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Cervantès, Don Quichotte (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Cervantès, Don Quichotte (extrait). Le plus fameux et cocasse épisode de Don Quichotte est la charge héroïque du vieil hidalgo contre les moulins à vent. Cervantès, qui voulait « rendre détestables « au public les histoires absurdes des romans de chevalerie, y parvient au-delà de ses espérances. Mais l'intention satirique n'est pas exempte, avant même la seconde partie du roman, d'une réflexion humaine. Dans son aveuglement, Don Quichotte nous apparaît plus digne de pitié que réellement grotesque. Don Quichotte de Cervantès (première partie, chapitre 8) C'est alors qu'ils découvrirent dans la plaine trente ou quarante moulins à vent ; dès que don Quichotte les aperçut, il dit à son écuyer : -- La chance conduit nos affaires mieux que nous ne pourrions le souhaiter. Vois-tu là-bas, Sancho, cette bonne trentaine de géants démesurés ? Eh bien, je m'en vais les défier l'un après l'autre et leur ôter à tous la vie. Nous commencerons à nous enrichir avec leurs dépouilles, ce qui est de bonne guerre ; d'ailleurs, c'est servir Dieu que de débarrasser la face de la terre de cette ivraie. -- Des géants ? Où çà ? -- Là, devant toi, avec ces grands bras, dont certains mesurent presque deux lieux. -- Allons donc, monsieur, ce qu'on voit là-bas, ce ne sont pas des géants, mais des moulins ; et ce que vous prenez pour des bras, ce sont leurs ailes, qui font tourner la meule quand le vent les pousse. -- On voit bien que tu n'y connais rien en matière d'aventures. Ce sont des géants ; et si tu as peur, ôte-toi de là et dis une prière, le temps que j'engage avec eux un combat inégal et sans pitié. Et aussitôt, il donna des éperons à Rossinante, sans se soucier des avertissements de Sancho, qui lui criait que ceux qu'il allait attaquer étaient bien des moulins et non des géants. Mais don Quichotte était tellement sûr de son fait qu'il n'entendait pas les cris de Sancho et que, même arrivé devant eux, il ne voyait pas qu'il se trompait. -- Ne fuyez pas, lâches et viles créatures, criait-il, c'est un seul chevalier qui vous attaque ! Sur ces entrefaites, un vent léger se leva, et les grandes ailes commencèrent à tourner. Ce que voyant, don Quichotte reprit : -- Vous aurez beau agiter plus de bras que n'en avait le géant Briarée, je saurai vous le faire payer ! Là-dessus, il se recommanda de tout son coeur à sa dame Dulcinée, la priant de le secourir en ce péril extrême. Puis, bien couvert de son écu, la lance en arrêt, il se précipita au grand galop de Rossinante et, chargeant le premier moulin qui se trouvait sur sa route, lui donna un coup de lance dans l'aile, laquelle, actionnée par un vent violent, brisa la lance, emportant après elle le cheval et le chevalier, qu'elle envoya rouler sans ménagement dans la poussière. Source : Cervantès, Don Quichotte, trad. par Aline Schulman, Paris, Seuil, 1997. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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