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Brecht, Bertolt - littérature.

Publié le 30/04/2013

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Brecht, Bertolt - littérature. 1 PRÉSENTATION Brecht, Bertolt (1898-1956), poète et auteur dramatique allemand, dont l'esthétique et l'engagement politique ont profondément marqué le théâtre du XXe siècle. 2 UN HOMME DE THÉÂTRE AU TRÉFONDS DU SIÈCLE La vie de Bertolt Brecht est intimement liée aux crises majeures de son siècle. Né en 1898 à Augsbourg (Bavière), il est mobilisé in extremis à l'automne 1918 en qualité d'infirmier, et participe ainsi à la Première Guerre mondiale. Quinze ans plus tard, auteur d'une oeuvre théâtrale moderne, libre et fortement teintée de marxisme, il n'a pas l'heur de plaire aux nazis et doit choisir de s'exiler après avoir assisté à l'autodafé de ses oeuvres. Après plusieurs années passées au Danemark puis en Finlande, il gagne les États-Unis en 1941, mais doit quitter le pays en 1947 après avoir été inquiété par les commissions d'enquête maccarthystes. Il choisit alors de s'installer à Berlin-Est, où il apporte sa pierre à l'édification du socialisme en fondant, puis en dirigeant jusqu'à sa mort en 1956, la troupe du Berliner Ensemble. 3 DE BAAL AUX LEHRSTÜCKE Ses premières oeuvres sont inséparables de la vie de bohème que le jeune homme, en réaction violente contre son milieu (bourgeois et catholique), mène au milieu des classes opprimées des grandes villes que sont Munich et Berlin. L'influence de Rimbaud est ainsi très sensible dans Baal (1918), Tambours dans la nuit (1919) et Dans la jungle des villes (1921). Brecht se saisit ensuite de l'histoire en travaillant d'après Christopher Marlowe (la Vie d'Édouard II d'Angleterre, 1924) ou John Gay (l'Opéra de quat'sous, 1928), en même temps qu'il trouve dans la pensée de Marx une science de la société susceptible de fonder une action révolutionnaire efficace. Dans cette perspective, le rôle de l'homme de théâtre est d'assurer la diffusion du matérialisme dialectique et de susciter chez le spectateur une prise de conscience ou, mieux encore, de provoquer l'action proprement dite. Après la crise de 1929, Brecht se lance donc dans la rédaction des Lehrstücke, ou pièces didactiques : l'Importance d'être d'accord (1929), Celui qui dit oui, celui qui dit non (1930), l'Exception et la Règle (1930) et d'autres, parmi lesquelles émerge Sainte Jeanne des abattoirs (1930), sévère jugement d'une lutte pour le peuple idéaliste, solitaire et par conséquent inefficace, voire contre-productive. 4 LES PRINCIPES DU THÉÂTRE ÉPIQUE Au fil des années, à partir de Homme pour homme(1925), s'est ainsi définie peu à peu une esthétique nouvelle, formulée théoriquement dans une annexe de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (1930), puis dans le Petit Organon pour le théâtre (1948). Pour inciter le spectateur à la réflexion, voire à l'action révolutionnaire, il faut empêcher l'oubli de soi qu'induit chez lui le vieux principe aristotélicien de l'identification au personnage ; il faut, en outre, briser le sentiment ordinaire que le seul monde possible est le monde tel qu'il est, et que, de ce fait, rien n'est susceptible de le faire changer. À ces deux fins, un seul moyen : l'effet de Verfremdung (distanciation ou, traduction plus exacte mais moins fréquente, défamiliarisation), obtenu par nombre de techniques détaillées et mises en pratique par Brecht dans son écriture comme dans ses mises en scène : décors seulement suggérés, éclairages francs, chansons ou textes sur banderoles commentant l'action, projection d'images documentaires, jeu et travail de l'acteur exhibés plutôt que dissimulés. 5 LES GRANDES OEUVRES DE L'EXIL L'urgence de la lutte contre le nazisme conduit Brecht à transiger quelque peu avec les règles du théâtre épique, dans les pièces de combat que sont les Fusils de la Mère Carrar (1937), Grand'Peur et misère du Troisième Reich (1938), la Résistible Ascension d'Arturo Ui (1941). Mais Brecht est pleinement maître de ses moyens, et sa production est intense : ce sont la Bonne Âme de Setchouan (1938-1942), Mère Courage et ses enfants (1939), Maître Puntila et son valet Matti (1940), le Cercle de craie caucasien (1944-1945), la Vie de Galilée, trois fois remise sur le métier (1938-1939, 1944-1947, 1955-1956). Brecht y campe des personnages complexes, en proie à leurs propres contradictions comme à celles des sociétés dans lesquelles ils vivent. Et ces contradictions ne sont jamais résolues dans la simplicité : le dispositif théâtral s'ingénie à multiplier les points de vue et les modes d'interprétation (par le chant, par le geste, par le commentaire, poétique, idéologique...), éloignant le personnage et contraignant le spectateur à un actif travail personnel de reconstitution de l'image ainsi fragmentée. 6 BRECHT APRÈS BRECHT Les années berlinoises sont moins pour Brecht des années d'écriture que de retour à ses propres textes (la Vie de Galilée) ou à ceux de la tradition (Don Juan, Coriolan). Mais il est désormais la référence obligée en matière de théâtre, honni ou révéré, mais toujours à l'esprit. Parmi ses héritiers, on peut évoquer Benno Besson, Heiner Müller ou Matthias Langhoff en Allemagne, Giorgio Strehler en Italie, Patrice Chéreau en France. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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