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Commentaire compare claudel l'echange

Publié le 30/06/2016

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claudel
Français : Commentaire comparé A une époque où les auteurs soulèvent diverses questions universelles, les textes de Claudel sont mis en avant afin de traduire certaines pensées et réflexions de son époque. Ainsi, l'Echange, texte théâtrale écrit par Paul Claudel a la particularité de présenter deux versions différentes (1893 et 1901), l'une étant la réécriture de l'autre. Ces 2 extraits relatent une conversation entre Marthe Liane, jeune femme d'origine paysanne et Lechy Elbernon, artiste « vamp », cette dernière expliquant avec fierté ce que représente le métier de comédienne qu'elle exerce, à Marthe qui n'est jamais allée de sa vie au théâtre. Ainsi, ces 2 extraits se rapprochent et divergent sur certains points, nous allons alors nous demander qu'est-ce que le théâtre nous apprend sur le théâtre et sur l'humain dans ce texte. Nous commencerons par étudier la vision du théâtre puis nous enchainerons par l'aspect du théâtre dans ces textes et terminerons avec la question sur l'Homme. I. La visée du théâtre Le théâtre, une échappatoire pour l'Homme On retrouve dans les deux versions une fonction ludique qui caractérise le théâtre selon Lechy Elbernon. En premier lieu, l'homme va au théâtre pour se divertir, car il « s'ennuie » (l.19). En s'y rendant, il espère aussi pouvoir s'évader, penser à autre chose. En effet, chaque spectateur vient oublier sa réalité quotidienne comme «la mère adultère dont l'enfant vient de tomber malade», (l.?25) ou « celui qui n'a rien fait de tout le jour » (l.?27). L'image du sommeil?avec les expressions «comme les rêves lorsque l'on dort» (l.?12)?; «comme s'ils dormaient», (l.?32) indique que le temps est comme suspendu et que le moment présent constitue un rêve. Aussi, le théâtre a le pouvoir de provoquer toute sorte d'émotions : le spectateur «pleure», «gémit»?et «rit», comme une sorte de catharsis, le public se purge de ses mœurs. La fonction didactique du théâtre : miroir de l'existence Au-delà de l'émotion, le théâtre agit comme un miroir qui nous révèle notre propre existence «il se regarde lui-même» (l.?22). Les 2 textes nous affirment que le théâtre a donc une fonction presque philosophique et existentielle. Ce sujet est abordé de différentes manières dans les 2 versions. En effet, dans la version de 1893, le théâtre donne une image de la condition humaine grâce à une «vérité» qui se trouve sous les yeux du spectateur : «Et il arrive quelque chose sur scène comme si c'était vrai» (l.?11). Le spectateur trouve des réponses à certaines de ces questions grâce à une illusion de vérité. Dans le second texte, le théâtre remédie à l'ignorance de l'être humain?en donnant à voir une vie dans sa globalité, il lui offre un sens en permettant de «savoir comment cela commence et comment cela finit» (l.?22). Ainsi, le spectateur distingue enfin la fin d'une vie fictive et peut tirer des leçons de ce qu'il a vu lors de la pièce. En touchant son âme, le spectateur apprend de ce qu'il a vu. Entre illusion et la réalité Dans les 2 textes, Léchy insiste sur la séparation nécessaire entre les acteurs et les spectateurs « Il y a la scène et la salle » (l.4). Ce n'est seulement à la fin que ces deux mondes, réels et imaginaires doivent se rejoindre. On peut ainsi voir que la scène et les acteurs constituent un monde imaginaire et les spectateurs se situent dans une réalité. Ces derniers attendant de voir l'illusion cherche à s'échapper de leur monde et découvrir la vérité par un autre moyen. A la ligne 11, Léchy nous dit que dés que le rideau est levé, « il arrive quelque chose sur scène comme si c'était vrai », le théâtre ne serait alors qu'une illusion se rapprochant d'une réalité et les spectateurs feraient parti d'une vérité, ces derniers s'instruisant grâce à la fiction. On retrouve aussi un effet de distanciation entre le personnage et l'acteur « Le personnage lui sort par tous les pores ! / N'ayez pas peur ! elle joue » (l.45-46) qui montre une frontière entre l'illusion théâtrale et la réalité. II. L'intériorité théâtrale Le personnage de Léchy Lechy Elbernon est tout d'abord un personnage qui se distingue des autres dans les 2 textes. Cette artiste décrite comme « vamp » possède de nombreuses répliques dont des tirades ce qui fait qu'elle détient ainsi une grande partie de l'action, elle semble être un élément important et irremplaçable. Elle possède également une large connaissance du théâtre contrairement à Marthe ce qui la place sur un piédestal. En effet, Lechy ne parle qu'en phrases affirmatives et utilise le champ lexical de la connaissance « je connais » (l.1), « savez » (l.1). Elle se met en avant, par un emploi récurrent du pronom personnel « je » et « moi » (l.1). Ainsi, Léchy semble être imbue d'elle-même et prétentieuse : « je connais le monde... » (l.1), « C'est moi, c'est moi, qui arrive ! / ça vaut la peine d'arriver ! » (l.43-44) Son haute estime d'elle-même se distingue par l'usage des expressions « monde » (l.1) et « partout » qui la rende presque à un statut omniscient. Le rôle de l'acteur Grace à Léchy qui constitue le porte-parole de Paul Claudel, nous apprenons la vision que possède l'auteur sur les acteurs. Dans les 2 textes cette vision est semblable mais nous notons tout de même quelques différences. D'une part, en 1901, le rôle de l'actrice est d'expliquer ce que c'est à quelqu'un qu'il ignore. En effet, le spectateur est décrit comme ignorant : « l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance » (l.19), il va donc au théâtre pour s'instruire. Le rôle de l'actrice ressemble à celui d'un professeur : elle leur apprend la vie et joue un rôle afin de leur faire voire la vérité : « Est-ce qu'elle n'a pas dix enveloppes, comme les oignons » (l. 33.) Les lexiques de la vue « l'œil », « ils regardent », « voir » et de l'entente « ils écoutent », « l'oreille », « entendre »; montrent en effet qu'elle insiste sur ces deux sens. Ces deux critères sont les éléments fondamentaux qui représentent le rôle de l'actrice, car c'est c'est ce qui permet au spectateur d'apprendre ce qu'il ignore. De son côté, l'actrice a la capacité d'hypnotiser son public en faisant don d'elle-même à son public : «je suis toute à tous» (l.?45), elle exerce sur lui un pouvoir qui provoque son identification avec les personnages qu'elle incarne. D'autre part, la version de 1893, met en avant la même vision mais on retrouve aussi un acteur qui prend corps avec le personnage, à tel point que celui-ci ne fait plus qu'un et qui exerce encore une fois son pouvoir sur le spectateur, à l'image d'un dieu : « Et moi, je suis celle-là qui leur arrive à grands coups, coup sur coup, pour leur arracher le cœur, avec art, avec furie, terrible, toute nue ! » (l.43). On retrouve aussi la dimension d'un acteur dont tous les regards se tournent vers lui « C'est moi, c'est moi, qui arrive ! / ça vaut la peine d'arriver ! » (l.43-44), il se sent estimer, important et indispensable. Sa vision de lui-même est méliorative, l'acteur s'estime. Le regard sur le public Ces 2 œuvres semblent accorder une certaine place au public en le citant dans le texte, seulement la vision de ce dernier diffère selon les versions. En effet, dans la version de 1893, le public est présenté comme une masse de personne anonyme, déshumanisé : Les spectateurs, «assis par rangées les uns derrière les autres» (l.?5), sont présentés comme un groupe compact, comme en témoignent la récurrence des pronoms personnels «ils», soulignant l'effet d'anonymat. La description étant peu présente, le public ne semble pas être un élément important. Tandis, que dans la version plus récente, nous retrouvons les mêmes aspects mais Lechy Elbernon souligne tout de même une dimension plus physique du public par la métaphore «de la chair vivante et habillée» (l.?16) et par la métonymie de «l'œil» et de «l'oreille» qui le désignent (l.?30). Les champs lexicaux de l'ouïe et de la vue définissent le spectateur comme un être vivant et présent?: il «entend», il «voit»?; ils «écoutent», «regardent». On retrouve ainsi, bien qu'elle soit dévalorisante, une description plus complète du public avec le verbe «garnissent» (l.?19) qui suggère la multitude et la comparaison «comme des mouches» qui apporte un aspect péjoratif au public et souligne sa présence. De plus, Lechy Elbernon désigne le spectateur dans une attitude assez étrange, qui «se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux» (l.?22). Le public est enfin un être dont les émotions sont guidées par la pièce : il «pleure et rit» (l.23) selon l'action. III. La question sur l'Homme L'opposition au sein d'une société L'auteur aborde le thème de la condition humaine. Dans la première version, l'opposition entre les 2 personnages et plus ou moins flagrante. En effet, Marthe donne l'image d'une paysanne ne connaissant pas grand chose du théâtre et semblant peu cultivée, tandis que Léchy se montre entant que femme cultivée, expliquant et répondant aux questions de Marthe, elle semble diriger la conversation. Ces deux couples viennent de monde différents et Claudel nous le fait ressentir dans les deux versions qui se rapprochent sur ce point. Aussi, ces extraits mettent en avant la position des travailleurs de son époque qui immigre vers un eldorado à la recherche de travail, comme l'on fait le couple Laine. On note alors la présence d'une société contrastée. Une humanité perdue Léchy donne une image assez pitoyable d'une humanité qui souffre et qui «s'ennuie» devant la vie. Cette humanité est victime d'ignorance «ne sachant de rien comment cela commence et finit» (l.?22) et souffre de soucis quotidiens?: mal social et financier «qui sait que demain on vérifiera les livres», l.?26, mal sentimental «dont l'enfant vient de tomber malade» (l.?28). L'humanité est considérée comme victime de la fatalité «depuis sa naissance» (l.?21.). Elle ne peut échapper à son destin d'ignorant et se réfugie dans l'illusion théâtrale afin de pouvoir comprendre certains aspects de la vie. En conclusion, ces deux extraits abordent différents aspects, tel que le théâtre, les conditions de son époque, les rêves et la recherche d'une vérité. Ces sujets sont mis en scène par la présence de deux femmes à l'occasion d'une discussion entre ces deux figures d'une société contrastée et notamment par le biais de Lechy, porte-parole de Paul Claudel. Cette dernière va ainsi expliquer les buts d'un théâtre en affirmant que le divertissement lutte contre l'ennui et qu'il permet de retrouver un sens à sa vie. Le théâtre a donc une fonction didactique aussi bien que ludique. Le théâtre est illusion aussi bien que miroir de l'existence. Claudel va aussi parler des acteurs et de leur rôle ainsi que de l'orgueil de certains et va jeter un regard sur le public, sujet peut aborder au théâtre. La réécriture du premier texte a mis en avant certains thème remis au gout du jour par l'auteur et a permis de montrer que les fins d'un théâtre n'est pas seulement le beau mais aussi l'utile.

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