Devoir de Philosophie

Commentaire composé « Dans le Fourré », Rashômon et autres contes, Akutagawa.

Publié le 12/09/2006

Extrait du document

La littérature japonaise relève de l’étrange, de l’insolite et de l’inconnue. Le défi est donc de taille et semble bien intéressant à relever pour nous, étudiants. En outre, nous entrons dans une littérature bien éloignée de la nôtre ; et qui plus est avec l’un des écrivains nippons les plus importants de l’ère Meiji : Akutagawa Ryonûnosuke.  Notre objet d’étude aura pour but d’analyser, sous forme d’un commentaire composé l’une des nouvelles de l’œuvre Rashômon et autres contes, et ici, en l’occurrence une partie de « Dans le Fourré «. Cette œuvre nous témoigne du savoir-faire de notre auteur en matière de narration.  Akutagawa, et nous l’observons dans ses récits, oscille entre narration à la première et à la troisième personne, rendant ainsi chaque conte différent les uns des autres, notamment avec l’utilisation de techniques romanesques variées. Chaque conte a sa propre originalité. Nous retrouvons pour chacun des textes, des situations et des personnages différents. L’auteur arrive donc à envoûter son auditoire. Akutagawa réussi facilement à imposer sa narration en peu de lignes.  De même, le passage qui nous intéresse constitue le dernier témoignage du conte « Dans le fourré «. Ce conte est à rattacher au conte précédent « Rashômon «. Les deux testes font implicitement allusion à la guerre civile qui touche le Japon et impose comme problématique l’interrogation sur la transgression et dans une autre mesure la sexualité.  « Dans le fourré « regroupe diverses dépositions, témoignages de différentes personnes : le bûcheron, d’un moine, d’un mouchard, d’une vieille femme. Et enfin, on assiste aux aveux du criminel Tajômaru pour ensuite avoir la confession d’une femme. Enfin, et c’est ici que nous nous attarderons, nous avons le récit de l’ombre par la bouche d’une sorcière, de « je voulais lui faire comprendre cela « à « pour n’en plus revenir … «.  Au fur et à mesure que chaque personnage déclare quelque chose, nous nous acheminons de plus en plus vers une explication. Cependant, il manque toujours un détail essentiel à la compréhension du récit.  Le passage que nous allons étudier est l’occasion pour nous d’analyser la problématique de la transgression et de la sexualité à travers les propos de la sorcière.  Dans un premier temps, nous étudierons le thème de la sexualité. Par la suite, nous analyserons la métamorphose de la femme. Enfin, pour clore notre analyse, nous étudierons le récit de la mort du mari pour ainsi finir sur un commentaire du style d’écriture d’Akutagawa.    Le texte fait d’emblée allusion aux rapports hommes et femmes, aux rapports époux et épouse et à la sexualité. Ce que nous rapporte de façon in extenso la sorcière retrace le plan exact de ce qui s’est passé. Par une espèce de flash back, nous avons toute l’histoire de ce qui s’est réellement passé. Akutagawa a préféré attendre le moment pour tout dévoiler, laissant ainsi son lecteur lancinant et baigner dans le suspense.  En outre, le passage nous remémore rapidement la tradition japonaise qui veut qu’une femme soit fidèle et dévoué corps et âme à son mari et qui ne doit en aucune manière le déshonorer. Ici, lorsque le mari parle, il est déjà trop tard, le mal est fait. En effet, la femme a couché avec le voleur. On ne sait pas s’il s’agit d’un viol ou non.  Tout du moins, le mari semble persuadé que sa femme a couché volontairement avec le brigand et cela se voit à sa réplique : « je me suis tordu, brulé par la jalousie «. Nous constatons qu’il a été contraint à être témoin de la scène. Ce qui est le plus étonnant dans cette histoire, c’est que ce qui dérange le plus le mari, ce n’est pas d’être ligoté, c’est de savoir sa femme l’ignorant, le délaissant. Le mari reporte un fait passé et nous le décrit comme s’il se déroulait à présent sous nos yeux. Il est capable de refaire vivre le passé. Cependant cette dernière semble avoir été totalement envoutée par le brigand : « (…) elle regardait fixement ses genoux. Cela donnait l’impression qu’elle écoutait le voleur «.  Le lecteur arrive très bien à se mettre dans la peau du mari, impuissant et ne pouvant rien faire et écoutant le voleur amadouant sa femme : « Le voleur de son côté choisissait ses mots avec beaucoup d’habilité «.  Le voleur est un fin orateur et un séducteur, cela nous le savions déjà avec ce qu’avait dit le mouchard. : « Le Tajômaru, de tous les voleurs qui rodent dans les rues de la capitale, est renommé comme coureur de femme «.  Le voleur fait exprès de profiter de la faiblesse de la femme et du fait que le mari soit ligoter, témoin humilié et bafoué de ce spectacle déshonorant : « c’est à cause de l’amour que tu m’as inspiré que je me suis livré à cette audace… «. Les points de suspension laissent suggérer bien des choses. Le mari est même par l’argumentation du voleur outré par le fait que sa femme se laisse entourlouper ainsi : « Le brigand osa se servir de tels arguments. «. Le mari est donc totalement déshonoré.  Sa femme bien faible s’est laissée séduire par le voleur et c’est cela qui fait davantage souffrir le mari. Mais ce que dit le voleur est vrai à propos de la femme : « Ton mari ne s’entendra plus avec toi maintenant que ton corps est souillé «. En effet, au Japon, une femme qui commettait l’adultère était bien évidemment répudiée. Le brigand use de malice, il est volubile et sait attirer sa proie, quoi de plus intéressant pour une femme que de se voir promettre le mariage : « Ne veux-tu donc pas le quitter et m’épouser ? «. La femme est alors bien évidemment conquise et cela sous le regard consterné du mari impuissant. Quoi de plus terrible pour un homme que de sentir en lui toute la colère et de ne pouvoir la faire exploser. Le renard a donc eu raison du corps beau : « Emmènes moi où tu veux ? «. Ce que dit la femme est le comble pour les oreilles du mari, d’où sa colère indicible, mais bien compréhensible pour le lecteur sans doute.  En outre, ce passage nous permet de constater à quel point la femme qui semblait totalement dépassée par les événements apparait métamorphosée et change d’attitude.    En effet, à l’annonce faite par le voleur d’épouser la femme, cette dernière se met à revivre comme si elle était en mal d’amour avec son mari. Le plus terrible, c’est que tout cela nous est traduit à travers le regard et la parole de l’homme qui a été trompé : « sur ces paroles, ma femme, comme en extase, a relevé la tête. « Les paroles, comme des paroles divines font agir la femme comme si elle renaissait. Cela rappelle la Parabole où Jésus ordonne à Lazare : « lève-toi et marche «. Le fait de se savoir souillée, de savoir son mari ligoté, mais surtout de se savoir désirée par un autre homme, la métaphore : « je n’avais jamais vu ma femme si belle «. Elle se sent renaître et se voit vivre une nouvelle vie. Buvant les paroles du brigand et y croyant dur comme fer, elle rêve quelque peu. Mais ce qui est le plus étonnant encore, c’est qu’elle va radicalement changer, souhaitant même la mort de son mari. Elle n’a donc plus rien à voir avec lui. Il semblait que le fait d’avoir couché avec ce brigand l’ait doté elle aussi d’une certaine pulsion de mort : « tue cet homme ! «. S’il reste vivant, je ne pourrai pas vivre avec toi ! «. Les exclamations montrent toute la haine et la violence des mots. En effet, le seul moyen réel de se détacher du mari, c’est de la tuer pour que symboliquement elle soit libre pour un autre homme. Le portrait de la femme change donc considérablement. Cette femme soumise au voleur semble à présent s’affirmer et lui donne même des ordres : « achève cet homme «. Il ne s’agit plus de son mari, mais seulement d’un homme sans plus, d’un inconnu qui l’empêche en réalité de se « remarier «, il n’est plus qu’un vrai obstacle.  Mais cette transformation et cette virulence exacerbée ne vont en réalité que porter préjudice à la femme puisque même l’instigateur de tout, le voleur semble gêné par cette métamorphose soudaine et violente : « entendant ces mots, le voleur lui-même pâlit soudain «. Le démon semble avoir possédé la femme. La femme devient bel et bien un monstre et ces mimiques traduisent très bien cela aussi : « (et son rire moqueur fusa brusquement) «. Une telle haine ne peut se contenir qu’elle étonne tout le monde. Elle est l’incarnation du mal absolu ou de la liberté insoutenable ; et les interrogations renforcent cette idée : « une parole aussi horrible est-elle jamais sortie d’une bouche humaine ? (…) Une parole… «. L’inachèvement de l’énumération montre bien à quel point la femme est mauvaise dans un système de domination masculine. Les qualificatifs, les énumérations sont infinies pour définir une telle monstruosité. Elle est possédée et du reste le mari le dit lui-même : « ma femme cria à maintes reprises comme une folle… «.  Le voleur qui avait séduit la femme semble soudain regretter son entreprise, car apeuré, il la propulse : « il la jetait d’un coup de pied sur les feuilles mortes de bambou «. La femme a donc sombrée dans la folie. Cette folie va même bouleverser la suite du conte.  En effet, volte face, le voleur complice de la femme devient dès lors complice du mari : « que veux-tu que j’en fasse (…) veux-tu que je la tue «. Cette série de questions montre bien le retournement de situation. A partir de là, le récit s’enchaîne ; tout va très vite et le passage se termine sue un seul personnage, celui du mari. Le tumulte laisse alors place au calme. Cependant, il s’agit d’un calme terrible et annonciateur de malheur puisque cela annoncera la propre agonie du narrateur.    Cette fin du passage qui est aussi l’épilogue du conte décrit la mort du mari, ce même mari qui se voit mourir et nous décrit comme un tableau macabrement poétique son passage de la lumière à l’obscurité. Le terme « enfin « est révélateur. Déjà avant son suicide il est affaibli : « mon corps épuisé «. Il décrit minutieusement ses moindres faits et gestes comme s’il se dédoublait pour se voir dépérir. Un mort –qui grâce à la sorcière- décrit sa propre mort. Il nous décrit alors les effets de la mort. Le grand mystère scientifique vient alors d’être percé : « quelque chose comme une boule âcre et chaude est montée jusqu’à ma gorge. Le silence qu’il décrit si bien fait opposition avec le cri barbare de la femme au début : « ah ! Quel silence ! « ; « j’étais enveloppé d’un silence profond «. Tout comme le dernier rayon solaire, lui-même décline petit à petit : « le dernier rayon du soleil déclinant «. Le mystère chez Akutagawa reste perpétuel, puisqu’en effet, la personne qui s’approche ne nous est pas identifiée. Peut être s’agit-il d’une intervention divine. On ne le saura jamais puisque le narrateur nous dit bien : « ce fut la fin. J’ai sombré dans la nuit des limbes pour n’en plus revenir… «. Les ultimes points de suspension renforcent cette idée de mystère impénétrant.  Néanmoins, cet étrange passage nous permet une nouvelle fois d’apprécier les talents d’écriture de notre auteur. En effet, de suite, ce texte est par son esthétique et sa forme singulière, atypique, puisqu’il est composé uniquement de témoignages, de dépositions faites par des individus. L’autre aspect étonnant de cette écriture, c’est cette capacité de combiner dans les textes les plus dramatiques, tel que celui-ci, une once d’humour et d’ironie. En effet, cela se perçoit très nettement avec les autocommentaires du narrateur-mari : « Moi, tout en errant dans ces limbes, chaque fois que je m’en souviens, je m’enflamme de colère « ou bien alors : « ces mots, comme une bourrasque, me font choir encore maintenant, tête première jusqu’au fond d’une nuit infinie. Même en rapportant un fait déjà passé, le mort ne s’en remet toujours pas. L’écriture d’Akutagawa est donc singulière. Cette singularité vient aussi du fait d’insérer au récit les mimiques des personnages rendant ainsi plus fort le récit. Même intérêt pour cette capacité à maintenir en haleine le lecteur avec l’accumulation de suspense. Nous comprenons dès lors pourquoi le conte a pu inspirer et fournir l’intrigue principale du célèbre film Rashômon. Nous remarquons donc que par rapport à la nouvelle « Le mouchoir «, écrit en 1916, « Dans le fourré « démontre une considérable évolution dans l’écriture. Du reste, le conte date de décembre 1921. Akutagawa paraît manier avec une certaine dextérité diverses sortes d’écritures, classiques et ici modernes avec ce récit. Cela prouve que ses phrases s’adaptent à différentes manières d’écrire. Akutagawa a cette particularité de choisir des cadres, des mondes étranges, des contextes fantastiques, ceci permettant ainsi de pouvoir mieux exprimer ses sujets avec davantage de force et d’efficacité. Il y a donc chez notre auteur un perpétuel souci de la forme et une volonté continuelle de rechercher l’émotion vive et intense. Tout est ici bien structuré, dont la forme s’adapte parfaitement au fond. Du reste, chacune des nouvelles du corpus présente sa propre « écriture «, comme chacun des personnages à sa propre physionomie.  L’intérêt essentiel du texte « Dans le fourré «, c’est cette pertinence de sa facture et de la variété de l’écriture. Il s’agit d’un récit moderne ; nous sommes à l’aube de la nouvelle prose nippone. Akutagawa ne laisse rien passer. Il y a du reste une certaine précision de la description ; une certaine sûreté de l’appréhension et comme nous l’avons vu dans l’extrait étudié, une touche d’humour accompagnée d’ironie.  La marche psychologique du héros progresse, dans notre extrait, vers une sorte de paroxysme dramatique dont l’intensité se traduit par une habilité phraséologique et typographique.    « Dans le fourré « a donc été l’occasion pour nous, lecteurs, d’observer comment Akutagawa se posait des problématiques liées à la sexualité et au mal. A travers cela, nous avons pu observer les rapports entre mari et femme, l’adultère, mais aussi comment la haine peut posséder un corps à tel point qu’il semble impossible à reconnaître.  Outre cela, ce passage, et comme dans l’autre conte « Le mouchoir «, nous a permis de jouir de toute l’habilité du style d’écriture d’Akutagawa. C’est un style qui ne laisse rien au hasard et qui se retrouve dans toutes ses œuvres du début comme à la fin (descriptions objectives, monologues, forme épistolaire, témoignages, conversations, dialogues…). Tout ce pandémonium des techniques romanesques caractérise l’écriture d’Akutagawa. Rashômon et autres contes apparaît être un chef d’œuvre littéraire de l’ère Meiji.

« bien compréhensible pour le lecteur sans doute.En outre, ce passage nous permet de constater à quel point la femme qui semblait totalement dépassée par les événementsapparait métamorphosée et change d'attitude. En effet, à l'annonce faite par le voleur d'épouser la femme, cette dernière se met à revivre comme si elle était en mal d'amouravec son mari.

Le plus terrible, c'est que tout cela nous est traduit à travers le regard et la parole de l'homme qui a été trompé :« sur ces paroles, ma femme, comme en extase, a relevé la tête.

» Les paroles, comme des paroles divines font agir la femmecomme si elle renaissait.

Cela rappelle la Parabole où Jésus ordonne à Lazare : « lève-toi et marche ».

Le fait de se savoirsouillée, de savoir son mari ligoté, mais surtout de se savoir désirée par un autre homme, la métaphore : « je n'avais jamais vu mafemme si belle ».

Elle se sent renaître et se voit vivre une nouvelle vie.

Buvant les paroles du brigand et y croyant dur comme fer,elle rêve quelque peu.

Mais ce qui est le plus étonnant encore, c'est qu'elle va radicalement changer, souhaitant même la mort deson mari.

Elle n'a donc plus rien à voir avec lui.

Il semblait que le fait d'avoir couché avec ce brigand l'ait doté elle aussi d'unecertaine pulsion de mort : « tue cet homme ! ».

S'il reste vivant, je ne pourrai pas vivre avec toi ! ».

Les exclamations montrenttoute la haine et la violence des mots.

En effet, le seul moyen réel de se détacher du mari, c'est de la tuer pour quesymboliquement elle soit libre pour un autre homme.

Le portrait de la femme change donc considérablement.

Cette femmesoumise au voleur semble à présent s'affirmer et lui donne même des ordres : « achève cet homme ».

Il ne s'agit plus de son mari,mais seulement d'un homme sans plus, d'un inconnu qui l'empêche en réalité de se « remarier », il n'est plus qu'un vrai obstacle.Mais cette transformation et cette virulence exacerbée ne vont en réalité que porter préjudice à la femme puisque mêmel'instigateur de tout, le voleur semble gêné par cette métamorphose soudaine et violente : « entendant ces mots, le voleur lui-mêmepâlit soudain ».

Le démon semble avoir possédé la femme.

La femme devient bel et bien un monstre et ces mimiques traduisenttrès bien cela aussi : « (et son rire moqueur fusa brusquement) ».

Une telle haine ne peut se contenir qu'elle étonne tout le monde.Elle est l'incarnation du mal absolu ou de la liberté insoutenable ; et les interrogations renforcent cette idée : « une parole aussihorrible est-elle jamais sortie d'une bouche humaine ? (…) Une parole… ».

L'inachèvement de l'énumération montre bien à quelpoint la femme est mauvaise dans un système de domination masculine.

Les qualificatifs, les énumérations sont infinies pour définirune telle monstruosité.

Elle est possédée et du reste le mari le dit lui-même : « ma femme cria à maintes reprises comme unefolle… ».Le voleur qui avait séduit la femme semble soudain regretter son entreprise, car apeuré, il la propulse : « il la jetait d'un coup depied sur les feuilles mortes de bambou ».

La femme a donc sombrée dans la folie.

Cette folie va même bouleverser la suite duconte.En effet, volte face, le voleur complice de la femme devient dès lors complice du mari : « que veux-tu que j'en fasse (…) veux-tuque je la tue ».

Cette série de questions montre bien le retournement de situation.

A partir de là, le récit s'enchaîne ; tout va trèsvite et le passage se termine sue un seul personnage, celui du mari.

Le tumulte laisse alors place au calme.

Cependant, il s'agitd'un calme terrible et annonciateur de malheur puisque cela annoncera la propre agonie du narrateur. Cette fin du passage qui est aussi l'épilogue du conte décrit la mort du mari, ce même mari qui se voit mourir et nous décritcomme un tableau macabrement poétique son passage de la lumière à l'obscurité.

Le terme « enfin » est révélateur.

Déjà avantson suicide il est affaibli : « mon corps épuisé ».

Il décrit minutieusement ses moindres faits et gestes comme s'il se dédoublaitpour se voir dépérir.

Un mort –qui grâce à la sorcière- décrit sa propre mort.

Il nous décrit alors les effets de la mort.

Le grandmystère scientifique vient alors d'être percé : « quelque chose comme une boule âcre et chaude est montée jusqu'à ma gorge.

Lesilence qu'il décrit si bien fait opposition avec le cri barbare de la femme au début : « ah ! Quel silence ! » ; « j'étais enveloppéd'un silence profond ».

Tout comme le dernier rayon solaire, lui-même décline petit à petit : « le dernier rayon du soleildéclinant ».

Le mystère chez Akutagawa reste perpétuel, puisqu'en effet, la personne qui s'approche ne nous est pas identifiée.Peut être s'agit-il d'une intervention divine.

On ne le saura jamais puisque le narrateur nous dit bien : « ce fut la fin.

J'ai sombrédans la nuit des limbes pour n'en plus revenir… ».

Les ultimes points de suspension renforcent cette idée de mystère impénétrant.Néanmoins, cet étrange passage nous permet une nouvelle fois d'apprécier les talents d'écriture de notre auteur.

En effet, de suite,ce texte est par son esthétique et sa forme singulière, atypique, puisqu'il est composé uniquement de témoignages, de dépositionsfaites par des individus.

L'autre aspect étonnant de cette écriture, c'est cette capacité de combiner dans les textes les plusdramatiques, tel que celui-ci, une once d'humour et d'ironie.

En effet, cela se perçoit très nettement avec les autocommentaires dunarrateur-mari : « Moi, tout en errant dans ces limbes, chaque fois que je m'en souviens, je m'enflamme de colère » ou bien alors :« ces mots, comme une bourrasque, me font choir encore maintenant, tête première jusqu'au fond d'une nuit infinie.

Même enrapportant un fait déjà passé, le mort ne s'en remet toujours pas.

L'écriture d'Akutagawa est donc singulière.

Cette singularitévient aussi du fait d'insérer au récit les mimiques des personnages rendant ainsi plus fort le récit.

Même intérêt pour cette capacitéà maintenir en haleine le lecteur avec l'accumulation de suspense.

Nous comprenons dès lors pourquoi le conte a pu inspirer etfournir l'intrigue principale du célèbre film Rashômon.

Nous remarquons donc que par rapport à la nouvelle « Le mouchoir »,écrit en 1916, « Dans le fourré » démontre une considérable évolution dans l'écriture.

Du reste, le conte date de décembre 1921.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles