Clément MAROT, Epigrammes

d' Anne qui lui jeta de la neige,

     Anne par jeu me jeta de la Neige

        Que je cuidais froide certainement;

        Mais c' était feu, l' expérience en ai-je,

        Car embrasé je fus soudainement.

        Puisque le feu loge secrètement

        Dedans la Neige, où trouverai-je place

        Pour n' ardre point ? Anne, ta seule grâce

        Eteindre peut le feu que je sens bien,

        Non point par Eau, par Neige ni par Glace

        Mais par sentir un feu pareil au mien.

                   Clément MAROT, Epigrammes, (1496-1544)

cuidais : croire, penser. Du verbe cuider

ardre : brûler

         A première vue, il semble que ce texte ne soit non pas un poème mais plutôt une lettre d' amour adressée à une femme nommée « Anne «. Cette lettre exprime les sentiments ressentis par Clément MAROT pour cette femme, elle énonce une chaleur intense éprouvée par l' auteur et qui au fur et à mesure de la lecture du texte nous montre que cette chaleur ressentie est en fait de l' amour. Clément MAROT espère que « Anne « ressent les même sentiments pour lui qu' il ressent pour elle. Ce poème est un dizain avec des rimes croisées et embrassées. L' auteur a choisi cette forme pour séduire une femme a qui il veut lui avouer son amour qu' il ressent pour elle avec des rimes et des vers réguliers.