Devoir de Philosophie

Colombie

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

colombie
1 PRÉSENTATION

Colombie, en espagnol Colombia, pays d’Amérique du Sud. Sa capitale est Santa Fe de Bogota, perchée à 2 640 m d’altitude, dans la cordillère des Andes.

La Colombie est bordée au nord par le Panamá et la mer des Caraïbes, à l’est par le Venezuela et le Brésil, au sud par le Pérou et l’Équateur, à l’ouest par l’océan Pacifique.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES

La Colombie est le seul pays d’Amérique du Sud à bénéficier de deux façades maritimes. La superficie totale du pays est de 1 141 748 km².

2.1 Relief et hydrographie

La cordillère des Andes occupe le centre et l’ouest de la Colombie et s’étend, du nord au sud, sur toute la longueur du pays. Cet imposant massif montagneux est divisé en trois chaînes parallèles : la Cordillère orientale ; la Cordillère centrale, que séparent deux grandes vallées : à l’ouest, celle du fleuve Cauca, à l’est, celle du Magdalena ; la Cordillère occidentale. C’est dans la Cordillère centrale que l’on trouve les sommets les plus élevés du pays, constamment couverts de neige, comme les pics volcaniques du Nevado del Huila (5 750 m) ou du Nevado del Tolima (5 616 m).

À environ 240 km au sud de la mer des Caraïbes, la Cordillère centrale s’abaisse pour constituer une forêt dense marécageuse.

Au nord-est, isolé de la Cordillère, se trouve un autre massif montagneux, la sierra Nevada de Santa Marta, qui surplombe la mer des Caraïbes et s’élève à 5 776 m d’altitude au pic Cristóbal Colón, point culminant de Colombie.

À l’est, la Cordillère orientale surplombe l’Oriente, la Colombie amazonienne. C’est une étendue de hauts plateaux avec une végétation de prairie buissonnante, les páramos. En Amazonie, les trois quarts du territoire sont occupés par des étendues de basses terres, torrides, très peu peuplées et partiellement inexplorées. Le sud de cette zone, irrigué par la rivière Caquetá et d’autres affluents du fleuve Amazone, est couvert de forêts tropicales humides : c’est la selva ou forêt amazonienne. La partie septentrionale, la plus vaste de la région, est une zone de savane arborée, connue sous le nom de llanos. Elle est traversée par la rivière Meta et d’autres affluents de l’Orénoque. Sur les versants de la Cordillère centrale, on trouve également des páramos, ainsi que des vallées très fertiles.

Le principal fleuve du pays, le Magdalena, coule du sud vers le nord entre les chaînes andines, à travers la quasi-totalité du pays, et se jette dans la mer des Caraïbes, près de Barranquilla, après un parcours de 1 540 km. Le río Cauca et l’Altrato constituent également d’importantes voies navigables. Au sud, le Patía se fraie un passage à travers les Andes, et se jette dans l’océan Pacifique.

Les côtes de la Colombie s’étendent sur environ 1 610 km le long de la mer des Caraïbes, et sur 1 290 km le long du Pacifique.

2.2 Climat

Le territoire colombien est presque entièrement compris entre le dixième parallèle Nord et l’équateur. Néanmoins, le pays présente une grande variété climatique, en fonction notamment de l’altitude. En effet, le climat est aride dans les régions basses, le long des côtes et des vallées profondes du Patía et du Magdalena, avec des températures annuelles oscillant entre 24 °C et 27 °C ; il est subtropical dans les régions comprises entre 450 m et 2 300 m et tempéré entre 2 300 m et 3 000 m. Au-dessus de 3 000 m se trouve la zone froide, où les températures varient entre - 18 °C et 13 °C, selon la saison. Les températures moyennes atteignent environ 14 °C à Bogota et avoisinent 27 °C à Barranquilla, sur la côte caraïbe. Les précipitations, abondantes le long de la côte pacifique, sont quasiment inexistantes à Bogota et sur les versants de la Cordillère orientale.

2.3 Flore et faune

La diversité de la topographie a permis le développement d’une flore et d’une faune extrêmement variée. Palétuviers et cocotiers se trouvent sur les côtes de la mer des Caraïbes, mais les arbres utiles pour le commerce (acajou, chêne, noyer, cèdre, pin, ainsi que plusieurs variétés de balsamiers) poussent dans la forêt amazonienne et, en altitude moyenne, dans la Cordillère. Les plantes tropicales fournissent aussi du caoutchouc, du chicle, du quinquina, de la vanille, de la salsepareille, du gingembre, du copal, de l’ipéca et des graines de ricin.

La Colombie abrite, comme la plupart des pays d’Amérique du Sud, de grands mammifères tels que le jaguar, le puma, le tapir, le pécari, le fourmilier, le paresseux, le tatou et plusieurs espèces de singes et de cerfs. Les alligators, autrefois très nombreux, ont été victimes d’une chasse intensive et sont maintenant devenus rares. De nombreuses variétés de serpents peuplent les régions tropicales. Les condors, les vautours, les toucans, les perroquets, les cacatoès, les grues, les cigognes et les colibris sont les oiseaux que l’on rencontre le plus fréquemment en Colombie.

2.4 Ressources naturelles

Les ressources minières du pays sont importantes et variées. La Colombie est le plus grand producteur d’émeraudes au monde. Le pays compte également d’importants gisements de pétrole (comme celui de Cusiana) et de gaz naturel, des mines de charbon, d’or, d’argent, de fer, de platine et de sel.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

Avec ses 45 millions d'habitants en 2008, soit une densité de 33,9 habitants au km2, la Colombie est très inégalement peuplée. 77 p. 100 des Colombiens vivent en ville, dont 30 p. 100 dans les grandes métropoles (Bogota, Medellín, Cali et Barranquilla). Traditionnellement, plus de la moitié de la population est concentrée dans la région andine, entre 800 m et 3 000 m d’altitude. Les basses terres commencent cependant à se peupler. La densité de population demeure très faible dans les grandes plaines de l’Est et sur la côte pacifique.

La composition de la population est diversifiée. Plus de la moitié des Colombiens (58 p. 100) sont métis, d’origine à la fois espagnole et amérindienne, 20 p. 100 sont d’origine européenne et 14 p. 100 sont mulâtres (d’origine européenne et africaine). Les Noirs africains représentent environ 4 p. 100 de la population, les Amérindiens 1 p. 100, le reste de la population (3 p. 100) est essentiellement composé de métis d’origine amérindienne et africaine. Le taux de fécondité est de 2,49 enfants par femme et l’espérance de vie atteint 72,5 ans.

3.2 Découpage administratif et villes principales

La Colombie est divisée en 32 départements et un district de la capitale. La capitale, Bogota, est installée sur les flancs de la Cordillère orientale : c’est un important centre industriel, administratif et commercial, avec plus d’un tiers des actifs qui y travaillent. Medellín, la deuxième ville du pays, Cali et Barranquilla vivent en grande partie de l’industrie textile. Cartagena, sur la mer des Caraïbes, est, avec Barranquilla, l’un des ports les plus actifs du pays.

3.3 Langues et religions

La langue officielle du pays est l’espagnol, mais plusieurs langues amérindiennes survivent encore. Environ 95 p. 100 des Colombiens sont catholiques. Cependant, les croyances et les traditions des Amérindiens restent également vivantes, en particulier chez les métis. Malgré la séparation de l’Église et de l’État, le concordat de 1973 a établi un statut privilégié pour le catholicisme. La liberté de culte est garantie.

3.4 Éducation

L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire pendant cinq ans ; les deux tiers des élèves accèdent au niveau du secondaire. Cependant, grâce aux efforts fournis par les différents gouvernements, le taux d’alphabétisation est élevé : 93 p. 100. Chez les Amérindiens et les Noirs, il est, en revanche, deux fois moins important. L’État finance les écoles secondaires et les universités, ainsi que les écoles primaires situées dans les municipalités et les départements qui ne sont pas en mesure de le faire. Les plus grandes universités sont l’Université nationale de Colombie, à Bogota (certains bâtiments datent du xvie siècle), l’université de Cartagena, l’université d’Antioquía, à Medellín et l’université de Nariño, à Pasto.

3.5 Culture

Baptisé « Colombie « en souvenir de celui qui découvrit les Amériques (Christophe Colomb), le pays est resté, sans doute davantage que ses voisins sud-américains, attaché à l’influence espagnole — tout en préservant l’héritage des Amérindiens. Ainsi un vaste site archéologique, situé près de la source du fleuve Magdalena, regroupe de nombreux vestiges de la civilisation San Agustín. Dans la région de Calima, on trouve d’autres sites archéologiques, contenant des chambres funéraires, mais aussi de l’orfèvrerie. Beaucoup de cathédrales et de cloîtres à Bogota ont un style qui s’inspire de l’architecture espagnole du xvie siècle.

Parmi les grandes figures de la culture colombienne contemporaine, il faut citer le peintre et sculpteur Fernando Botero, dont l’art s’inspire en partie de l’époque précolombienne, et le romancier Gabriel García Márquez, prix Nobel de littérature en 1982, auteur de romans, de contes fantastiques, infatigable militant pour les droits de l’homme, qui vit aujourd’hui à l’étranger.

La Bibliothèque nationale de Bogota (1777) possède plus de 680 000 volumes. Les musées les plus réputés sont situés dans la capitale : Musée national, musée d’Archéologie et le fameux musée de l’Or, qui détient une remarquable collection d’objets précolombiens.

Pour la littérature, la musique et l’art colombiens, voir littérature hispano-américaine ; musique d’Amérique latine ; art d’Amérique latine ; art précolombien.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Organisation des pouvoirs

La Constitution de 1991, qui a remplacé celle de 1886, a institué un système de gouvernement démocratique de type présidentiel, très centralisé.

Le président de la République, élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois, détient le pouvoir exécutif. Il nomme le gouvernement, qui doit obtenir la confiance du Congrès. Les gouverneurs des départements sont élus au suffrage direct. Le Congrès bicaméral se compose d’un Sénat (102 membres) et d’une Chambre des représentants (166 membres), tous élus pour un mandat de quatre ans. Le pouvoir judiciaire appartient aux membres de la Cour suprême, élus pour un mandat de huit ans par un collège de juges.

3.6.2 Partis politiques

Les deux principales forces politiques de la Colombie sont, depuis l’indépendance, le Parti conservateur, devenu aujourd’hui le Parti social-conservateur (Partido social conservador, PSC), qui prône un gouvernement central fort et des relations étroites avec l’Église catholique, et le Parti libéral (PL), fédéraliste et anticlérical. L’Union patriotique (UP) constitue la branche politique des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia, FARC), le principal mouvement de guérilla, d’inspiration communiste. Les autres grands mouvements de guérilla sont l’Armée de libération nationale (Ejercito de liberación nacional, ELN), castriste, et l’Armée populaire de libération (Ejercito popular de liberación, EPL), maoïste, ainsi que l’Alliance démocratique / Mouvement du 19 avril.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

En 2006, le produit intérieur brut (PIB) représentait 153 milliards de dollars, ce qui correspondait à 3 367,20 dollars par habitant. Depuis les années 1960, la croissance industrielle s’est accélérée et l’économie colombienne s’est diversifiée même si le pays demeure en partie dépendant du secteur agricole, en particulier de la culture du café et de la canne à sucre.

Riche en ressources minérales, très bien placé sur le marché du pétrole sud-américain, le pays souffre de l’image que donnent de lui les cartels de la drogue. L’économie « souterraine « est en effet très importante. La culture du coca et le commerce illégal de la cocaïne rapporteraient des centaines de millions de dollars chaque année ; la Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne.

Le développement économique de la Colombie a également longtemps pâti de la violence omniprésente dans le pays. L’accession d’Alvaro Uribe à la présidence de la République en 2002, réélu en 2006, a permis d’engager une pacification du pays qui a produit ses effets sur la croissance grâce à un retour de la confiance. Le taux de croissance a ainsi atteint 5 p. 100 en 2005, le taux d’inflation est resté contenu à moins de 5 p. 100, les investissements étrangers sont en hausse, le tourisme en progression et la dette publique a été réduite grâce à une nouvelle politique fiscale à 48 p. 100 du PIB en 2005 contre 65,4 p. 100 en 2004. Les inégalités restent toutefois fortes dans un pays où près de 64 p. 100 de la population vit sous le seuil de pauvreté au milieu des années 2000.

4.1.1 Population active

La part du secteur agricole dans la population active a tendance à diminuer au profit des secteurs secondaire et tertiaire, mais elle reste tout de même importante, avec 22 p. 100 des actifs au début des années 2000. 18 p. 100 travaillent dans l’industrie et les mines ; la majorité des actifs est employée dans les services.

4.1.2 Agriculture

Le secteur agricole se décompose en deux types d’exploitations : les cultures vivrières et les cultures d’exportation, pratiquées dans de grands domaines fonciers.

La culture du café est vitale pour le pays, tant par la surface de terres qu’elle occupe (17 p. 100) que par les recettes en devises qu’elle procure. La Colombie se situe dans les premiers rangs mondiaux pour la production de café. La principale région productrice de café se trouve au centre du pays, sur les flancs des Cordillères centrale et orientale, à une altitude comprise entre 900 m et 1 800 m, dans les départements de Caldas, Antioquía, Cundinamarca, Norte de Santander, Tolima et Santander.

Dans les vallées, les principales cultures sont la canne à sucre, dont la Colombie est également l’un des principaux producteurs mondiaux, le riz, la banane, de nombreux fruits et légumes, le tabac, le manioc, le maïs, le cacao et le coton, mais aussi les fleurs dont la Colombie est devenue le deuxième exportateur mondial, derrière les Pays-Bas. Les plantes produisant des fibres textiles telles que le sisal et le chanvre, utilisés dans la fabrication de cordages et de grosses toiles, sont aussi exploitées.

L’élevage de bovins est important, principalement sur les pâturages des versants montagneux (25,7 millions de têtes de bovins en 2006). La Colombie est un producteur important de cuir.

La forêt colombienne a été davantage épargnée que celle du Brésil ; elle est, en fait, très peu exploitée, en raison des lacunes de l’infrastructure des transports.

Les eaux côtières et les nombreux lacs et fleuves de Colombie offrent une grande variété de poissons, notamment la truite, le tarpon, l’espadon et le thon.

4.1.3 Mines et industries

La Colombie dispose de richesses minières très variées. La principale, l’émeraude, est concentrée dans la Cordillère orientale, dans les mines de Muzo et Chiver ; le pays en est le premier producteur mondial. Le pétrole, le charbon, l’or et le gaz naturel sont également largement exploités. La production de pétrole brut est concentrée dans la vallée du Magdalena, à 645 km des côtes de la mer des Caraïbes, et dans la région séparant la Cordillère orientale et le Venezuela. La majeure partie du pétrole colombien est transportée à Curaçao, aux Antilles néerlandaises, pour y être raffinée, puis exportée à partir de Baranquilla et Cartagena.

L’or est extrait en Colombie depuis l’époque précolombienne ; on le trouve principalement dans la région d’Antioquía et, dans une moindre mesure, dans les départements de Cauca, Caldas, Nariño, Tolima et Chocó. La Colombie possède également de grands gisements de platine (les premiers ont été découverts en 1735), situés dans les sables aurifères des bassins du San Juan et de l’Atrato, de nickel, d’argent, de cuivre et de fer.

L’industrie colombienne s’est surtout développée à partir des années 1960. La plus ancienne, l’industrie textile, produit presque exclusivement pour le marché national. Les filatures de coton, situées principalement dans les villes de Barranquilla, Manizales, Medellín et Samacá, sont d’importants établissements industriels. L’industrie colombienne se tourne de plus en plus vers les usines agroalimentaires, les produits liés au tabac, au fer et à l’acier et les équipements de transport. Les usines de raffinage de pétrole et de produits chimiques tiennent une place importante, tout comme les industries de la chaussure, du chapeau, de la verrerie et du papier.

La Colombie possède de nombreuses installations hydroélectriques, qui produisent les trois quarts de l’énergie nécessaire au pays.

4.1.4 Échanges

L’unité monétaire de la Colombie est le peso colombien, qui se divise en 100 centavos. Bogota, Medellín et Cali sont les principales places boursières du pays.

La Colombie doit importer une bonne partie des produits finis nécessaires à sa consommation (équipements industriels, équipements de transport, produits chimiques, biens de consommation). Ses principaux fournisseurs sont les États-Unis, les pays de l’Union européenne, le Brésil et le Japon. Le pays exporte, en revanche, vers ces mêmes pays, du café (un tiers des revenus annuels de l’exportation), du pétrole, des bananes, du charbon, des émeraudes et des dérivés du coton.

Le terrain accidenté de la Colombie rend difficile et coûteuse la construction de routes et de voies ferrées. Le pays compte quelques lignes de chemins de fer, principalement dans l’Ouest. La plupart de ces voies suivent le tracé du Cauca et du fleuve Magdalena, la principale artère de communications du pays, qui est navigable sur 990 km, à partir de son embouchure. Le réseau routier est assez mal entretenu, mais il dispose de l’autoroute Simón Bolívar, qui relie Caracas, au Venezuela, à Quito, en Équateur, via Bogota. Les principales villes du pays sont équipées d’un aéroport. Buenaventura, Tumaco, Santa Marta, Barranquilla et Cartagena sont les principaux ports.

5 HISTOIRE
5.1 L’époque précolombienne

C’est autour du fleuve Magdalena que l’on trouve les premières traces de présence humaine en Colombie. Des reliques d’une civilisation quasiment inconnue, datant des cinq derniers siècles av. J.-C., ont été découvertes à San Augustín, près de la source du fleuve, dans les Andes colombiennes : des statues de pierre, des bas-reliefs, des chambres funéraires et des sanctuaires, dans un style qui rappelle parfois celui des Aztèques. Des siècles plus tard, avant l’arrivée des Espagnols, les hauts plateaux de l’Est, près du fleuve Magdalena, sont habités par une tribu amérindienne, les Chibchas. Bons cultivateurs, ils sont également d’excellents orfèvres, et on a retrouvé des quantités de petits objets (colliers, figurines) en or ou en tumbaga (un alliage d’or et de cuivre), datant de 1000 à 1500 apr. J.-C.

5.2 La conquête espagnole

En 1502, lors de son dernier voyage vers le Nouveau Monde, Christophe Colomb explore une partie de l’empire des Chibchas, sur les côtes septentrionales de l’actuelle Colombie. Dans son sillage, les conquistadores espagnols établissent à Darién, en 1510, leur première colonie sur le continent américain. Attirés par ce nouvel eldorado, les colons progressent rapidement. Sur la côte tout d’abord : ils fondent Cartagena, puis Santa Marta. À l’intérieur des terres, Santa Fé de Bogotá est conquise par Gonzalo Jiménez de Quesada, en 1536. À partir de 1544, la région est intégrée à la vice-royauté du Pérou, avant de devenir, en 1740, le centre de la vice-royauté de la Nouvelle-Grenade. L’économie de la colonie espagnole repose alors en grande partie sur l’esclavage : aux Indiens succèdent les esclaves noirs. Elle est également servie par les ressources naturelles du territoire (émeraude et autres pierres précieuses) et la présence de l’isthme, qui assurait le rayonnement des villes portuaires.

Cependant, les Espagnols, qui accaparent les richesses, se heurtent à l’hostilité grandissante de la noblesse et de la bourgeoisie créoles. La révolte des comuneros de Socorro, en 1781, est la première manifestation de l’identité créole et le prélude au mouvement pour l’indépendance. Les insurgés de Socorro (au nord du pays) marchent sur la capitale avec leurs « cahiers de doléances «, pour protester contre les nouveaux impôts imposés par l’Espagne sur les marchés et réclamer leur part de la richesse nationale. Le compromis étant refusé par le vice-roi, les chefs de la révolte sont arrêtés et fusillés. Dès lors, le peuple de la Nouvelle-Grenade prend part au mouvement pour l’indépendance qui naît dans l’ensemble de l’Empire espagnol.

5.3 L’indépendance et la « longue marche « de Simón Bolívar

Le 20 juillet 1810, les provinces de la Nouvelle-Grenade se réunissent en fédération et décident d’exclure les Espagnols du gouvernement. Une junte dirigée par le juriste Camillo Torres se met en place. Antonio Narinõ, précurseur de l’indépendance, proclame en 1813 la rupture avec l’Espagne qui réagit très vivement en envoyant des troupes. De nombreux hommes, dont Camillo Torres, sont exécutés et les chefs du mouvement s’exilent ou rentrent dans la clandestinité. Il faut attendre l’expédition de Simón Bolívar, parti du Venezuela en 1818 et qui franchit les Andes aux termes d’une « longue marche « avec quelques milliers de partisans, pour rendre espoir aux indépendantistes. Le 7 août 1819, Bolívar remporte une victoire décisive contre l’armée du général Barreiro, à la bataille du pont de Boyacá. Entré dans Bogotá le 10 août 1819, avec Santander, le « Libertador « proclame alors l’indépendance de la Nouvelle-Grenade. Le 17 décembre 1819, le congrès d’Angostura donne naissance à la République de Grande-Colombie, qui réunit la Nouvelle-Grenade, l’actuel Panamá et, après leur libération, le Venezuela et l’Équateur. Bolívar devient le président et le chef suprême de l’armée. Mais cette expérience de fédération panaméricaine ne survit pas à son inspirateur et, en 1830, après la mort de Bolívar, le Venezuela, puis l’Équateur, font sécession.

Dès les premières années de l’indépendance, le pays est divisé en deux blocs qui vont désormais structurer la vie politique colombienne. D’un côté, les conservateurs, soutenus par l’Église, sont partisans d’un État centralisé ; de l’autre, le bloc libéral, fédéraliste, veut soustraire la politique à l’emprise de la religion.

5.4 Des guerres civiles à la Seconde Guerre mondiale
5.4.1 Un xixe siècle marqué par les guerres civiles

Les premières décennies qui suivent l’indépendance sont marquées par de nombreuses guerres civiles – on en dénombre 52 au cours du xixe siècle – et par de fréquents changements constitutionnels. Dans un premier temps, les conservateurs parviennent à imposer une Constitution unitaire. Mais les fédéralistes s’y opposent, déclenchent le premier conflit et accèdent au pouvoir, avec le président Obando, en 1853 ; ils sont à leur tour renversés par des conservateurs. En 1858, le pays est doté d’une Constitution semi-fédérale et la nouvelle République est baptisée Confédération grenadine. Cinq ans plus tard naissent les États-Unis de Colombie, sur le modèle résolument fédéral du voisin nord-américain. Après quelques années de relative stabilité, une nouvelle guerre civile éclate en 1876. De retour au pouvoir, les conservateurs imposent au pays, en 1886, une Constitution centraliste, celle de la république de Colombie, qui est restée en vigueur jusqu’en 1991.

Plusieurs guerres civiles éclatent notamment en 1885 et en 1895. La plus violente, la guerre des Mille Jours, de 1899 à 1902, laisse le pays exsangue et fait environ 100 000 victimes.

La deuxième moitié du xixe siècle se caractérise par de nombreux changements, qui marquent profondément la société : l’abolition de l’esclavage en 1851 ; puis, en 1853, la séparation de l’Église et de l’État.

En 1903, soutenu par les États-Unis, le Panamá fait sécession et accède à l’indépendance. La Colombie perd alors un accès important au commerce maritime ; cependant, les compensations financières accordées par Washington lui permettent d’entamer la diversification de son économie, qui reposait jusque-là essentiellement sur les cultures d’exportation du café et de la banane.

5.4.2 Réformes et développement économique

Jusqu’en 1930, la Colombie connaît une période de stabilité politique et se consacre à son développement économique. La construction de routes, dès le début du siècle, permet un début d’expansion commerciale. L’exploitation des gisements de pétrole et la culture du café prennent également de l’ampleur, soutenues par plusieurs emprunts américains.

Les libéraux, de retour au pouvoir en 1930, s’engagent dans de nouvelles réformes. Jusqu’à la démission du président Alfonso López Pumarejo en 1945, ils font voter une loi de réforme agraire, la reconnaissance du droit de grève et des droits syndicaux, un salaire minimum et des congés payés.

5.4.3 Un membre fondateur de l’ONU en 1945

Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la Colombie suspend ses relations diplomatiques avec le Japon, l’Allemagne et l’Italie en 1941, et avec l’État français de Vichy en 1942. En 1943, le Sénat déclare la guerre à l’Allemagne, et la Colombie signe la charte de l’ONU, en juin 1945, devenant ainsi l’un de ses 51 membres fondateurs.

5.5 L’omniprésence de la violence
5.5.1 La période de la violencia (1948-1958)

À partir de 1945, l’aile la plus radicale du parti libéral, dirigée par Jorge Eliecer Gaitán, qui s’oppose à la politique d’union nationale du président Alberto Lleras Camargo, devient de plus en plus populaire. Mais le 9 avril 1948, l’assassinat de Gaitán (jamais élucidé), qui est très populaire, déclenche une sanglante révolte contre le gouvernement conservateur à Bogotá et dans les principales villes du pays. La violencia — c’est ainsi que l’on baptise cette insurrection populaire (bogotazo) — est réprimée en trois jours et fait au moins 1 500 morts et 20 000 blessés (l’expression « bogotazo « est passée dans la langue populaire pour désigner une explosion de violence populaire incontrôlée). La campagne électorale de 1949 est particulièrement violente et mouvementée et l’arrivée au pouvoir du conservateur Laureano Gómez Castro en 1950, qui décide de rétablir l’ordre par tous les moyens, relance la guerre civile. Les grands propriétaires terriens lèvent des bandes armées de bandoleros, tandis que les paysans organisent, avec l’appui du Parti communiste colombien, des groupes d’autodéfense. La guérilla est née et ne va plus jamais s’éteindre.

L’agitation a cependant réveillé les aspirations autoritaires des militaires et, le 13 juin 1953, le général Gustavo Rojas Pinilla s’empare du pouvoir, par un coup d’État – l’un des rares de l’histoire de la Colombie qui reste une démocratie stable en dépit de la violence qui la mine. En amnistiant les guérilleros, il permet de rétablir une paix relative. Le nouveau chef de l’État bénéficie, un temps, de l’assentiment de la population et de la classe politique, qui comptent sur un pouvoir fort pour ramener l’ordre dans le pays. Cependant, la dérive dictatoriale provoque rapidement l’opposition des libéraux, comme celle des conservateurs. En 1957, après de nouvelles violences, Rojas Pinilla est renversé par une junte militaire. Celle-ci doit se résoudre à convoquer des élections générales et une trêve est conclue entre les libéraux et les conservateurs, qui décident alors procéder à une alternance systématique aux plus hauts postes de l’État (présidence et cabinets ministériels) pour une durée de seize ans, dans le cadre du pacte du Front national, espérant ainsi enrayer la violence politique. En dix ans, la violencia a fait environ 300 000 morts (sur un pays qui compte alors 15 millions d’habitants).

5.5.2 L’émergence de la guérilla

L’alternance à la tête de l’État fonctionne très bien : le libéral Alberto Lleras Camargo est élu en 1958 ; en 1962, le conservateur Guillermo León Valencia lui succède. Les libéraux reviennent au pouvoir en 1966, avec Carlos Lleras Restrepo, puis le conservateur Michael Pastrana Borrero en 1970. La coalition conserve la majorité dans les deux Chambres, mais parvient rarement à réunir la majorité des deux tiers, nécessaire au vote des lois, et le pays connaît donc plusieurs périodes de quasi-paralysie. Ce climat favorise une guerre civile larvée, qui trouve également ses racines dans le marasme économique.

La violenca est ravivée dans les années 1960 par une guérilla organisée. C’est à cette époque que les principaux mouvements de lutte armée se mettent en place : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia, FARC), créés en 1964, apparaissent comme les héritières des milices paysannes et sont liées au Parti communiste colombien ; l’Armée de libération nationale (Ejercito de liberación nacional, ELN), fondée en 1965, se déclare castriste et rassemble aussi bien des hommes d’Église que des paysans et des universitaires ; l’Armée populaire de libération (Ejercito popular de liberación, EPL), fondée en 1967, est pour sa part d’inspiration maoïste. Face à cette situation, le président conservateur Guillermo León Valencia déclare l’état de siège et, avec l’aide des États-Unis, se lance dans une lutte sans merci contre les groupes armés. Fondé en 1970 pour protester contre la fraude électorale (qui a affecté le scrutin présidentiel du 19 avril 1970), le Mouvement du 19 avril (Movimiento 19 de abril, M-19), un groupe issu de la bourgeoisie urbaine qui recrute parmi les classes moyennes et dans les milieux universitaires, se lance dans une guérilla urbaine, marquée par des actions médiatiques comme l’enlèvement de l’ambassadeur des États-Unis ou la prise de l’ambassade de la République dominicaine.

Lorsque la coalition du Front national prend officiellement fin, en 1974, Alfonso López Michelsen, un libéral, est élu président. Mais la structuration de la vie politique ne change pas pour autant dans les faits, puisque le nouveau président décide d’accorder des postes ministériels aux conservateurs. Son régime est caractérisé par un taux de chômage persistant, des émeutes ouvrières et estudiantines, ainsi que des actions isolées de la guérilla. En 1978, lors d’une élection marquée par un fort taux d’abstention, un autre libéral, Julio Turbay Ayala, est élu président avec une faible majorité ; il nomme également des ministres conservateurs dans son gouvernement.

Cependant, l’armée se montre incapable de réduire les guérilleros. En 1980, ces derniers réussissent à prendre en otage des diplomates étrangers, à l’ambassade de la République dominicaine, pendant soixante et un jours.

L’amnistie de quelque 400 guérilleros par le président conservateur Belisario Betancur, élu en 1982, et son orientation vers un régime de libéralisation (et en particulier la trêve conclue, en mai 1984, entre le gouvernement et les rebelles) ne suffit pas à ramener la paix civile. Les affrontements reprennent en 1985. En novembre, les guérilleros s’emparent du palais de justice de Bogotá, prenant des dizaines de personnes en otage. L’armée intervient, et de très violents combats éclatent : 100 personnes, dont le président de la Cour suprême et dix juges, sont tuées.

5.5.3 La lutte contre les narcotrafiquants

Les libéraux remportent les élections de 1986 et Virgilio Barco Vargas, leur dirigeant, est élu président de la République. En août 1989, en réponse à une vague d’attentats dans laquelle les cartels de Medellín et de Cali sont impliqués, le gouvernement se lance, avec l’aide de Washington, dans une guerre totale contre les trafiquants de drogue et leurs réseaux. Plus de 10 000 personnes sont arrêtées, et les biens des suspects sont confisqués.

C’est dans ce cadre de violence extrême que se déroule l’élection présidentielle de 1990 ; trois candidats sont assassinés, dont Bernardo Jaramillo, le leader de l’Union patriotique, un petit parti de gauche qui a été depuis pratiquement rayé de la carte politique, 1 500 de ses cadres ayant été assassinés en quelques mois. Le libéral César Gaviria Trujillo, élu président en mai, tente alors une politique de réconciliation. En 1990, le M-19 abandonne la lutte armée et, en mars 1991, la guérilla de l’EPL se transforme en un parti politique : Esperanza, Paz y Libertad. Avec la nouvelle Constitution de juillet 1991, César Gaviria Trujillo cherche à renforcer les institutions démocratiques : l’état de siège est levé, et l’amnistie est accordée aux trafiquants de drogue qui acceptent de se rendre. Cependant, le commerce de la cocaïne, ainsi que les actions de la guérilla, continuent à perturber le pays, si bien que l’état d’urgence est rétabli en 1992.

La lutte contre les narcotrafiquants marque un tournant en 1993, lorsque Pablo Escobar, le chef du cartel de Medellín, est tué par les forces de sécurité du gouvernement. Sa mort ne signifie cependant pas la fin du trafic de drogue : le cartel de Cali, puis la guérilla prennent le relais, et le pays reste en proie à une violence endémique, due en grande partie aux difficultés de son économie.

5.6 Le pouvoir politique face à la guérilla
5.6.1 Ernesto Samper et la recrudescence des violences (1994-1998)

En juin 1994, des centaines de personnes sont tuées dans un violent tremblement de terre (6,8 degrés sur l’échelle de Richter) qui provoque des avalanches et des inondations dans le sud-ouest de la Colombie. Le même mois, Ernesto Samper, un libéral, est élu président avec 50,3 p. 100 des suffrages face à Andrés Pastrana. Il hérite d’une situation difficile et tente de mettre en place des mesures de réformes sociales. En 1996, les soupçons sur le financement par des narcotrafiquants de sa campagne électorale déclenchent un scandale politique et entraînent la démission du vice-président Humberto La Calle. La faiblesse du pouvoir politique permet une recrudescence des opérations de la guérilla. Les FARC mènent des attentats spectaculaires en août et septembre 1996, consolidant leurs positions contre le gouvernement. En mars 1997, les relations se tendent à nouveau avec les États-Unis qui refusent à la Colombie de certifier leur bonne conduite en matière de drogue. Le gouvernement américain estime que les plans d’éradication des cultures de coca et de marijuana ne sont pas respectés. De plus, les questions de la violence sociale et de la guérilla se posent toujours. Le taux d’homicide est de 89,5 pour 100 000 habitants en 1996, ce qui fait de la Colombie le pays le plus violent du monde. Les groupes de guérilla multiplient les assassinats et les enlèvements avec rançon. En mars 1998, tout un commando d’élite de l’armée est exécuté par les FARC.

Après des tentatives infructueuses de dialogue entre les deux camps, de nombreux affrontements meurtriers opposent, quelques jours avant les législatives du 8 mars 1998, la guérilla et l’armée colombienne, notamment dans la région de Caquetá. Plus de 400 guérilleros des FARC défendent effectivement cette région qui se trouve au cœur des trafics d’armes et de cocaïne du pays. Ils prennent au début du mois de mars quelque 120 soldats en otage et en assassinent un grand nombre.

5.6.2 Andrés Pastrana et les pourparlers de paix avortés (1998-2002)

Le 8 mars 1998, le Parti libéral remporte les élections générales qui sont marquées par un fort taux d’abstention (près de 60 p. 100) et par de violents incidents dirigés par la guérilla (17 morts). En juin 1998, le candidat du Parti conservateur, Andrés Pastrana, est élu président de la République, sur la promesse de mettre un terme définitif à la guerre civile et de redresser la situation économique.

Le nouveau président de la République rencontre et engage des discussions avec les représentants de la guérilla et il annonce en août la démilitarisation d’une zone de 42 000 km2 située au sud du pays (dans les départements du Meta et du Caquetà), condition préalable à toute négociation en faveur de la paix, imposée par les différents organes de la guérilla. Il reconnaît également en octobre le statut politique des FARC. Les pourparlers de paix, officiellement inaugurés le 7 janvier 1999, dans la « zone de détente «, puis suspendus par la guérilla exigeant le démantèlement des groupes paramilitaires, reprennent en avril. Un « Agenda unique «, élaboré par les deux parties, contient les thèmes des négociations : libération des prisonniers, réforme agraire, redistribution équitable des richesses nationales, lutte contre la drogue, droits de l’homme, réforme des forces armées, etc. Après le fort ralentissement de l’économie colombienne en 1998, aggravé par un tremblement de terre qui touche le centre du pays, 1999 est une année de récession économique, qui ne se poursuit pas en 2000.

Les négociations de paix entre le gouvernement et les FARC connaissent une alternance continue d’interruptions et de reprises due à la guérilla qui reproche au gouvernement de ne pas lutter de façon efficace contre les milices paramilitaires d’extrême droite, regroupées depuis 1997 au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). La signature du traité de Los Pozos en février 2001 entre le président Pastrana et le chef historique des FARC, Manuel Marulanda Velez, dit « Tirofijo «, n’y change rien. Dans le même temps, l’autre grande organisation de guérilla, l’ELN, engage également des pourparlers de paix, sous l’égide d’une délégation de « pays amis «, composée de diplomates de dix pays, dont la France. Mais, là encore, suspensions et reprises se succèdent sans véritables avancées et l’ELN suspend les négociations en août 2001. Face à cette situation, Andrés Pastrana présente aux États-Unis une demande d’aide militaire pour lutter contre le trafic de drogue (qui sert notamment à financer les guérillas et les paramilitaires). Les Américains lui accordent 1,6 milliard de dollars en janvier 2000 mais ce « plan Colombie « suscite de vives protestations (crainte de voir les Américains intervenir plus avant sur le terrain ; priorité accordée à la solution militaire), en particulier en Europe où l’on préfère subventionner le processus de paix.

5.6.3 Álvaro Uribe et une volonté affichée de fermeté (2002- )

L’élection présidentielle de mai 2002 se déroule dans un contexte marqué par la rupture du processus de paix le 20 février précédent. Au mois de mars, Andrés Pastrana a constaté l’échec des pourparlers de paix avec la guérilla et autorisé l’armée à reprendre le contrôle de la zone démilitarisée. Dans le même temps, les FARC, l’ELN et les groupes paramilitaires ont été désignés par les États-Unis comme des groupes terroristes dans la liste qu’ils ont dressée à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Les électeurs colombiens, lassés par la violence continue, sont particulièrement sensibles au discours ferme du candidat libéral indépendant Álvaro Uribe, qui entend restaurer l’autorité de l’État et dont le slogan proclame « De la poigne et du cœur «. Il est élu dès le premier tour du scrutin présidentiel avec 53 p. 100 des voix.

Mais l’investiture du nouveau président au mois d’août se fait sur fond d’attentats contre le palais présidentiel à Bogota (21 morts), la guérilla entendant marquer d’emblée sa volonté de ne pas céder. L’état de commotion intérieure est aussitôt déclaré par Álvaro Uribe qui souhaite toutefois relancer le dialogue de paix avec l’aide de l’ONU, proposition rejetée par la guérilla. Sur le plan économique, le nouveau gouvernement met en place une politique d’austérité budgétaire, qui suscite d’importantes manifestations, notamment de fonctionnaires.

La fermeté affichée du nouveau président lui assure une popularité qui ne se dément pas, même si le référendum sur pas moins de quinze questions qu’il organise en octobre 2003 est un échec. Dans les faits, la situation du pays s’améliore lentement — en 2004, le taux d’homicides est ainsi en baisse de 42 p. 100, le chômage est en légère régression et le taux de croissance du PIB s’élève à 4 p. 100 — tandis que se met en place la démobilisation de 20 000 paramilitaires des Milices d’autodéfense unies de Colombie (AUC). Les élections législatives de mars 2006 permettent au président de conforter sa majorité, avant d’être réélu dès le premier tour de scrutin au mois de mai 2006 avec 62 p. 100 des suffrages – il devient le premier président colombien à se succéder à lui-même. Alors que sa politique sécuritaire est plébiscitée par les électeurs, Álvaro Uribe entend poursuivre la pacification du pays. Mais il doit compter avec les menaces des paramilitaires qui annoncent notamment en décembre 2006 qu’ils mettent fin aux négociations de paix engagées en juillet 2003.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
colombie

« espérance, crainte, amour, haine), passions supérieures et morales (générosité).Optimiste et humain, Descartes est opposé à toute solution extrême dans le traitement des passions et se refuse àl'ataraxie aussi bien qu'à la recherche de la volupté.

A.

la différence des stoïciens qu'il juge «mélancoliques » et trop« détachés du corps », il ne condamne pas la sensibilité, ni le plaisir en général.

Jamais le devoir ne sera tropattrayant.

Les passions ne sont pas mauvaises en soi, mais plutôt indifférentes et susceptibles d'être utilisées pourle bien comme pour le mal.

Et même, « lorsqu'on les a apprivoisées, elles sont quelquefois d'autant plus utilesqu'elles penchent plus vers l'excès ».

Leur finalité est certaine, car elles sont souvent des réactions instinctives auxcirconstances extérieures, mais elle est imparfaite : elles peuvent tromper, car elles nous portent à agir sansréflexion ou nous exagèrent les biens et les maux, en renforçant les impressions de l'âme.

Cependant la volonté qui,par opposition à la raison, est « infinie », en ce sens qu'elle est absolument libre d'adhérer ou non à toute idée ou àtoute liaison d'idées, a sur elles un pouvoir réel et même illimité, elle peut les contrôler suivant les lumières de laraison, soit directement en n'adhérant qu'aux idées vraies et en s'imprégnant de vérité et d'ordre par la méditation,soit par un dressage du corps, en prévenant par l'hygiène et la culture physique ou en guérissant par la médecineles troubles organiques.

De même le développement des bonnes habitudes incorpore à l'organisme des décisionslointaines et prolonge leur efficacité.

La morale de Descartes est bien une .morale de physicien : cette ascèse apour but de provoquer des mouvements différents dans la machine, afin d'arriver au gouvernement rationnel de soi-même et finalement à la joie.

Mais elle tient compte aussi des forces spirituelles, car il importe avant tout de fortifierla volonté, d' « élever » le libre arbitre.

— La passion la plus raisonnable est, avec la générosité, fondée sur l'estimeprogressive et conquise de sa valeur d'homme libre, et qui est la force dans le choix du meilleur, — l'amour de Dieu,qui nous unit à sa volonté et nous fait collaborer à son plan en continuant la création.En somme la morale cartésienne commande la réalisation volontaire de l'ordre, que nous fait connaître la méditationpréalable de notre place dans l'univers des corps et des esprits, et que nous permet d'exécuter la science despassions, prolongement de la physique, où se manifeste l'union du corps et de l'âme et leur action réciproque.Morale rationnelle et sagesse humaine, elle s'efforce pourtant d'atteindre par la générosité à un dépassement del'ordre pur et des « devoirs », et nous procure ainsi le développement harmonieux d'une personnalité forte, la joie decréer sur terre plus de bonheur par la science et d'aimer notre Créateur.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles