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Burke: Réflexions sur la Révolution de France

Publié le 22/02/2012

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Les législateurs qui composèrent les anciennes républiques, savaient que leur tâche était trop difficile à remplir pour qu'elle pût bien l'être sans un autre appareil que toutes les métaphysiques d'un sous-gradué, ni que les mathématiques ou l'arithmétique d'un commis de douane. Ils avaient à faire à des hommes, et ils se crurent obligés d'étudier la nature humaine. Ils avaient à faire à des citoyens, et ils furent obligés d'étudier l'influence que les circonstances de la vie civile ont sur les moeurs. Ils sentaient que cette seconde nature devait produire une nouvelle combinaison, étant jointe à la première ; de-là, cette grande variété de distinctions parmi eux ; la naissance, l'éducation, la profession, l'âge, le lieu de la demeure, soit à la ville, soit à la campagne, les moyens employés pour acquérir ou pour conserver des propriétés ; la nature même de ces propriétés ; tout entrait dans leurs calculs, comme si chacune de ces choses faisait de tous les hommes des animaux différents entre eux. [...] Comme les anciens législateurs mettaient un grand prix à partager les hommes en différentes classes, et à combiner ensuite toutes les classes en un seul gouvernement, il était à présumer que les législateurs métaphysiques et chimiques prendraient une route tout à fait opposée. Ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour confondre toutes les classes de citoyens, et pour n'en faire qu'une seule masse homogène ; et alors ils ont partagé leur grand amalgame en un certain nombre de républiques incohérentes. Ils ont réduit les hommes à l'état de jetons isolés, purement pour l'amour de compter par simples unités, sans même leur accorder la propriété des chiffres dont la valeur s'accroît selon le rang qu'ils occupent. Edmund BURKE, Réflexions sur la Révolution de France, 1790. Slatkine reprints, 1980, p. 396.

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