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Cendrars prose du transsibérien

Publié le 19/10/2012

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Le passage du XIXème au XXème  siècle est marqué développement intensif de la civilisation industrielle : villes, machines, gares, ponts chemins de fer deviennent les thèmes d’une véritable célébration, en peinture, comme le montre la série des « Gare Saint Lazare « par le peintre impressionniste Monet ou encore en poésie : à cette nouveauté des thèmes correspond une nouveauté des formes poétiques qui trouve son illustration dans le long poème de Blaise Cendrars,  La Prose du Tanssibérien et de la petite Jehanne de France,  paru en 1913. Ce poème en vers libres raconte le voyage du poète en Russie, peut-être imaginaire, à bord d’un train, en compagnie d’une adolescente fugueuse, Jeanne. Nous verrons comment ce poème, à travers l’évocation d’un voyage, constitue un nouvel art poétique. Pour cela, nous montrerons que le voyage évoqué par le poète semble interminable, et qu’il plonge le train et ses passagers dans le chaos de la guerre ; mais ce voyage ferroviaire est surtout pour le poète prétexte à dévoiler sa démarche poétique.   [I] Ce poème raconte un voyage triste, qui semble sans fin. a)     un dialogue fictif entre deux personnes : « Blaise « (le poète) et « Jeanne « ; question posée par Jeanne et répétée trois fois (v. 1-13-32) ; Blaise répond. utilisation du pronom personnel « nous «. poème – conversation : ton familier b)     un voyage long et monotone : - aucune indication de lieu de destination ; seuls noms géographiques : « Paris « (le lieu de départ) et « la Sibérie « qui évoque un lieu immenseÞ voyage sans fin. - Longue traversée de la Sibérie : cf. v. 6 à 8 : parallélisme de construction + indicatif présent Þ ce sont les mêmes paysages qui reviennent, aspect répétitif du voyage,  sorte d’ ennui ; - paysage plutôt triste (pluie et tourbe : sol spongieux Þ aspect boueux) atmosphère lourde : « horizons plombés « (= d’une couleur terne ou garni de plombs -cf. la guerre ?) « lourdes nappes de neige «. c)     Un climat de nostalgie et d’angoisse: - nostalgie de Paris (de la jeune parisienne – double du Poète) : répétition de l’adverbe « loin « Ex :v. 3 « la Butte qui t’a nourrie du Sacré Cœur contre lequel tu t’es blottie «: métaphore Þ ville comme une mère, côté rassurant, protecteur. v. 4 « Paris a disparu et son énorme flambée « - la question de Jeanne revient comme un refrain obsédant + angoisse perceptible chez Jeanne : répétition du mot « inquiétude « (v. 14 –15) ; Blaise tente de la (se ?) rassurer à cause du monde en guerre qu’ils sont en train de traverser.   [Transition] : Certes les personnages semblent nostalgiques mais il règne aussi un climat d’angoisse provoqué par la vision d’un pays plongé dans le désordre de la guerre.   [II Une vision d’horreur de la guerre : un monde plongé dans le désordre de la guerre a)     Un paysage inquiétant : un décor fantastique qui crée de la peur. monde inquiétant qui s'ouvre vers le haut (" déchirures du ciel ") et vers le bas (" dans les trous ") - personnifications des éléments du paysage : v. 18 « les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent « Þ image de la potence. - champ lexical de la torture : « pendent « (v. 17), « étranglent « v. 18, « tourmente « v. 19 Þ tous ces termes sont associés dans le poème la guerre, vue comme un bourreau. b)     Le chaos de la guerre : - elle n’est jamais nommée mais suggérée par des images et des périphrases : « les chiens de malheur « (v.24), les « démons « (v.25) Þ la guerre vue comme un enfer (cf. Cerbère) -  une guerre aux bruits terrifiants : v. 25 à 27 tout n’est que vacarme - La fuite de la locomotive : le train est vu dans une vision hallucinée (« les locomotives en furie « ; personnification) ;  tentative d’échapper à ce monde terrifiant ( v. 24 « à nos trousses «) ; rejet du verbe « s’enfuient « (V. 21) + personnificationÞ terreur du train – de ses passagers. + assonance en –ou- (« troues « v. 22, « roues « et « bouches « v. 23, « trousses « v. 24, l’onomatopée v. 28 « broun-roun-roun «) Þ sorte de vertige, de cauchemar sonore. c)     Une critique de la guerre et de la folie des hommes : v.19 - « main sadique « = synecdoque pour les gouvernements inhumains qui manipulent le monde. Image de l’accordéon : guerre est sans fondement - prise de position « tout est un faux accord « (v.27)  + v. 31 « un orage sous le crâne d’un sourd «: constat amer (désillusion) ; le « sourd « désignerait l’homme politique qui provoque la guerre sans « entendre « le chaos engendré (ce chaos ne devient plus q «un orage, sorte d’euphémisme pour évoquer les bruits de la guerre).   [Transition] : Mais cette image du train lancée à toute vitesse dans la Sibérie fonde avant tout une esthétique de la modernité en créant un nouvel art poétique.   [III] Une esthétique de la modernité   a) le train comme départ d’une création poétique : Choix de l'objet : le train, symbole de la modernité d'alors mais l’évocation du train n'est qu'un point de départ. L'important, c'est de jouer avec le langage ; tous les éléments de la modernité : « gares «, « fils télégraphiques «, « poteaux «, « locomotives « s’animent sous le regard et l’oreille du poète ; cette vision hallucinatoire constitue un tableau fantastique qui n’est pas dénué de beauté ; en tout cas elle fait apparaître le monde personnel du poète ; b) Refus des structure syntaxiques traditionnelles : une « prose « originale. Le refus du monde dans lequel il vit passe tout naturellement par le refus des structures syntaxiques traditionnelles : utilisation du vers libre, isolement typographique de certains termes, absence de ponctuation  (cf. v.18-19 ; il faudrait un point entre les deux vers). Mais ce n’est pas de la prose (malgré le titre !) Utilisation du vers libre permettant de mimer le mouvement de l'objet. rythme heurté afin de donner l’idée de mouvement : cf. dernière strophe « le broun-roun-roun des roues/ Chocs/ Rebondissements « comme si cela mimait le roulement des roues du train (onomatopée + monosyllabe) + Effets de juxtaposition « kaléidoscopique « des images à travers de simples mots, jetés les uns à la suite des autres Þévasion, liberté grâce à la poésie. c)Jeu sur le rythme et les sonorités : le poète crée une disharmonie « tout est un faux accord « v. 27 ; les sons sont discordants « ton chagrin ricane « ; ici la musique est grinçante – à l’image du monde (cf. aussi image de l’accordéon) ; mais a conçu son poème comme une chanson (refrain de l’interrogation de Jeanne)   Conclusion : Dans ce poème, Blaise Cendrars semble retracer une expérience personnelle marquante : celle du départ pour un « ailleurs «, ici la Russie ; mais le voyage semble ne lui avoir apporté que  désillusions. Il traverse en effet des paysages terrifiants, transformés par la guerre. Mais ce texte évoque surtout une démarche de création poétique innovante en rupture avec  la poésie « traditionnelle «. Ce poème est à rapprocher de l’ « Ode « de Valéry Larbaud, publiée la même année: certes le thème est le même, puisque Larbaud choisit aussi le train mais le poète effectue une transmutation poétique puisqu’il fait du train un lieu merveilleux, aux vertus apaisantes.

« nappes de neige ». c)     Un climat de nostalgie et d'angoisse: - nostalgie de Paris (de la jeune parisienne - double du Poète) : répétition de l'adverbe « loin » Ex :v.

3 « la Butte qui t'a nourrie du Sacré Coeur contre lequel tu t'es blottie »: métaphore Þ ville comme une mère, côté rassurant, protecteur. v.

4 « Paris a disparu et son énorme flambée » - la question de Jeanne revient comme un refrain obsédant + angoisse perceptible chez Jeanne : répétition du mot « inquiétude » (v.

14 -15) ; Blaise tente de la (se ?) rassurer à cause du monde en guerre qu'ils sont en train de traverser.   [Transition] : Certes les personnages semblent nostalgiques mais il règne aussi un climat d'angoisse provoqué par la vision d'un pays plongé dans le désordre de la guerre.   [II Une vision d'horreur de la guerre : un monde plongé dans le désordre de la guerre a)     Un paysage inquiétant : un décor fantastique qui crée de la peur.

monde inquiétant qui s'ouvre vers le haut (" déchirures du ciel ") et vers le bas (" dans les trous ") - personnifications des éléments du paysage : v.

18 « les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent » Þ image de la potence. - champ lexical de la torture : « pendent » (v.

17), « étranglent » v.

18, « tourmente » v.

19 Þ tous ces termes sont associés dans le poème la guerre, vue comme un bourreau. b)     Le chaos de la guerre : - elle n'est jamais nommée mais suggérée par des images et des périphrases : « les chiens de malheur » (v.24), les « démons » (v.25) Þ la guerre vue comme un enfer (cf.

Cerbère) -  une guerre aux bruits terrifiants : v.

25 à 27 tout n'est que vacarme - La fuite de la locomotive : le train est vu dans une vision hallucinée (« les locomotives en furie » ; personnification) ;  tentative d'échapper à ce monde terrifiant ( v.

24 « à nos trousses ») ; rejet du verbe. »

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