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Comment n'en conviendrais-je pas ?

Publié le 22/10/2012

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Comment n'en conviendrais-je pas ? — S. Il en va de même du Bien : si quelqu'un n'est pas capable de définir rationnellement l'Idée du Bien en la distinguant de toutes les autres, si, tout à fait comme à la guerre, affrontant tour à tour tous les arguments et s'appliquant à fonder ses preuves non sur ce qui paraît, mais sur ce qui est, il ne parvient pas à chaque fois à se frayer son chemin grâce à la raison infaillible, de quelqu'un qui se comporte ainsi, tu ne diras pas qu'il connaît ni le Bien en soi, ni aucun autre bien ; bien plutôt tu diras que s'il en saisit quelque simulacre, c'est par l'opinion et non par la science, et que, passant sa présente vie à dormir et à rêver, avant de s'éveiller ici-bas, son départ pour l'Hadès l'a définitivement endormi. République VII, 532e-534d 6. L'INCOMPATIBILITÉ DES FORMES CONTRAIRES LE RÉCIT DE PHÉDON [SOCRATE-CÉBÉS] Dès que l'accord fut fait, d'une part sur le fait que chacune des Formes existe, d'autre part sur le fait que c'est en participant à ces Formes que tout ce qui n'est pas elles en prend le nom, Socrate demanda : s'il en est bien ainsi, lorsque tu affirmes que Simmias est plus grand que Socrate et plus petit que Phédon, ne dis-tu pas qu'il y a en ce cas en Simmias à la fois grandeur et petitesse ? — C. Si. — S. Dès lors tu reconnais que la formule : Simmias dépasse Socrate, ne correspond pas à la réalité, car assurément ce n'est pas à la nature de Simmias qu'il appartient de dépasser Socrate : ce n'est pas du fait qu'il est Simmias mais du fait qu'il se trouve avoir une certaine grandeur qu'il le dépasse ; et ce n'est pas non plus parce que Socrate est Socrate, mais parce que celui-ci possède de la petitesse à côté de la grandeur de Simmias. — C. C'est vrai. — S. À son tour, s'il est dépassé par Phédon, ce n'est pas parce que Phédon est Phédon, mais parce que Phédon possède de la grandeur à côté de la petitesse de Simmias. — C. C'est cela. — S. Voici donc comment Simmias a la dénomination « être grand et être petit «, lui qui est au milieu entre les deux : en soumettant sa petitesse à la grandeur de l'un pour qu'elle la dépasse, et présentant sa propre grandeur à l'autre pour qu'elle en dépasse la petitesse. [...] Pour moi une chose est claire : ce n'est pas seulement la Grandeur elle-même qui ne consent jamais à être grande et petite à la fois, mais c'est aussi la grandeur en nous qui ne reçoit jamais la petitesse et n'admet jamais d'être dépassée ; mais c'est de deux choses l'une : ou bien elle bat en retraite et cède le terrain quand la petitesse, son contraire, l'attaque, ou bien cette offensive l'extermine ; ce à quoi elle ne peut consentir, c'est de tolérer et d'admettre la petitesse et d'être ainsi autre que ce qu'elle est. Ainsi moi, j'ai reçu et accepté la petitesse et je suis petit sans cesser d'être ce que je suis, alors que la Forme qui est grande ne supporte pas d'être petite. De la même façon, la petitesse, celle qui est en nous, ne supporte jamais de devenir et d'être grande, et aucun autre des contraires, tant qu'il est encore ce qu'il était, ne peut en même temps devenir et être son propre contraire ; s'il en subit l'assaut, ou bien il cède la place, ou bien il est anéanti. — Pour moi, c'est parfaitement clair, dit Cébès. Mais l'un de ceux qui étaient là, je ne me souviens pas bien lequel, déclara : Pardieu, n'étions-nous pas convenus du contraire de ce que nous venons de dire ? nous convenions que c'est du plus petit que provient le plus grand et du plus grand le plus petit, et que précisément la génération elle-même consistait pour les contraires à provenir des contraires. Or, il me semble que l'on vient de dire que cela n'arrive jamais. — Et Socrate se tournant vers lui : Bravo, de nous l'avoir rappelé ; cependant tu n'as pas réfléchi à la différence qui sépare ce que nous venons de dire et ce que nous disions auparavant. Car à ce moment-là, nous disions : de la chose contraire naît la chose contraire ; nous disons maintenant que le contraire lui-même ne saurait jamais devenir son propre contraire, que ce soit le contraire en nous ou le contraire en la réalité de sa nature. Car auparavant, mon cher, nous parlions des choses qui ont les contraires, en les appelant du nom de ces contraires, tandis que maintenant nous parlons des contraires eux-mêmes, d'où tirent leurs noms les choses qui les ont en elles ; et c'est de ces contraires que nous disons qu'ils ne consentiraient jamais à recevoir leur génération les uns des autres. Phédon, 102a-103c 7. LES ATTRIBUTS ESSENTIELS, RELATIONS ENTRE LES FORMES [SOCRATE-CÉBÈS] — S. Sommes-nous convenus sans réserve que jamais le contraire ne sera son propre contraire ? — C. Absolument. — S. Veux-tu encore examiner si tu conviendras de ce qui suit : il y a quelque chose que tu nommes : « chaud « et « froid « ? — C. Oui. — S. Est-ce ce que tu nommes : « feu « et « neige « ? — C. Pardieu, non. — S. Ainsi le chaud est autre chose que le feu, et le froid autre chose que la neige ? — C. Oui. — S. Je pense que tu entends par là que jamais la neige réelle ne sera plus, après avoir accueilli le chaud, exactement ce qu'elle était : neige et chaud, mais qu'à l'approche du chaud, ou bien elle lui cédera la place ou bien elle cessera d'être. — C. Exactement. — S. À son tour le feu quand le froid l'approche, ou il se dérobe ou il cesse d'être sans se résoudre, après avoir reçu la froidure, à être encore ce qu'il était : feu et froid. — C. C'est vrai. — S. Il est donc possible en

« LA CONCEPTION DU SAVOIR 237 mais parce que celui-ci possède de la petitesse à côté de la grandeur de Simmias.- C.

C'est vrai.

-S.

À son tour, s'il est dépassé par Phédon, ce n'est pas parce que Phédon est Phédon, mais parce que Phédon possède de la grandeur à côté de la petitesse de Sim­ mias.

- C.

C'est cela.

- S.

Voici donc comment Simmias a la dénomination , lui qui est au milieu entre les deux : en soumettant sa petitesse à la grandeur de l'un pour qu'elle la dépasse, et présentant sa propre grandeur à l'autre pour qu'elle en dépasse la petitesse.

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] Pour moi une chose est claire : ce n'est pas seulement la Grandeur elle-même qui ne consent jamais à être grande et petite à la fois, mais c'est aussi la grandeur en nous qui ne reçoit jamais la petitesse et n'admet jamais d'être dépassée; mais c'est de deux choses l'une : ou bien elle bat en retraite et cède le terrain quand la petitesse, son contraire, l'attaque, ou bien cette offensive l'exter­ mine; ce à quoi elle ne peut consentir, c'est de tolérer et d'admettre la petitesse et d'être ainsi autre que ce qu'elle est.

Ainsi moi, j'ai reçu et accepté la petitesse et je suis petit sans cesser d'être ce que je suis, alors que la Forme qui est grande ne supporte pas d'être petite.

De la même façon, la petitesse, celle qui est en nous, ne supporte jamais de devenir et d'être grande, et aucun autre des contraires, tant qu'il est encore ce qu'il était, ne peut en même temps devenir et être son propre contraire; s'il en subit l'assaut, ou bien il cède la place, ou bien il est anéanti.

- Pour moi, c'est parfaitement clair, dit Cébès.

Mais l'un de ceux qui étaient là, je ne me souviens pas bien lequel, déclara : Pardieu, n'étions-nous pas convenus du contraire de ce que nous venons de dire ? nous convenions que c'est du plus petit que provient le plus grand et du plus grand le plus petit, et que précisément la généra­ tion elle-même consistait pour les contraires à pro­ venir des contraires.

Or, il me semble que l'on vient de dire que cela n'arrive jamais.- Et Socrate se tour­ nant vers lui : Bravo, de nous l'avoir rappelé ; cepen­ dant tu n'as pas réfléchi à la différence qui sépare ce. »

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