Candide de Voltaire
Publié le 04/11/2015
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Proposition de corrigé d'un commentaire du chapitre VI de Candide (jusqu'à « avec un fracas épouvantable ») 1. Une ironie féroce… 11. À base de figures de style - antithèse: « brûlées à petit feu en grande cérémonie » (l. 6) - antiphrase : « des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil » (l. 15-16), « les sages » (l. 2) - oxymore : « un bel auto-da-fé » (titre, l. 4) 12. L'auto-da-fé est décrit comme un spectacle - Champ lexical du spectacle - Couleurs vives - Musique 13. Absurde - L'université qui décide du moyen d'arrêter les tremblements de terre. Le verbe est absurde dans la mesure où l'on peut découvrir ce moyen (ce qui n'est pas encore fait de nos jours), mais pas en décider. - Le moyen semble d'ailleurs complètement ridicule (sans préjuger de son caractère horrible) car on voit mal, d'un point de vue rationnel, quel peut être le rapport. - D'ailleurs la dernière phrase vient souligner cette absurdité, car c'est le jour même de l'auto-da-fé que la terre tremble de nouveau, et « avec un fracas épouvantable ». 2. …contre un des fléaux de l'Europe du XVIIIe siècle : l'Inquisition 21. L'intolérance - À l'égard des gens d'autres religions (les « deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard » pourraient être des Juifs, en tout cas, ils sont pris comme tels) - À l'égard des philosophes (Pangloss a soutenu des idées contraires à la stricte foi chrétienne, et Candide l'a « écouté avec un air d'approbation »). - À l'égard même des chrétiens qui dévient ne serait-ce qu'un petit peu du droit chemin (le Biscayen a épousé la marraine de l'enfant dont il était le parrain : le baptême ayant créé une parenté spirituelle entre eux, c'est une sorte d'inceste). 22. L'injustice : Le plan du texte fait ressortir cette dernière : les Inquisiteurs décident de procéder à des exécutions capitales, puis on cherchent (inventent) des coupables. Normalement l'ordre est inverse. Le procès d'ailleurs n'est pas raconté ; mais peut-être n'est-ce pas une ellipse, et n'a-t-il tout simplement pas lieu. Ou alors c'est un tel déni de justice qu'il n'y a rien à raconter. 23. L'irrationnel, la superstition - Si les « sages » décident d’offrir ce sacrifice à Dieu ; c'est parce qu'ils considèrent le tremblement de terre comme un châtiment divin. Ils cherchent donc des pécheurs pour les sacrifier afin d'apaiser la colère de Dieu. Ceci a peu à voir avec une rationalité quelconque, bien sûr, mais pas beaucoup plus avec le christianisme si l'on y réfléchit bien. C'est de la pure superstition. 24. La cruauté - Le fait d'être brûlé « à petit feu », en dehors de la valeur ironiquement culinaire de l'expression, fait ressortir l'horreur du supplice. - La description de l'auto-da-fé comme festif dissimule en apparence, et fait ressortir en réalité, la violence d'un spectacle où la mort est partout, sur les vêtements des condamnés, sur le bûcher, sur la potence. 3. Un portrait en creux du Philosophe des Lumières 21. Il n'est pas C/candide Une de ses principales qualités est au contraire la lucidité. Le propre de ce texte, comme de tout Candide d'ailleurs, est un double point de vue. Nous partageons celui de Candide, exprimé explicitement mais qui ne rend en rien compte de la réalité (« des appartements… »), et celui du narrateur (qu'on n'aurait sans doute pas tort de confondre avec Voltaire même si c'est un raccourci commode). Ce dernier est au contraire très pénétrant, dans la mesure où il pénètre derrière les apparences pour atteindre à une réalité qu'il nous laisse par là même deviner. 22. Il n'est pas Pangloss Il ne parle pas pour ne rien dire. Le style même du passage, par sa simplicité, est le contraire des discours de Pangloss : ce dernier parle beaucoup pour ne rien dire, alors que Voltaire exprime le maximum d'idées avec le minimum de mots. 23. Il prône des valeurs opposées à celles de l'Inquisition - La tolérance On sait bien que Voltaire s'est battu toute sa vie pour cela : « Je ne partage pas vos idées, mais je suis prêt à me battre pour que vous ayez le droit de les exprimer. » - la justice : on sait aussi comme Voltaire s'est battu pour réparer ou empêcher les injustices les plus criardes de son temps : Calas, Sirven, le chevalier de la Barre, Lally-Tollendal, l'amiral Byng dont il est question au chapitre XXIII, … - La rationalité eut aussi en lui un défenseur acharné, amoureux des sciences dont il se fit expérimentateur et vulgarisateur (il en est d’ailleurs question dans le chapitre XVIII, sur l'Eldorado) - L'humanité enfin. Il est un des fondateurs des Droits de Homme.
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