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Commentaire A1 Sc3 Les Mouches

Publié le 06/09/2012

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mouches

Jean-Paul Sartre écrit Les Mouches en 1943, durant la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’une réécriture du mythe antique d’Electre, Egisthe est devenu le roi d’Argos après avoir assassiné Agamemnon, et épousé sa femme, Clytemnestre. Dans cette réécriture, depuis l’assassinat d’Agamemnon, le peuple vit dans le repentir et le culte de Jupiter, dieu des mouches. Cette troisième scène du premier acte est la première dans laquelle Electre apparait. C’est elle qui parle, pensant être seule sur scène, à la statue de Jupiter à Argos. Cette tirade nous amène à nous poser la question suivante : Quelle est la place de l’homme, face aux dieux ? Nous verrons dans un premier temps la relation entre Jupiter et les Argiens, avant d’étudier l’athéisme d’Electre. Enfin, nous observerons une critique de la religion.

 

 

Jupiter occupe une place très importante dans la ville d’Argos. La didascalie du début de la scène nous informe qu’il y a une statue à l’effigie de Jupiter dans Argos. Il y a fait instaurer son culte, dans lequel il se plairait, selon Electre, qui utilise les termes « content », « aime » en qualifiant la réaction de Jupiter face aux offrandes qu’il se voit attribué.

L’emploi du superlatif « plus » avant le terme « précieux » montre que les offrandes étaient des meilleurs produits que les Argiennes possédaient, puisque « précieux » démontre déjà une grande importance.

Electre fait allusion à la statue de dieu des morts qu’a Jupiter, qui semble aimer ce qu’il y a de vieux, voire presque mort, à Argos : « vieilles toupies », « ressemblent à des mortes ». En utilisant encore une fois le superlatif, « plus », elle insiste sur la vieillesse de ce que Jupiter apprécie.

Jupiter aime ses vieilles personnes d’Argos qui lui sont toujours fidèles depuis l’assassinat d’Agamemnon. Cet amour est visiblement réciproque.

 

Electre insulte Jupiter : « ordure », est sa première parole. Cela met d’emblée le lecteur dans le cœur du problème. Electre est venue pour faire sortir sa haine envers Jupiter. Elle le compare  au « croque-mitaine », comparaison dénonciatrice car le croque-mitaine, monstre légendaire, qui selon les dires s’attaquerait aux enfants égarés, hante bien des enfances. La comparaison d’Electre n’est pas anodine : c’est Jupiter qui a hanté son enfance, et non le croque-mitaine.

« Je ne suis pas bien forte et je ne peux pas te flanquer par terre », prend un double sens, une statue est lourde, mais elle a aussi conscience de l’influence de Jupiter sur les Argiens, et ne peut, à elle seule, renverser Jupiter, qui serait soutenu par le reste du peuple.

 « Du bois blanc ! Du bon bois blanc : ça brûle bien. » On a ici une allitération en « b », consonne occlusive, qui démontre la brutalité et la violence d’Electre.  Elle met cette phrase en parallèle avec une autre un peu plus haut dans sa tirade, « L’horreur et le sang sur le visage et le vert sombre des yeux, ça n’est qu’un vernis, pas vrai ? ». Bien que Jupiter ait un aspect effrayant et menaçant, comme le montre l’emploi des mots « horreur », « sang », « vert » qui signifie l’amertume et les pensées négatives envers autrui,  il dissimule, à l’intérieur, une coquille vulnérable, comme le montre le mot « vernis » qui n’est qu’une couche superficielle ainsi que l’emploi du terme « blanc », qui signifie l’innocence, la perfection, le divin (couleur des robes papales), ou encore, dans son sens occidentale, l’unité, l’équilibre parfait.

Son ton est exaspéré, comme le montre les divers points d’exclamations présents dans sa tirade.

Le tutoiement de Jupiter par Electre tout au long de sa tirade, montre qu’elle ne respecte pas Jupiter, elle lui parle comme s’il était du même niveau qu’elle. Ce manque de respect suggère qu’elle ne croit pas en lui comme un être supérieur. Ceci prouve l’athéisme du personnage.

 

Il y a un champ lexical, offrandes, prières, saintes femmes, dieu, qui rapporte à la religion, et qui est présent tout au long de la tirade. Il montre que le principal problème d’Electre, c’est la religion.  C’est le culte octroyé à Jupiter qui l’a dérangée. C’est la trop grande importance de Jupiter dans la vie d’Argos. « Dis, elles sont venues, ce matin, les saintes femmes, les vieilles toupies en robe noire. » Cette phrase semble avoir une connotation ironique, qui exaspère Electre.

Electre attend la venue d’Oreste, en qui elle voit un sauveur « celui que j’attends, avec sa grande épée ». Selon elle, Oreste peut se débarrasser de Jupiter, «  […] et il te fendra de haut en bas, comme ça ! », et libérer la ville du poids religieux qui pèse sur elle. Une fois Oreste venu, et son acte accompli, les habitants se rendront compte que Jupiter n’est pas celui qu’ils pensaient : « tout le monde verra qu’il est en bois blanc ». Oreste doit selon Electre être le libérateur de la ville. Elle finit de s’adresser à Jupiter par « ça brûle bien », autrement dit, ce serait fini.

L’interjection finale d’Electre montre que sa haine redescend une fois le symbole religieux parti : Elle fait face à Oreste, qui n’a pas de rapport apparent à la religion. Cela montre que sa colère est tournée vers le dieu des autres, car elle est athéiste. Elle lui reproche l’importance qu’il a alors qu’il n’est pas grand-chose, selon elle : Elle le compare à du bois, quelque chose qui disparait facilement, sans trop d’efforts.

 

Pour conclure, après avoir vu que Jupiter était supérieur aux Argiens par le culte qu’il a instauré, son omniprésence ainsi que l’image qu’il a donnée, qu’Electre, athéiste, en voulait au dieu, et que derrière se cachait une critique de la religion, qui met en avant dieu avant l’homme, on peut dire que l’homme ne joue qu’un rôle secondaire dans sa vie. Il n’est pas libre de disposer de lui-même car il se doit de commémorer son dieu, qui prend alors plus d’importance que sa personne. La religion met en avant le ou les dieux au profit des hommes, qui ne tient qu’une place secondaire dans sa vie.  Cette critique de la religion n’est que le reflet de la philosophie de Sartre, l’existentialisme est un humanisme, selon laquelle les dieux n’existent pas.

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