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chinoise, littérature.

Publié le 06/05/2013

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chinoise, littérature. 1 PRÉSENTATION chinoise, littérature, ensemble des textes écrits en langue chinoise, qu'il s'agisse du chinois populaire ou de la langue littéraire, depuis le XIVe siècle av. J.-C. jusqu'à nos jours. On distingue deux traditions dans la littérature chinoise : l'une savante, ou littéraire, qui est le fait des lettrés, et l'autre populaire, écrite en langue vernaculaire, qui est la plus ancienne des deux. La littérature populaire remonte en effet à plus de mille ans avant notre ère et s'est perpétuée sans interruption jusqu'à nos jours, même après que la littérature savante eut fait son apparition. Les premières formes littéraires attestées relèvent de la poésie ; viennent ensuite le théâtre et la fiction (roman, nouvelle), puis l'histoire et les contes populaires. La littérature populaire a longtemps été méprisée par la classe des lettrés, qui se faisaient les arbitres des goûts en matière littéraire. Rédigés dans un style particulièrement raffiné, les écrits savants ont, pour leur part, défini dès leur apparition -- il y a environ 2 000 ans -- les normes de la tradition littéraire en Chine. Il faut attendre le XXe siècle pour voir la littérature populaire acquérir enfin l'estime de la classe intellectuelle. La littérature chinoise dans son ensemble peut être divisée en quatre principales périodes historiques : la période ancienne qui s'étend du VIe siècle av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C. ; la période classique, qui va du IIIe siècle à la fin du XIIe siècle ; la période moderne, qui débute au XIIIe siècle et s'étend jusqu'au début du XXe siècle ; et, enfin, la période contemporaine, que l'on fait traditionnellement commencer en 1919 et qui s'étend jusqu'à nos jours. 2 LA PÉRIODE ANCIENNE (VIE SIÈCLE AV. J.-C.-IIE SIÈCLE APR. J.-C.) Les traces les plus anciennes d'écriture chinoise sont des inscriptions sur des os et sur des écailles de tortue, qui datent probablement du XIVe siècle av. J.-C. Ces inscriptions sont le compte rendu de divinations vraisemblablement effectuées à la demande des rois Shang (v. 1766-v. 1027 av. J.-C.), qui appartiennent à la dynastie la plus ancienne que nous connaissions. Bien que, par leur contenu, ces textes ne relèvent pas vraiment de littérature à proprement parler, ils sont les premiers spécimens de l'écriture chinoise, qui devient le véhicule de toute la littérature ultérieure. L'épanouissement de la littérature chinoise ancienne a lieu au même moment que celui de la littérature grecque. Elle se développe entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C., à l'époque des Zhou (v. 1027-256 av. J.-C.). C'est en effet à cette période que vivent de nombreux grands philosophes chinois, parmi lequels Confucius (Kongfuzi), Mencius (Mengzi), Lao-tseu (Laozi) et Zhuangzi (Chuang Tzu). Cette littérature atteint un sommet de beauté avec la compilation des « Cinq Classiques « confucianistes, mêlant textes poétiques et textes en prose, mais aussi avec les traités philosophiques -- heureusement conservés -- qui fondent la pensée confucianiste. Pourtant, ce n'est que dans les siècles suivants qu'est réellement fixé le canon confucianiste, et que le confucianisme devient la doctrine orthodoxe, établissant une tradition dite « classique « qui durera jusqu'au début du XXe siècle. 2.1 La poésie L'oeuvre poétique majeure de la littérature ancienne est le Shijing, le « Classique des vers «, une anthologie de poèmes écrits en vers de quatre pieds et composés essentiellement entre le XIe et le Ve siècle av. J.-C. Le Shijing est le troisième des Cinq Classiques, et la légende raconte que Confucius lui-même aurait choisi et édité les trois cent cinq poèmes de cette anthologie. Au lieu de glorifier les dieux et les héros, comme le veut la coutume dans d'autres cultures, la moitié des poèmes figurant dans ce recueil -- odes, hymnes et chansons -- évoque la vie quotidienne des paysans, leurs joies et leurs peines, leurs travaux et leurs fêtes. Ces poèmes, qui marquent le début de la tradition vernaculaire dans la poésie chinoise, se caractérisent par la grande simplicité de la langue et des sentiments qu'elle exprime. L'autre moitié du Shijing consiste en chants à la gloire de la dynastie régnante et en poèmes de cour ; cette poésie officielle donne une image colorée de la vie et des manières de la noblesse féodale chinoise. La poésie et la musique sont étroitement liées en Chine depuis l'Antiquité ; c'est pourquoi ces poèmes de cour sont en général accompagnés de musique et de danses. Le style aristocratique, qui caractérise les oeuvres de cour, trouve cependant sa meilleure expression dans un groupe de poèmes intitulé les Chants de Chu. État féodal situé dans le centre de la Chine du Sud, Chu est la patrie de Qu Yuan (v. 340278 av. J.-C.), le premier grand poète chinois qui, bien que loyal serviteur, est rejeté par son souverain, incapable, semble-t-il, de reconnaître ses mérites. La plupart des poèmes de Qu Yuan sont des complaintes, parmi lesquelles il faut citer la plus longue, intitulée Lisao ou « Douleur de l'exil «. Ce poème semble être une imitation de déclamations chamaniques ; l'auteur y relate avec lyrisme sa quête extatique, utilisant de nombreuses allusions mythologiques -- souvent obscures --, des allégories et un grand nombre de figures rhétoriques. Les autres poèmes attribués à Qu Yuan se caractérisent par un lyrisme désespéré, dont le « romantisme « et le raffinement paraissent très éloignés des poèmes simples et réalistes du Shijing. Durant les quatre cents ans de la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.), les tendances « romantique « et réaliste se développent parallèlement à l'apparition de nombreuses écoles de poésie. Les vers de Chu, de formes irrégulières, amènent bientôt à un nouveau genre littéraire, appelé le fu, sorte de récitatif en prose rythmée, parfois même rimée. La poésie chinoise s'enrichit également, à cette période, de chansons populaires qui sont d'ailleurs rassemblées par un « Bureau de la musique « (Yuefu), institution fondée vers le IIe siècle av. J.-C. 2.2 La prose Les oeuvres de la prose chinoise ancienne sont celles qui, avec le recueil poétique appelé Shijing, constituent les Cinq Classiques. Il s'agit du Yijing ou Yi-King, le « Classique des mutations «, qui est en réalité un livre de divination, du Shujing, « Classique des événements «, qui est constitué par un ensemble d'anciens documents officiels de nature variée, du Liji, « Cérémonies et rites de Zhou «, recueil composite de codes rituels et administratifs, et du Chunqiu, ou « les Printemps et les Automnes «, chronique des années 722-481 av. J.-C. dans l'État de Lu où a vécu Confucius. Du VIe au IIIe siècle av. J.-C. paraissent les premières grandes oeuvres de la philosophie chinoise. Les plus importantes sont les Entretiens de Confucius -- une série d'aphorismes recueillis par les disciples du maître -- mais aussi les discussions éloquentes de Mencius, un lettré confucianiste. Ce à quoi il faut ajouter le Daodejing (ou Tao-tö-King), « Classique de la voie et sa vertu «, attribué à Lao-tseu, fondateur du taoïsme, et les essais pleins d'entrain de Zhuangzi, le second grand philosophe taoïste. Les essais de Mozi (Mo-tseu), de Xunzi et de Han Fei sont également importants, autant par leur perfection stylistique que par leur contenu philosophique. Le Shiji, « Mémoires historiques « de Sima Qian est une chronique historique monumentale de la période qui s'étend de 841 av. J.-C. jusqu'à la date de sa rédaction, vers 105 av. J.-C. Cette oeuvre a servi de modèle à une longue série d'histoires dynastiques officielles, la plupart composées collectivement par des bureaux constitués à cet effet. Les lettrés confucianistes sont soucieux de définir, en outre, les bases de la tradition littéraire de la prose chinoise ; s'ils se prononcent en matière de politique et de philosophie morale, ils s'attachent aussi à imposer et à fixer les règles d'une langue littéraire standard qui évoluera peu avec le temps, contrairement à la langue parlée. Or, à l'époque des dirigeants Han, les lettrés appartiennent à la bureaucratie d'État, et l'accès à tous les postes officiels importants est conditionné par une bonne maîtrise des classiques confucianistes. Cette pratique, qui se perpétuera presque sans discontinuer jusqu'au début du XXe siècle, a contribué naturellement à figer la tradition littéraire nationale. 3 LA PÉRIODE CLASSIQUE (IIIE-XIIE SIÈCLE) À partir du début de la période classique et jusqu'au VIIe siècle, la Chine est non seulement morcelée en différents États engagés dans des conflits perpétuels, mais elle a en outre à subir les invasions répétées des tribus barbares. Malgré ces difficultés, ces siècles ne sont pas aussi stériles dans le domaine littéraire que ne l'est le haut Moyen Âge en Europe occidentale : l'expansion du bouddhisme venu de l'Inde, l'invention de l'imprimerie et l'épanouissement de la poésie comme de la prose font même de cette période l'une des plus brillantes de l'histoire littéraire de la Chine. 3.1 La poésie Durant les périodes de perturbations politiques et sociales, entre le IIIe et le VIIe siècle, les poètes trouvent refuge et consolation dans la nature. Certains, notamment des ermites, créent une école de poésie dite « des champs et des jardins « ; d'autres produisent à la même époque certains des plus beaux poèmes populaires chinois, comme la Ballade de Mulan, qui célèbre les aventures d'une femme soldat déguisée en homme, et Le paon s'est envolé vers le sud-est, long récit, simple mais vivant, d'un amour familial tragique. Les caractéristiques principales de ces poèmes sont la brièveté, le naturel de l'expression et le goût pour les jeux de mots. C'est également le cas des chansons d'amour attribuées à Ziye, une poétesse du sud de la Chine. Mais, le plus grand poète de ces siècles troublés est sans doute Tao Qian, encore nommé Tao Yuanming (365-427), qui excelle dans la célébration des joies de la nature et de la vie solitaire. Sa Source des fleurs de pêchers, évocation du bonheur dans un village campagnard, est devenue l'expression classique de l'utopie en poésie. Les plus beaux poèmes chinois datent de la dynastie Tang (618-906), période de paix générale et de prospérité qui décline à partir de la révolte du général An Lushan, en 755. Bien que dix siècles nous séparent de cette période, près de cinquante mille poèmes Tang, fruits du travail de quelque deux mille deux cents auteurs différents, nous sont parvenus. Parmi ces poètes, les trois plus renommés sont Wang Wei, Li Bo et Du Fu. Nés durant les premiers temps de la splendeur des Tang, ils connaissent ensuite les années troubles des guerres et des révoltes. Wang Wei, fonctionnaire impérial, musicien, peintre et adepte du bouddhisme, décrit la beauté et la sérénité de la nature ; on a pu dire que ses poèmes étaient des paysages, et ses peintures des poèmes. Li Bo (Li Po), chef de file taoïste de l'école « romantique «, rejette les conventions poétiques et les conventions sociales dans leur ensemble. Passionné, excentrique et grand buveur, il fréquente le royaume des immortels d'où, prétend-il, il a été exilé et envoyé vers notre monde. Li Bo donne le meilleur de lui-même en célébrant l'amour et l'amitié, les délices du vin et les aspects étranges, majestueux ou impressionnants de la nature. Son ami et rival Du Fu, à l'inverse, est un poète consciencieux et appliqué, qui peine pour parvenir à un réalisme étonnant. Il exprime avec honnêteté et sincérité ses affections terrestres, notamment familiales, et son amour infini pour l'humanité, de même qu'il se fait le témoin des injustices de son temps. Le réalisme de l'oeuvre de Du Fu influence un autre poète Tang, Bo Juyi, qui considère la poésie comme un support pour la critique et la satire. Cette tendance, développée dans les siècles qui suivent par d'autres poètes, donne naissance à de véritables dissertations didactiques ou philosophiques. Néanmoins, en règle générale, la poésie chinoise demeure essentiellement lyrique, cherchant plus à exprimer des émotions personnelles qu'à véhiculer des idées. Les rimes ont toujours été essentielles dans la poésie chinoise, mais la forme versifiée ne s'établit véritablement qu'avec les poètes Tang. Le poème typique de cette période se présente sous la forme dite shi, caractérisée par l'utilisation de vers rimés de cinq ou de sept pieds. La versification shi est une évolution du vers Shijing qui compte quatre pieds. La période Tang produit également une nouvelle forme poétique, nommée ci (ou tz'u). Chaque ci peut présenter des vers de longueur variable ; en revanche, le nombre de vers est fixé de façon bien déterminée en fonction de critères mélodiques. L'écriture des ci, comparable à l'adaptation de nouvelles paroles sur une mélodie préexistante, requiert donc une grande virtuosité. Les mélodies utilisées sont en général d'origine étrangère, le plus souvent d'Asie centrale. Durant la dynastie Song (960-1279), le ci atteint une grande popularité. À l'origine, les ci sont des formes plutôt longues. Écrits pour être chantés sur des airs populaires, ils traitent souvent d'amour, de courtisanes ou de musique. Su Dongpo, le plus connu des poètes de ci, libère cette forme poétique de la rigidité que lui avait imposée la musique et introduit des sujets plus variés, notamment guerriers. Sous son influence, de plus en plus de ci sont composés sans musique au XIe siècle, qui ne sont nullement destinés à être chantés. De la fin du XIe jusqu'au XIIIe siècle, cependant, la tradition des ci musicaux est ravivée. La poétesse Li Qingzhao (Li K'ing-tchao, v. 1084-apr. 1141) reste renommée pour ses ci sur le veuvage. Auteur de textes en prose comme de poèmes à chanter, empreints d'une grande délicatesse et de mélancolie, elle est considérée comme la plus grande poétesse de Chine. 3.2 La prose La prose chinoise s'épanouit également sous les Tang. Parmi les grands prosateurs se trouve Han Yu (768-824), qui prône un retour à l'écriture simple et directe du style classique, en réaction contre la prose artificielle de son temps. Ses efforts aboutissent, car les traités politiques et philosophiques, les essais informels comme les contes merveilleux (chuanqi) de cette période sont tous composés dans un style dit néoclassique. Les contes de cette période sont en outre les premiers exemples de la littérature chinoise de fiction. Les premiers contes de la littérature populaire apparaissent en effet au cours de la période Tang : ce sont les prédicateurs bouddhistes qui, soucieux de diffuser leur religion, se mettent à écrire pour le peuple des histoires exemplaires, dans une langue simple et familière. Ce faisant, ils inventent une forme de récit appelée bianwen, qui est la première forme de la fiction populaire en Chine. Au XIe siècle, bien que peu d'exemples de l'ancienne tradition des conteurs soient parvenus jusque-là, un regain d'intérêt se manifeste pour cet art, et il est pratiqué avec grand talent sous la dynastie Song, époque d'accomplissement littéraire spectaculaire. Durant cette période, la récitation de contes devient une forme de divertissement populaire. Les histoires des conteurs professionnels, qui se spécialisent chacun dans un genre particulier, sont non seulement écrites, mais imprimées dans des livres de contes appelés huaben, qui inspirent plus tard les chefs-d'oeuvre du théâtre et du roman chinois. Dans la tradition littéraire, le renouveau du style classique laconique lancé par Han Yu se poursuit à l'époque Song avec, entre autres, Ou Yangxiu (1007-1072) et Su Xun (1009-1066). Le premier est connu pour ses essais sur la philosophie confucianiste, sur la politique et sur l'histoire, mais plus encore pour ses descriptions impressionnantes des paysages de Chine. Quant aux essais pleins d'esprit dont Su Xun est l'auteur, ils représentent, de l'avis général, la perfection du style classique. Le mime, le chant et la danse existent depuis les temps anciens, mais le théâtre proprement dit ne se développe pas avant la fin de l'époque classique. Dès la période Tang, cependant, les conteurs populaires sont souvent des acteurs ; organisés en compagnies professionnelles, ces derniers se produisent dans des théâtres qui peuvent accueillir jusqu'à plusieurs milliers de personnes. 4 LA PÉRIODE MODERNE (XIIIE SIÈCLE-DÉBUT DU XXE SIÈCLE) La période moderne débute au XIIIe siècle et s'achève en 1919. À l'origine, cette période se caractérise par une littérature populaire vigoureuse, antérieure de plusieurs siècles à l'apparition des littératures populaires modernes du monde occidental. Le développement de la fiction et du théâtre chinois durant la dynastie mongole Yuan (1279-1368) résulte sans doute du renversement des valeurs opéré par les conquérants mongols, peu férus de littérature chinoise, mais fervents amateurs de spectacles. La littérature en langue vulgaire poursuit cependant son développement durant toute cette période, pour donner naissance au mouvement littéraire des premières années du XXe siècle. 4.1 Le théâtre Dans le théâtre chinois, les pièces locales les plus populaires prennent peu à peu une importance nationale. Le théâtre Yuan, originaire de la Chine du Nord, est composé (dialogues et chants) en dialecte du Nord. Le luth y est l'instrument le plus utilisé, et les chants, qui donnent à la pièce son caractère poétique et revêtent de ce fait plus d'importance que les dialogues, sont écrits en qu, une nouvelle forme poétique plus flexible et plus expressive que le shi de la période Han et que le ci de la période Tang. Une pièce Yuan comporte toujours quatre parties -- qui correspondent à peu près à quatre actes dans le théâtre occidental --, mais un cinquième acte y est généralement ajouté pour servir de prélude ou d'interlude. 4.2 La prose Au XIVe siècle, l'art de la fiction en langue vulgaire atteint en Chine une certaine maturité. L'un des tout premiers romans de cette période, les Trois Royaumes (ou San guo yan yi) est un roman historique et épique, traitant de la guerre civile à la fin du règne des Han, tandis que le récit intitulé Au bord de l'eau (ou Shui hu zhuan) relate les aventures de bandits-héros. Ces deux romans, qu'on peut considérer comme les épopées en prose du peuple chinois, sont des oeuvres composites : issus de l'art populaire, ils sont créés à partir de la tradition orale des contes et portent, de ce fait, le cachet d'une multitude d'auteurs. En règle générale, les romans chinois sont immensément longs, leur sujet est ample comme il sied à des épopées, et les portraits de personnages comme les descriptions y sont particulièrement vivants. On retrouve ces caractéristiques dans un roman réaliste de Cao Xueqin (1715-1763), intitulé le Rêve dans le pavillon rouge, qui détaille avec éclat la prospérité, le déclin et la chute d'une riche famille de fonctionnaires. On les retrouve aussi dans un roman religieux plus tardif, la Pérégrination vers l'Ouest (ou Xiyu ji), attribué à Wu Cheng'en (v. 1500-1582), qui reprend le thème du fameux pèlerinage en Inde du moine Xuan Zang pour en tirer une fantaisie de haute liesse. Avec le développement de l'imprimerie, d'importants recueils de nouvelles -- genre traditionnellement et essentiellement oral -- paraissent au XVIIe siècle ; ils sont constitués aussi bien de compilations transmises depuis des époques antérieures que d'oeuvres d'auteurs contemporains. Comme les romans, ces nouvelles réalistes, rédigées dans un style familier, décrivent la société chinoise dans son quotidien. L'anthologie la plus populaire de cette époque, qui réunit une quarantaine de nouvelles, s'intitule Spectacles curieux d'aujourd'hui et d'autrefois. Notons que la langue y est triviale jusqu'à la grossièreté et que la morale y est d'un simplisme désarmant. Au fil du temps, la tradition populaire s'étend et s'enrichit. Parallèlement, la littérature savante et conventionnelle devient moins productive, même si elle est encore cultivée par les membres de la noblesse lettrée, dont certains sont d'ailleurs des écrivains raffinés. Cependant, les limites de cette littérature traditionnelle apparaissent nettement dans l'incapacité où elle se trouve désormais de produire autre chose que des stéréotypes ; son déclin se poursuit jusqu'au début du XXe siècle, moment où, pour des raisons tant littéraires qu'extralittéraires, il devient évident aux yeux des écrivains chinois qu'ils doivent chercher une inspiration nouvelle. 5 LA PÉRIODE CONTEMPORAINE (DEPUIS 1919) Le début du XXe siècle est marqué, pour la littérature chinoise, par une révolution qui suit de peu la révolution politique de 1911. Stimulés par la littérature occidentale, et conduits par Hu Shi (1891-1962), les écrivains chinois entreprennent en effet une révolution littéraire appelée « Renaissance chinoise «, qui s'incarne dans le mouvement du 4 mai 1919. Ce mouvement préconise la remise en cause des genres classiques et des styles conventionnels au profit d'une littérature de style parlé. Il sonne le glas de la tradition littéraire savante, accusée de maintenir l'élite intellectuelle et bureaucratique dans son splendide isolement. Ce renouvellement s'apparente donc à une véritable renaissance, marquée par la formation, au début des années vingt, de nombreuses sociétés regroupées autour d'intellectuels tels que Chen Duxiu (1879-1942), Hu Shi ou Lu Xun. S'ouvre alors une période féconde pour tous les genres littéraires chinois, qui va durer de 1927 à 1936. Le roman, représenté par des auteurs tels que Lao She, Ba Jin ou Mao Dun, et la nouvelle à l'occidentale, où se distinguent des écrivains tels que Ding Ling ou Zhang Tianyi, tiennent dès lors une place prépondérante. Quant à la poésie classique, elle exploite davantage que par le passé les richesses inexplorées de la langue parlée et expérimente des formes plus souples. Parmi les poètes de la période moderne, citons Xu Zhimo, Wen Yiduo ou Ai Qing. Le théâtre traditionnel chanté connaît un important regain de vigueur avec des auteurs tels que Mei Lanfang. La littérature orale est enfin reconnue officiellement par les intellectuels comme une littérature à part entière. Cependant, ce vaste mouvement de rénovation littéraire trouve peu d'écho auprès du grand public, pour la principale raison que les écrivains de cette tendance utilisent des formes empruntées à la culture occidentale, lesquelles demeurent tout à fait étrangères à la majorité de la population chinoise. Dans les années trente et quarante, l'engagement des écrivains commence à primer sur toute autre considération et les regroupements se font sur des critères politiques : ainsi, en 1930, se crée la Ligue des écrivains de gauche. Certains auteurs, conscients des dangers de cette dérive, tentent de rester indépendants, mais, par la proclamation de la République populaire de Chine en 1949, Mao Zedong entend mettre officiellement la littérature au service du peuple. C'est ainsi qu'est créée, en 1953, l'Union des écrivains, qui organise encore de nos jours la totalité de la vie littéraire en Chine. Toute la création littéraire se trouve ainsi étroitement contrôlée par le pouvoir politique, ce dont témoignent les campagnes gouvernementales successives contre les « déviations idéologiques «. La principale de ces campagnes est celle de 1956-1957, dirigée contre ceux qui ont « mal interprété « le mouvement des Cent Fleurs. Durant toute cette période, seuls sont publiés les grands romans épiques composés à la gloire de la Révolution et du socialisme (Liu Qing, Yang Mo, Ai Wu). Parallèlement, les formes littéraires traditionnelles telles que celles de l'Opéra de Pékin sont étouffées. La Révolution culturelle (1965-1976) constitue l'aboutissement de toutes ces mesures politico-littéraires : les écrivains et les professeurs sont éliminés physiquement, comme c'est le cas de Zhao Shuli ou de Lao She, ou envoyés dans des camps de « rééducation « à la campagne, pour y être soumis à des conditions de travail extrêmement dures. Depuis 1976, la culture a de nouveau droit de cité en Chine ; on assiste ainsi à la réédition d'ouvrages, à la reparution de revues qui avaient disparu et à la réhabilitation de nombreux auteurs, autrefois taxés de réactionnaires. L'Opéra de Pékin renaît. Malgré des retours en arrière notables, en 1981 et 1983 -- années des campagnes contre la prétendue « pollution spirituelle « -- et en 1989 -- manifestation de Tian'anmen --, une plus grande liberté intellectuelle a été autorisée, et un nouvel intérêt pour les formes et les idées occidentales est toléré. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« conditionné par une bonne maîtrise des classiques confucianistes.

Cette pratique, qui se perpétuera presque sans discontinuer jusqu’au début du XXe siècle, a contribué naturellement à figer la tradition littéraire nationale. 3 LA PÉRIODE CLASSIQUE ( III E-XII E SIÈCLE) À partir du début de la période classique et jusqu’au VII e siècle, la Chine est non seulement morcelée en différents États engagés dans des conflits perpétuels, mais elle a en outre à subir les invasions répétées des tribus barbares.

Malgré ces difficultés, ces siècles ne sont pas aussi stériles dans le domaine littéraire que ne l’est le haut Moyen Âge en Europe occidentale : l’expansion du bouddhisme venu de l’Inde, l’invention de l’imprimerie et l’épanouissement de la poésie comme de la prose font même de cette période l’une des plus brillantes de l’histoire littéraire de la Chine. 3. 1 La poésie Durant les périodes de perturbations politiques et sociales, entre le IIIe et le VII e siècle, les poètes trouvent refuge et consolation dans la nature.

Certains, notamment des ermites, créent une école de poésie dite « des champs et des jardins » ; d’autres produisent à la même époque certains des plus beaux poèmes populaires chinois, comme la Ballade de Mulan, qui célèbre les aventures d’une femme soldat déguisée en homme, et Le paon s’est envolé vers le sud-est, long récit, simple mais vivant, d’un amour familial tragique.

Les caractéristiques principales de ces poèmes sont la brièveté, le naturel de l’expression et le goût pour les jeux de mots.

C’est également le cas des chansons d’amour attribuées à Ziye, une poétesse du sud de la Chine.

Mais, le plus grand poète de ces siècles troublés est sans doute Tao Qian, encore nommé Tao Yuanming (365-427), qui excelle dans la célébration des joies de la nature et de la vie solitaire.

Sa Source des fleurs de pêchers, évocation du bonheur dans un village campagnard, est devenue l’expression classique de l’utopie en poésie. Les plus beaux poèmes chinois datent de la dynastie Tang (618-906), période de paix générale et de prospérité qui décline à partir de la révolte du général An Lushan, en 755.

Bien que dix siècles nous séparent de cette période, près de cinquante mille poèmes Tang, fruits du travail de quelque deux mille deux cents auteurs différents, nous sont parvenus.

Parmi ces poètes, les trois plus renommés sont Wang Wei, Li Bo et Du Fu.

Nés durant les premiers temps de la splendeur des Tang, ils connaissent ensuite les années troubles des guerres et des révoltes.

Wang Wei, fonctionnaire impérial, musicien, peintre et adepte du bouddhisme, décrit la beauté et la sérénité de la nature ; on a pu dire que ses poèmes étaient des paysages, et ses peintures des poèmes.

Li Bo (Li Po), chef de file taoïste de l’école « romantique », rejette les conventions poétiques et les conventions sociales dans leur ensemble.

Passionné, excentrique et grand buveur, il fréquente le royaume des immortels d’où, prétend-il, il a été exilé et envoyé vers notre monde.

Li Bo donne le meilleur de lui-même en célébrant l’amour et l’amitié, les délices du vin et les aspects étranges, majestueux ou impressionnants de la nature.

Son ami et rival Du Fu, à l’inverse, est un poète consciencieux et appliqué, qui peine pour parvenir à un réalisme étonnant.

Il exprime avec honnêteté et sincérité ses affections terrestres, notamment familiales, et son amour infini pour l’humanité, de même qu’il se fait le témoin des injustices de son temps.

Le réalisme de l’œuvre de Du Fu influence un autre poète Tang, Bo Juyi, qui considère la poésie comme un support pour la critique et la satire.

Cette tendance, développée dans les siècles qui suivent par d’autres poètes, donne naissance à de véritables dissertations didactiques ou philosophiques.

Néanmoins, en règle générale, la poésie chinoise demeure essentiellement lyrique, cherchant plus à exprimer des émotions personnelles qu’à véhiculer des idées. Les rimes ont toujours été essentielles dans la poésie chinoise, mais la forme versifiée ne s’établit véritablement qu’avec les poètes Tang.

Le poème typique de cette période se présente sous la forme dite shi, caractérisée par l’utilisation de vers rimés de cinq ou de sept pieds.

La versification shi est une évolution du vers Shijing qui compte quatre pieds. La période Tang produit également une nouvelle forme poétique, nommée ci (ou tz’u ).

Chaque ci peut présenter des vers de longueur variable ; en revanche, le nombre de vers est fixé de façon bien déterminée en fonction de critères mélodiques. L’écriture des ci, comparable à l’adaptation de nouvelles paroles sur une mélodie préexistante, requiert donc une grande virtuosité.

Les mélodies utilisées sont en général d’origine étrangère, le plus souvent d’Asie centrale. Durant la dynastie Song (960-1279), le ci atteint une grande popularité.

À l’origine, les ci sont des formes plutôt longues.

Écrits pour être chantés sur des airs populaires, ils traitent souvent d’amour, de courtisanes ou de musique.

Su Dongpo, le plus connu des poètes de ci, libère cette forme poétique de la rigidité que lui avait imposée la musique et introduit des sujets plus variés, notamment guerriers.

Sous son influence, de plus en plus de ci sont composés sans musique au XIe siècle, qui ne sont nullement destinés à être chantés.

De la fin du XIe jusqu’au XIII e siècle, cependant, la tradition des ci musicaux est ravivée.

La poétesse Li Qingzhao (Li K’ing-tchao, v.

1084-apr.

1141) reste renommée pour ses ci sur le veuvage.

Auteur de textes en prose comme de poèmes à chanter, empreints d’une grande délicatesse et de mélancolie, elle est considérée comme la plus grande poétesse de Chine. 3. 2 La prose La prose chinoise s’épanouit également sous les Tang.

Parmi les grands prosateurs se trouve Han Yu (768-824), qui prône un retour à l’écriture simple et directe du style classique, en réaction contre la prose artificielle de son temps.

Ses efforts aboutissent, car les traités politiques et philosophiques, les essais informels comme les contes merveilleux ( chuanqi ) de cette période sont tous composés dans un style dit néoclassique.

Les contes de cette période sont en outre les premiers exemples de la littérature chinoise de fiction.

Les premiers contes de la littérature populaire apparaissent en effet au cours de la période Tang : ce sont les prédicateurs bouddhistes qui, soucieux de diffuser leur religion, se mettent à écrire pour le peuple des histoires exemplaires, dans une langue simple et familière.

Ce faisant, ils inventent une forme de récit appelée bianwen, qui est la première forme de la fiction populaire en Chine. Au XIe siècle, bien que peu d’exemples de l’ancienne tradition des conteurs soient parvenus jusque-là, un regain d’intérêt se manifeste pour cet art, et il est pratiqué avec grand talent sous la dynastie Song, époque d’accomplissement littéraire spectaculaire.

Durant cette période, la récitation de contes devient une forme de divertissement populaire.

Les histoires des conteurs professionnels, qui se spécialisent chacun dans un genre particulier, sont non seulement écrites, mais imprimées dans des livres de contes appelés huaben, qui inspirent plus tard les chefs-d’œuvre du théâtre et du roman chinois. Dans la tradition littéraire, le renouveau du style classique laconique lancé par Han Yu se poursuit à l’époque Song avec, entre autres, Ou Yangxiu (1007-1072) et Su Xun (1009-1066).

Le premier est connu pour ses essais sur la philosophie confucianiste, sur la politique et sur l’histoire, mais plus encore pour ses descriptions impressionnantes des paysages de Chine.

Quant aux essais pleins d’esprit dont Su Xun est l’auteur, ils représentent, de l’avis général, la perfection du style classique. Le mime, le chant et la danse existent depuis les temps anciens, mais le théâtre proprement dit ne se développe pas avant la fin de l’époque classique.

Dès la période Tang, cependant, les conteurs populaires sont souvent des acteurs ; organisés en compagnies professionnelles, ces derniers se produisent dans des théâtres qui peuvent accueillir jusqu’à plusieurs milliers de personnes. 4 LA PÉRIODE MODERNE ( XIII E SIÈCLE-DÉBUT DU XX E SIÈCLE). »

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