Devoir de Philosophie

Brontë, les Hauts de Hurlevent (extrait).

Publié le 07/05/2013

Extrait du document

Brontë, les Hauts de Hurlevent (extrait). Les Hauts de Hurlevent se présente sous la forme d'un récit conduit par deux narrateurs : l'un, Lockwood, est un voyageur auquel l'histoire a été racontée ; l'autre, Mrs Dean, est la vieille gouvernante de la maison Earnshaw. C'est chez elle que Lockwood est venu, par hasard, se reposer et se retirer quelque temps du commerce social. L'emboîtement des deux narrations à la première personne structure tout le roman : le visiteur rencontre dans les lieux une histoire, un drame, et il pose des questions. Mrs Dean lui répond, raconte. Elle détient tout le roman, et son point de vue est celui de ceux qui servent : une perception sans complaisance, un regard aiguisé sur l'intime et l'envers. Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë Je ne saurais vous décrire, même d'une façon imparfaite, l'infernale maison où nous vivons. Le pasteur cessa de venir, et l'on peut dire qu'à la fin plus une personne convenable ne nous approchait, si l'on excepte les visites d'Edgar Linton à Miss Cathy. À quinze ans, elle était la reine de la contrée ; elle n'avait pas sa pareille ; et elle devenait hautaine et volontaire ! J'avoue que je ne l'aimais guère, lorsqu'elle fut sortie de l'enfance ; et je l'irritais souvent en essayant de dompter son arrogance. Néanmoins, elle ne me prit jamais en aversion. Elle avait une extraordinaire constance pour ses attachements anciens. Heathcliff même conservait sans altération son empire sur ses affections, et le jeune Linton, avec toute sa supériorité, avait de la peine à faire sur elle une impression aussi profonde. Il a été mon ancien maître ; voilà son portrait au-dessus de la cheminée. Autrefois, ce portrait était accroché d'un côté et celui de sa femme de l'autre ; mais ce dernier a été enlevé, sans quoi vous auriez pu avoir une idée de ce qu'elle était. Distinguez-vous quelque chose ? Mrs Dean a levé la chandelle et j'ai discerné une figure aux traits doux, ressemblant énormément à la jeune femme des Hauts, mais avec une expression plus pensive et plus aimable. C'était un charmant portrait. Les longs cheveux blonds ondulaient un peu sur les tempes, les yeux étaient grands et sérieux, l'ensemble presque trop gracieux. Je ne m'étonnai pas que Catherine Earnshaw eût pu oublier son premier ami pour un être ainsi fait. Mais je me demandai comment lui, s'il avait le tour d'esprit correspondant à son extérieur, avait pu s'éprendre de Catherine Earnshaw, telle que je me la représentais. -- C'est un portrait très agréable, ai-je dit à la femme de charge. Est-il ressemblant ? -- Oui ; mais il était mieux que cela quand il s'animait. Ce que vous voyez là est son air habituel ; en général, il manquait d'entrain. Catherine avait conservé ses relations avec les Linton depuis son séjour de cinq semaines chez eux. Comme elle n'était pas tentée, en leur compagnie, de laisser voir les aspérités de son caractère, et que son bon sens l'aurait fait rougir de se montrer malhonnête alors qu'on lui témoignait une si constante courtoisie, elle imposa, sans y penser, à la vieille dame et au vieux gentleman, par sa sincère cordialité ; elle gagna l'admiration d'Isabelle, le coeur et l'âme de son frère : conquêtes qui la flattèrent dès le début, car elle était pleine d'ambition, et qui la conduisirent à adopter un double personnage sans intention précise de tromper personne. Dans la maison où elle entendait traiter Heathcliff de « vulgaire jeune coquin «, de « pire qu'une brute «, elle avait soin de ne pas se conduire comme lui ; mais chez elle, elle se sentait peu encline à pratiquer une politesse dont on n'aurait fait que rire et à refréner sa fougueuse nature, quand cela ne lui aurait valu ni crédit ni louange. Source : Brontë (Emily), les Hauts de Hurlevent, trad. par Frédéric Delebecque, Paris, Gallimard, 1979. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles