionnaires, voulant appliquer le suffrage universel par exemple. Dans nos deux pays la voie vers une indépendance révolutionnaire est prise pendant quelques temps surtout en 1848-49 en Italie notamment à Rome et Florence, mais, une fois de plus c’est un échec commun car les bourgeois libéraux répriment aux côtés des souverains les révoltes des masses qu’ils jugent dangereuses pour leurs activités. On voit ici deux personnes tournées vers la révolution : Mazzini l’est davantage par la politique, exilé il milite de France ou de Suisse pour une Italie unifiée, à la 1ère guerre d’indépendance il est au pouvoir dans la Rome insurgée contre le pape tandis que Marx est davantage un leader idéologique pour l’ensemble des prolétaires. L’échec de cette voie révolutionnaire explique très largement le fait que l’Italie reste une monarchie constitutionnelle tout comme la Prusse, mais on remarque là une autre divergence. L’unité italienne se fait plus directement, la péninsule est moins morcelée et le royaume de Piémont est la seule grande puissance à pouvoir unifier l’Italie si bien que ce peut être plus libéral et uni en son sein, la politique est centralisée par le monarque et ses ministres contrairement à Bismarck qui doit faire face à cette mosaïque d’Etats dont certains lui sont hostiles et faire preuve de fermeté pour affirmer la supériorité de la Prusse au sein de la Confédération germanique jusqu’en 1866 puis la Confédération de l’Allemagne du Nord, une union regroupant la plupart des Etats de l’Allemagne du Nord avec une armée, un parlement…, on voit naître ici une divergence entre les deux Etat,s l’Italie se construisant comme un Etat centralisé tandis que la Prusse ne parvient à unir qu’au sein d’une fédération même après la proclamation de l’empire. Enfin, nous allons aborder notre dernière sous-partie en évoquant le rôle prépondérant de l’économie sur la route vers l’unité car les unions que nous venons d’évoquer en sont largement issues. Il faut replacer les événements que nous avons déjà évoqués dans un contexte de développement éco lié à la Révolution industrielle qui tend à s’étendre à travers l’Europe. Dans nos deux pays nous l’avons déjà dit la bourgeoisie est forte et pousse à des réformes libérales pour faciliter le commerce, et l’unité de l’Allemagne et de l’Italie est un formidable atout. Cela permet en effet de considérablement accroître les débouchés et de lancer certaines relations on peut même penser que l’Allemagne a connu son unité territoriale et politique grâce à l’économie. Dès 1834 sous l’impulsion de la Prusse un Zollverein, une union douanière, est mis en place comme on peut le voir sur cette carte ce qui permet de faciliter les échanges entre les Etats allemands et déjà commencer leur rapprochement. En Italie un système similaire est mis en place dès les années 1840 centré autour du Piémont qui en récupère la plupart des avantages. Il ne faut pas négliger la place des ports et notamment celui de Gênes qui permet une ouverture ultra-marine Un autre facteur de rapprochement lié à l’économie est l’essor du chemin de fer qui permet d’accroître considérablement la vitesse de déplacement, on voit ici la carte de l’empire allemand en 1870, et on remarque un réseau ferré déjà très dense notamment dans la Ruhr la principale région industrielle du pays notamment pour ses mines. Pour preuve quelques chiffres : le nombre de locomotives est passé de 429 en 1849 à 28 703 en 1875. Cela nous permet d’affirmer que l’économie allemande a été bien plus importante dans l’unité allemande tandis que l’unité italienne a davantage fait naître son économie. Ce dernier exemple du chemin de fer n’est cependant pas seulement éco puisqu’il a facilité le transport des troupes dans la guerre austro-prussienne menant la Prusse vers un succès militaire cela prouve bien que les éléments qui mènent aux unités doivent être pris comme un tout. Pour conclure, on peut dire que les unités allemande et italienne sont plutôt similaires. Outre une temporalité proche, l’unité est passée par les armes dans les deux pays bien que l’indépendance a dû être acquise par d’autres moyens notamment politiques et éco. Malgré ces unités qui semblent achevées en 1870 il faut noter de nombreuses limites comme la place des minorités, des territoires encore manquants comme les terres irrédentes du nord de l’Italie ou enfin les inégalités territoriales, de nombreuses questions qui deviendront des enjeux de la fin du XIXème siècle et encore jusqu’à nos jours.

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