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L'influence de Bertolt Brecht sur la littérature française

Publié le 19/11/2018

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BRECHT (influence de Bertolt Brecht sur la littérature française). Neuf volumes de Poèmes, deux romans, quatre recueils de récits, quatre livres consignant diverses réflexions sur la littérature, l’art — en particulier le cinéma — et la politique : cette abondante et souvent stimulante production, traduite et publiée aux éditions de l’Arche, n’a pas vraiment rencontré d’écho en France, où Bertolt Brecht (1898-1956) eut surtout une influence par ses activités théâtrales d'auteur, de théoricien et de metteur en scène.

Le « brechtisme »

Venu à Paris en 1954 et 1955, le Berliner Ensemble, troupe de Berlin-Est animée par Bertolt Brecht et Hélène Weigel, donna quelques représentations, qui suscitèrent une admiration quasi unanime chez nos gens de théâtre, éblouis par la perfection d’une réalisation scénique minutieusement et longuement travaillée. Pour autant, la plupart d’entre eux, parce qu’ils se méfiaient de toute théorie ou rêvaient nostalgiquement aux communions des nuits avignonnaises, n’étaient pas prêts à accorder attention aux pièces et aux analyses de Brecht. L’optimisme du dramaturge allemand, qui croyait dans les progrès de la science et pensait que s’était ainsi forgé un nouveau spectateur, homme d’une « ère scientifique », rencontrait notamment chez eux une incrédulité complète, et son objectif principal — donner au public l’envie et les moyens de changer le monde — leur paraissait n’être qu’une simple tentative de propagande utilisant des solutions forcément primaires. En somme, peu désireux de voir le monde et le théâtre remis en question, ils attribuèrent la réussite des mises en scène réalisées par Brecht à l’extraordinaire habileté technique de ce dernier et à la cohésion de la troupe dirigée par lui.

D'autres, au contraire — assez peu nombreux —, perçurent dans les spectacles de 1954 et 1955, puis dans les textes théoriques et les pièces écrites par Brecht, une preuve supplémentaire de la nécessité et de la possibilité de modifier les formes théâtrales. Ce furent d’abord les membres de la rédaction de la revue Théâtre populaire, qui, autour de Roland Barthes et Bernard Dort, avaient initialement placé leurs espoirs dans l’entreprise du T.N.P. et qui, désormais, commençaient à désespérer de voir ce dernier conquérir véritablement un public populaire. Se rallièrent ensuite au théâtre épique des metteurs en scène tels que Roger Planchon ou des décorateurs tels que René Allio, tous enthousiasmés par les nouvelles perspectives que leur ouvrait Brecht.

Ce fut alors une autre « bataille d’Hernani ». Le Petit Organon pour le théâtre devint l’objet d’une âpre polémique entre les tenants de la tradition, parmi lesquels Jacques Lemarchand, Jean-Jacques Gautier et Roger Vailland, et les partisans d’un théâtre dont le maître mot serait la distanciation. Débat stérile, que vint submerger, dans les années 1968, l’aspiration à un théâtre-fête et à un théâtre improvisé.

Les auteurs au pied du mur

Pour les auteurs de théâtre, le problème était moins théorique : allaient-ils continuer à écrire des textes à l’ancienne manière ou bien allaient-ils suivre Brecht dans l’élaboration d’un répertoire nouveau tant dans la forme que dans le but visé? Parmi les écrivains qui avaient déjà réussi à faire jouer leurs pièces, sinon à les faire applaudir, les réponses furent diverses. L’œuvre de Brecht laissa Beckett et Jean Genet indifférents; elle donna à Ionesco des raisons supplémentaires de s’obstiner dans la voie qu’il avait choisie et de railler le brechtisme dans son Impromptu de l'Alma.

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« une voie originale du théâtre politique et ne retint de l'exemple de Brecht que l'utilisation -propre à Piscator autant qu'à Brecht -de certaines techniques cinémato­ graphiques.

Michel Vinaver semble être le seul, en France, à avoir repris, dans les Coréens ( 1956), et les objectifs et les techniques d'écriture de Brecht, qu'il parvint à adapter à la représentation d'une action certes éloignée géographiquement mais cruellement contem­ poraine.

BlBLJOGRAPHJE Le n• 11 de la revue Théâtre populaire, janv.-févr.

1955, illustre bien l'engouement de certains pour l'œuvre théâtrale de Brecht, tandis que l'article de Jacques Lemarchand : «l'Écolier et le Petit Orgat10n >>, N.R.F., 29, 1955, p.

897-902, donne une idée de la violence du refus opposé par d'autres.

Deux articles rassemblent les témoignages des principaux hommes de théâtre influencés par Brecht ou mêlés à son histoire chez nous.

D'abord Jacqueline Autrusseau : « Brecht en France » (avec des déclarations de P.

Abraham, J.

Vilar, R.

Planchon, A.

Steiger, J.

Mauctair, J.-P.

Roussillon), les Lettres françaises, 9 juin 1960, p.

8; ensuite A.

Adamov.

R.

Planchon et René Allio:, n• l, 1964, p.

208-220.

Tous deux manquent de recul.

Le n• 55 de la revue Arc, 1973, consacré à Brecht, présente un bilan beaucoup plus nuancé.

Une réflexion neuve s'esquisse dans le numéro d'avril 1978 de Silex (Grenoble).

On trouvera des études de synthèse et de nombreux docu­ ments, notamment iconographiques, dans les numéros spéciaux des revues l'Herne, 1979, t.

1.

ct 1982, t.

JI, et Obliques, 20-21, 1979.

On peut lire l'lmpromptll de l'Alma dans le Théâtre JI d'Eu­ gène Ionesco (préface de J.

Lemarchand), Paris, Gallimard, 1958 et 1963.

Nekrassov de Jean-Paul Sartre a fait l'objet d'une édition séparée, Paris, Gallimard, 1956, et a été inséré dans un volume global : Jean-Paul Sartre, Théâtre, avec 32 aquarelles, Paris, Gal­ limard, 1962.

Les pièces d'Adamov ont été réunies dans son Théâtre, paru aux Éd.

Gallimard : te tome Il ( 1955) contient le Sens de La marche, les Retrouvailles et le Ping-Pong; le tome Ill (1966), entre autres, Paolo Paoli; le torne IV (1968), Prifllemps 71.

Quant au texte des Coréens, de Michel Vinaver, il a été publié chez Gallimard.

coll.« te Manteau d'Arlequin >>, 1956.

D.

MORTIER. »

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