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Publié le 31/10/2014

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Corpus BAC Jean de La Bruye?re, Les Caracte?res (1688), Voltaire, Microme?gas (1752), Jacques Sternberg, 188 Contes a? re?gler (1988) AIDE POUR LE COMMENTAIRE : Problématique : Comment le moraliste compose-t-il/offre-t-il ici une image saisissante de la nature humaine ? Axes du commentaire : Il convient d'e?tudier d'abord l'ide?e selon laquelle l'homme n'est pas un animal raisonnable, ide?e tourne?e en de?rision par La Bruye?re. Puis nous verrons comment l'attitude belliqueuse ( =agressive, guerrière) des hommes est de?nonce?e. Enfin, ce texte est un appel a? une prise de conscience. AIDE POUR LA DISSERTATION : I. Diffe?rentes modalite?s pour de?noncer la socie?te? a? travers l'Autre ( = présentation) (Fictions/ fables/ contes/ etc.) + avec des EXEMPLES PRECIS D'OEUVRES du corpus et du cours ! II. Le de?tour par l'Autre est un bon moyen pour de?noncer les travers de sa socie?te? (=points positifs) (un de?tour commode pour permettre au lecteur de prendre de la distance avec sa propre socie?te?/ Un regard neuf, le lecteur aborde les grands sujets sous un angle d'approche ine?dit/ Par le biais de la fiction de l'Autre, l'argumentation devient plus efficace, car elle sollicite l'imagination, la re?flexion, l'émotion du lecteur ?) III. Les dangers de la fiction de l'Autre (=les limites) 1. La fiction a un pouvoir de se?duction : le lecteur est captive? par les aventures de l'Autre et peut oublier la dimension argumentative du texte. Ex. : dans les contes philosophiques ? 2. Le message, en e?tant brouille? par une image, n'est pas toujours clair... Ex. : dans Les Fables de La Fontaine ? AIDE POUR L'ECRITURE D'INVENTION : conge?ne?res : qui sont de la même espèce, semblables. exhorter : encourager, inciter par des paroles. o Le genre du discours doit e?tre adopte?. Il suppose la pre?sence de destinataires clairement identifie?s, l'emploi de tournures convaincantes, et une organisation qui peut suivre le sche?ma des discours antiques : exorde (ou de?but ex abrupto), expose? des arguments (contentio), e?ventuellement narration (le discours peut e?tre lie? a? un e?ve?nement particulier), pe?roraison (re?sume? et appel a? de forts sentiments). o Le discours doit e?tre place? dans un contexte qui doit e?tre transparent a? la lecture de l'e?crit d'invention : qui est ce penseur adre?le (un homme politique, un simple citoyen, ...?), pourquoi s'adresse-t-il a? ses concitoyens (a? la suite d'un e?pisode particulie?rement sanglant ? parce qu'un peuple plus pacifique a e?te? rencontre??), dans quelles conditions se produit ce discours (a? la radio? dans une assemble?e?) constituent des questions importantes qui ont une influence sur la composition du discours. o Si l'appel a? la raison est un argument fondamental et ne?cessaire (comment vivre si l'on pousse son jumeau adre?le a? tuer ?), l'e?crit d'invention doit trouver d'autres mobiles. On peut envisager une comparaison entre le peuple adre?le et un autre peuple pacifique ; la question du bonheur peut e?tre souleve?e ou encore celle de l'utilite?: ne vaudrait-il pas mieux envisager ces forces a? construire pluto?t qu'a? de?truire ? La question de la le?gitimite? morale peut aussi e?tre souleve?e. o Le locuteur peut donner diffe?rentes images de lui- me?me afin d'accre?diter son discours : il peut se montrer suppliant, inquiet, attriste?. o Il doit agir sur les sentiments des auditeurs, en suscitant chez eux diffe?rents sentiments (pathos) : l'indignation, la pitie?, l'effroi, la honte. LA QUESTION SUR LE CORPUS 1. Par quels proce?de?s la guerre est-elle de?nonce?e dans ces textes ? Dans ces trois textes, les auteurs ont recours a? une fiction pour de?noncer la guerre : dans « Les Jumeaux », Sternberg met en sce?ne des extraterrestres, les Adre?les, dont les parties jumelles se de?chirent ; Voltaire donne la parole a? des philosophes minuscules, interroge?s par un ge?ant venu de Sirius; La Bruye?re imagine une horde de chats qui s'entretuent (l. 15-20). Par le biais d'une image, ils montrent l'absurdite? des conflits: les hommes sont compare?s a? des animaux dansle textede LaBruye?re,des« animaux raisonnables» (l. 25), tandis que la phrase finale du texte de Sternberg donne la clef de l'histoire: «les Adre?les pouvaient passer pour les e?tres dont les moeurs e?taient le plus insidieusement semblables a? celle des Terriens ». La pre?sentation que le philosophe fait au Sirien des hommes qui se battent tend a? les assimiler a? des fourmis e?tranges «couvert[e]s de chapeaux »,« quituentcentmilleautresanimaux couvertsd'unturban ».Lesexage?rationsqui parcourent les textes allie?es aux visions horribles qu'elles proposent participent de la de?nonciation (la « puanteur »deschatsmortschezLaBruye?re ;les termesforts« sontmassacre?s »,« s'e?gorgent »dans Microme?gaset« tueries »,« meurtres »,« suicides » chez Sternberg). L'ironie parcourt e?galement cestextes : par exemple, dans Les Caracte?res, La Bruye?re emploiel'antiphrase« instrumentscommodes »pour e?voquer les armes. Voltaire, quant a? lui, de?nonce les puissants qui ordonnent les massacres par la pe?riphraseironique« barbaresse?dentaires ». COMMENTAIRE Vous ferez le commentaire du texte de La Bruye?re (texte A) Les Caracte?res de La Bruye?re se proposent de de?finir l'Homme dans tous les aspects de sa vie. Dans le chapitre consacre? aux «Jugements», l'auteur s'inte?resse plus particulie?rement a? la fac?on dont il se de?finit. Cet extrait pre?sente l'homme comme pre?somptueux et bien peu raisonnable. Comment le moraliste compose-t-il ici une image saisissante de la nature humaine ? Il convient d'e?tudier d'abord l'ide?e selon laquelle l'homme n'est pas un animal raisonnable, ide?e tourne?e en de?rision par La Bruye?re. Puis nous verrons comment l'attitude belliqueuse des hommes est de?nonce?e. Enfin, ce texte est un appel a? une prise de conscience. I. La re?futation de La Bruye?re: l'homme n'est pas un animal raisonnable. Cette the?se, de?livre?e au de?but du paragraphe, est d'emble?e conteste?e par La Bruye?re avec l'emploi du verbe «corner», clairement pe?joratif. L'expres- sion apparai?t a? plusieurs reprises, a? chaque fois de manie?re ironique. 1. Un e?change des ro?les. L'homme est, a? plusieurs reprises, assimile? a? un animal, mais de manie?re iro- nique, par exemple lorsque le moraliste e?voque les animaux et les de?signent comme «vos confre?res», en s'adressant aux hommes. Les exemples suc- cessifs pre?sente?s de fac?on paralle?le (le tiercelet de faucon, le le?vrier, l'homme «qui court le sanglier») accentuent la ressemblance entre l'homme et l'ani- mal. Mais les animaux aussi sont humanise?s, a? la manie?re d'une fable (« si les uns ou les autres vous disaient qu'ils aiment la gloire», «les uns ou les autres» renvoyant aux chats ou aux loups). La Bruye?re semble donc d'accord avec l'ide?e que l'homme est un animal, mais il conteste l'adjectif « raisonnable ». 2. L'homme est pre?sente? comme un animal de?na- ture?. La taupe et la tortue, compare?es a? l'homme, place? dans une position d'infe?riorite? («au-dessous de... »)posse?dent« l'instinctdeleurnature », contrairement a? l'homme, de?valorise? ici pour ses « le?ge?rete?s », « folies », et « caprices » (dans un rythme ternaire qui mime son e?garement). Son imagination et son intelligence technicienne sont mises au profit de la destruction («car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres [...] ? »)etl'e?nume?rationdesarmes(« leslances,les piques, les dards, les sabres et les cimeterres») s'opposeaux« dents »et« ongles »desanimaux. 3. La Bruye?re s'attache a? montrer que la raison conseille de ne pas se battre contre son prochain. Il emploie l'exemple de deux chiens qu'il met en sce?ne : ils « s'aboient, s'affrontent, se mordent et se de?chirent». Face a? ce spectacle, le jugement des hommes est transcrit: «Voila? de sots animaux». Cette phrase fait suite aux jugements pre?ce?dents, donne?s au style direct : un animal qui suit sa nature et qui en tue un autre pour se nourrir est un « bon » animal ; celui qui s'attaque a? un autre de son espe?ce ne fait pas preuve de raison. L'homme n'est donc pas un «animal raisonnable», et La Bruye?re de?ve- loppe plus particulie?rement l'exemple de la guerre. II. La de?nonciation de l'attitude belliqueuse des hommes Dans un texte qui n'est pas de?pourvu d'humour, le moraliste entreprend de de?noncer la guerre. 1. Pour cela, il repre?sente une bataille des chats, dans une parodie d'e?pope?e, dont les acteurs «ont joue? ensemble de la dent et de la griffe». L'exage?- rationdeschiffres(« neufa?dixmillechats »),le caracte?re effrayant de la bataille («ils se sont jete?s avec fureur les uns sur les autres ») reprennent des caracte?ristiques de l'e?pope?e, mais la pre?sence de ces chats humanise?s ope?re un de?tournement paro- dique. Le moraliste montre ainsi le caracte?re absurde d'une telle entreprise. Les hommes qui se battent entre eux ne sont pas « raisonnables ». 2. Les images de violence s'attachent au the?me de la guerre: le mot «boucherie» renvoie me?me a? cette entreprise. Dans une gradation, l'auteur e?voque les violences effectue?es sans armes (« vous arracher les cheveux, vous e?gratigner au visage», «vous arracher les yeux de la te?te»), avant de se complaire dans une description des souffrances endure?es par le fait des armes (« vous faire re?ciproquement de larges plaies d'ou? peut couler votre sang jusqu'a? la dernie?re goutte »). 3. Cette attitude belliqueuse des hommes ne semble due qu'a? un seul de?faut : l'amour-propre. Si celui-ci n'est pas nomme?, il est sous-entendu a? tra- vers des formules comme « vous donn[ez] aux ani- maux [...] ce qu'il y a de pire, pour prendre pour vous ce qu'il y a de meilleur ». Conforme?ment a? son projet de moraliste, La Bruye?re e?tudie l'homme et montre ses faiblesses, afin d'amener le lecteur a? une prise de conscience. III. Un appel a? une prise de conscience 1. L'ouvrage s'adresse explicitement aux hommes, comme le montre l'apostrophe «o? hommes» qui traduit la condescendance de l'auteur. L'utilisation re?currente de la deuxie?me personne du pluriel et des questions rhe?toriques («ne ririez-vous pas de toutvotrecoeur[...] ? »)incitentlelecteura?re?agir. Le passage se veut persuasif. 2. Mais dans cet extrait, le moraliste convie son lecteur a? participer aux diffe?rentes visions qu'il lui propose, dans des tournures paralle?les. La vision du« tierceletdefaucon »qui« faitunebelledes- cente sur la perdrix» appelle des paroles au style direct « Voila? un bon oiseau », et trois autres sce?nes sont alors propose?es au lecteur, dont l'auteur ima- gine les paroles. De me?me, trois fictions, intro- duitesparl'hypothe?tique« si »s'ache?ventparles re?actions suppose?es de celui-ci. Le lecteur est invite? a? construire le raisonnement, dans une argu- mentation image?e et qui se veut efficace. DISSERTATION Selon vous, le de?tour par l'Autre est-il un bon moyen pour de?noncer les travers de sa propre socie?te? ? I. Diffe?rentes modalite?s pour de?noncer la socie?te? a? travers l'Autre 1. L'Autre peut e?tre mis en sce?ne dans un apologue et sa parole, ses actions, mettent en e?vidence les de?fauts de la socie?te?. Ex. : L'Inge?nu, personnage de Voltaire, porte un juge- ment sur la socie?te? franc?aise. 2. La rencontre avec l'Autre permet de revenir sur soi: la socie?te? franc?aise est compare?e a? une autre socie?te? qu'on observe. Ex.: Les utopies pre?sentent un monde autre que le no?tre. Les diffe?rences entre les habitants sont per- ceptibles. II. Le de?tour par l'Autre est un bon moyen pour de?noncer les travers de sa socie?te? 1. C'est un de?tour commode pour permettre au lecteur de prendre de la distance avec sa propre socie?te?. Trop engage? dans le monde, le lecteur ne peut pas toujours distinguer les injustices, les travers. Ex. : Dans Microme?gas, le territoire convoite? est de?si- gne? comme un «tas de boue». En le diminuant de taille, le philosophe montre la futilite? des causes de la guerre. 2. En adoptant un regard neuf, le lecteur aborde les grands sujets sous un angle d'approche ine?dit. Les incohe?rences et les absurdite?s n'en sont que plus fla- grantes. Ex.: Les inconse?quences des Parisiens, dans les Lettres persanes, deviennent manifestes sous la plume d'un e?tranger. 3. Par le biais de la fiction de l'Autre, l'argumentation devient plus efficace, car elle sollicite l'imagination du lecteur en me?me temps que la re?flexion. Elle suscite chez lui des e?motions, comme le rire ou la fascina- tion. Ex.: Les Adre?les dans «Les Jumeaux» fascinent et inquie?tent, mais nous font re?fle?chir a? notre propre monde. III. Les dangers de la fiction de l'Autre 1. La fiction a un pouvoir de se?duction : le lecteur est captive? par les aventures de l'Autre et peut oublier la dimension argumentative du texte. Ex. : Les contes philosophiques de Voltaire comme L'Inge?nu peuvent passer pour des re?cits, des romans. 2. Le message, en e?tant brouille? par une image, n'est pas toujours clair. La pense?e de l'auteur se de?guise derrie?re celle d'un autre personnage. Ex. : Les Fables de La Fontaine, par leur re?cit qui peut pre?senter des animaux, constituent des e?nigmes. De?pourvues parfois de moralite?, elles dissimulent leur sens ve?ritable, comme «Le Rat qui s'est retire? du monde », qui se finit sur une note ironique.

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