COLLETET Guillaume : sa vie et son oeuvre

COLLETET Guillaume (1598-1659). Le goût classique a occulté l’œuvre de Guillaume Colletet en la résorbant dans le personnage de l’auteur, lui-même réduit à quelques traits plaisants : l’ivrognerie, trois mariages avec des servantes, une retraite campagnarde aux portes de Paris et, après le retrait (1650) de sa pension, la misère. Mais ce libertin issu de la bourgeoisie de robe parisienne fut, dès 1620, un poète très en vue. Ami des érudits libertins Gassendi, Naudé, La Mothe Le Vayer, il se trouve compromis avec Théophile de Viau dans l’affaire du Parnasse satyrique (1622). Au cœur de la mode pastorale aristocratique du premier tiers du siècle, il animait le groupe des Illustres Bergers (1626). Protégé de Richelieu, qui l’appelle à l’Académie dès la fondation de celle-ci, il compose des ballets, collabore aux travaux des Cinq Auteurs et, sans renier le libertinage, adapte la Doctrine chrétienne de saint Augustin (1636). Il est aussi un héritier des humanistes. A côté de ses poésies libertines ou légères, il compose des traités poétiques (De l’épigramme, Du sonnet, 1656; De la poésie morale, 1658) et étudie l’histoire littéraire nationale (Histoire des poètes français, dont le manuscrit s’est en grande partie perdu). Ses Épigrammes (1653) déchiquettent — sous des pseudonymes — les principaux représentants du courant classique naissant.