Devoir de Philosophie

Collodi, les Aventures de Pinocchio (extrait).

Publié le 07/05/2013

Extrait du document

Collodi, les Aventures de Pinocchio (extrait). Les Aventures de Pinocchio sont fidèles aux principes didactiques des romans écrits pour la jeunesse. Mêlant rêve et réalité, cruauté et fantaisie, bonheur et peine, dans une succession d'aventures rocambolesques que couronne une morale pourtant conformiste, le récit dit combien l'apprentissage de la vie -- en particulier quand on est un pantin fantasque -- est périlleux malgré les meilleures intentions et les idéaux les plus purs. Les Aventures de Pinocchio de Carlo Collodi (chapitre 25) Au début, la gentille petite dame raconta qu'elle n'était pas la petite fée aux cheveux bleus ; mais ensuite, se voyant démasquée et renonçant à jouer la comédie plus longtemps, elle finit par se faire reconnaître, et dit à Pinocchio : -- Diable de pantin, comment as-tu donc deviné que c'était moi ? -- C'est parce que je vous aime beaucoup et que mon petit doigt me l'a dit. -- Tu te rappelles ? Tu m'as quittée jeune fille et maintenant tu me retrouves femme ; tellement femme que je pourrais presque être ta mère. -- Je m'en réjouis d'autant plus que maintenant, au lieu de vous appeler ma grande soeur, je vous appellerai maman. Il y a si longtemps que je meurs d'envie d'avoir une maman comme tous les autres enfants !... Mais qu'avez-vous fait pour grandir si vite ? -- C'est un secret. -- Dites-le-moi : moi aussi, je voudrais grandir un peu. Regardez : je n'ai pas bougé, je suis toujours haut comme trois pommes. -- Mais toi, tu ne peux pas grandir, répliqua la fée. -- Et pourquoi donc ? -- Parce que les pantins ne grandissent jamais. Ils naissent pantins, vivent pantins et meurent pantins. -- Ah ! j'en ai assez d'être toujours un pantin ! s'écria Pinocchio en se donnant une calotte. Il serait temps que je devienne un homme, moi aussi. -- Tu le deviendras, si tu sais le mériter. -- C'est vrai ? Et que puis-je faire pour le mériter ? -- Rien de plus facile : il te suffit d'apprendre à être un petit garçon comme il faut. -- Parce que je n'en suis pas un, peut-être ? -- Tu en es loin ! Les enfants comme il faut sont obéissants, alors que toi... -- Moi, je n'obéis jamais. -- Les enfants comme il faut ont le goût de l'étude et du travail, et toi... -- Moi, je joue les traîne-savates et les vagabonds à longueur d'année. -- Les enfants comme il faut ne disent que la vérité... -- Et moi que des mensonges. -- Les enfants comme il faut aiment aller à l'école... -- Et moi, l'école, ça me donne des maux de ventre... Mais à partir d'aujourd'hui je vais changer de vie. -- C'est promis ? -- Promis. Je veux devenir un petit garçon comme il faut et la consolation de mon père... Où peut-il être à l'heure qu'il est, mon pauvre père ? -- Je n'en sais rien. -- Aurai-je la chance de le revoir et de l'embrasser un jour ? -- Je crois que oui ; j'en suis même sûre. À ces mots, Pinocchio fut saisi d'une joie si intense qu'il se jeta sur les mains de la fée, et les lui baisa avec une fougue indescriptible. Puis, relevant le visage vers elle, il la regarda tendrement et lui demanda : -- Dis-moi, ma petite maman, ce n'est donc pas vrai que tu es morte ? -- On dirait bien que non, répondit la fée en souriant. -- Si tu savais comme j'ai souffert et comme mon coeur s'est serré lorsque j'ai lu « CI GÎT «... -- Je le sais ; et c'est pour cela que je t'ai pardonné. C'est la sincérité de ton chagrin qui m'a fait comprendre que tu avais du coeur ; et avec des enfants qui ont du coeur, même s'ils sont un peu fripons ou s'ils ont pris de mauvais plis, on peut toujours garder l'espoir ; on peut toujours penser qu'ils reprendront le droit chemin. Voilà pourquoi je suis venue te chercher jusqu'ici. Moi, je serai ta mère... -- Oh ! c'est merveilleux ! s'écria Pinocchio en sautant de joie. -- ...et toi, tu m'obéiras : tu feras toujours ce que je te dirai. -- Avec joie, avec joie, avec joie ! -- Pas plus tard que demain, continua la fée, tu commenceras par aller à l'école. Pinocchio devint tout à coup un peu moins gai. -- Puis tu choisiras un art ou un métier qui te plaise. Pinocchio devint grave. -- Que marmonnes-tu entre tes dents ? demanda la fée, l'air contrarié. -- Je disais, ronchonna le pantin, que maintenant, ça me paraît un peu tard pour aller à l'école... -- Non monsieur. Mets-toi bien dans la tête que pour s'instruire et pour apprendre il n'est jamais trop tard. -- Mais moi je ne veux exercer ni art ni métier. -- Et pourquoi ? -- Parce que je trouve ça fatigant, de travailler. -- Mon enfant, dit la fée, les gens qui parlent comme toi finissent presque toujours soit en prison soit à l'hospice. Dis-toi bien que chaque homme, qu'il naisse riche ou pauvre, est obligé de faire quelque chose ici-bas, d'avoir une occupation, un travail. Malheur à ceux qui se laissent gagner par l'oisiveté ! L'oisiveté est une maladie tout à fait pernicieuse, et c'est tout de suite, dès l'enfance, qu'il faut s'en guérir ; sinon, quand on est grand, on ne s'en guérit plus. Pinocchio, tout remué par ces paroles, releva vivement la tête et dit à la fée : -- Je travaillerai bien à l'école, j'aurai un métier, je ferai tout ce que tu me diras de faire. J'en ai assez, de cette vie de pantin ; je veux à tout prix devenir un enfant. Tu me l'as promis, n'est-ce pas ? -- Je te l'ai promis. Maintenant, tout dépend de toi. Source : Collodi (Carlo), les Aventures de Pinocchio, trad. par Nicolas Cazelles, Arles, Actes Sud, coll. « Babel «, 1995. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« — Parce que je trouve ça fatigant, de travailler. — Mon enfant, dit la fée, les gens qui parlent comme toi finissent presque toujours soit en prison soit à l’hospice.

Dis-toi bien que chaque homme, qu’il naisse riche ou pauvre, est obligé de faire quelque chose ici-bas, d’avoir une occupation, un travail.

Malheur à ceux qui se laissent gagner par l’oisiveté ! L’oisiveté est une maladie tout à fait pernicieuse, et c’est tout de suite, dès l’enfance, qu’il faut s’en guérir ; sinon, quand on est grand, on ne s’en guérit plus. Pinocchio, tout remué par ces paroles, releva vivement la tête et dit à la fée : — Je travaillerai bien à l’école, j’aurai un métier, je ferai tout ce que tu me diras de faire.

J’en ai assez, de cette vie de pantin ; je veux à tout prix devenir un enfant.

Tu me l’as promis, n’est-ce pas ? — Je te l’ai promis.

Maintenant, tout dépend de toi. Source : Collodi (Carlo), les Aventures de Pinocchio , trad.

par Nicolas Cazelles, Arles, Actes Sud, coll.

« Babel », 1995. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

Tous droits réservés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles